À Calais, une surveillance du ciel au tunnel

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  • À Calais, une [techno]surveillance du ciel au tunnel | Mediapart | 29.07.22

    https://www.mediapart.fr/journal/france/290722/calais-une-surveillance-du-ciel-au-tunnel

    Drones, reconnaissance faciale, capteurs de CO2 et de battements cardiaques : face à l’afflux de réfugiés, la frontière franco-britannique est surveillée à grands coups d’intelligence artificielle. Premier volet de notre série sur la cybersurveillance des frontières.

    Reportage par Clément et Clément / Mediapart

    « Ces technologies ne servent à rien, à part militariser l’espace public. J’ai encore rencontré des associatifs la semaine dernière qui me disaient que cela n’a aucun impact sur le nombre de passages et les risques pris par ces gens », tempête l’eurodéputé et ancien maire de Grande-Synthe Damien Carême.

    Elles ont malgré tout un coût : 1,28 milliard d’euros depuis 1998, selon Pierre Bonnevalle, dont 425 millions pour la seule période 2017-2021. « C’est une estimation a minima, pointe-t-il. Cela ne prend pas en compte, par exemple, le coût des forces de l’ordre. »

    Publié en novembre 2021, un rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les migrations détaille les dépenses pour la seule année 2020 : l’État a investi 24,5 millions dans des dispositifs humanitaires d’hébergement, contre 86,4 pour la mobilisation des forces de l’ordre. Des sommes qui désespèrent Pablo, le militant de Human Rights Observers. « Cela aurait permit de bâtir de nombreux centres d’accueil pour que les exilés vivent dans des conditions dignes. » L’État semble avoir d’autres priorités.

    • la suite :

      https://www.mediapart.fr/journal/france/310722/des-refugies-la-merci-des-algorithmes

      Des réfugiés à la merci des algorithmes

      Par Clément Le Foll et Clément Pouré

      Drones qui survolent des camps d’exilés, scanner d’empreintes digitales, détecteurs de mensonges… En l’absence de cadre légal, les expérimentations menées aux frontières européennes sont de plus en plus intrusives. Ce qui inquiète eurodéputés, avocats et ONG

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      Pour l’avocate et chercheuse Petra Molnar, la multiplication de ces projets de surveillance vient notamment de l’absence de cadre législatif européen concernant les technologies de surveillance. « Hormis le RGPD, il n’y a rien et les entreprises se cachent derrière le fait qu’il s’agit de projets pilotes. » Publié par la Commission européenne en avril 2021, un premier jet de l’Artificial Intelligence Act prévoit de classer les technologies de surveillance selon leur impact sur les citoyens. Cette première version n’interdit cependant que le recours au crédit social et la reconnaissance faciale en temps réel dans les lieux publics.

      La reconnaissance d’émotions utilisée dans le cadre du projet iBorderCtrl n’y est pas prohibée, alors que de nombreux amendements, dont certains allant dans ce sens, sont actuellement examinés. Dans un communiqué alertant sur les enjeux liés à cet AI Act, l’ONG Statewatch révélait également que depuis 2007 l’Union européenne avait dépensé 341 millions dans des projets liés à l’intelligence artificielle aux frontières. Les entreprises privées, qui ont reçu 163 millions de financement, en sont les principales bénéficiaires. Parmi les sociétés les plus impliquées, des fleurons de l’industrie française et européenne : Idemia, Thales ou Airbus…