• Le #rapport qui accable #Frontex, l’agence européenne de gardes-#frontières, et sa pratique de refouler illégalement les migrants en #Grèce

    Ce document, que « Le Monde » et ses partenaires de Lighthouse Reports et l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel » ont pu consulter, accuse l’ancienne direction. A Bruxelles, le rapport est réputé si toxique que personne ne voudrait le lire

    Le 15 février, l’Office européen de lutte antifraude (#OLAF) rendait ses conclusions, au terme d’un an d’enquête, sur la gestion au sein de Frontex de l’épineuse question des « #pushbacks ». Voilà des années que les gardes-côtes grecs sont accusés de pratiquer ces refoulements de migrants, contraires à la convention de Genève, sous l’œil, complice, de l’agence la plus riche de l’Union européenne.

    Le rapport, qui a en partie provoqué la chute de l’ancien directeur Fabrice Leggeri, est depuis au centre d’une bataille entre la Commission et les parlementaires européens, qui font feu de tout bois pour obtenir sa publication. A Bruxelles, le document, connu d’un nombre restreint de fonctionnaires et d’élus, est réputé si toxique que personne ne voudrait le lire. La nouvelle directrice de Frontex, la Lettonne Aija Kalnaja, a assuré ne pas en avoir pris connaissance. Et le vice-président de la Commission, le Grec Margaritis Schinas, un soutien historique de Fabrice Leggeri, a refusé de dire en séance s’il l’avait lu ou non.

    Ce rapport, que Le Monde et ses partenaires de Lighthouse Reports, ainsi que l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, ont pu consulter, détaille par le menu les péchés de la super-agence européenne de gardes-côtes et de gardes-frontières ainsi que les excès de sa précédente direction. Il confirme également l’utilisation massive de la technique illégale du « pushback » par les autorités grecques pour décourager les migrants de pénétrer sur le sol européen. Ainsi que la connaissance détaillée qu’avait Frontex du phénomène.

    « Ces #expulsions doivent cesser »

    Face à ces révélations, difficile de ne pas s’interroger sur la position de la #Commission_européenne. Cette dernière, qui a pris connaissance des conclusions de l’OLAF fin février, n’a mis que récemment en garde la Grèce face à la fréquence des accusations de violation des droits de l’homme dont elle fait l’objet. Sans remettre en cause, pour l’heure, le déploiement de Frontex sur la péninsule. « La protection de la frontière extérieure de l’UE contre les entrées illégales est une obligation. Mais les expulsions violentes et illégales de migrants doivent cesser, maintenant », a tonné Ylva Johansson, commissaire européenne chargée des affaires intérieures, à l’issue d’un appel avec trois membres de l’exécutif grec, dont le ministre de la police, le 30 juin. Cinq jours plus tard, face aux parlementaires européens, le premier ministre grec, #Kyriakos_Mitsotakis, a quant à lui balayé la plupart de ces accusations, les qualifiant de « propagande turque ».

    Dans les médias, voilà des mois que l’homme et son camp s’évertuent à nier l’importance du cas grec dans les turbulences que traverse Frontex, après la démission de son ancien directeur exécutif, le 29 avril. « L’opposition essaie, sans succès, de lier son départ avec ces prétendus “pushbacks” », a ainsi déclaré le ministre de l’intérieur, Notis Mitarachi, devant son propre Parlement. La situation en Grèce est pourtant le fil rouge des enquêteurs de l’OLAF. Dans leur rapport de 129 pages, ces derniers confirment tout ce que les médias, dont Le Monde, ont écrit sur le sujet depuis plus de deux ans. Pis, ils révèlent que les faits étaient largement connus, et même dénoncés au sein de Frontex.

    Ainsi, dès avril 2020, deux divisions de l’agence jugeaient « crédibles » les #accusations fréquentes de traitements violents de la part des policiers grecs infligés aux migrants qui tentaient de rejoindre leurs côtes. « Le fait que les Grecs tolèrent et pratiquent les “pushbacks” est très probable », jugeait la division d’évaluation de la vulnérabilité de Frontex dans un rapport daté du 18 avril 2020, cité par l’OLAF.

    Un an plus tard, le centre de situation de Frontex, sa tour de contrôle, chargée de surveiller en direct les frontières extérieures de l’Union européenne grâce à sa batterie de caméras, suggérait même l’ouverture d’une enquête interne sur la base de nouvelles images transmises par l’ambassadeur de Turquie en Pologne, directement au siège de l’agence.

    Face à ces conclusions, émanant de ses propres services, la réponse de la direction de l’agence est toujours la même, assure l’OLAF. Cantonner les découvertes au plus petit cercle possible. Eviter la contagion. « Il y avait un schéma récurrent [de la part de la direction] dans le fait de vouloir cacher des informations et éviter toute #responsabilité », note un agent de Frontex. « Je pense qu’à l’époque #Fabrice_Leggeri voulait protéger la Grèce. C’est le pays que l’agence soutient le plus. Mais personne ne comprend pourquoi il a pris ce risque », se souvient l’un de ses proches.

    Volonté de « couvrir » la Grèce

    Le 5 août 2020, à 1 h 41 du matin, un avion de Frontex est ainsi témoin d’un « pushback ». Ce qu’il filme est troublant : un navire grec traîne un canot pneumatique, trente migrants à son bord, en direction des eaux territoriales turques, au lieu de les ramener à terre. « La manœuvre n’a aucun sens en matière de sauvetage », se lamente l’un des agents de Frontex dans un rapport d’incident adressé à son supérieur dans la matinée qui suit les faits.

    L’avion de Frontex est finalement sommé de quitter les lieux par les autorités hellènes, envoyé dans une zone « où il ne détecte plus aucune activité ». « Je considérais ces événements comme des “pushbacks” », se souvient un des agents interrogés par l’OLAF, avant de confesser l’interdiction formelle d’enquêter en interne et la volonté ferme de la direction de « couvrir » la Grèce « en raison du contexte international ». « La répétition de ces événements est de plus en plus difficile à gérer », renchérit le premier.

    Deux options s’offrent à Frontex, opine un autre, à la suite de l’incident. « Parler aux Grecs » ou retirer les avions de Frontex pour ne plus être témoin de telles manœuvres. Une solution « cynique », reconnaît un agent, mais qui préserve Frontex de futures turbulences ou autres « risques en matière de réputation ». Varsovie choisira la seconde option. Plusieurs témoins assurent que la manœuvre avait pour but de ne plus être témoin de l’intolérable.

    Selon les enquêteurs européens, il ne s’agit pourtant pas de la seule alerte reçue par la direction. Ni de la première. Le 5 juillet 2019, un message informe le management que certains agents, déployés dans des Etats membres, rechignent à faire remonter les comportements problématiques dont ils sont les témoins sur le terrain, en raison « des répercussions que cela pourrait avoir pour eux ». C’est particulièrement le cas en Grèce. Fin avril 2020, un agent déployé par Frontex sur place demande l’anonymat au moment de rapporter des faits dont il a été témoin. « Les menaces des autorités grecques ont fini par porter leurs fruits », se lamente l’un de ses supérieurs par écrit.

    La conclusion la plus destructrice pour Frontex porte probablement sur son implication financière dans les opérations hellènes. L’OLAF note ainsi qu’au moins six bateaux grecs, cofinancés par l’agence, auraient été impliqués dans plus d’une dizaine de refoulements entre avril et décembre 2020. « Nous n’avons trouvé aucune preuve de la participation directe ou indirecte de Frontex dans ces renvois », déclarait Fabrice #Leggeri en janvier 2021. Une ligne qu’il a défendue coûte que coûte jusqu’au bout de son mandat. A tort.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/07/28/refoulement-de-migrants-en-grece-l-enquete-qui-accuse-frontex_6136445_3210.h
    #migrations #asile #réfugiés #refoulements #push-backs #de_la_Haye_Jousselin

    • La direction de Frontex « a considéré que la Commission européenne était trop centrée sur les droits de l’homme »
      https://www.lemonde.fr/international/article/2022/07/28/la-direction-de-frontex-a-considere-que-la-commission-europeenne-etait-trop-

      Dans un rapport de l’OLAF, les enquêteurs accusent trois dirigeants placés à la tête de l’agence européenne d’avoir « basé leur décision sur des préjugés ».

      C’est la chronique d’un naufrage. L’histoire d’une dissimulation à grande échelle perpétrée par trois fonctionnaires européens placés à la tête de Frontex : Fabrice Leggeri, son directeur, Thibauld de La Haye Jousselin, son bras droit, et le Belge Dirk Vanden Ryse, directeur de la division chargé de la surveillance des frontières. Les deux premiers ont été poussés à la démission. Le troisième est toujours en poste à Varsovie. Aucun des trois n’a donné suite aux demandes d’interview du Monde et de ses partenaires.

      Tous les trois ont laissé leurs « opinions personnelles » interférer avec la conduite de Frontex, notent les enquêteurs l’Office européen de lutte antifraude (OLAF). Partisans d’une ligne dure en matière de gestion des frontières extérieures de l’Union européenne, ils ont enfermé l’agence dans un mensonge : les refoulements de migrants en mer Egée n’existent pas. Ils seraient une invention d’ONG « soutenues par les Turcs ». Une position proche de celle défendue par l’exécutif grec, mais aussi par l’extrême droite européenne.

      Pour les enquêteurs, c’est la circulation de cette idée, empoisonnée, qui explique en partie la dérive de l’agence. Plusieurs mis en cause « ont basé leur décision sur des préjugés (…). Ils ont considéré que la Commission européenne était trop centrée sur les questions de droits de l’homme, écrivent-ils en guise de conclusion à leur rapport de 129 pages. En agissant ainsi, ils ont rendu impossible pour l’agence de répondre à ses responsabilités. » « Le contexte géopolitique, qui prévalait à l’époque, a affecté ma perception des situations opérationnelles », s’est défendu Fabrice Leggeri, face aux fonctionnaires européens, à propos de l’une des situations litigieuse identifiées par l’OLAF.

      #paywall

    • «  La Commission était trop centrée sur les droits de l’homme  »

      Dans un rapport de l’OLAF, les enquêteurs accusent trois dirigeants placés à la tête de Frontex d’avoir «  basé leur décision sur des préjugés  »

      C’est la chronique d’un naufrage. L’histoire d’une dissimulation à grande échelle perpétrée par trois fonctionnaires européens placés à la tête de Frontex ? : Fabrice Leggeri, son directeur, #Thibauld_de_La_Haye_Jousselin, son bras droit, et le Belge #Dirk_Vanden_Ryse, directeur de la division chargé de la surveillance des frontières. Les deux premiers ont été poussés à la #démission. Le troisième est toujours en poste à Varsovie. Aucun des trois n’a donné suite aux demandes d’interview du Monde et de ses partenaires.

      Tous les trois ont laissé leurs «  opinions personnelles  » interférer avec la conduite de Frontex, notent les enquêteurs de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF). Partisans d’une ligne dure en matière de gestion des frontières extérieures de l’Union européenne, ils ont enfermé l’agence dans un mensonge : les refoulements de migrants en mer Egée n’existent pas. Ils seraient une invention d’ONG «  soutenues par les Turcs  ». Une position proche de celle défendue par l’exécutif grec, mais aussi par l’extrême droite européenne.

      Pour les enquêteurs, c’est la circulation de cette idée, empoisonnée, qui explique en partie la #dérive de l’agence. Plusieurs mis en cause «   ont basé leur décision sur des préjugés (…). Ils ont considéré que la Commission européenne était trop centrée sur les questions de droits de l’homme, écrivent-ils en guise de conclusion à leur rapport de 129 pages. En agissant ainsi, ils ont rendu impossible pour l’agence de répondre à ses #responsabilités.  » «  Le contexte géopolitique, qui prévalait à l’époque, a affecté ma perception des situations opérationnelles  » , s’est défendu Fabrice Leggeri, face aux fonctionnaires européens, à propos de l’une des situations litigieuse identifiées par l’OLAF.

      Au cours de l’enquête, ils sont des dizaines à témoigner de la circulation de ce « narratif » dans les couloirs de l’agence européenne. Et de l’impérieuse nécessité, revendiquée par la direction, de soutenir la Grèce, quitte à couvrir les violences perpétrées par ses policiers. « Les pushbacks n’existent pas et ne peuvent être jugés selon des critères objectifs » , écrivait ainsi un des trois mis en cause, dans un message du 25 novembre 2020. « Je dois bien admettre qu’à l’époque j’avais de la sympathie pour la position selon laquelle Frontex devait soutenir la Grèce dans sa “guerre” contre la Turquie » , s’explique-t-il, interrogé par l’OLAF.

      Les critiques du trio à la tête de l’agence visent particulièrement la directrice du bureau des #droits_fondamentaux, l’Espagnole #Immaculada_Arnaez, chargée d’enquêter sur les cas de violences dont les agents de Frontex pourraient être témoins. Deux ans durant, les trois hommes se sont employés à limiter sa marge d’action, en la marginalisant et en la traitant comme un agent hostile.

      S’affranchir de tout contrôle

      Elle est surnommée «  Pol Pot  », soupçonnée de faire régner «  une terreur de Khmer rouge dans l’agence  »… L’opprobre dont elle fait l’objet s’étend aux employés de son département, «  des gauchistes  » qui balancent tout «  aux ONG ou aux membres du consultative forum [un organe paritaire chargé de suivre l’évolution de l’agence]   ». Au fil des pages apparaît l’image d’une direction qui désirait s’affranchir de tout contrôle extérieur, notamment de celui de la Commission européenne, pourtant responsable de son mandat. Cette dernière «  ne comprend pas le rôle de Frontex  » . Imperméable aux «  problématiques sécuritaires  » , aveugle face au rôle que l’agence «  commence à jouer  » , loin de celui de «  taxi légal  » ou de «  passeur  » où on voudrait la cantonner.

      Pire, la Commission serait une menace pour sa survie. «  [Elle] se fait le relais des ONG pour qu’il y ait une sorte de mécanisme automatique qui t’impose de suspendre toute opération sur la base d’allégations (…). Dans un contexte de menace hybride, c’est donner les clés de nos opérations à toute puissance étrangère capable de diffuser des “fake news” » , écrit l’un des trois hommes, le 10 novembre 2020. Réponse immédiate de son interlocuteur, qui suggère de « sortir de la nasse où ils veulent nous mettre pour servir les visées de certaines ONG, de certains groupes criminels et de certaines puissances non européennes » .

      Dans leurs échanges, les cadres de Frontex critiquent le «  crétinisme bureaucratique  » ou la «  bêtise  » de certains des représentants de la Commission, qui seraient «  une insulte  » . A propos d’un tweet posté par Ylva Johansson, la commissaire aux affaires intérieures, le 26 novembre 2020, et repartagé par #Monique_Pariat, la directrice générale des affaires intérieures, qui se réjouit de la tenue d’une journée de l’intégration au sein de l’Union européenne à destination des migrants, l’un des trois mis en cause commente : «  Tout est dit.  » Réponse immédiate d’un collègue  : «  Nous ne sommes pas de leur bande… Et elles ne sont pas de la nôtre.  »

      https://www.lemonde.fr/international/article/2022/07/28/la-direction-de-frontex-a-considere-que-la-commission-europeenne-etait-trop-

    • Classified Report Reveals Full Extent of Frontex Scandal

      The EU’s anti-fraud office has found that the European border agency covered up and helped to finance illegal pushbacks of asylum-seekers in Greece. The report, which DER SPIEGEL has obtained, puts pressure on the EU Commission – and could also spell trouble for Frontex’s new leadership.

      The contents of the investigative report from OLAF, the European Union’s anti-fraud agency, are classified. Members of the European Parliament are only granted access under strict security measures, and normal citizens are not allowed to see it. But Margaritis Schinas, the vice president of the European Commission, who is responsible, among other things, for migration, is allowed to. And perhaps he ought to do so as well. At the end of the day, it relates to a sensitive issue that also happens to fall within his area of responsibility.

      Investigators have taken 129 pages to document the involvement of Frontex, the EU’s border agency, in the illegal activities of the Greek Coast Guard. Border guards systematically dump asylum-seekers adrift at sea

      in the Aegean – either in rickety boats or on inflatable life rafts. The investigators reviewed private emails and WhatsApp messages from Fabrice Leggeri, the former head of Frontex, and his team. They interviewed witnesses and seized documents and videos.

      But Schinas has so far shown very little interest in the report. When a member of the European Parliament recently asked him if he had read it, he simply changed the subject.
      Frontex Finances Greek Pushbacks

      The report from OLAF has the potential to destroy careers. One, that of former border guard agency head Leggeri, is already over . After reading the report from the investigation, Frontex’s board of directors had no choice but to urge him to step down. What investigators have pieced together, though, is so explosive that it reaches far beyond Leggeri. As such, the EU has been trying to keep the report under wraps for months now. However, DER SPIEGEL, Le Monde and Lighthouse Reports have all obtained copies of the report.

      In their findings, the EU investigators provide detailed evidence of Greek human rights violations. And they prove that Frontex knew about them early on. Instead of preventing pushbacks, Leggeri and his people covered them up. They lied to the European Parliament and concealed the fact that the agency even provided support for some pushbacks using European taxpayer money.

      DER SPIEGEL has already revealed most of these transgressions in joint research conducted together with Lighthouse Reports. With its report, however, OLAF, an EU authority, is now officially establishing the breaches of law and misconduct, documenting some pretty shocking details along the way. The 129 pages read like an indictment of the Greek government, which still claims it didn’t break any laws. It also creates pressure for Frontex interim director Aija Kalnaja and the European Commission. They will have to act quickly now if they want to remain free of guilt.
      Left adrift on the high seas: A Turkish coast guard officer rescues a child from a life raft on the Aegean.

      A single pushback case does a good job of illustrating almost all of the misdeeds of which OLAF investigators are now accusing Frontex. During the early morning hours of August 5, 2020, the Greek Coast Guard towed an inflatable refugee boat behind it. About 30 refugees had been sitting on the vessel. The Greeks actually should have brought the asylum-seekers safely to shore and provided them with the chance to apply for asylum. Instead, they dragged them back toward Turkey.

      Officials at Frontex were able to follow the pushback live. A Frontex aircraft had streamed what was happening back to headquarters in Warsaw. By that point, though, the people at Frontex had long since known what was going to happen. They were familiar with the images of refugees left abandoned in the Aegean Sea, and an internal report had explicitly warned of the Greek pushbacks. One official had noted that the Coast Guard had put the migrants in a situation “that can seriously endanger” their lives. “The repetition of such kind of events (sic) becomes more and more difficult to deal with.” The pushbacks posed a “huge reputational risk” to the agency, the official wrote.
      Aircraft Withdrawn To Prevent Recording of Human Rights Violations

      Investigators claim that the Frontex heads prevented the proper investigation of the pushback. Instead, they withdrew a plane that had been patrolling the Aegean Sea on behalf of Frontex. Officially, it was said, the aircraft was needed in the central Mediterranean. The truth, though, was that Frontex wanted to avoid recording further human rights violations.

      The OLAF investigators have gathered considerable evidence of this. They quote Frontex employees who provide statements that are incriminating of Leggeri. They also uncovered a handwritten note dating from Nov. 16, 2020. “We have withdrawn our FSA some time ago, so not to witness (sic)…,” it states. FSA is short for “Frontex Surveillance Aircraft.” The EU agency, which is obliged to prevent violations of fundamental rights, deliberately looked the other way.

      The investigators also detail how Frontex used European taxpayer money to fund pushbacks in at least six instances. The incident on August 5, for example, involved the Greek Coast Guard vessel “CPB 137.” The agency had co-funded the boat’s mission. The agency’s leadership knew exactly how delicate the matter was – and concealed this from all subsequent inquiries made by the European Parliament and Frontex’s Management Board.

      Former Frontex Director Leggeri is responsible for many of these lapses. He systematically prevented more detailed investigations – taking steps like withholding crucial videos and documents from the agency’s fundamental rights commissioner at the time, Spanish lawyer Inmaculada Arnaez, as revealed in previous reporting from DER SPIEGEL. The OLAF report now provides additional corroboration of revelations previously reported in DER SPIEGEL, and also gives clues about Leggeri’s motives through private WhatsApp messages.

      Reading the messages, one has no choice but to conclude that, for years, the EU tolerated a man with right-wing populist leanings at the helm of its border management agency. As early as 2018, the agency’s leadership had feared that Frontex would be turned into something akin to a “taxi” service for ferrying refugees. Leggeri and his team had also been suspicious of the current European Commission, the EU’s executive branch. The messages reveal their belief that the Commission is on the side of NGOs that are advocates of asylum-seekers. Later, the agency leadership team rails against the “stupidity” of certain Commission officials. At one point, when Home Affairs Commissioner Ylva Johansson promoted the integration of immigrants in the EU on Twitter, a message stated: “Everything is said.”

      But fundamental rights officer Arnaez has been Frontex management’s favorite bogeyman. She is compared in the messages to dictator Pol Pot, the communist mass murderer. They claim the fundamental rights officer is bringing a “Khmer Rouge”-style regime of terror to the agency. Leggeri isn’t the only official who appeared to be hindering Arnaez’s work, either. In one meeting, a Frontex staffer warned: The fundamental rights officers are “not real Frontex colleagues.”

      Neither Leggeri, nor the two other Frontex employees who are the subjects of serious accusations in the OLAF report, wanted to comment when contacted by DER SPIEGEL for a response. They include Thibauld de La Haye Jousselin, Leggeri’s right-hand man, who has also since left the agency, and Dirk Vande Ryse, formerly head of Frontex’s Situational Awareness and Monitoring Division, who has been assigned to another post.
      Frontex Interim Head Wants To Send Even More Officers to Aegean

      The new Frontex interim head, Aija Kalnaja, would like to get all this behind her as soon as possible. She says the crucial thing is that the border agency never gets into a situation like that again. And yet it already finds itself in a similar predicament: Videos and testimonies show that new pushbacks happen in the Aegean Sea almost every day. And Frontex continues to work closely with the Greek border guards.

      Kalnaja has herself stated that she has not read the OLAF report – this despite the fact that the it reveals a whole series of structural problems that don’t have anything to do with Leggeri. For example, it states that Greek border guards apparently place pressure on Frontex officials if they try to report pushbacks, as previously reported by DER SPIEGEL. The Greeks often conceal arriving refugee boats by not recording these “ghost landings” in the corresponding Frontex database.

      Under Frontex’s own regulations, Kalnaja would be required to end an operation if there are “serious and persistent violations of fundamental rights.” The OLAF report leaves no doubt that this is the case in the Aegean. But Kalnaja isn’t even thinking about withdrawing her officials – in fact, she wants to send more staff to the Aegean. In response to a question from DER SPIEGEL, Frontex management said it “strongly believes” that the agency should strengthen its presence in the country. Greece, Frontex wrote, operates in a “very complex geopolitical environment.”
      Pressure on European Commission Grows

      The Olaf report also raises questions about the European Commission, which each year transfers millions of euros to Athens. The money is earmarked to help the Greeks manage migration according to EU law – not for abandoning people in life rafts without motors on the open sea.

      Home Affairs Commissioner Johansson is politically responsible for Frontex. The social democratic politician will have to live with the fact that the use of force at the EU’s external borders has escalated under her watch. Johansson has publicly called on the Greek government to halt the pushbacks. But that hasn’t changed anything. So far, the Commission has balked at calls to cut the funding to Athens. Nor has the Commission initiated any infringement proceedings against Greece.

      In Brussels, it is considered an open secret that this could be related to European Commission Vice President Schinas. The Greek politician’s Twitter profile is adorned with his country’s flag. The conservative politician is a member of the same political party as Greek Prime Minister Kyriakos Mitsotakis. When it comes to politically sensitive matters, Schinas isn’t shy about asserting his influence, one insider reports. In a recent interview , Schinas said there was no solid evidence that the Coast Guard conducted pushbacks. He claimed the accusations have been lodged exclusively by “NGOs, the press and the authoritarian regime in Ankara.” What the commissioner didn’t mention is the OLAF report, which he has had access to since late February.

      https://www.spiegel.de/international/europe/frontex-scandal-classified-report-reveals-full-extent-of-cover-up-a-cd749d04

    • « Pushback » de migrants en Grèce : Frontex accablé par un rapport

      L’ancienne direction de l’agence de surveillance des frontières Frontex avait connaissance des renvois illégaux de migrants en Grèce et aurait même co-financé des refoulements, selon un rapport accablant dont Der Spiegel publie ce jeudi des extraits.

      Un rapport accablant. Un document confidentiel de l’Office européen de la lutte contre la fraude (Olaf) consulté par le magazine allemand Der Spiegel, accuse l’ancienne direction de Frontex - agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes- d’avoir eu connaissance des renvois illégaux de migrants en Grèce et d’avoir même co-financé des refoulements.

      Frontex était au courant très tôt de ces renvois illégaux, parfois brutaux, de demandeurs d’asile vers la Turquie, affirment les auteurs de ce rapport. « Au lieu d’empêcher les « pushbacks », l’ancien patron Fabrice Leggeri et ses collaborateurs les ont dissimulés. Ils ont menti au Parlement européen et ont masqué le fait que l’agence a soutenu certains refoulements avec de l’argent des contribuables européens », résume le magazine allemand. Les conclusions des enquêteurs avaient provoqué la démission de Fabrice Leggeri.

      Le rapport dévoile de nombreux détails. Comme quand les garde-côtes grecs ont, le 5 août 2020, traîné un canot pneumatique avec 30 migrants à son bord non vers la Grèce, mais vers la Turquie. Un avion de Frontex qui patrouillait a filmé la scène.

      Au lieu de s’adresser aux autorités grecques, Frontex a arrêté de faire patrouiller des avions au-dessus de la mer Egée, au motif que l’agence en avait besoin ailleurs.

      Les enquêteurs citent des témoignages de collaborateurs de Frontex mettant en cause Fabrice Leggeri pour avoir fermé les yeux sur ces actes illégaux. Et ils ont trouvé une note écrite évoquant le retrait des avions de surveillance « pour ne pas être témoin ».
      Un Pushback co-financé par Frontex

      Ce n’est pas tout. L’Olaf rapporte aussi qu’au moins six bateaux grecs, co-financés par Frontex, auraient été impliqués dans plus d’une dizaine de refoulements entre avril et décembre 2020. L’ancien directeur a toujours rejeté ces accusations. Interrogée, une porte-parole de la Commission européenne a annoncé qu’ « une série de mesures » avaient déjà été mises en place pour régler la question de la gouvernance de l’agence, dirigée depuis début juillet par la Lettonne Aija Kalnaja.

      Anitta Hipper affime qu’ « en terme de travail sur place avec les autorités grecques, il y a des progrès sur le terrain », elle pointe aussi « une nouvelle proposition de loi pour garantir un système de surveillance solide » du traitement des demandeurs d’asile en Grèce.

      En sept ans à la tête de Frontex, Fabrice Leggeri avait accompagné le renforcement de l’agence, qui a été considérablement musclée et dont les effectifs - avec des agents désormais armés - doivent atteindre 10 000 garde-côtes et garde-frontières d’ici 2 027.

      https://www.liberation.fr/international/europe/pushback-de-migrants-en-grece-frontex-accable-par-un-rapport-20220728_UGI

    • "Pushbacks" de migrants en Grèce : Frontex avait bien connaissance des renvois illégaux vers la Turquie

      Un rapport accablant, consulté par plusieurs médias européens, démontre que l’ancienne direction de l’agence de surveillance des frontières avait connaissance des renvois illégaux de migrants en Grèce vers la Turquie. Frontex aurait même co-financé certains de ces refoulements en mer.

      Frontex avait bel et bien connaissance des renvois illégaux de migrants pratiqués en Grèce vers la Turquie. C’est ce que révèle un rapport accablant, et encore confidentiel, établi par l’Office européen de la lutte contre la fraude (Olaf), qui a enquêté sur le sujet depuis janvier 2021.

      L’ancienne direction de l’agence européenne de surveillance des frontières était même au courant très tôt de ces pratiques, parfois brutales, affirme ce rapport, dont le journal allemand Der Spiegel a publié jeudi 28 juillet des extraits.

      "Au lieu d’empêcher les ‘pushbacks’, l’ancien patron Fabrice Leggeri et ses collaborateurs les ont dissimulés. Ils ont menti au Parlement européen et ont masqué le fait que l’agence a soutenu certains refoulements avec de l’argent des contribuables européens", résume le magazine allemand.

      Si les conclusions des enquêteurs avaient déjà provoqué la démission de Fabrice Leggeri fin avril, ce rapport dévoile désormais de nombreux détails quant à ces pratiques illégales.
      Frontex a arrêté les patrouilles aériennes "pour ne pas être témoin"

      L’Olaf affirme ainsi que, le 5 août 2020, les garde-côtes grecs ont remorqué un canot pneumatique avec 30 migrants à son bord non vers la Grèce mais vers la Turquie. Un avion de Frontex qui patrouillait a filmé la scène.

      Mais, au lieu de s’adresser aux autorités grecques, Frontex a alors arrêté de faire patrouiller des avions au-dessus de la mer Égée, au motif qu’elle en avait besoin ailleurs.

      Fabrice Leggeri aurait ainsi sciemment fermé les yeux sur ces actes illégaux, accusent des collaborateurs de Frontex cités par les enquêteurs. Ces derniers ont par ailleurs trouvé une note écrite évoquant le retrait des avions de surveillance "pour ne pas être témoin" de ce qui se passait en mer.

      Plus grave encore, Frontex aurait co-financé certains de ces refoulements. L’Olaf rapporte en effet qu’au moins six bateaux grecs, cofinancés par l’agence européenne, auraient été impliqués dans plus d’une dizaine de "pushbacks" entre avril et décembre 2020, ce que l’ancien directeur a toujours rejeté.
      Nombreux témoignages

      La mer Égée est le théâtre de nombreux refoulements, alertent les associations et les migrants eux-mêmes depuis des années. InfoMigrants reçoit régulièrement des témoignages d’exilés allant dans ce sens.

      À l’été 2021, une Congolaise avait expliqué comment les garde-côtes grecs avaient refoulé son embarcation en mer, mettant les passagers en danger. "Ils nous ont menacé avec leur armes (…) Ils ont tourné autour de nous, ce qui a fait de grandes vagues et du courant", avait-elle rapporté.

      Au mois de mai 2021, Samuel, un autre migrant d’Afrique subsaharienne, avait raconté comment son embarcation avait été renvoyée vers les côtes turques. Fin 2020, Slimane, un Guinéen avait expliqué à la rédaction comment des hommes en uniforme avaient percé le canot dans lequel il se trouvait pour l’empêcher d’atteindre les îles.

      Sur terre, la situation n’est pas meilleure : en 2021, l’ONG norvégienne Aegean Boat Report a comptabilisé pas moins de 629 cas de refoulements illégaux de migrants menés dans les îles de la mer Égée.
      “Il y a des progrès sur le terrain"

      Lors d’une visite aux bureaux de Frontex, à Athènes, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a réagi à ces révélations. "Même si je ne peux évidemment pas vérifier en détail ce qu’il en est de chaque cas individuel", "il y a eu des ’pushbacks’ incompatibles avec le droit européen", a-t-elle affirmé.

      Elle a souligné que "des mesures ont été prises immédiatement (...), nous en avons tous parlé aujourd’hui, pour que davantage d’observateurs des droits de l’Homme soient sur place", a-t-elle ajouté.

      Interrogée sur la publication, une porte-parole de la Commission européenne, Anitta Hipper, a, elle, souligné qu’"une série de mesures" avaient déjà été mises en place pour régler la question de la gouvernance de l’agence, dirigée depuis début juillet par la Lettonne Aija Kalnaja.

      "En termes de travail sur place avec les autorités grecques, il y a des progrès sur le terrain", a ajouté Anitta Hipper, pointant aussi "une nouvelle proposition de loi pour garantir un système de surveillance solide" du traitement des demandeurs d’asile en Grèce.

      Durant les sept ans passés à la tête de Frontex, Fabrice Leggeri a considérablement renforcé l’agence, dont les effectifs - avec des agents désormais armés - doivent atteindre 10 000 garde-côtes et garde-frontières d’ici 2027.

      La Grèce, de son côté, a toujours démenti tout refoulement illégal à ses frontières. Le ministre grec des Migrations Notis Mitarachi a indiqué jeudi qu’il n’avait lu que "le résumé" du rapport de l’Olaf, qui, selon lui, "ne blâme pas directement la Grèce". "Nous avons le droit de protéger nos frontières", a-t-il répondu aux médias.

      http://www.infomigrants.net/fr/post/42249/pushbacks-de-migrants-en-grece--frontex-avait-bien-connaissance-des-re