Le Canard enchaîné — Wikipédia

/Le_Canard_enchaîné

  • « Le Canard enchaîné » visé par une plainte pour abus de biens sociaux et recel d’abus de biens sociaux

    Selon un journaliste de l’hebdomadaire satirique, la compagne d’un des dessinateurs historiques du journal aurait bénéficié d’un emploi fictif pendant environ vingt ans.

    Le Canard enchaîné a-t-il rémunéré l’épouse de l’un de ses anciens dessinateurs sans que celle-ci fournisse de travail effectif ? C’est ce que cherchent à déterminer les enquêteurs de la section F2 du parquet de Paris (les affaires économiques, financières et commerciales) qui ont entrepris, cet été, d’auditionner des salariés du 173, rue Saint-Honoré (Paris 1er), siège de l’hebdomadaire satirique.

    Une plainte contre X a été déposée le 10 mai pour abus de biens sociaux et recel d’abus de biens sociaux par Christophe Nobili, journaliste au Canard depuis une quinzaine d’années. Selon nos informations, le rédacteur aurait des raisons de penser que la compagne d’un des dessinateurs historiques du journal, qui en fut longtemps administrateur, aurait bénéficié d’un emploi fictif pendant environ vingt ans.

    « La plainte ne vise pas le journal, mais un système qui a été mis en place par deux ou trois personnes, et sur lequel d’autres ont peut-être fermé les yeux », explique l’avocat de Christophe Nobili, Pierre-Olivier Lambert, assisté de Me Maria Cornaz Bassoli. Interrogé, au cours de l’hiver 2021, par Christophe Nobili, le directeur général délégué et directeur de la publication, Nicolas Brimo, n’aurait pas apporté de réponse satisfaisante aux yeux du journaliste, ce qui l’a conduit à engager une procédure en son nom propre, détaille Me Pierre-Olivier Lambert. Si les faits devaient être établis, ce seraient environ 3 millions d’euros qui auraient été indûment versés à la bénéficiaire au moins jusqu’en 2020, date à laquelle elle aurait accédé à la retraite, estime l’avocat. L’entreprise ne versant pas de dividendes à ses actionnaires, le préjudice, s’il existait, serait essentiellement moral.

    Tensions internes depuis plusieurs mois

    Contacté par Le Monde, Nicolas Brimo répond : « Je n’ai été ni convoqué ni entendu au sujet d’une plainte dont je ne connais ni la date ni l’objet. » A toutes fins utiles, il rappelle également qu’« une enquête préliminaire peut se terminer du jour au lendemain », faute de raisons de suspecter des faits délictueux. Car, même s’ils ne sont pas nommés, ce sont bien Michel Gaillard, président de la SAS Les Editions Maréchal-Le Canard enchaîné, et Nicolas Brimo que la plainte vise au premier chef. Le premier, 78 ans, est membre du conseil d’administration (CA) depuis 1976 ; il a été nommé directeur en 1992, avant d’accéder à la présidence en 2017. C’est à cette même date que le second, 71 ans, administrateur délégué depuis 1991, est devenu directeur de publication.

    Pour sa part, Christophe Nobili ne s’exprime pas. Même si son statut de journaliste ainsi que son titre de délégué syndical sont censés sécuriser son emploi, le journaliste s’est placé sous le statut de lanceur d’alerte. Instauré par la loi dite « Sapin II », en 2016, et amélioré par la loi du 21 mars 2022, celui-ci s’applique à tout salarié « qui révèle ou signale, de manière désintéressée et de bonne foi, un risque grave pour la santé publique ou l’environnement dans l’entreprise ». Le salarié lanceur d’alerte est tenu de respecter certaines obligations, notamment de confidentialité. A l’inverse, il ne peut pas être inquiété s’il cause un préjudice de bonne foi, et il n’est pas non plus possible de lui reprocher d’avoir en sa possession les documents qui prouvent les faits qu’il dénonce, s’il les a obtenus de manière légale.

    Soucieuse de préparer l’avenir du journal (ses développements numériques, l’arrivée de nouveaux journalistes…), miné par les tensions depuis plusieurs mois, la rédaction s’est dotée d’une cellule syndicale à l’initiative du journaliste, devenu délégué syndical (SNJ-CGT) en mai. La nomination, avant l’été, d’une corédactrice en chef adjointe, Isabelle Barré, a alors été perçue comme un gage d’évolution. Selon nos informations, elle a cependant démissionné cette semaine de cette fonction d’encadrement.

    Craintes des éventuelles conséquences de la plainte

    Enfin, le départ d’André Escaro du conseil d’administration acté lors de l’assemblée générale des actionnaires du 22 juin a ouvert la voie à un renouvellement des générations, avec la nomination d’Odile Benyahia-Kouider et d’Hervé Liffran. Les deux journalistes ont rejoint au CA les rédacteurs en chef Erik Emptaz et Jean-François Julliard, ainsi que Michel Gaillard et Nicolas Brimo. Chaque année, cette instance nomme, ou reconduit dans ses fonctions, le directeur de la publication.

    En interne, où l’on tient viscéralement à l’intégrité et à la respectabilité du journal, la nouvelle, tombée au début de l’été, a provoqué un vif émoi. Faute de certitudes, l’équipe redoute les conséquences éventuelles à venir de la plainte, que Christophe Nobili a déposée « en parfaite cohérence avec ce que sont les valeurs du journal », insiste son conseil.

    Journal satirique d’investigation, Le Canard enchaîné a assis sa notoriété en mettant au jour maints scandales et turpitudes. A commencer par l’affaire des emplois fictifs du RPR abrités par la Mairie de Paris entre 1986 et 1996, qui avait valu à Jacques Chirac d’être condamné. Plus récemment, en 2017, l’hebdomadaire a révélé, sous les plumes d’Isabelle Barré, Christophe Nobili et Hervé Liffran, l’emploi fictif de Penelope Fillon auprès de son mari, François Fillon, lorsqu’il était député. Les révélations du Canard avaient obéré la campagne pour l’Elysée de l’ancien premier ministre.

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/08/26/le-canard-enchaine-vise-par-une-plainte-pour-abus-de-biens-sociaux-et-recel-

    #pété_de_thunes

    • Si les faits devaient être établis, ce seraient environ 3 millions d’euros qui auraient été indûment versés à la bénéficiaire au moins jusqu’en 2020…

      3 millions d’euros sur 20 ans, si mes comptes sont bons, ça fait quand même une sortie de 12500 € / mois. Bon, moins 50% de frais patronaux etc, il te reste quand même 6250 €.

    • Une enquête ouverte sur des soupçons d’emploi fictif au sein du Canard enchaîné
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/une-enquete-ouverte-sur-des-soupcons-d-emploi-fictif-au-sein-du-canard-e

      C’est par hasard que Christophe Nobili a découvert l’an dernier qu’une femme dont il n’avait jamais entendu parler, bénéficiait d’une carte de presse domiciliée au Canard enchainé. Découverte intrigante dans cette petite rédaction qui emploie une vingtaine de journalistes permanents, d’autant plus intrigante pour ce spécialiste des « affaires ». Outre l’enquête sur les emplois fictifs du couple Fillon, Christophe Nobili a fréquemment travaillé sur des dossiers d’escroqueries financières présumées, touchant les intérêts du groupe Bolloré en Afrique, ceux du groupe Bouygues dans la construction du ministère de la Défense à Paris, ou encore les montages financiers de Dieudonné.[...] André Escaro était également membre du conseil d’administration du journal jusqu’à cette assemblée générale du 22 juin dernier qui décide, dans sa huitième résolution, de mettre fin à son mandat et de le remplacer à ce poste par les journalistes Odile Benyahia Kouider et Hervé Liffran. Ces remplacements surviennent opportunément, un mois après le dépôt de cette plainte contre X pour abus de biens sociaux et recel, qui commence à faire du bruit dans les couloirs du 173, rue Saint-Honoré.

    • pété de thunes
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Canard_enchaîné

      Sans recette publicitaire ni subvention publique ou privée depuis sa création, Le Canard ne vit que de ses ventes et affiche pourtant une belle santé financière : en 2016, il a réalisé 24 millions de chiffre d’affaires et deux millions d’euros de #bénéfices après impôt (...)

      Depuis 1974, Le Canard enchaîné est #propriétaire de ses murs au 173 rue Saint-Honoré.

      (...) Chaque année les bénéfices sont mis « en réserve » pour assurer l’indépendance financière. Ces réserves, trois fois plus importantes que le chiffre d’affaires annuel, sont placées sur un compte non rémunéré ; la réserve totale est estimée en 2016 à une centaine de millions d’euros. Les 65 salariés du journal (chiffre en 2014) sont parmi les mieux payés de toute la presse française*. En contrepartie, les rédacteurs ne peuvent ni jouer en bourse, ni faire des piges ailleurs, ni accepter de cadeau ou d’honneur, notamment les décorations officielles.

    • Des salariés du « Canard enchaîné » prennent leurs distances avec leur direction, accusée d’abus de biens sociaux
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/08/31/des-salaries-du-canard-enchaine-prennent-leurs-distances-avec-leur-direction

      Dans un communiqué, ils rappellent que « le droit social français ne prévoit pas de rémunérer un salarié à la place d’un autre ».

      « Ça ne manque pas de sel ! » Quatorze salariés du Canard enchaîné ont entrepris de battre en brèche la version des faits défendue par leur direction, mercredi 31 août, concernant la plainte pour abus de biens sociaux et recel d’abus de biens sociaux qui la met en cause. Pour rappel, le journal aurait rémunéré la compagne du dessinateur André Escaro après que celui-ci a décidé, en 1996, de prendre sa retraite. Pour justifier cet emploi, le « comité d’administration » a pris la plume, en « une » de l’édition du jour, pour expliquer qu’« Edith » « a lu la presse pour lui » et l’a aidé « à trouver l’astuce qui fait le sel » des 8 000 dessins conçus tout au long de ces vingt-quatre années.

      A l’évidence, les « rédacteurs, dessinateurs, secrétaires de rédaction et correcteurs » à l’origine du communiqué (l’insertion de leur propre texte dans le journal leur aurait été refusée) transmis au Monde et à l’AFP ne souhaitent pas endosser une version des faits qui minimisent les abus.

      Une collaboration « inconnue »

      « Le droit social français ne prévoit pas de rémunérer un salarié à la place d’un autre », rappellent-ils d’abord. Plus loin, ils insistent : « Non, ce n’est pas un “binôme” qui dessinait chaque semaine dans le journal ! » Visiblement à regret, ils prennent « bonne note » que leur direction « continue d’osciller entre la thèse d’un travail véritable d’assistante et la reconnaissance d’une rémunération indirecte de son mari », tandis que le vocabulaire utilisé (« l’épauler en lui mâchant le travail », « lire la presse pour lui »…) leur paraît « prêter à sourire ». L’existence – et la collaboration – d’« Edith » leur était « inconnue ». Enfin, ils regrettent que « le terme de “faute”, reconnu par la direction lors de la conférence de rédaction du 29 août, ne figure pas, malgré l’intention affichée » dans l’explication publiée sous le titre « La réalité dépasse le fictif ».

      Signé des six administrateurs du journal, ce « plaidoyer pro domo » aurait en fait été rédigé par les seuls Michel Gaillard et Nicolas Brimo, respectivement président des Editions Maréchal-Le Canard enchaîné et directeur général délégué, assurent les auteurs du texte, au nombre desquels on trouve le doyen Claude Angeli, les dessinateurs (pigistes) Wozniak, Kerleroux, ou encore Pancho, les rédacteurs David Fontaine, Anne-Sophie Mercier, etc. Formulée contre X, la plainte déposée le 10 mai par Christophe Nobili, salarié du journal, vise implicitement les deux hommes.