Résistances africaines à la domination néo-coloniale, Martine Boudet coordinatrice – Entre les lignes entre les mots

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  • Résistances africaines à la domination néo-coloniale, Martine Boudet coordinatrice

    Résistances africaines à la domination néocoloniale [1], qui regroupe les contributions de douze auteurs, récuse, comme son titre l’indique, cette vision culpabilisatrice pour les Africains. Ses auteurs, originaires d’Afrique de l’Ouest et de France [2], placent au contraire les relations asymétriques entre l’Afrique et le monde au cœur de leur analyse de la situation actuelle des peuples africains. Car l’espace mondial constitue une totalité structurée par des rapports de domination économiques, géopolitiques et culturels qui se perpétuent tout en s’adaptant. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que l’ouvrage, et notamment l’introduction de Martine BOUDET, insiste sur le rôle de la France, qui demeure encore, en particulier dans la région sahélo-saharienne, un pilier de la défense de cet ordre. La France est avec les Etats-Unis le seul pays occidental dont le positionnement international soit à ce point fondé sur l’interaction entre ses intérêts économiques et militaro-stratégiques. Dans la suite incessante des interventions militaires depuis l’indépendance, la décision de F. Hollande d’intervenir au Mali (janvier 2013) confirma cette réalité. Dans la préface, Aminata TRAORE, ancienne ministre malienne de la Culture et du Tourisme rappelle que selon L. Bigot, sous-directeur Afrique de l’Ouest au ministère des Affaires étrangères (2008-2013), les autorités maliennes étaient plutôt réticentes à cette intervention, en réalité déjà soigneusement préparée sous la présidence Sarkozy par la haute hiérarchie militaire. L’existence du franc CFA est, comme le rappelle Kako NUBUKPO, ancien ministre de la Prospective au Togo, un puissant vecteur d’accumulation de richesses hors de l’Afrique et provoque une forte extraversion des pays africains francophones. La transformation du franc CFA en ECO, annoncée en 2019 par E. Macron et le président du Sénégal A. Ouattara, dénoncée dans une déclaration d’intellectuels africains dont Ndongo SAMBA SYLLA (publiée sur le site Médiapart et reproduite dans l’ouvrage) ne brisera pas le lien de subordination des pays membres de la zone monétaire à l’ancienne puissance coloniale. Le maintien de cette subordination passe par la complicité d’élites gouvernementales et privées avec l’ancienne puissance coloniale.

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    #international #afrique #colonisation