Guide du Paris colonial et des banlieues

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  • Le guide du #Marseille colonial

    Ce livre explore Marseille, ses rues, ses places et ses monuments et recense les traces et les empreintes de l’histoire coloniale et esclavagiste de la ville. Au cours de ce périple, le guide nous fait croiser les militaires, les hommes politiques, les armateurs, les scientifiques et les artistes qui ont participé au système de domination coloniale. Il nous emmène également à la rencontre des personnes ayant résisté et œuvré contre le colonialisme.
    Nous visiterons en sa compagnie les expositions coloniales, les institutions de la santé coloniale et, de manière plus contemporaine, ce guide nous rappellera les crimes racistes, qui prolongent la politique de domination et d’oppression.

    Les Marseillais·es, qui ne veulent plus marcher, habiter, étudier dans des rues et des lieux portant le nom des acteurs de la déshumanisation, n’ont plus qu’à suivre le guide…

    https://www.syllepse.net/guide-du-marseille-colonial-_r_21_i_909.html

    #décolonial #France #livre #guide #toponymie #toponymie_politique #noms_de_rue #mémoire #histoire
    #TRUST #master_TRUST

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    • Guide du #Bordeaux colonial et de la métropole bordelaise

      Bordeaux s’est développé en jouant un rôle essentiel dans la constitution de l’Empire français.
      Ce livre s’intéresse à l’histoire de la ville à travers les noms de rues, voies et autres lieux choisis pour honorer ceux qui ont contribué à la construction de la France coloniale.
      Ce n’est pas, le plus souvent, en tant que négriers, ­esclavagistes, sabreurs, administrateurs coloniaux, théoriciens du racisme que beaucoup de personnalités ont été honorées. Elles l’ont été pour d’autres raisons mais elles ont été clairement engagées dans le système colonial.
      Bien des bienfaiteurs de la ville ont fait ruisseler un peu de leur fortune accumulée par la production et le négoce des produits coloniaux issus de l’esclavage et du travail forcé. Bien des militaires et des hommes politiques honorés ont contribué à leur ouvrir et à protéger leurs marchés. Bien des universitaires ont apporté la caution scientifique justifiant la domination.
      Ce guide n’ignore pas les quelques anticolonialistes à qui une place a tout de même été faite dans la ville. Il visite quelques lieux de mémoire et propose quelques coups de projecteur sur des aspects peu enseignés de l’histoire coloniale.
      Que ce guide permette de voir la magnificence de la ville sous un autre jour. Qu’il invite à d’autres promenades. Qu’il contribue à décoloniser les imaginaires.

      C’est un produit de haute nécessité dans la lutte contre toutes les formes de racisme.

      https://www.syllepse.net/guide-du-bordeaux-colonial-_r_25_i_822.html

    • Guide du #Soissons colonial

      L’ouvrage se présente comme un dictionnaire des rues de Soissons, qui aborde la biographie des­ ­personnages ­choisis par les élus municipaux sous l’angle de leur rapport avec le colonialisme : des massacreurs, des théoriciens du colonialisme, des politiques mêlés à la colonisation. Et, à côté, quelques antiracistes et quelques anticolonialistes.
      À Soissons, l’étude des noms de rues révèle des strates d’histoire, autant de couches et de sédiments mémoriels semblables aux couches sédimentaires superposées, qui ­constituent­ les plateaux et les replats du Soissonnais. Chaque génération ajoute les noms de ses « héros » du moment et cela ­aboutit à une stratification réactionnaire, raciste, sexiste, mêlant des noms dus à l’histoire locale à ces « gloires » discutables du récit républicain, au temps de l’empire colonial.
      Mais la ville a changé ! Les horreurs du colonialisme ne recueillent plus l’assentiment presque général, comme au temps où les Soissonnais·es prenaient le train pour aller visiter les « zoos humains » de ­l’Exposition coloniale.
      Notre ville appartient à tout le monde et pas à une clique de nostalgiques de généraux et de maréchaux colonialistes.

      Oui, le général Mangin, le « libérateur de Soissons » en 1918, était un massacreur, théoricien de l’utilisation des troupes coloniales, la « force noire », pour mener une guerre où les colonisé·es, sans droits, n’avaient rien à gagner.

      https://www.syllepse.net/guide-du-soissons-colonial-_r_25_i_847.html

    • Guide du #Paris colonial et des #banlieues

      Rues, boulevards, avenues et places, sans oublier collèges, lycées, statues et monuments parisiens, sont autant de témoins de l’histoire et de la légende du colonialisme français.
      Alors qu’aux États-Unis, poussées par les manifestant-es, les statues des généraux esclavagistes s’apprêtent à quitter les rues pour gagner les musées, ce guide invite à une flânerie bien particulière sur le bitume parisien.
      Sur les quelque 5 000 artères et places parisiennes, elles sont plus de 200 à « parler colonial ». Qui se cachent derrière ces noms, pour la plupart inconnus de nos contemporains ? C’est ce que révèle ce livre, attentif au fait que ces rues ont été baptisées ainsi pour faire la leçon au peuple de Paris et lui inculquer une certaine mémoire historique.
      On n’y retrouve pas uniquement les officiers ayant fait leurs classes « aux colonies ». Il y a aussi des « explorateurs » – souvent officiers de marine en « mission » –, des bâtisseurs, des ministres et des députés. On croise également des littérateurs, des savants, des industriels, des banquiers, des « aventuriers ».
      Laissons-nous guider, par exemple, dans le 12e arrondissement. Le regard se porte inévitablement sur le bâtiment de la Cité de l’histoire de l’immigration, l’ancien Musée des colonies construit en 1931 pour l’Exposition coloniale qui fut l’occasion d’honorer les agents du colonialisme et d’humilier ses victimes.
      Les alentours portent la marque de l’Empire colonial : rues et voies ont reçu le nom de ces « héros coloniaux » qui ont conquis à la pointe de l’épée des territoires immenses.
      Les alentours de l’École militaire sont également un lieu de mémoire très particulier, très « imprégné » de la culture coloniale.
      Dans le 16e, nous avons une avenue Bugeaud : Maréchal de France, gouverneur de l’Algérie, il pratique la terre brûlée et les « enfumades ». Il recommande d’incendier les villages, de détruire les récoltes et les troupeaux, « d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer ». Il faut, ordonne-t-il, « allez tous les ans leur brûler leurs récoltes », ou les « exterminer jusqu’au dernier ». S’ils se réfugient dans leurs cavernes, « fumez-les à outrance comme des renards ».
      Un peu partout, dispersées dans la capitale, on traverse des rues et des avenues dont les noms qui, tout en ayant l’apparence de la neutralité d’un guide touristique, sont autant de points de la cartographie coloniale : rues de Constantine, de Kabylie, de Tahiti, du Tonkin, du Dahomey, de Pondichéry, de la Guadeloupe… Toutes célèbrent des conquêtes et des rapines coloniales que rappellent la nomenclature des rues de Paris.
      Classés par arrondissement, les notices fournissent des éléments biographiques sur les personnages concernés, particulièrement sur leurs états de service dans les colonies. Des itinéraires de promenade sont proposés qui nous emmènent au travers des plaques bleues de nos rues en Guadeloupe et en Haïti, en Afrique, au Sahara, au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Nouvelle-Calédonie, en Indochine, à Tahiti, etc.

      Un livre qui se veut un outil pour un mouvement de décolonisation des cartographies des villes et qui propose un voyage (presque) immobile dans la mémoire coloniale de Paris.

      https://www.syllepse.net/guide-du-paris-colonial-et-des-banlieues-_r_25_i_719.html

    • « Les statues, le nom des rues, ne sont pas innocents » : un guide pour décoloniser l’espace public

      Que faire des innombrables noms de rue, statues et monuments qui glorifient toujours le colonialisme à travers la France ? À Marseille, un livre-inventaire entre en résonance avec des revendications mémorielles. Reportage.

      C’est une rue discrète, perchée sur une colline résidentielle cossue du sud de Marseille. Elle s’appelle impasse des Colonies. Au milieu de cette succession de maisons verdoyantes avec vue sur mer, une villa aux tuiles ocre porte un nom évocateur, L’oubli.

      L’oubli, c’est justement ce contre quoi s’élèvent les onze auteurs et autrices du Guide du Marseille colonial, paru le 1er septembre dernier aux éditions Syllepse [1]. Pendant deux ans, ces militants associatifs ont passé la ville au peigne fin, arpenté les rues et fouillé les archives. Ils ont cherché les traces du passé colonial de ce port qui fut, entre le XIXe et le XXe siècle, la capitale maritime de l’empire français.

      Le résultat : 232 pages d’inventaire des noms de rues, statues, monuments et autres bâtiments en lien avec la colonisation. « Notre volonté, c’est de mettre en lumière la face ténébreuse de l’histoire, qui est souvent cachée, en tout cas pas sue de tous, décrit Nora Mekmouche, qui a coordonné l’équipe de rédaction. Ce livre est un outil pédagogique et politique. »

      Un monument en hommage à une répression coloniale

      Un jour d’octobre, c’est en haut de la Canebière que deux autres des autrices et auteurs du guide, Zohra Boukenouche et Daniel Garnier, nous donnent rendez-vous pour une « promenade coloniale ». Première étape : le monument des Mobiles. Érigé à l’origine pour rendre hommage à des soldats de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, le site sert parfois de lieu de commémoration officielle des deux guerres mondiales.

      À plusieurs reprises ces dernières années, préfet et maire ont déposé des gerbes de fleurs à ses pieds. Sur l’une de ses faces, le monument rend pourtant aussi hommage à un régiment ayant participé à la répression de l’« insurrection arabe de la province de Constantine » en 1871 et 1872. Une révolte matée dans le sang, avec confiscations massives de terres et déportations vers la Nouvelle-Calédonie.

      En descendant la Canebière, on traverse ensuite le square Léon-Blum. L’ancien président du Conseil figure à l’inventaire. L’homme a déclaré fermement repousser, dans une intervention à la Chambre des députés en 1925 (alors qu’il était député SFIO) le « colonialisme de guerre qui s’installe par la guerre et par l’occupation ». Mais dans la même prise de parole, le futur leader du Front populaire disait : « Nous admettons qu’il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu’on appelle les races supérieures […] d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation. »
      « Ce sont des choix politiques, on doit les interroger »

      Puis on passe devant le lycée Adolphe-Thiers, le « massacreur de la Commune de Paris », qui a aussi soutenu la colonisation de l’Algérie. Devant le commissariat de Noailles, une plaque historique déposée par la mairie vante le souvenir d’un luxueux hôtel construit pour le compte du « négociant Victor Régis ». Nulle part il n’est précisé que cet armateur a construit sa fortune sur les côtes béninoises où « il trafiquait avec des marchands d’esclaves », indique Daniel Garnier.

      « L’idée, c’est de montrer que le nom des rues, des collèges, les statues qui trônent au coin des rues ne sont pas innocents. Ce sont des choix politiques, idéologiques, qui ont été faits par les dominants, donc on doit évidemment les interroger », explique Patrick Silberstein, éditeur chez Syllepse qui, avant le Guide du Marseille colonial, avait déjà publié le même type de guide au sujet de Paris et ses banlieues (2018), Bordeaux et Soissons (2020), en attendant Rouen (janvier 2023).

      « Moi j’habite en Seine-Saint-Denis, à Aubervilliers, qui est une ville d’immigration de tout temps, et aujourd’hui notamment d’Afrique subsaharienne, poursuit-il. À deux pas de chez moi, il y a un collège Colbert. Colbert, c’est un des idéologues de la domination blanche… ». Ministre de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) a participé à la rédaction du Code noir. Ce texte juridique réglementant le statut des esclaves dans les colonies sucrières faisait d’eux des « biens meubles » pouvant être vendus comme des objets.

      Chez Syllepse, l’inspiration de lancer ces guides anticoloniaux est venue du sud des États-Unis, où un vaste mouvement antiraciste lutte pour le déboulonnage des statues des généraux confédérés. Et en France ? Faut-il changer les noms de rue, fondre les statues glorifiant le colonialisme ?
      À Bruxelles, vers un mémorial aux victimes de la colonisation ?

      En Belgique, un groupe de travail missionné par la Région Bruxelles-Capitale a récemment planché sur « la transformation de l’espace public colonial existant en un espace public décolonial véritablement inclusif ». Parmi ses propositions, rendues publiques en février, on trouve l’attribution de « noms de femmes et/ou de personnes de couleur liées à la colonisation belge » aux voies publiques portant actuellement le nom de figures coloniales. Le groupe d’experts a aussi proposé d’ériger un mémorial aux victimes de la colonisation à Bruxelles en lieu et place de la statue équestre du roi colon Léopold II.

      En France, l’État est beaucoup plus timide. Quand, entre 2020 et 2021, le gouvernement a fait travailler un conseil scientifique sur le projet « Portraits de France », il ne s’agissait que d’établir une liste de 318 personnalités issues des anciennes colonies ou de l’immigration dans laquelle les mairies pourront piocher si elles souhaitent diversifier les noms de leurs rues et bâtiments publics.

      Dans le Guide du Marseille colonial, l’équipe de rédaction ne prend pas ouvertement position pour telle ou telle solution de décolonisation de l’espace public. Mais elle relaye les différentes mobilisations et doléances allant dans ce sens.
      L’école Bugeaud débaptisée

      À Marseille, quelques voix demandent à ce qu’on donne le nom d’Aimé Césaire à l’actuelle rue Colbert. Mais c’est surtout sur les rues Bugeaud et Cavaignac que les énergies militantes se sont concentrées.

      Ces deux voies adjacentes sont situées dans le quartier populaire de la Belle-de-Mai. Pendant la conquête de l’Algérie, les généraux Thomas Bugeaud et Eugène Cavaignac ont développé la technique des « enfumades » : asphyxier par la fumée des tribus entières dans les grottes où elles s’étaient réfugiées. « C’est notamment pour ça que le fait de leur rendre hommage aujourd’hui encore pose vraiment problème », juge Valérie Manteau, écrivaine et membre d’un collectif mobilisé depuis 2019 pour le changement du nom de ces rues. En vain. Tractage, affichage, consultation des habitants, rien n’y a fait.

      Seule réussite : en mai 2021, l’école de la rue Bugeaud, qui portait également le nom du maréchal, a été débaptisée par la nouvelle majorité municipale issue d’une alliance des gauches. L’établissement répond désormais au nom d’Ahmed Litim, un tirailleur algérien décédé pendant les combats de la libération de Marseille, en août 1944. Mais pour les rues, rien de nouveau.
      « Il est temps de clôturer l’exposition coloniale »

      En 2020 à Paris, devant l’Assemblée nationale, la statue de Colbert a été affublée d’un tag « Négrophobie d’État ». La même année à Marseille, les statues représentant les colonies d’Asie et d’Afrique au pied de la gare Saint-Charles ont été maculées de peinture rouge. Le 8 mars dernier, une manifestation féministe s’y est arrêtée pour dénoncer leur caractère tant sexiste que raciste.

      Dans les années 1980 déjà, l’historien Philippe Joutard montrait à quel point ces statues sont problématiques [2] : « Le voyageur qui arrive à la gare Saint-Charles et descend son escalier monumental passe entre deux femmes assises chacune à la proue d’un navire.

      À droite, c’est l’allégorie de Marseille, colonie grecque ; à gauche, celle de Marseille, porte de l’Orient ; en contrebas, deux autres femmes couchées avec leurs enfants représentent les colonies d’Afrique et d’Asie. La leçon est claire : la cité phocéenne domine les territoires des deux grands continents ; le fantasme est plus évident encore : les “femmes-colonies” sont offertes, nues, presque liées, colliers autour du cou, bracelets aux bras et aux chevilles, et leurs filles elles-mêmes semblent à la disposition du conquérant ! »

      Que faire de ces statues ? Les détruire ? Les mettre au musée ? L’association Ancrages, qui travaille sur les mémoires des migrations, propose a minima d’y adjoindre des panneaux. Ceux-ci permettraient d’expliquer le contexte de production de ces sculptures, commandées pour l’exposition coloniale marseillaise de 1922. On y préciserait que ces images des populations asiatiques et africaines sont insultantes « pour les femmes et hommes d’aujourd’hui ».

      Dans une pétition diffusée sur le site Change, un collectif de féministes décoloniales va plus loin, demandant le retrait pur et simple de ces œuvres : « Ces statues artistico-historiques sont plus que des témoins passifs d’une l’époque révolue. L’histoire est un choix politique. Maintenir ces statues en place, les reblanchir, effacer très vite les graffitis anticoloniaux, c’est faire chaque jour un choix, celui de creuser encore les fractures entre celles et ceux qui font exister Marseille. » Et de conclure : « 1922-2022 : il est temps de clôturer l’exposition coloniale. 100 ans, ça suffit ! »

      https://basta.media/les-statues-le-nom-des-rues-ne-sont-pas-innocents-un-guide-pour-decoloniser

      via @odilon