et si la Cour pénale internationale était mise sur la touche ?

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  • ENQUÊTE. Guerre en Ukraine : et si la Cour pénale internationale était mise sur la touche ?
    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/enquete-guerre-en-ukraine-et-si-la-cour-penale-internationale-etait-mis

    La Cour pénale internationale pourra-t-elle un jour juger les responsables des crimes de guerre commis en Ukraine ? Plus le temps passe, et plus des voix s’élèvent pour appeler à la création d’un tribunal spécial, sous le regard bienveillant des États-Unis.

    Tu m’étonnes... Les US ont tout fait pour torpiller la CPI quand il s’agissait qu’elle s’intéresse à leurs crimes de guerre... tout en l’utilisant à leur avantage quand il s’agissait qu’elle s’intéresse à leurs ennemis.
    J’ai un petit peu de mal à voir comment tout cela pourrait bien se finir, tant tous les acteurs font preuve d’un tel cynisme et d’un tel aveuglement criminels.

    Je lisais un article sur le syndrome de la Havane, où de toute évidence, les agents occidentaux sont visés par une arme incapacitante, juste du fait de leur appartenance à un service de renseignement. Je ne peux m’empêcher de me souvenir des histoires de la guerre froide, où on te montre que les deux camps agissent avec un minimum de savoir-vivre, c’est à dire en évitant d’en arriver aux solutions trop dégueulasses. Et quand tu vois le niveau d’agressivité auquel le camp russe en est arrivé, tu te dis que ce camp adverse, les ennemis des US, doivent s’en prendre vraiment plein la gueule, sans qu’on n’en sache rien finalement, pour que les réactions atteignent désormais ce niveau, même dans les rapports habituellement si policés des services de renseignement.

    • Pour rappel : les États-Unis n’ont pas ratifié le Statut de Rome qui fonde la CPI :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Cour_pénale_internationale

      Le Statut de Rome est le traité international qui a fondé la Cour pénale internationale.

      Trente-deux États, dont la Russie et les États-Unis, ont signé le Statut de Rome mais ne l’ont pas ratifié. Enfin, certains, dont la Chine et l’Inde, n’ont pas signé le Statut.

      Et comme le rappelle l’article que tu références : non seulement les États-Unis n’ont pas ratifié la CPI, mais interdisent totalement qu’elle s’intéresse aux crimes américains :

      Une hostilité qui s’est encore manifestée récemment, lorsque le 5 mars 2020, la CPI a ouvert une enquête sur d’éventuels crimes de guerre et contre l’humanité qui auraient pu être commis en Afghanistan par l’armée américaine, et sur de possibles actes de torture commis par la CIA (agence centrale de renseignements américaine). Le ton monte jusqu’à ce qu’en juin 2020, Donald Trump signe un décret ordonnant le blocage des biens et des avoirs de la Procureure de la CPI de l’époque, Fatou Bensouda. Dans la foulée, il l’interdit de visa aux États-Unis. La situation ne s’est débloquée que parce qu’un nouveau procureur, Karim Khan, a pris les rênes de la CPI en juin 2021. Il décide alors d’abandonner toute idée de poursuites contre les Américains, expliquant qu’il valait mieux, selon lui, s’intéresser aux crimes commis récemment par les talibans contre les femmes, les membres de l’ethnie hazara, ou les écoles, plutôt que de poursuivre des crimes anciens.

      Et, non ce n’est pas que Trump, non les États-Unis ne « soutiennent » pas le développement du droit international : c’est un des fondamentaux de la diplomatie US : les États-Unis n’acceptent de répondre qu’à des instances états-uniennes. Dit autrement : aucune instance « supra-nationale » n’a d’autorité sur les actions des États-Unis, et donc la notion même de droit international ne s’applique pas aux États-Unis.

      De ce fait, les États-Unis minent totalement la notion de droit international, principalement en matière de droits humains, puisque ce « droit » est immédiatement perçu comme unilatéral, c’est-à-dire une arme politique orientée contre les ennemis de l’empire US.

      Accessoirement, l’article parle d’enquête sur les crimes de guerre US en Afghanistan, mais oublie qu’un autre des fondamentaux de la politique internationale US, c’est que la machine à distribuer les baffes de la diplomatie américaine se met automatiquement en marche dès qu’une quelconque instance internationale s’intéresse aux crimes israéliens. Dans l’affaire Fatou Bensouda, c’est l’implication d’Israël qui a déclenché la fureur de la Maison blanche. (Et encore une fois : cette protection automatique des crimes israéliens par les Américains est un des points centraux qui mine la légitimité d’un droit international, puisque n’importe quel criminel de guerre peut, sans trop mentir, dénoncer le « deux poids deux mesures ».)