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    • À La Clusaz, des pistes existent pour dĂ©jouer l’#artificialisation de la montagne

      Les 25 et 26 juin 2022, la commune de #La_Clusaz en #Haute-Savoie sera le thĂ©Ăątre d’une #mobilisation nationale contre des dispositifs de stockage d’eau (« #retenues_collinaires ») et l’artificialisation de la montagne. Une initiative conduite par le rĂ©seau de luttes locales Les SoulĂšvements de la terre.

      À l’heure oĂč la transition Ă©cologique presse en montagne, ces voix dissonantes interrogent le bien-fondĂ© des choix politiques actuels et les limites des processus de gouvernance en place.
      Garantir l’enneigement artificiel, Ă  quel prix ?

      En Haute-Savoie, La Clusaz et sa station de ski ont dĂ©jĂ  fait parler d’elles Ă  l’automne 2021.

      Pendant 15 jours, les militants d’Extinction Rebellion avaient installĂ© une « zone Ă  dĂ©fendre » (ZAD) dans le bois de la ColombiĂšre, Ă  1 500 mĂštres d’altitude. L’objectif ? S’opposer au lancement des travaux d’une nouvelle retenue collinaire de 148 000 m3. Indispensable pour les uns, inutile pour les autres, ce projet est venu attiser les tensions dĂ©jĂ  existantes sur la place Ă  donner Ă  l’industrie touristique du ski dans les annĂ©es Ă  venir.

      Ce projet a aussi permis de mettre en lumiĂšre trois enjeux auxquels font aujourd’hui face les territoires de montagne :

      – Des conflits d’usages autour de l’eau amplifiĂ©s par le rĂ©chauffement climatique

      - Des temporalités autour de la transition du modÚle de développement territorial

      - Des innovations sociales permettant d’imaginer collectivement cette transition

      Souvent promues comme des rĂ©serves d’eau potable, les retenues collinaires sont des lacs artificiels avant tout destinĂ©s Ă  la production de neige de culture. Celle-ci garantit, Ă  plus ou moins long terme, l’enneigement artificiel des pistes de ski face au rĂ©chauffement climatique. C’est le cas Ă  la Clusaz, mais aussi dans la plupart des autres stations des Alpes.

      Les pouvoirs publics, notamment les rĂ©gions, soutiennent massivement la construction de ces nouveaux amĂ©nagements au nom d’une « montagne durable ». SimultanĂ©ment, ces retenues cristallisent les tensions et sont devenues le symbole d’une montagne toujours plus artificialisĂ©e, enlisĂ©e dans les modĂšles du « tout ski » et du « tout tourisme ».

      Face Ă  cette situation, La Clusaz aurait pu jouer un rĂŽle prĂ©curseur, comme laboratoire et dĂ©monstrateur Ă  ciel ouvert de nouveaux processus dĂ©mocratiques et imaginaires dĂ©sirables autour de la montagne du XXIe siĂšcle. Pour l’heure, un autre choix a Ă©tĂ© fait par les Ă©lus locaux qui attendent la dĂ©cision d’autorisation du projet par le prĂ©fet de Haute-Savoie.

      Sortir du mythe de la station qui sauve la montagne tend Ă  avoir disparu de leur agenda politique malgrĂ© quelques prĂ©mices en ce sens. L’attachement aux modĂšles existants reste tenace, encouragĂ© par la frĂ©quentation record et la saison historique de cet hiver qui a gĂ©nĂ©rĂ© d’importantes ressources Ă©conomiques pour le territoire.

      Le risque de prendre une décennie de retard

      Pour autant, les dĂ©bats locaux Ă©mergeant dans le massif des Aravis pour questionner ce modĂšle de dĂ©veloppement territorial n’ont pas disparu.

      Ils sont dĂ©sormais en train de se dĂ©placer sur le terrain judiciaire, avec un dĂ©pĂŽt de plainte et des perquisitions rĂ©alisĂ©s dĂ©but juin. Cette judiciarisation des dĂ©bats intervient alors que les dynamiques participatives et dĂ©libĂ©ratives sont institutionnellement bloquĂ©es. En pareille circonstance, les mobilisations et les conflictualitĂ©s engendrĂ©es ouvrent des opportunitĂ©s de changement sur l’orientation stratĂ©gique des trajectoires d’un territoire.

      À La Clusaz, la commission d’enquĂȘte publique a rendu Ă  l’automne 2021 un avis favorable au projet de retenue collinaire, malgrĂ© les 76 % d’avis nĂ©gatifs formulĂ©s par les publics.

      Bien que la prise en compte de ces avis ne comporte pas d’obligation lĂ©gale pour la municipalitĂ©, en faire l’impasse est un pari risquĂ© si l’objectif est d’engager le territoire dans un processus de transition environnementale, Ă©conomique et touristique.

      Pourquoi ? Parce que ces avis donnent Ă  voir une des rĂ©alitĂ©s du territoire et aussi parce qu’il n’existe pas de modĂšle de substitution « prĂȘt Ă  l’emploi ». Tout reste donc Ă  inventer dans un contexte de forte incertitude. Cela passe nĂ©cessairement par la confrontation d’idĂ©es plurielles et antagonistes. Par consĂ©quent, l’enjeu est au contraire de favoriser et de s’appuyer sur ce dissensus pour imaginer des solutions soutenables.

      Se cantonner Ă  crĂ©er, comme le prĂ©conise la commission d’enquĂȘte publique, « dans le cadre d’une concertation positive, une commission de suivi du projet et des travaux » ne rĂ©pondra pas Ă  cet enjeu. Cela permettra, tout au plus, de travailler l’acceptabilitĂ© sociale du projet de retenue collinaire, sans parvenir Ă  rĂ©sorber les oppositions. Au final, La Clusaz prendra le risque de perdre au moins une dĂ©cennie pour engager une transition territoriale collectivement partagĂ©e face Ă  l’urgence climatique.

      Un autre choix est encore possible : annoncer l’arrĂȘt du projet de retenue collinaire et lancer un dĂ©bat public sur le devenir du territoire. Il ne marquerait pour les Ă©lus locaux ni une dĂ©faite ni un recul mais la volontĂ© d’engager un processus de transition Ă©cologique. Il s’agit de changer de logiciel afin d’éviter que des solutions anciennes Ă  un problĂšme deviennent des freins au changement.
      En finir avec le marketing politique et territorial

      À La Clusaz, l’évitement du dĂ©bat sur l’artificialisation de la montagne et ses effets sociaux et environnementaux soulĂšve encore au moins deux questions :

      - Pourquoi favoriser le dĂ©ploiement des antagonismes autour de jeux de reprĂ©sentation d’un modĂšle de dĂ©veloppement Ă  bout de souffle plutĂŽt que des processus dĂ©mocratiques crĂ©ateurs de nouveaux imaginaires dĂ©sirables ?

      – Une vaste concertation publique donnerait-elle Ă  voir Ă  l’émergence d’un souhait majoritaire d’un autre modĂšle de dĂ©veloppement territorial basĂ© sur les actuelles niches crĂ©atives et innovantes ?

      Lorsque la municipalitĂ© de La Clusaz annonce avoir pris « un nouveau virage » et s’ĂȘtre engagĂ©e dans un processus de transition environnementale, Ă©conomique et touristique, force est de constater qu’il s’agit avant tout d’une stratĂ©gie de communication publique axĂ©e sur du marketing politique et territorial. Cette emprise de la communication participe Ă  invisibiliser les enjeux socio-environnementaux liĂ©s Ă  la transition Ă©cologique et Ă  dĂ©lĂ©gitimer les conflictualitĂ©s qu’ils engendrent. Elle rappelle aussi que la transition est un concept aux faux airs de consensus malgrĂ© les discours et dĂ©clarations publiques.

      Une fois de plus, d’autres choix sont possibles. À La Clusaz, la communication publique pourrait accompagner un processus de transition en se donnant comme objectif de favoriser une culture commune par la crĂ©ation d’un conflit intĂ©grateur. Dans cette perspective, elle chercherait d’abord Ă  inventer un partage de temps et d’espace pour construire les dĂ©saccords. Elle viserait ensuite Ă  identifier les points d’accord Ă  partir desquels dĂ©velopper un dĂ©bat rationnel. Enfin, elle s’efforcerait de construire des solutions permettant d’expĂ©rimenter une sortie progressive du « tout tourisme ».

      ▻https://theconversation.com/a-la-clusaz-des-pistes-existent-pour-dejouer-lartificialisation-de-

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