Une rentrée engagée !

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  • Entretien avec Marine Kennerknecht autour de « Les libres » de Stéphane Crozat
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    ENTRETIEN AVEC MARINE KENNERKNECHT, ÉDITRICE

    La sortie du roman Les Libres de Stéphane Crozat chez C&F est un petit événement. Première publication fiction depuis un recueil de nouvelles en 2020, cette parution assoit la volonté de cette singulière maison indépendante de développer une collection tout aussi singulière. L’occasion pour nous de rencontrer l’éditrice, notre homologue Marine Kennerknecht, pour évoquer ensemble l’univers de cet auteur et le travail d’édition effectué sur ce titre.

    « Carole Lidelev était plus lente que les autres mineurs, elle ne clôturait souvent que deux libres par jour. Pas par manque d’aptitude, elle était très douée pour la lecture, ni par paresse, mais parce qu’il lui était agréable de prendre son temps. Parce que ça n’avait pas d’importance. Parce qu’elle aimait s’imaginer que tout cela, sa vie, faisait partie d’un jeu, dont elle serait une pièce, manipulée pour le divertissement d’êtres supérieurs. Elle acceptait ce rôle, mais avec désinvolture. Avec un sourire qui disait à qui saurait le lire : je ne suis pas dupe, mais il me plaît de vivre comme il vous plaît. »

    Les Libres, Stéphane Crozat, C&F Éditions

    Avant toute chose, pourrais-tu nous présenter ce premier roman publié par C&F ?
    Les Libres est un roman de science-fiction qui devrait séduire un large public. Face à l’épuisement des ressources naturelles et la surpopulation, l’humanité a réagi, et c’est désormais une intelligence artificielle qui décide de la répartition des ressources, permettant à la Terre d’entamer enfin sa régénération. Cette dystopie aborde des thématiques contemporaines, entre écologie, technologie, littérature et culture, le livre (ou libre) jouant un rôle clé dans le récit.

    Qu’est-ce qui a incité C&F, maison axée principalement sur la culture numérique, à le publier ?
    Nous avions ouvert le bal de la fiction avec les Mikrodystopies de François Houste, une anthologie de nano-fictions conçues initialement pour Twitter. Face au succès rencontré par cette œuvre, nous avons confirmé le virage de la fiction pour C&F, souhaitant élargir la ligne éditoriale de la maison et explorer les possibilités qui s’ouvraient à nous : sur la forme que peut prendre la fiction, sur les thématiques abordées, et la réalisation des livres en eux-mêmes avec une réflexion sur la mise en page, la typographie, etc.

    Le récit s’accompagne d’une recherche formelle, avec notamment des citations de Crime et Châtiment et un langage en partie inventé. Peux-tu nous en parler ?
    C’est un livre d’une grande profondeur, qui aime jouer avec les mots. L’auteur s’est servi de notre monde pour nourrir cet univers fictif et lui faire prendre un autre chemin, avec cette idée de régression de l’humanité. Les derniers représentants de l’espèce humaine ont créé un monde plus simple, presque épuré, pour revenir à des bases plus saines, le tout dans le cadre d’un jeu, où la bibliothèque tient une place centrale.
    C’est sur cette idée de simplification que repose la recherche de l’auteur autour du langage. Et il y a justement une forme de contradiction entre les extraits de Crime et Châtiment et le langage inventé.

    Comment as-tu découvert Stéphane Crozat ? Je crois savoir que c’est toi qui l’as porté jusqu’au catalogue de C&F.
    C’est lui qui nous a sollicités initialement. Son premier roman, Traces, avait été publié par Framabook [collection du « livre libre » du réseau Framasoft]. Ce texte très travaillé (il en était à sa quatrième version) était si riche que nous ne devions pas passer à côté !

    Marine Kennerknecht, C&F Éditions

    En quoi a consisté ton travail d’éditrice sur ce titre ?
    Du travail sur le texte à proprement parler, jusqu’aux choix typographiques en passant par l’identité visuelle générale souhaitée pour la fiction chez C&F, Hervé Le Crosnier m’a donné carte blanche. La réflexion sur la forme a été une longue expérimentation, dans un effort commun avec le graphiste Nicolas Taffin (n’hésitez pas à lire le colophon qui explique les différentes typo utilisées). Nous avons également décidé de l’ajout d’un lexique afin de faciliter la compréhension de certaines transformations opérées volontairement par l’auteur. En revanche, nous avons rejeté l’idée d’une frise chronologique. Nous voulions que les lecteurs se laissent porter et reconstituent d’eux-mêmes le puzzle du récit. Nous avons donc gardé le mystère intact.

    As-tu imaginé les réactions que pourrait susciter cette œuvre auprès des lecteurs ?
    Oui et non. En fait, ma première lecture du manuscrit a été celle d’une lectrice. Je n’étais pas du tout dans la peau d’une éditrice, je ne le lisais pas dans une perspective professionnelle. Je voulais découvrir ce texte comme une lectrice qui le lirait après l’avoir acheté en librairie. Et c’est justement grâce à cette lecture que j’ai absolument voulu le publier. Étant une grande amatrice d’ouvrages de SF et fantasy, j’ai été très sensible au fait de découvrir un auteur français. Je savais que ce livre avait ce qu’il fallait pour plaire aux fans de SF mais pas seulement.

    Après Les Libres, que nous réserve C&F en matière de fiction ?
    Deux titres sont d’ores et déjà en préparation. Germinata est un roman de science-fiction signé par le sémiologue Olivier Fournout. Doté d’une forte dimension linguistique et littéraire, le roman s’accompagne d’un jeu sur la typographie qui complète son identité. Le second, Insidieusement, première publication de Nathalie Baudouin, mélangera polar, science-fiction, tragédie grecque et psychanalyse.

    Découvrez sans plus attendre un extrait de Les Libres de Stéphane Crozat.
    La presse en parle : ActuaLitté et le Courrier picard

    #Les_libres #Marine_Kennerknecht #Stéphane_Crozat