• Des fachos pas si fâchés : regarder en face les électeurs RN, La Suite dans les idées
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-suite-dans-les-idees/des-fachos-pas-si-faches-regarder-en-face-les-electeurs-rn-2803588

    On aurait tort de ne pas prendre au sérieux les raisons des électeurs RN. Et pour cela c’est leur imaginaire qu’il convient de mettre à jour, ce à quoi s’emploient le philosophe Michel Feher, comme le graphiste Alexandre Dimos et la photographe Stéphanie Lacombe.

    Avec
    #Michel_Feher Philosophe, co-fondateur de la maison d’édition new-yorkaise "Zone Books".
    Alexandre Dimos Designer graphique et éditeur
    Stéphanie Lacombe Photographe
    Bastien Gallet

    La colère. Voilà la raison souvent, si ce n’est toujours, mise en avant, à droite comme à gauche, pour expliquer, si ce n’est justifier, le vote en faveur du Rassemblement National. Et si c’était un peu court, comme raison, et un peu faux aussi, ainsi que le documentent les quelques enquêtes approfondies de sciences sociales sur le sujet ? Et si, plutôt que d’être des « fâchés pas fachos » pour reprendre l’expression de Jean-Luc Mélenchon, il s’agissait plutôt de « fachos pas si fâchés » ? C’est la thèse du philosophe Michel Feher dans « Producteurs et parasites », un essai important sur « l’imaginaire si désirable des électeurs #RN ». Il est cette semaine l’invité de La Suite dans les Idées

    #livre

    • Producteurs et parasites
      L’imaginaire si désirable du Rassemblement national
      Michel Feher
      https://www.editionsladecouverte.fr/producteurs_et_parasites-9782348084881

      Le RN est rarement crédité d’un vote d’adhésion. Jugeant l’hypothèse trop décourageante, ses détracteurs préfèrent évoquer le désaveu qui frappe ses rivaux, la toxicité de l’espace médiatique ou le délitement des solidarités ouvrières. Producteurs et parasites entreprend au contraire d’examiner la popularité de l’extrême droite à la lumière des satisfactions que sa vision du monde procure à ses électeurs.

      Le parti lepéniste divise la société française en deux classes moralement antinomiques : les producteurs qui n’aspirent qu’à vivre du produit de leurs efforts et les parasites réfractaires à la « valeur travail » mais rompus à l’accaparement des richesses créées par autrui. Les premiers contribuent à la prospérité nationale par leur labeur, leurs investissements et leurs impôts, tandis que les seconds sont tantôt des spéculateurs impliqués dans la circulation transnationale du capital, financier ou culturel, et tantôt des bénéficiaires illégitimes de la redistribution des revenus.

      Ancrée dans la critique des privilèges et des rentes, l’assimilation de la question sociale à un antagonisme entre producteurs et parasites n’a pas toujours été la chasse gardée de l’extrême droite. Sa longue histoire révèle toutefois que le désir d’épuration auquel elle donne naissance passe toujours par une racialisation des catégories réputées parasitaires. Pour résister au RN, il est donc aussi nécessaire de dénoncer son imaginaire que de reconnaître l’attrait qu’il exerce.

      Une vingtaine de pages et la table
      https://www.calameo.com/read/000215022ceb0d2dbdb6a

      l’enquête philosophique de Feher parait compléter utilement les investigations sociologiques de Faury et Coquard

    • Fondée sur la « valeur travail » - lointain rejeton de la théorie classique qui fait du travail le fondement de la valeur - la division de la société en contributeurs méritants et en prédateurs oisifs s’accompagne d’un imaginaire où le progrès social prend la forme de l’épuration.

      [...] la révolution nationale qu’une formation telle que le RN appelle de ses voeux vise (...) à restaurer une communauté saine et productive grâce à l’expulsion des éléments parasitaires infiltrés en son sein.

      [...] Les électeurs lepénistes, relatent les chercheurs qui prennent le temps de les écouter, rapportent volontiers leur choix à la défense d’un droit à disposer des fruits de son travail ; doit auquel les Français seraient majoritairement attachés mais dont les agissements de certaines minorités entraveraient l’exercice. (...)

      Sans doute les personnes interrogés reconnaissent-elles que la superpositions des souches et du mérite n’est pas parfaite - notamment parce que des « Gaulois » se retrouvent aussi bien parmi les assistés qui vivent aux frais de la collectivité que chez les nantis qui « se gavent » aux dépends des autres contribuables. Reste que selon elles, ces exceptions ne sont la que pour confirmer la règle ou, mieux encore, pour attester dune contamination de masse.

      #travail #valeur_travail #parasites #assistés #cassos #division #imaginaire #épuration #producerism #populisme_de_droite

    • Merci pour le lien.
      J’ai écouté il y a quelques jours. Je retrouve bien ce discours chez les « fachos pas si fâchés » de par chez moi. J’habite en centre-ville d’un bled de 2500 habitants à la louche en PACA, et quand tu fais le marché, immanquablement tu tombes sur ce discours, ou plutôt, il y a quelque chose sur lequel je n’arrivais pas à mettre le doigt et qui s’éclaire ici : la f*cking « valeur travail » (travail étant compris dans un sens assez étroit d’ailleurs : le travail intellectuel ah ça non, vade retro !).
      Par ailleurs l’aspect historique développé dans l’émission est aussi édifiant, et là encore met le doigt sur quelques impensés quand à l’utilisation de boucs émissaires dans des champs politiques où on ne les attendait pas mais où on sentait vaguement qu’il y avait quelques trucs qui grattent aux entournures mais sans vraiment creuser (l’exemple de Proudhon se pose là, je ne veux pas dire par là que je suis surpris, juste qu’un cadre sacrément éclairant est posé).
      Bref, depuis vendredi dernier où j’ai écouté l’émission je passe mon temps à envoyer le lien à droite à gauche en mode « mangez-en, c’est bon ! ».

    • Interview sur FPP :

      Cette semaine, on va discuter en plateau avec le philosophe Michel Feher qui vient de publier « Producteurs et parasites, L’imaginaire si désirable du Rassemblement National » où il cherche à comprendre les ressorts de l’attractivité du discours du RN. Il décrypte l’imaginaire puissant et gratifiant pour celles et ceux qui y croient, et explique comment ces idées puisent dans une représentation néolibérale et racisée du monde. Pour résister au RN, il est donc aussi nécessaire de dénoncer son imaginaire que de reconnaître l’attrait qu’il exerce.

      https://spectremedia.org/podcast/producteurs-et-parasites-limaginaire-du-rn-avec-michel-feher/?playing=1959

      #audio #radio #interview #France_Culture #Fréquence_Paris_Plurielle #Les_oreilles_loin_du_front

  • Connaître les morts de la Méditerranée

    Depuis dix ans, près de 30 000 personnes sont mortes ou ont disparu en tentant de franchir la Méditerranée. Qui sont-elles ? Comment les identifier ? Des anthropologues et des activistes tentent de répondre.

    Lorsqu’ils sont vivants, les autorités s’empressent de vouloir les identifier, collecter notamment leurs empreintes digitales afin de les tracer et les empêcher de tenter de nouvelles fois de franchir les frontières. Lorsqu’ils sont morts, en revanche, ces mêmes autorités, ou d’autres, se fichent totalement de savoir qui ils ou elles sont. Ils et elles ce sont les exilé.es qui au péril de leur vie traversent la Méditerranée. Anthropologues, Carolina Kobelinsky et Filippo Furri ont cherché à connaître ces morts de la Méditerranée. Ils sont cette semaine les invités de La Suite dans les Idées. Et seront rejoint en seconde partie, depuis la Suisse, par l’écrivain Timba Bemba.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-suite-dans-les-idees/connaitre-les-morts-de-la-mediterranee-1580262

    #mourir_aux_frontières #décès #identification #morts_aux_frontières #Méditerranée #migrations #réfugiés #carolina_kobelinsky #filippo_furri
    #podcast #audio #Timba_Bema

  • Les cartes ou la mise en ordre du monde
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-suite-dans-les-idees/les-cartes-ou-la-mise-en-ordre-du-monde-6293300


    Carte de la Guyane

    Les cartes ou la mise en ordre du monde
    Samedi 23 décembre 2023

    La Suite dans les idées
    Provenant du podcast La Suite dans les idées
    Depuis toujours, les zones blanches des cartes apportent paradoxalement de nombreuses informations. Mais depuis la géonumérisation du monde et la multiplication des cartographies, le #blanc_des_cartes a changé. Avec le géographe Matthieu Noucher et l’architecte Francesco Sebregondi.

    Avec
    Matthieu Noucher géographe
    Francesco Sebregondi Architecte, fondateur et directeur de l’association INDEX

    Pour composer son Livre blanc, paru en 2007, l’écrivain Philippe Vasset avait arpenté de long en large l’Île de France à la découverte systématique de toutes les zones qui apparaissaient en blanc sur les cartes de l’Institut National de Géographie. Ce blanc des cartes fascine depuis toujours les géographes. Mais le blanc des cartes n’est plus ce qu’il était. Non pas qu’il disparaisse à mesure que progresse la connaissance des territoires, au contraire. Avec la numérisation du monde et la multiplication des cartes, les zones blanches prolifèrent. Matthieu Noucher a mené l’enquête pour comprendre comment désormais les boites noires des algorithmes produisent les blancs des cartes. Il est cette semaine l’invité de La Suite dans les Idées. Rejoint par Francesco Sebregondi, un architecte, qui lui aussi produit des cartes et d’autres types de données pour Index, l’ONG qu’il a fondée.

    Pour aller plus loin
    L’ouvrage de Matthieu Noucher, Blancs des cartes et boîtes noires algorithmiques, CNRS éditions, mai 2023
    Le site web de l’association INDEX, fondée par Francesco Sebregondi : index.ngo

    Musique : William Eggleston - Over the rainbow

    #contre_cartes #contre_enquêtes #géo-numérisation_du_monde #cartes_personnalisées #trait_de_côte

  • Zan, Zendegi, Azadi : un #soulèvement_révolutionnaire en #Iran

    À quelques jours du premier anniversaire du déclenchement en Iran du mouvement Zan, Zendegi, Azadi (Femme, Vie, Liberté), l’anthropologue #Chowra_Makaremi et la comédienne #Adèle_Haenel reviennent sur ce soulèvement révolutionnaire inédit.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-suite-dans-les-idees/zan-zendegi-azadi-un-soulevement-revolutionnaire-en-iran-2437789
    #soulèvement #révolution #Femme_vie_liberté #FVL
    #audio #podcast

    via @isskein

  • Des non-personnes
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-suite-dans-les-idees/des-non-personnes-9378663

    Que peuvent bien avoir en commun les domestiques, les cerfs, les esclaves, les absents, les disparus, les étrangers, les indigènes, les détenus, les handicapés, les vieillards, les enfants, les bébés, les malades ou encore les morts ? On peut les considérer comme des non-personnes, soit qu’elles soient absentes, soit qu’elles soient amoindries, soient qu’elles soient mortes. Daniel Heller-Roazen s’intéresse à ces trois cas dans un brillant essai Compter pour personne, qui mêle littérature, droit, religion et sciences humaines. Il est cette semaine l’invité de La Suite dans les Idées et rejoint en seconde partie par l’anthropologue Catherine Hass.

    • @vazi @mad_meg ça m’a aussi fait tiquer, peut-être parce je détecte rapidement (en fait ça me saute à la gorge douloureusement chaque fois) ce qui tient du patriarcat puisque j’en souffre directement tout les jours du fait que je sois une femme. Et que je vois malheureusement beaucoup trop bien combien les femmes sont les premières non-personnes dans cette société.
      Du coup, lire cette énumération d’un déni immense concernant la moitié de la population ne m’a pas donné envie d’écouter cette émission.

    • Le rédacteur de cette phrase n’est pas Daniel Heller-Roazen (lequel n’est, au passage, pas anthropologue — c’est Catherine Hass qui l’est), c’est l’équipe de l’émission animée par Sylvain Bourmeau qui a résumé le propos ainsi.
      Je n’ai pas lu les livres dont il est question .
      En ce qui concerne l’ouvrage promu dans la première partie de l’émission l’auteur s’appuie sur la littérature et « inévitablement » sur des histoires masculines : Ulysse— grand absent—, le roman de l’anglais qui a abandonné sa femme pendant 20 ans etc. Donc c’est pas très équitable, c’est sûr !
      Merci @mad_meg et @touti pour avoir pointé ce biais (le mot est faible) .
      Pour tout vous dire j’ai publié ce billet car il y a dans ma famille une « non-personne » , un homme invisible, absent (au sens littéral et au sens juridique, et aussi pour des raisons religieuses) et j’ai vraiment été frappé par les propos de Daniel Heller-Roazen qui m’ont éclairé sur les différentes facettes de ce qu’il appelle la non-personne, si lointaine et tout d’un coup si proche quand on peut poser des mots justes.

      Je vous invite à écouter la deuxième partie de l’émission (que j’ai écouté a posteriori) au sujet du livre de Catherine Hass, qui relate l’appropriation de la mort de sa sœur par un journaliste lequel a « réussit » à créer des droits d’auteurs sur la vie (en l’occurrence la mort violente) d’une femme qu’il a juste interviewé une fois avant qu’elle ne soit victime d’un attentat.

  • Comment l’État met des milliers de familles [ et pas que...] pauvres à la rue chaque année | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1673887661-etat-milliers-familles-pauvres-rue-expulsions-locatives-loi-

    Dans son ouvrage De gré et de force, le sociologue Camille François fait un état des lieux inédit de la hausse des expulsions en France. Après dix ans de travail, il explique comment l’État met dehors des milliers de ménages endettés par an.

    En 2010, le brigadier-chef Thierry Henion (1) est chargé d’expulser Madame Hendy (1), une femme de 30 ans qui squatte un #logement en Île-de-France. Il tombe sur son bébé de 22 mois et des proches venus empêcher l’expulsion. En 2013, c’est cette fois Muriel (1), une employée de la préfecture, qui est bouleversée. Un #locataire vient de l’appeler en pleurs pour la supplier de reporter son #expulsion et lui dire qu’il pense à se tuer. Rarement confrontée d’aussi près à la brutalité des expulsions qu’elle gère, elle décide d’écrire en urgence au #bailleur. Son message est laissé sans réponse et l’homme est mis dehors le jour même.

    Ce sont des scènes racontées par le sociologue Camille François, dans son livre De gré et de force, comment l’État expulse les pauvres, à paraître le 19 janvier prochain aux éditions La Découverte. « La question des expulsions est invisible dans les médias, sauf à l’occasion de l’ouverture ou de la fermeture de la trêve hivernale », regrette-t-il. Pendant trois ans, de fin 2012 à 2015, le chercheur chevronné a suivi de l’intérieur les institutions chargées de réaliser les expulsions dans un département de banlieue parisienne. Le deal a été accepté à condition qu’il ne nomme pas celles et ceux qui lui ont ouvert leurs portes :

    « Je m’attendais à ce qu’on me mette des barrières à l’entrée. Mais je n’ai pas rencontré tant de refus. Ce sont des #institutions_invisibles qui n’ont pas le temps d’évaluer leur propre activité. »
    Le maître de conférences en sociologie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a rencontré les « petites mains » du service de recouvrement des #bailleurs_sociaux. Il a lié des relations avec les juges qui prennent la décision des expulsions au tribunal et s’est infiltré au sein des services de préfecture et de police qui l’appliquent.

    #propriété_privée #justice #guerre_aux_pauvres #pauvres #loyer #squat

    • Julien Fretel et Rémi Lefebvre ont dirigé ce bouquin.

      Après cinq ans au pouvoir, quel bilan peut-on faire de « l’entreprise politique » Macron ?

      Rassemblant les textes de vingt-neuf spécialistes de la vie politique et des politiques publiques, cet ouvrage porte sur la manière dont le fondateur d’En Marche ! a exercé le pouvoir pendant un mandat marqué par les crises : Gilets jaunes, puis pandémie mondiale.
      Portant leur réflexion sur les changements traduits par l’arrivée d’Emmanuel Macron à la tête de l’État, les auteurs analysent l’ampleur de la transformation du système partisan, des glissements de l’électorat et du renouvellement des élites politiques. Ils décryptent ainsi le style présidentiel d’Emmanuel Macron dans son rapport avec les institutions, analysent ses soutiens partisans, les opinions et les tendances électorales avec lesquelles il a dû composer, et décortiquent, au regard des promesses du candidat de 2017, les politiques publiques qu’il a entreprises.

  • La #peur des #étrangers

    Et si plutôt que de laisser place aux délires de ceux qui s’imaginent bientôt grandremplacés, on se penchait sur la peur éprouvée au quotidien par les sans-papiers ? C’est ce qu’ont fait l’anthropologue Stefan Le Courant et les réalisateurs Vincent Gaullier et Stefan Le Courant.

    Que m’est-il permis d’espérer ? C’est cette phrase d’Emmanuel Kant que les réalisateurs Vincent Gaullier et Raphaël Girardot ont choisi pour titre de leur nouveau film qui documente les quelques jours que passent des migrants tout juste arrivés dans un centre d’accueil humanitaire du Nord de Paris. Ils nous rejoindront en seconde partie d’émission, après que nous ayons entendu l’anthropologue Stefan Le Courant nous parler d’une enquête menée dans une temporalité beaucoup plus longue auprès de sans-papiers de la région parisienne.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-suite-dans-les-idees/la-peur-des-etrangers-6348132

    #podcast #migrations #sans-papiers #Stefan_Le_Courant #Le_Courant

    ping @_kg_

    • Sans-papiers : étranges étrangers

      Ouvriers pour les JO de Paris 2024, livreurs, cuisiniers... Les sans-papiers qui vivent et travaillent en France sont sous la menace permanente d’une arrestation, d’un placement en centre de rétention, d’une expulsion. Quelles conséquences ce contexte a-t-il sur les personnes qui le subissent ?

      Mieux contrôler nos frontières, reconduire plus efficacement ou conditionner les visas et aides au développement à des accords de réadmission… Voilà ce que le candidat-président Emmanuel Macron portait comme proposition dans l’entre-deux-tours de la présidentielle.

      Migrants économiques, clandestins ou sans papiers… Depuis la crise de 2015 et les arrivées de réfugiés syriens aux portes de notre continent, la figure de l’étranger est devenue encore plus centrale dans l’espace politique et médiatique européen.

      Pourtant, ces hommes et ces femmes, certes sans existence légale, occupent des emplois, des logements, paient parfois des impôts… Et ils reviennent dans les lumières de l’actualité parfois, au gré d’un fait divers, ou d’une action collective.

      Cette semaine par exemple, plusieurs manifestations ont eu lieu, pour réclamer des régularisations massives pour ces employés sans-papiers de Derichebourg, sous-traitant de Chronopost… La semaine dernière, ce sont une dizaine d’ouvriers des chantiers des sites des JO 2024 qui ont été régularisés suite à une action syndicale…

      Qui sont ces condamnés à la clandestinité ? Comment vit-on dans la peur quotidienne d’un contrôle, d’une arrestation, d’une expulsion ? Pourquoi sont-ils au cœur des débats ?

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sous-les-radars/sans-papiers-etranges-etrangers-4429280

    • Vivre sous la menace. Les sans-papiers et l’Etat

      La politique de contrôle migratoire ne s’exerce pas uniquement aux frontières, sur le territoire national elle continue d’œuvrer en séparant celles et ceux qui bénéficient d’un séjour régulier des autres qui en sont dépourvus. Elle trace des démarcations intérieures invisibles et implacables quand le spectre de la frontière hante le quotidien des personnes qui chaque jour risquent l’expulsion. En ethnographe, Stefan Le Courant tente de saisir les conséquences intimes de ce gouvernement par la menace.
      Après une enquête de plusieurs années auprès d’une quarantaine de sans-papiers, l’auteur restitue avec humanité leur expérience ; il raconte des vies façonnées par la crainte de l’arrestation ou de la dénonciation. Si la menace est, pour celui qui l’exerce, une manifestation de son pouvoir de nuire sans exécution immédiate, pour celui qui y est exposé, elle se traduit par une conscience aiguë et permanente du danger. Obsédante, cette menace pousse à privilégier la solitude et la méfiance ; elle transforme l’environnement proche en un monde de signes potentiellement redoutables : le ton d’une voix, la couleur d’un uniforme, la question d’un camarade de chambre, tout peut être un indice qu’il devient crucial de savoir exploiter. En cherchant à appréhender cette présence qui se dérobe, à vivre la vie d’un sans-papier, l’auteur livre un récit immersif aussi original qu’inédit.

      https://www.seuil.com/ouvrage/vivre-sous-la-menace-stefan-le-courant/9782021364972
      #livre