• Le « gâchis » des obligations de quitter le territoire prises contre des jeunes apprentis

    Patrons, professeurs et associations dénoncent une recrudescence des mesures d’expulsion « ubuesques » contre des jeunes pourtant formés sur des métiers en tension.

    Ils sont des futurs pâtissier, boulanger ou boucher, menuisier ou logisticien. Ils sont maliens, guinéens ou ivoiriens. Et sont menacés d’expulsion. Ces jeunes majeurs, élèves de la filière professionnelle et soutenus par leurs professeurs, leurs patrons ou des associations, estiment pourtant être pleinement engagés dans des démarches d’insertion. Au moment où de nombreux secteurs économiques font état de difficultés de recrutement, tels que l’hôtellerie-restauration et le bâtiment, ces situations interpellent.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/30/le-gachis-des-obligations-de-quitter-le-territoire-prises-contre-des-jeunes-

    https://justpaste.it/36rid

    #étrangers #élèves #OQTF #apprentis #apprentissage #expulsions

  • Sans-papiers, ils font tourner un centre d’hébergement d’urgence
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/20/sans-papiers-ils-font-tourner-un-centre-d-hebergement-d-urgence_6135541_3224

    Sans-papiers, ils font tourner un centre d’hébergement d’urgence
    Sept travailleurs d’un hôtel social de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, ont entamé une grève pour réclamer leurs salaires et leur régularisation.
    Par Julia Pascual
    Publié hier à 18h27, mis à jour à 09h39
    Les employés sans-papiers lancent un mouvement de grève pour exiger le paiement de leurs salaires et leur régularisation, à l’entrée de l’hôtel Ibis à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), converti en centre d’hébergement d’urgence depuis le début de la crise sanitaire, le 20 juillet 2022.
    C’était au début de l’épidémie de Covid-19. Alors que la France était confinée depuis trois semaines à peine, la population claquemurée, l’Etat se mobilisait pour mettre à l’abri les plus vulnérables.En Seine-Saint-Denis, un nombre record de chambres d’hôtel étaient préemptées. A Bagnolet, par exemple, un hôtel Ibis était réquisitionné pour offrir un hébergement d’urgence à des sans-abri. La gestion du lieu était confiée à un opérateur bien connu de l’Etat, l’association Coallia, mastodonte de l’hébergement social de plus de 4 000 salariés, dont le président n’était autre que l’actuel ministre aux outre-mer, Jean-François Carenco. Dans ce grand bâtiment de huit étages, qui voisine l’autoroute A3, plus de 400 personnes sont encore abritées aujourd’hui, originaires notamment d’Afrique de l’Ouest, d’Afghanistan ou d’Europe.
    Et c’est ici que, mercredi 20 juillet, sept travailleurs ont entamé une grève. Ils font partie d’une équipe d’une vingtaine d’agents hôteliers qui, pour le compte d’une entreprise sous-traitante, Gaba Global Service International, gèrent l’accueil, la livraison des repas et l’entretien du réfectoire. Ils disent aussi être chargés de faire des rondes de sécurité dans les étages. Ils travaillent de jour ou de nuit, souvent douze heures par vacation. Fait tout à fait notable : ils sont sans papiers et disent n’avoir jamais été déclarés. Ils expliquent aussi au Monde n’être payés qu’un mois sur deux en moyenne.
    Originaires de Côte d’Ivoire, du Mali ou encore de Guinée, et aujourd’hui accompagnés par le syndicat CGT, ils ont débrayé pour exiger le paiement de leurs salaires et leur régularisation. A l’entrée de l’hôtel, mercredi, outre la présence des grévistes et de syndicalistes, on pouvait observer le va-et-vient routinier des résidents ainsi que d’autres salariés. Il apparaît que la gestion de ce centre est entièrement confiée à des entreprises sous-traitantes, qu’il s’agisse de la sécurité ou même de l’accompagnement des résidents. Les travailleurs sociaux, par exemple, sont tous intérimaires. Contactée, Coallia n’avait pas encore donné suite au moment de la publication de l’article. En début d’après-midi, mercredi, un représentant de l’association ainsi qu’un autre de Gaba Global Service International se sont brièvement déplacés sur le site pour rencontrer les grévistes, avant de convenir d’un nouveau rendez-vous, jeudi. « On a des loyers à payer et des familles qui comptent sur nous », explique au Monde l’un d’eux, Alassane (à leur demande, seuls les prénoms des travailleurs sont donnés). Cet Ivoirien de 39 ans vit en France depuis près de cinq ans. Il a été embauché dans le centre d’hébergement d’urgence dès son ouverture, au mois d’avril 2020. Plusieurs grévistes montrent les attestations de déplacement dont ils ont bénéficié pendant le confinement. Sur la foi de relevés bancaire et des jours qu’il dit avoir travaillés, Alassane aurait perçu 4 976 euros en 2022 pour 1 428 heures, soit moins de 3,50 euros de l’heure, sans jamais voir l’ombre d’un contrat de travail ou d’un bulletin de salaire.Son collègue Drissa, un Ivoirien de 52 ans, en France depuis près de cinq ans lui aussi, a scrupuleusement noté toutes ses heures et les virements qu’il a reçus. Selon ces éléments compilés, il aurait travaillé 1 200 heures en 2022 et dit avoir touché sur la même période 4 000 euros, soit l’équivalent d’un salaire horaire de 3,33 euros.Le patron de Gaba Global Service International leur aurait pourtant promis 9 euros l’heure puis, à partir de 2021, 8 euros l’heure. « Mais quand on réclame, il se fout de nous, témoigne Mohamed, un Guinéen de 36 ans, en France depuis 2013. Il paie une partie en promettant de payer le reste la semaine prochaine. » Mohamed dit avoir travaillé jusqu’à 336 heures par mois et avoir dû, malgré cela, cumuler deux autres emplois dans la sécurité et le jardinage pour s’en sortir. Faute d’être payé certains mois, Fousseni, un Ivoirien de 37 ans, a dû quitter un studio à Argenteuil (Val-d’Oise), dont le loyer s’élevait à 650 euros, et retourner vivre chez une logeuse ivoirienne.
    Contacté mercredi par Le Monde, le dirigeant de Gaba Global Service International, Yves Gaba, se défend d’avoir sciemment embauché des sans-papiers : « Personne ne rentre sans présenter de documents », insiste-t-il. Il ajoute que sa société « déclare une vingtaine de salariés ». A propos des défauts de paiement, il charge le donneur d’ordre, Coallia. « Les retards sont dus à plusieurs raisons, ajoute-t-il. Dernièrement, il y a eu un audit interne à Coallia qui a bloqué le paiement des factures depuis mars. » Le montant du marché s’élèverait à environ 130 000 euros par mois. Lors de son échange avec les grévistes, un représentant de Coallia a reconnu « des petits soucis de facturation » depuis plusieurs mois et promis le règlement de son sous-traitant dans les vingt-quatre heures. Les problèmes de paie seraient en réalité apparus « dès l’ouverture du site ». « A ceux qui se plaignaient, monsieur Gaba a dit : “Celui qui n’est pas content, il dégage”, témoigne Mohamed. Ça a été sa méthode. »Les grévistes assurent que Coallia ne pouvait pas ignorer la situation. Certains rapportent avoir rencontré plusieurs fois sur le site la directrice adjointe de l’association dans le département. « Elle est venue début juillet, témoigne Fousseni. Elle nous a remerciés de nous présenter sur le site malgré le non-paiement des salaires. Elle nous a demandé si on connaissait des avocats pour défendre nos droits. Elle nous a même proposé de prendre des plateaux-repas pour la maison si on en avait besoin. Coallia savait. »« De nombreux signaux d’alerte auraient dû faire réagir Coallia, dénonce à son tour la CGT dans son communiqué. Comment une telle structure financée par les fonds publics peut-elle sous-traiter une partie de l’activité à une entreprise aussi peu scrupuleuse ? »

    #Covid-19#migrant#migration#france#afrique#sante#sanspapier#centredhebergement#crisesanitaire#confinement#travailleurmigrant#regularisation

  • L’isolement d’étudiants français inscrits dans des universités chinoises
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/04/l-isolement-d-etudiants-francais-inscrits-dans-des-universites-chinoises_613

    L’isolement d’étudiants français inscrits dans des universités chinoises
    Une centaine d’étudiants français attendent un visa pour regagner les formations où ils étaient inscrits avant la crise sanitaire. Depuis deux ans et demi, ils suivent leurs cours à distance, la nuit, dans des conditions parfois drastiques.
    Par Soazig Le Nevé
    Publié le 04 juillet 2022 à 15h00 - Mis à jour le 04 juillet 2022 à 16h32
    Pour eux, les cours à distance n’ont jamais pris fin et ressemblent à un cauchemar : décalage horaire oblige, ils se connectent sur leurs ordinateurs au milieu de la nuit, dans des conditions de contrôle parfois drastiques. Depuis deux ans, une petite centaine d’étudiants français attendent qu’un visa leur soit délivré pour retrouver les campus chinois où ils sont censés étudier.En février 2020, Cédric (aucun des étudiants interrogés n’a souhaité donner son nom) a pris le tout dernier avion pour la France, via Shanghaï, avant que ne ferme la ville de Chengdu, dans le centre du pays. C’est là qu’il avait commencé sa licence d’informatique, six mois plus tôt. « On nous avait laissé le choix entre nous isoler dans l’établissement, dans des conditions très spartiates, et rentrer dans notre pays », raconte le porte-parole du collectif européen EU Students China, qui regroupe 77 Français dont 25 inscrits dans un cursus entièrement chinois – les autres suivant un échange universitaire en partenariat avec un établissement français.
    Deux ans plus tard, l’étudiant, qui avait d’abord regagné le foyer parental à Versailles, a fini par prendre un studio à Pau, « où les loyers sont moins chers », pour poursuivre ses études à distance. « Depuis deux ans, je dors la journée et vis la nuit, narre-t-il. Les conditions de validation des cours sont strictes, avec caméra ouverte et lumière dans le visage. » Pour contrôler l’attention, à intervalles réguliers, le professeur demande à l’assemblée à distance de taper un nombre sur les claviers. Lorsque les cours en présentiel ont repris pour les Chinois, les étudiants étrangers ont dû suivre des cours hybrides, filmés dans la classe.
    La politique zéro Covid est devenue une question d’ego pour le président Xi Jinping, selon Steven, inscrit en master à l’université de technologies du Zhejiang, sans jamais avoir pu s’y rendre. « C’était la première fois que la Chine pensait prouver au monde qu’elle allait gérer une crise mieux que quiconque, en fermant des villes. Cette politique va se poursuivre pour ne surtout pas donner raison aux Occidentaux », prédit le jeune homme, marié depuis cinq ans à une Chinoise, rencontrée lorsqu’elle était étudiante en France. Rentrée dans sa famille, c’est elle qui consulte l’intranet de l’université pour donner ses notes à Steven, car l’interface reste inaccessible depuis l’étranger.Pour payer son loyer, l’étudiant travaille trente-sept heures par semaine dans la maintenance informatique, un rythme de vie qui l’oblige à suivre les cours en différé, après ses heures de travail et le week-end, puisqu’il lui faut impérativement dormir la nuit. « Les professeurs lisent des PowerPoint, écrivent au tableau sans se filmer, ne répondent plus à mes mails… Je m’accroche, mais le plus dur, c’est le moral, confie-t-il. Je fais partie de cette université parce que j’ai mon numéro d’étudiant, mais c’est tout ce que j’ai. »De son côté, l’université du Zhejiang assure au Monde dans un message écrit qu’elle reste en attente de « mises à jour du gouvernement » pour se prononcer sur un retour éventuel des Français sur le campus. « Nous espérons que cela ne prendra pas trop de temps », ajoute le message.
    La psychiatre Magali Briane a sondé une trentaine de jeunes du collectif via deux questionnaires qu’elle avait déjà dispensés auprès d’étudiants en France, pendant, et après le confinement. « Près de 80 % présentent des troubles anxieux et environ 75 % des troubles dépressifs. Ce sont des résultats vraiment alarmants, souligne-t-elle. Ils vivent une perturbation de leur rythme social et biologique, notamment de leur sommeil, ce qui est facteur de vulnérabilité. » S’ajoute une dimension anxiogène liée aux frais engagés et à l’absence d’équivalence de diplômes à laquelle certains se trouvent confrontés.
    Le désarroi est d’autant plus grand que des étudiants d’autres nationalités ont obtenu un laissez-passer, comme les Russes et les Pakistanais, mais aussi les ressortissants des îles Salomon. Des pays qui entretiennent de bonnes relations économiques avec la Chine. Les Indiens, qui représentent le plus fort contingent, avec 23 000 étudiants, « se mobilisent énormément sur les réseaux sociaux et ont obtenu le soutien direct de leur gouvernement pour négocier », relève Cédric, qui espère que son collectif éveillera l’intérêt et l’action des autorités françaises et européennes.Alerté au mois de mai, l’ambassadeur de France à Pékin s’est entretenu en visioconférence avec le collectif, sans qu’il y ait de suites concrètes. Le retour en Chine s’apparente à un parcours d’obstacles : un accord politique au plus haut niveau, suivi d’une mise en œuvre par l’ambassade de Chine à Paris pour négocier des accords aériens pour chacune des destinations. Tout cela restant soumis au fait que les étudiants puissent trouver un vol à des tarifs avoisinant les 6 000 euros et que leurs universités soient bien disposées à les recevoir. « L’incitation est assez faible pour un établissement qui ne compte qu’un ou deux Français et peut considérer que les risques de contamination et difficultés pour les faire revenir l’emportent sur les avantages qu’il y a à les accueillir », décrypte une source proche du dossier.Une fois sur place, rien ne garantit que les cours seront en présentiel, la plupart des universités poursuivant le distanciel, avec des étudiants confinés sur les campus. « Même les expatriés les plus capés qui sont en Chine depuis des décennies frisent le burn-out, avertit Christophe-André Frassa, sénateur des Français établis à l’étranger. Vous vous faites tester dans le hall de votre immeuble et si vous êtes positif, vous ne pouvez même pas remonter chez vous chercher un manteau : vous partez directement au centre de confinement. » S’il dit comprendre « l’impatience des étudiants français, tout à fait légitime », il estime que le risque est trop élevé que des villes se referment brutalement.Cédric et Steven se disent pourtant prêts à accepter les conditions sanitaires drastiques de la stratégie zéro Covid. De même que Sonia, étudiante en médecine près de Shanghaï, qui n’a accédé à aucun laboratoire de travaux pratiques depuis qu’elle a quitté le pays, en janvier 2020. Elle reçoit en moyenne 200 pages de cours par jour, qu’elle tente d’assimiler. « On espérait un dialogue diplomatique en faveur d’une réciprocité des visas entre étudiants français et chinois, expose-t-elle. Une grosse cinquantaine d’étudiants, c’est très peu comparé aux Chinois en France, qui sont actuellement autour de 30 000 [plus de 45 000, en réalité]. »Sollicité par Le Monde, Lu Shaye, ambassadeur de Chine en France, n’a pas donné suite. Pour toute réponse, ses services renvoient vers un entretien que le diplomate a accordé le 23 juin au nouveau site Livre noir, animé par des bénévoles qui revendiquent une « approche différente des grands médias dominants ». Lu Shaye y assure que « la Chine souhaite toujours la bienvenue aux étudiants étrangers y compris français ». Il les encourage, « s’ils en ont besoin », à s’adresser à l’ambassade, qui tiendra « des statistiques » et rendra « un rapport au gouvernement chinois » en vue de « faciliter » leur retour.

    #Covid-19#migrant#migration#france#chine#sante#santementale#zerocovid#etudiantetranger#frontiere#retour

  • Partition. Gérald Darmanin : « Nous devons parler aux tripes des Français »

    [Il] estime que les macronistes doivent « corriger » certains « comportements », en n’incarnant plus seulement le camp de la « raison » et de la « technique ».

    (...) En matière d’immigration, il veut que les conditions qui s’appliquent à l’expulsion d’étrangers condamnés soient assouplies. (je propose d’augmenter les effectifs de police (...) Il y aura, l’année prochaine, dans le projet de loi de finances pour 2023, une augmentation de 1,25 milliard d’euros pour le ministère de l’intérieur, en plus du budget alloué aux outre-mer et aux collectivités locales. C’est une avancée absolument considérable, mais, en contrepartie, le ministère doit se moderniser. C’est ce que nous faisons : en deux ans, 4 000 policiers et gendarmes ont été remis sur la voie publique grâce au remplacement par du personnel civil. Nous tiendrons la promesse du président de doubler les forces sur le terrain en dix ans.

    Nous allons aussi créer 200 nouvelles brigades de gendarmerie, onze unités de forces mobiles et 3 500 assistants d’enquête – des personnels civils qui vont accomplir une partie du travail procédural réalisé aujourd’hui par les effectifs de terrain : accueillir un avocat, remplir tel document…

    (...) Nous sommes prêts à reprendre un certain nombre de propositions comme la loi anticasseurs de Bruno Retailleau (LR) ou, en matière d’immigration, à réfléchir aux conclusions de l’excellent rapport Buffet (LR), voté à l’unanimité au Sénat.

    (...) Aujourd’hui, un étranger qui a commis des actes graves n’est pas expulsable dès lors qu’il remplit certaines conditions, comme une arrivée sur le territoire national avant l’âge de 13 ans. Je vais être explicite : nous voulons permettre l’expulsion de tout étranger reconnu coupable d’un acte grave par la justice, quelle que soit sa condition de présence sur le territoire national. Je pense que c’est quelque chose qui correspond au programme régalien que le président a présenté aux Français.

    Nous en sommes d’ailleurs à 2 761 étrangers avec un casier judiciaire expulsés depuis que je suis ministre de l’intérieur, dont 60 % sortaient de prison. C’est une multiplication par cinq des chiffres des années précédentes. En six mois, on a augmenté de 27 % les éloignements : nous en sommes à près de 7 000. La fermeté est là.

    Mais pourquoi revenir sur un thème qui n’a pas intéressé les Français au cours de l’élection présidentielle ?

    Parce que je suis chargé de plusieurs politiques publiques dont celle de l’accueil, de l’intégration, de l’accès à la nationalité ou de l’expulsion des étrangers irréguliers. Il faut encore améliorer un certain nombre de choses dans le suivi de l’intégration et de l’accueil, mais, quelle que soit sa couleur de peau, sa religion, son pays d’origine, un étranger qui ne respecte pas la République doit être expulsé. Nous considérons les étrangers pour ce qu’ils font, et pas pour ce qu’ils sont, contrairement au RN. (...)

    Comment regagner en crédibilité avant les Jeux olympiques de 2024 ?

    On a loupé quelque chose, c’est évident. On a sans doute prévu trop d’effectifs en matière de maintien de l’ordre et pas assez pour lutter contre la délinquance. J’en ai tiré personnellement toutes les conséquences et j’ai demandé de tripler les effectifs des BAC [brigades anticriminalité] et de sécurité publique, à Saint-Denis, lors de grands événements [qui se déroulent au Stade de France].

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/07/09/gerald-darmanin-nous-devons-parler-aux-tripes-des-francais_6134057_823448.ht

    https://justpaste.it/8ucbk

    #immigration #expulsions #étrangers #police #maintien_de_l’ordre #BAC #action_française_3.0

    • Colbert at the White House Correspondents’ Dinner 2006
      https://www.liveabout.com/stephen-colbert-white-house-correspondents-dinner-2734728

      Mark Smith, ladies and gentlemen of the press corps, Madame First Lady, Mr. President, my name is Stephen Colbert, and tonight it is my privilege to celebrate this president, ‘cause we’re not so different, he and I. We both get it. Guys like us, we’re not some brainiacs on the nerd patrol. We’re not members of the factinista. We go straight from the gut. Right, sir?

      That’s where the truth lies, right down here in the gut. Do you know you have more nerve endings in your gut than you have in your head? You can look it up. Now, I know some of you are going to say, “I did look it up, and that’s not true.” That’s ’cause you looked it up in a book. Next time, look it up in your gut. I did. My gut tells me that’s how our nervous system works.

      Every night on my show, The Colbert Report, I speak straight from the gut, okay? I give people the truth, unfiltered by rational argument. I call it the “No Fact Zone.” FOX News, I hold a copyright on that term.

    • Le départ du préfet de police de Paris Didier Lallement annoncé pour le 20 juillet

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/10/le-depart-du-prefet-de-police-de-paris-didier-lallement-annonce-pour-le-20-j

      Le départ de M. Lallement était considéré comme « imminent » depuis plusieurs semaines, à telle enseigne que le 6 juillet, la présidente du conseil régional d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, avait estimé nécessaire d’« attendre la nomination du nouveau préfet de police » avant d’aborder les « questions de sécurité » avec les élus franciliens. Feignant d’ignorer que l’information du départ prochain de M. Lallement était encore confidentielle, Mme Pécresse s’était dite « désolée » de l’avoir « enterré trop vite » – une formule malheureuse alors que le haut fonctionnaire venait de traverser, pour la troisième fois, une crise de Covid particulièrement éprouvante.

      Deux jours plus tard, à l’occasion d’un entretien accordé au Monde, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait répondu de façon sibylline à une question sur le sort réservé à M. Lallement : « Monsieur le préfet de police est à son poste, avait-il déclaré. Et il travaille avec toute ma confiance. »

      Record de longévité

      Contre toute attente, l’épisode de la finale de la Ligue des champions, le 28 mai au Stade de France de Saint-Denis, n’a pas précipité le départ de M. Lallement mais l’a, au contraire, retardé. La polémique qui avait suivi les évènements, marqués par des débordements et de vives critiques sur la gestion sécuritaire de la préfecture de police, avait incité le gouvernement à ne pas donner le sentiment de céder à la fébrilité en limogeant le haut fonctionnaire. Lors de son audition par les sénateurs le 9 juin, M. Lallement avait dit assumer « en totalité la gestion policière » et admis « un échec » dans la prévention des troubles le soir du match aux abords du Stade de France.

      « Plusieurs semaines avant la décision d’organiser le match au Stade de France, il a fait savoir qu’il souhaitait quitter ses fonctions, estimant s’être acquitté de la mission qui lui avait été confiée depuis 2019 », avance un cadre de la Préfecture de police.

      Touché depuis la fin août 2021 par la limite d’âge, fixée à 65 ans dans le corps préfectoral, M. Lallement avait vu son bail prolongé en raison d’une disposition dérogatoire autorisant une prorogation de deux ans à un tel poste, une décision prise notamment « compte tenu des enjeux liés à la tenue des élections présidentielle et législatives en avril et juin 2022 », avance la même source.

      Avec un mandat de trois ans, trois mois et trente jours, ce préfet de choc au style volontiers martial et aux prises de parole souvent cassantes, n’en a pas moins établi un record de longévité depuis 2012 [sic] à un poste crucial dans l’organisation administrative française, une vigie particulièrement exigeante sur le plan technique et, politiquement, très exposée.
      En mars 2019, moins de deux ans après avoir été nommé, son prédécesseur Michel Delpuech avait été remercié par Christophe Castaner, alors ministre de l’intérieur, pour sa gestion du maintien de l’ordre à l’occasion des manifestations de « gilets jaunes » dans la capitale. Le nom du successeur de M. Lallement n’est pas encore connu.

      trois covid ! vu son rôle éminent et son âge, c’est un tantinet irresponsable

      à voir autant d’huiles pas toujours de première fraicheur non masqués en réunion etc. qui persistent à ne pas disparaître je me demande à quel point ces gens sont assurés de disposer de suivi et soins hors classe, par exemple, d’accéder à des anticorps monoclonaux et à des antiviraux sans tenir compte des recommandations et règles en vigueur qui en limitent l’accès.

  • Un tiers de la population de moins de 60 ans a des origines immigrées
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/05/un-tiers-de-la-population-de-moins-de-60-ans-a-des-origines-immigrees_613346

    De quoi battre en brèche la théorie raciste du « grand remplacement », notamment popularisée en France par le candidat malheureux à l’élection présidentielle Eric Zemmour : « La théorie du grand remplacement oppose des populations les unes aux autres, celles qui n’auraient aucun rapport à l’immigration à des nouveaux venus, reprend M. Simon. Or, on voit que ce qui se produit c’est que les généalogies sont de plus en plus mélangées. On parle de grand élargissement ».

    Alors je ne sais pas par quel miracle quelqu’un s’est dit que l’expression « grand élargissement » c’est une bonne formule que l’extrême-droite ne parviendra jamais à détourner…

  • Cabinets de conseil : Capgemini, le coûteux prestataire dont l’Etat ne sait plus se passer

    L’Etat a confié au moins 1,1 milliard d’euros de missions à Capgemini en cinq ans. L’omniprésence du cabinet fait grincer des dents au sein de l’administration, où des voix dénoncent missions coûteuses, projets ratés, opacité et de conflits d’intérêts.

    C’est un puissant cabinet de conseil privé qui gagne des milliards d’euros grâce à de lucratives missions publiques. Une usine à consultants à qui les ministères externalisent un nombre croissant de tâches, au point de développer vis-à-vis de ses experts une dangereuse dépendance. Une entreprise qui entretient des liens étroits avec l’appareil d’Etat. Il n’est pas question ici de la firme McKinsey, mais de Capgemini, un cabinet français qui semble disposer d’un poids bien supérieur à ses confrères américains sur la conduite des affaires de l’Etat.

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/07/02/cabinets-de-conseil-capgemini-le-couteux-prestataire-dont-l-etat-ne-sait-plu


    Etienne Grass, patron de la branche « #services_publics » de Capgemini Invent, lors d’une convention sur la #santé, à Paris, le 2 octobre 2021. GABRIELLE FERRANDI / CHAM

    https://justpaste.it/5y61t

    #Cabinets_de_conseil

    • L’embarrassante mission secrète du cabinet de conseil Capgemini pour les douanes françaises

      Des consultants privés de l’entreprise ont eu accès à des données couvertes par le secret fiscal dans le cadre d’un projet informatique, suscitant des remous au sein de l’administration.

      Le sentiment du devoir accompli, Boris G. part en congés. Son algorithme a repéré une possible fraude à la TVA concernant deux jets privés Falcon 7X, pour lesquels l’importateur aurait omis de payer plusieurs millions d’euros lors de leur livraison sur le territoire français. Voilà une excellente nouvelle pour son employeur, les douanes françaises, qui ont parié sur l’intelligence artificielle pour cibler les fraudes à l’importation, en mettant sur pied, quelques mois plus tôt, un « service d’analyse de risque et de ciblage » (SARC). Sa mission : croiser des bases de données pour y détecter, grâce à des algorithmes sophistiqués, des anomalies statistiques menant à de possibles irrégularités.

      Un détail étonne toutefois dans la signature du courriel que Boris G. envoie, le 27 juillet 2017, pour faire part de ses résultats : ce spécialiste de l’intelligence artificielle, qui travaille sur des données ultrasensibles couvertes par le secret fiscal, n’est pas un fonctionnaire des douanes, mais un consultant privé de Capgemini.

      Malgré les risques, le SARC a en effet externalisé une partie de son projet de détection automatique des fraudes au géant français du conseil informatique, en 2017 et 2018. D’après les éléments recueillis par Le Monde, le projet consistait à mettre en place un « puits de données » rassemblant plusieurs fichiers provenant des douanes et de l’administration fiscale, sur lequel les consultants privés pourraient ensuite se brancher pour mener leurs analyses. Sur ce serveur informatique figuraient des données sur l’ensemble des marchandises franchissant les frontières françaises, y compris des biens sensibles comme le matériel de guerre. Mais également des informations très précises sur les opérations de contrôle menées par les douanes.

      « Des prérogatives régaliennes de l’Etat »

      Certaines de ces données ont-elles pu être extraites des serveurs des douanes par des consultants de Capgemini peu scrupuleux ? Un document suggère en tout cas qu’aucun garde-fou n’était prévu, puisqu’une consultante a pu faire une copie sur son ordinateur d’une partie du fichier Banaco, qui contient des informations aussi précises que le nom de l’entreprise contrôlée par les douanes et le résultat du contrôle. Or, l’arrêté de déclaration de ce fichier est clair : il ne doit être accessible qu’aux douaniers.

      Le Monde a également appris que le directeur du SARC, Perry Menz, avait informé plusieurs consultants de Capgemini que l’importateur des jets Falcon 7X identifiés par leur algorithme était déjà dans le viseur de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED). Une information ultraconfidentielle, puisque l’entreprise visée, Dassault Aviation, n’était à l’époque pas au courant elle-même. Cette imprudence étonne d’autant plus que Dassault Aviation était par ailleurs à l’époque client de Sogeti, une filiale de Capgemini.

      « C’est un problème de confier à un prestataire privé des données sensibles, qui relèvent des prérogatives régaliennes de l’Etat », réagit Fabien Milin, représentant du syndicat Solidaires Douanes. « Pour un projet aussi sensible, on ne ferait jamais appel à un cabinet extérieur », assure une source à la direction générale des finances publiques, une autre administration qui utilise des techniques informatiques similaires pour le contrôle fiscal, sans faire appel à des prestataires privés.

      Une plainte déposée au PNF

      Au sein des douanes, la mission de Capgemini a fait grincer des dents. D’autant qu’une équipe d’agents publics travaillait en parallèle sur le même projet et que les résultats de Capgemini étaient « décevants », comme l’a reconnu elle-même la direction du SARC, lors d’une rencontre avec les syndicats. Lors de cette réunion, organisée en mars 2018, des représentants syndicaux ont interrogé en vain leur hiérarchie sur le coût de cette prestation, et se sont émus des « risques d’une telle opération, de par la sensibilité et la confidentialité des données, ainsi que les éventuels conflits d’intérêts ».

      Le patron de la douane en personne, Rodolphe Gintz, a été destinataire à la même période d’une note d’alerte d’un agent des douanes. Mis en difficulté par sa hiérarchie, puis contraint au départ, ce fonctionnaire a par la suite déposé une plainte pour violation du secret fiscal auprès du Parquet national financier (PNF), en novembre 2021, qui n’a pour l’instant donné lieu à l’ouverture d’aucune enquête. « Je suis indigné de voir une telle inertie judiciaire face au courage de mon client lanceur d’alerte, qui dénonce des faits d’intérêt public incontestables », s’étonne son avocat, Me Pierre Farge.

      La direction des douanes n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde. Des correspondances internes de l’époque montrent toutefois qu’elle a assumé le choix de l’externalisation malgré les critiques. « Bien sûr qu’il convient de préserver [la] confidentialité, écrivait ainsi Gil Lorenzo, le numéro deux du département de lutte contre la fraude des douanes, en mai 2017. Pour autant nous devrons travailler avec des partenaires privés, il ne peut en être autrement, car les ressources internes nous manquent. » Quelques semaines plus tard, le patron du SARC, Perry Menz, se rassurait sur le fait qu’« il n’y a pas de problème légal (…) compte tenu des clauses de confidentialité que l’administration a fait signer [ à Capgemini] ». Mais comment Capgemini s’est-il lui-même assuré du respect de ces règles par ses salariés ? Contactée, l’entreprise n’a pas souhaité répondre.

      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/07/02/l-embarrassante-mission-secrete-du-cabinet-de-conseil-capgemini-pour-les-dou

    • A l’Agence nationale de l’habitat, les consultants privés de Capgemini font la loi

      L’ANAH a dépensé plus de 30 millions d’euros depuis 2016 pour des prestations du cabinet de conseil, afin de répondre aux demandes du gouvernement sur la rénovation énergétique.

      Une trentaine d’agents de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) ont assisté à une drôle de scène, le 27 juin. En ce lundi matin, une consultante du cabinet de conseil Capgemini présente les résultats d’un audit mené par ses équipes sur le fonctionnement du département des aides et des relations aux usagers (DARU) de l’ANAH, qui pilote MaPrimeRénov’, le dispositif d’aides publiques à la rénovation énergétique des bâtiments.

      Si la salle écoute poliment, rares sont ceux qui ignorent l’évident conflit d’intérêts de Capgemini : depuis des années, ses consultants et développeurs informatiques travaillent par dizaines auprès de l’ANAH pour développer MaPrimeRénov’, et sont tenus responsables de la plupart des problèmes qui secouent l’agence publique, placée sous la tutelle des ministères de l’écologie et de l’économie.

      Un homme, présent dans la salle, en sait quelque chose : David Marx, le consultant en chef de Capgemini à l’ANAH. Depuis le départ de la patronne du DARU, fin mai, il assure l’intérim à la tête de ce département de l’ANAH, qui compte une petite quarantaine de personnes, au mépris des règles de séparation entre agents publics et consultants privés. « Lorsque ça nous a été annoncé en réunion, on était tellement abasourdis qu’un prestataire extérieur puisse devenir notre chef que personne n’a réagi », témoigne un membre de l’équipe sous le couvert de l’anonymat.

      Aux yeux de nombreux agents de l’ANAH, cet événement couronne une longue série de dérives liées à l’omniprésence de Capgemini. Coût exorbitant des missions, dépendance malsaine, intrusion du privé dans les décisions publiques, brouillage des frontières entre consultants et fonctionnaires, choc des cultures… Autant de problèmes soulignés en mars dans le rapport au vitriol de la commission d’enquête du Sénat sur l’emprise des cabinets de conseil sur l’Etat, qui trouvent ici une nouvelle illustration.

      « Pas d’autre choix que d’externaliser »

      D’aussi longtemps qu’ils se souviennent, la plupart des employés de l’ANAH ont toujours vu « les gars de Cap ». « On vit avec eux, on finit par les connaître », rapporte l’une des salariés. Géant français du conseil et des prestations informatiques, le cabinet a mis un pied dans la maison en 2016, avec une première mission d’assistance à la dématérialisation des procédures de demande de subventions, facturée 4,7 millions d’euros.

      Mais le jackpot est arrivé en 2019, quand le premier ministre Edouard Philippe a confié à l’ANAH la création de MaPrimeRénov’ – une aide unifiée destinée à des centaines de milliers de ménages pour mener des travaux de rénovation énergétique dans leurs habitations. Le lancement étant exigé au 1er janvier 2020, il a fallu en quelques mois amender les réglementations, mettre en place une plate-forme informatique pour les demandes d’aides et installer un centre d’appels pour répondre aux usagers.

      Une mission impossible pour l’ANAH, qui ne compte alors qu’une centaine d’agents. Il est exclu pour elle de recruter, en raison de la règle budgétaire qui plafonne le nombre d’emplois de chaque agence de l’Etat pour l’ensemble de l’année. « Pour répondre à la demande urgente du premier ministre, il n’y avait donc pas d’autre choix que d’externaliser », soupire un agent présent depuis le début du projet.

      Un premier contrat est signé en mai 2019 avec Capgemini Invent, la branche de conseil du groupe. Des consultants commencent alors à plancher sur l’organisation de MaPrimeRénov’avec une poignée d’agents de l’ANAH. Des développeurs issus de la branche technique du groupe (Technology Services), les rejoignent bientôt pour bâtir la plate-forme informatique. Idean, une autre filiale de Capgemini, conçoit la charte graphique.

      Les consultants de « Cap » se glissent dans toutes les réunions, sollicitent les agents pour nourrir leurs présentations PowerPoint, qui finissent parfois dans les comités de pilotage avec les ministères, sans aucune mention de la contribution d’un prestataire extérieur. « On ne sait pas ce qu’ils retiennent des chiffres qu’on leur donne, comment ils les présentent à la hiérarchie », se désole une agente. « Puisqu’ils fabriquent les présentations à destination de la direction générale, ils contrôlent l’information et peuvent ainsi s’autocouvrir », abonde un collègue.

      Une dépendance « perverse »

      Le lancement de MaPrimeRénov’, en 2020, n’a pas mis fin à la mission de Capgemini – bien au contraire. L’ANAH, qui compte officiellement 207 agents publics, emploierait actuellement en parallèle plus de 70 développeurs informatiques et 20 consultants de Capgemini, d’après une source interne. Une présence massive et onéreuse, puisque des documents consultés par Le Monde chiffrent les missions du cabinet à plus 30 millions d’euros depuis 2016. Cette somme ne prend pas en compte l’externalisation du centre d’appels, où travaillent plusieurs centaines d’employés de Docaposte, la filiale informatique de La Poste.

      En 2021, la multiplication de bugs sur la plate-forme MaPrimeRénov’, dénoncée par des milliers d’usagers sur un groupe Facebook et dans une pétition, a catalysé le ressentiment contre Capgemini, jugé responsable de ces errements. « Outre les bugs liés à leurs choix techniques, ils ont dépriorisé beaucoup de fonctionnalités importantes pour pouvoir tenir le calendrier du projet, en nous promettant de les introduire plus tard. Mais ça n’a pas été le cas, car il y a toujours plus urgent », témoigne un agent, qui déplore « une énorme perte de temps ».

      Si la pression du politique pour livrer une solution dans des temps resserrés a joué, une autre agente souligne le problème des consultants « qui changent tous les six mois, qu’on doit reformer à chaque fois, et qui ne connaissent rien à la rénovation énergétique et aux publics modestes auxquels on s’adresse ». « On est obligés de repasser sans cesse sur leur travail, qui est truffé d’erreurs », se désole-t-elle.

      Malgré ces déconvenues, l’ANAH a signé en début d’année un nouvel avenant au contrat avec Capgemini, facturant 8,5 millions d’euros le premier semestre 2022. L’agence a renoncé à faire un nouvel appel d’offres pour ouvrir le marché à des concurrents, au nom du « droit de suite » du cabinet pour finaliser le projet. Mais elle lui a également confié la responsabilité de deux nouvelles missions, France Rénov’ (un guichet unique pour la rénovation de l’habitat) et MaPrimeAdapt’ (une future aide financière destinée aux seniors).

      Les missions pour l’agence de l’habitat sont si importantes que Capgemini a mis en place une « ANAH Academy » pour former ses consultants. « Ils ont acquis un poids tellement fort que ce serait compliqué de s’en passer aujourd’hui, convient un agent pourtant critique. Si un nouveau prestataire arrivait, tout le monde péterait les plombs. » Une dépendance jugée « perverse » par sa collègue : « Ils sont là depuis tellement d’années qu’on se demande pourquoi ne pas avoir carrément embauché des fonctionnaires qualifiés pour assumer ces missions pérennes… » https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/07/02/a-l-agence-nationale-de-l-habitat-les-consultants-prives-de-capgemini-font-l

    • « Il est possible que l’on soit allé trop loin » : comment les cabinets de conseil se sont installés à l’hôpital

      Depuis les années 1990, les consultants ont progressivement étendu leur toile dans les établissements, en faisant notamment la promotion de la politique de réduction du nombre de lits.

      C’est un tweet posté par un directeur du cabinet de conseil Capgemini, en juillet 2019, quelques mois avant que le pays bascule dans la crise sanitaire. Le consultant s’y dit « fier » d’avoir accompagné « avec succès » l’hôpital de Nancy et cite, à l’appui, un article annonçant que « la suppression de 179 lits et de près de 600 équivalents temps plein dans les effectifs » au CHU de Nancy vient d’être approuvée par les autorités publiques.

      Le professeur Stéphane Velut, neurochirurgien du CHU de Tours, a archivé le message. D’abord parce que ce plan, présenté comme remarquable à l’été 2019, a coûté son poste, au printemps 2020, au directeur de l’agence régionale de santé (ARS) Grand-Est. Celui-ci avait estimé, en pleine lutte contre le Covid-19, qu’il n’y avait « pas de raison » d’interrompre les suppressions de postes et de lits à l’hôpital de Nancy. Un faux pas politique que le gouvernement a sanctionné. Le professeur Velut a aussi suivi cette histoire de près, car, en dépit de la crise aiguë qui affecte le système de soins, un programme de réduction de coûts analogue guette le CHU où il exerce.

      « Il est prévu que l’hôpital de Tours, qui compte plusieurs sites, soit restructuré et rénové. Mais le financement de ce projet, tel qu’il nous a été présenté en 2017, était assujetti à la suppression de 250 lits, explique le neurochirurgien. Pour nous faire avaler cette pilule, nous avons eu droit à des séminaires organisés par Capgemini. »

      Le médecin ne savait « même pas que ce corps de métier – les consultants – existait. Ils nous expliquaient que l’hôpital de demain serait un “aéroport” – on rentre, on opère, on sort –, utilisaient des expressions comme “redimensionnement capacitaire” sans nous dire à l’époque que ça signifierait près de 25 % de lits en moins ».

      De jeunes cadres expliquent alors aux chefs de service qu’ils peuvent améliorer leur pratique, en comparant la durée moyenne de séjour des patients au CHU de Tours à celle de l’hôpital de Grenoble, bien inférieure. « Or, les activités ne sont pas comparables, Grenoble fait davantage de traumatologie de la colonne vertébrale, s’agace le neurochirurgien. On assistait à un lavage de cerveau, si bien qu’au bout de quelques mois, lors d’une réunion de praticiens, nous avons décidé d’évincer Capgemini. » Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, le nouvel hôpital et le plan d’économies ne sont plus à l’agenda, mais « ils vont y revenir, prévient le médecin. Simplement, je crois comprendre qu’ils supprimeront moins de lits que prévu initialement ».

      Un appel d’air

      Au fil des ans, les cabinets de consultants ont vu leur influence croître et sont devenus un appui incontournable pour bon nombre d’établissements et pour les ARS, ces agences régionales chargées de la mise en œuvre de la politique de santé dans les régions. Ils sont régulièrement perçus, parmi les soignants, dans la crise profonde que traversent les hôpitaux, comme le bras exécutant de la politique de réduction des coûts.

      « Les consultants sont entrés dans le secteur de la santé au début des années 1990 : une loi avait prévu que tout hôpital devait faire un projet stratégique. Or, à l’époque, les directeurs d’hôpitaux ne savaient pas comment conduire de tels projets. Ils se sont donc tournés vers les cabinets de conseil, principalement Bossard, où je travaillais, et Ernst & Young », se souvient Antoine Georges-Picot, énarque, consultant en santé depuis vingt-cinq ans, notamment chez Capgemini et aujourd’hui à la tête du cabinet GovHe. La contribution de ces cabinets prend une tout autre ampleur dans les années 2000, lorsque la puissance publique demande à l’hôpital d’être performant, mieux organisé et de réduire ses coûts.

      Pour accompagner ce mouvement, le gouvernement crée une nouvelle structure, la Mission nationale d’expertise et d’audit hospitaliers (MEAH). Elle diligente des études sur divers sujets, depuis le temps d’attente aux urgences jusqu’à la gestion des pharmacies à l’hôpital. En passant des marchés publics, en diffusant des cahiers des charges, en structurant de grosses missions de conseil, la MEAH crée un appel d’air : certains gros cabinets, qui auparavant ne trouvaient pas les hôpitaux suffisamment attractifs pour en faire leurs clients, se mettent à s’intéresser à eux.

      A la fin des années 2000, l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP) prend le relais, avec un objectif : « l’efficience hospitalière ». L’ANAP change de braquet, elle pilote de plus gros projets et mobilise de plus gros budgets, pour accompagner des hôpitaux en grande difficulté financière. « En gros, l’ANAP payait les consultants, les consultants rendaient un diagnostic sur l’hôpital : “Voilà tous les problèmes et voilà comment il serait possible de les résoudre, par exemple en augmentant la rotation des patients sur les lits hospitaliers ou en développant les soins ambulatoires”, raconte un ancien consultant spécialisé dans le domaine de l’hôpital − il souhaite rester anonyme − qui a participé à ces missions. Et, derrière, un contrat tripartite était signé entre l’hôpital, l’ANAP et l’agence régionale de santé. »

      Des équipes de deux à cinq jeunes gens dynamiques débarquent dans les hôpitaux, y restent parfois un mois et demi, le temps de voir tous les services, administratif, médicaux, logistique, technique. Ces missions sont onéreuses, le prix à la journée par consultant avoisinant les 1 200 à 1 500 euros. Dans le métier, on dit volontiers que « 1 euro dépensé pour un consultant doit en rapporter 5 ou 6 à l’hôpital », grâce aux économies qui seront réalisées.

      « Perte de compétences des équipes »

      « Comment des consultants extérieurs peuvent-ils paraître plus compétents que des personnes qui évoluent depuis quinze ans dans le milieu hospitalier ? », s’est interrogé Martin Hirsch, alors directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), lors de son audition au Sénat, en janvier, par la commission d’enquête sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques. Alors que les hôpitaux sont « très sollicités par les cabinets de conseil, a-t-il précisé, une des premières décisions que j’ai prises a été de mettre fin à des prestations et de ne pas utiliser des marchés “ouverts” avec de grands cabinets de consultants pour des prestations stratégiques pour l’AP-HP qui représentaient des montants significatifs ».

      La Cour des comptes, qui s’est penchée sur le sujet, a souligné, dans un référé publié en 2018, un « recours mal maîtrisé » des établissements publics de santé aux consultants, ayant pour conséquence, « en sus des dépenses immédiates (…), la perte de compétences des équipes ».

      Une étude portant sur les hôpitaux anglais est même parvenue à la conclusion que « plus un hôpital fait appel à des consultants, plus son efficience diminue », a révélé le professeur à l’Essec Jérôme Barthélemy, dans une tribune publiée le 26 juin dans les colonnes du Monde. Notamment parce que les coûts induits par les prestations de conseil réduiraient la capacité des hôpitaux à investir dans leurs propres compétences ou parce que, dans certains cas, les consultants ne semblent pas suffisamment connaître le fonctionnement des hôpitaux pour améliorer leur performance.

      « Il y a trois raisons pour lesquelles les hôpitaux ont recours au cabinet de conseil, avance de son côté Antoine Georges-Picot. “Je n’ai jamais fait”, par exemple reconstruire un hôpital ou fusionner des établissements ; “Je n’ai pas le temps et pas les ressources” ou “Si je le fais en interne, le message ne passera pas, donc je fais appel à l’extérieur pour mettre les sujets sur la table”. »

      « Le monde réel est imparfait »

      Un hôpital est devenu un cas d’école en la matière. Au milieu des années 2000, la construction du Centre hospitalier sud-francilien, regroupement des hôpitaux d’Evry et de Corbeil-Essonnes (Essonne), dans le cadre d’un partenariat public-privé, vire au naufrage. Pour faire tourner l’hôpital, des consultants sont finalement dépêchés, sur une période longue, pour un budget considérable.

      Dans la foulée de cette expérience calamiteuse, la ministre socialiste de la santé Marisol Touraine met en place, fin 2012, le « Copermo », pour Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers. Il lui revient de sélectionner les projets d’investissements des hôpitaux nécessitant un financement de l’Etat et d’assurer le suivi des établissements en difficulté. Les projets actuels de modernisation des CHU de Nancy et de Tours, et, au-delà, plusieurs dizaines de projets d’investissements et de plans de retour à l’équilibre financier ont été examinés et validés par le Copermo.

      « L’objectif est alors d’éviter que la France construise à nouveau des hôpitaux trop grands, explique cet ancien d’un grand cabinet de conseil, qui a présenté plusieurs dossiers au Copermo. Il faut donc envoyer le message que l’hôpital sera construit de manière parfaitement rationnelle, selon des standards d’efficience extrêmement élevés. Donc, en gros, il faut s’engager à réduire le nombre de lits de 20 %. Les consultants tiennent le stylo, mais ce ne sont pas eux qui décident. » L’hôpital fait donc appel à un cabinet de conseil « avec l’intention d’obtenir la validation du Copermo, donc de Bercy et du ministère de la santé, poursuit-il. Le consultant est là pour que le dossier soit signé. De toute évidence, quand on acquiert un peu d’expérience en la matière, on sait très bien que ce qu’on va suggérer, écrire, sera bien sûr difficile à tenir ».

      Dans le discours qui a conclu le Ségur de la santé, cette vaste consultation des acteurs du système de soins du printemps-été 2020, Olivier Véran, alors ministre de la santé, s’est exclamé : « S’agissant du Copermo, disons-le nettement, il a vécu. » L’heure n’est plus à « la fermeture systématique des lits ».

      Sans attendre ce changement de cap, intervenu sous le coup d’une crise hospitalière profonde, accélérée par la pandémie de Covid-19, certains consultants ont pris de la distance avec le métier. « Il est tout à fait possible qu’on soit allé trop loin, témoigne cet ancien, désabusé. Le problème du consultant est qu’il évolue toujours dans un monde parfait. Sur le papier, il peut trouver une solution pour mieux remplir les lits ou réduire les durées de séjour. Mais le monde réel est imparfait, les soignants ne sont pas des robots, les locaux et les équipements sont souvent vétustes et mal fichus. »

      Benoît Péricard, énarque, ancien directeur d’hôpital puis consultant, passé notamment chez KPMG, estime que « peut-être un tiers des hôpitaux en France ont passé commande auprès de cabinets de conseil ». Pour un résultat « globalement très décevant ». « A la grande époque, il y a environ dix ans, les propositions des cabinets de conseil n’étaient pas à la hauteur de ce qu’il fallait, affirme-t-il. C’était de l’offre un peu plaquée, passe-partout, qu’on retrouve dans l’industrie, avec les fameuses méthodes du “lean management” [la gestion par la réduction des coûts]. »

      « Le conseil est une expertise un peu vaporeuse par moments », renchérit Nathan Guilbault, 26 ans, désormais étudiant infirmier, après avoir travaillé quatre ans dans le conseil en santé. « On sait que la meilleure façon d’aider les hôpitaux serait de modifier certaines règles, dit-il. Par exemple, celle du 70/30 des plans de retour à l’équilibre financier : l’effort doit provenir à 70 % des économies de charges et à 30 % seulement du développement de l’activité, même si les besoins de la population vont croissant sur le territoire. » Le jeune homme avait « l’espoir d’être utile. Finalement, notre travail offre des solutions, mais très court-termistes, et, en cela, nous sommes mauvais pour l’hôpital. »

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/03/il-est-possible-que-l-on-soit-alle-trop-loin-comment-les-cabinets-de-conseil

    • Ma petite expérience de l’ANAH et de MaPrimeRénov’
      dont le site a été réalisé par Capgemini.
      Sur le site de MaPrimeRénov’ à part ouvrir un compte, déposer sa demande en téléversant les preuves fiscales, l’interface du site ne permet pas grand chose d’autre.
      Tu me rétorqueras que l’interface ne fait pas tout, et tu auras bien raison.
      Après la dépose du dossier pour demander la visite de l’expert d’une société privée mandatée par l’ANAH qui te fait miroiter une prise en charge des travaux de 80% pour les foyers démunis (plafonnée à 30.000€), je ne me voyais pas maitre d’œuvre du chantier, j’ai été dirigée vers des architectes aux devis impossibles pour moi. J’ai perdu 6 mois en démarches pour un programme de rénovation énergétique où la Prime Rénov’ sert essentiellement à ceux qui ont les moyens de payer et gérer le chantier.

      Mais le plus excellent, c’est la raison pour laquelle je ne peux pas payer une telle somme, car le budget extravagant engloutit par Capgemini empêche la réalisation d’autres projets, ou sont réalisés dans la souffrance.
      Tout en râlant sur le budget alloué à CapGemini qui organise une réunion d’une demie journée pour changer la couleur d’un bloc, les personnes pour qui je travaille dans le même secteur ont dû plafonner drastiquement le budget d’un extranet des collectivités régionales, et se félicitent de l’avoir réalisé en ayant à disposition des petits indépendants en sous traitance corvéables pour pas grand chose, comme moi, tiens tiens.

      Petit rappel
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/07/02/a-l-agence-nationale-de-l-habitat-les-consultants-prives-de-capgemini-font-l

      L’ANAH a dépensé plus de 30 millions d’euros depuis 2016 pour des prestations du cabinet de conseil, afin de répondre aux demandes du gouvernement sur la rénovation énergétique.

      #MaPrim’Renov