Au Parlement européen, l’offensive anti-climat du lobby industriel

/au-parlement-europeen-l-offensive-anti-

  • Pollueur 1 - 0 Payeurs

    Les eurodéputés devaient voter mercredi une vaste réforme du marché carbone. Mais le Parlement a finalement rejeté ce texte. Les très polluants industriels de l’acier, du ciment et des engrais ont opéré un lobbying intense pour pouvoir continuer à émettre gratuitement leurs gaz à effet de serre.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/080622/au-parlement-europeen-l-offensive-anti-climat-du-lobby-industriel

    le marché du carbone européen demeure inopérant. En effet, dès l’instauration de ce système, des dérogations ont été accordées aux industries, principalement pour les secteurs de la sidérurgie, de la cimenterie et de la production d’engrais. Des permis à polluer gratuits censés à l’origine protéger ces groupes européens contre la concurrence internationale non soumise au prix du CO2.

    Or, ces quotas d’émissions gratuits alloués à des géants climaticides comme Lafarge ou ArcelorMittal couvrent, selon la Commission européenne, 94 % des émissions de l’ensemble du secteur industriel de l’UE.

    • D’après une étude européenne publiée en février dernier, cette non-application du principe de pollueur-payeur à l’industrie lourde représente un manque à gagner de 90 milliards d’euros pour les États membres depuis 2008. Autant de milliards perdus pour effectuer la transition écologique.

      Pis, ces permis de polluer ont servi de rente pour les industriels. « Des firmes ont été jusqu’à vendre leurs quotas gratuits d’émission de CO2 sur les marchés carbone, explique à Mediapart Neil Makaroff, responsable Europe au Réseau Action Climat. Entre 2008 et 2019, on estime que ces entreprises ont tiré 30 à 50 milliards d’euros de profits liés à la revente de leurs quotas… »

      Résultat de cette aberration : les émissions de l’industrie lourde stagnent depuis 2012 et les grands groupes continuent d’engranger de mirifiques profits tout en aggravant le chaos climatique.
      [...]
      Sans accord en plénière, la copie a été de facto renvoyée à la commission environnement, retardant encore de plusieurs mois une mesure pilier face à l’urgence climatique.

      « Alors que nous avions obtenu un accord politique solide en commission environnement, prévoyant la fin des quotas carbone gratuits pour les entreprises en 2030, les groupes de la droite du Parlement (Renaissance, PPE et l’extrême droite) se sont alliés avant la plénière pour affaiblir le texte, son ambition, et la date de fin des quotas gratuits à 2034, précise l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint. Les intentions de Renaissance [groupe de La République en marche – ndlr] et des conservateurs sont claires : ils préfèrent une fois de plus écouter les lobbies plutôt que les aspirations des citoyens européens. »

      Le président de cette commission environnement, l’eurodéputé français Pascal Canfin du groupe Renaissance avait pourtant déclaré quelques minutes juste avant le vote : « Nous avons rendez-vous avec l’histoire. »