Ecoutons ce que les Evènes du Kamchatka ont à dire au monde

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  • La minorité d’une minorité - Nastassja Martin - La Manufacture d’idées 2022
    https://www.youtube.com/watch?v=HYhZNv8UA20

    Choisir la forêt : rencontre avec Nastassja Martin - Modérateur : Emmanuel Favre
    Rencontre en avant-première avec Nastassja Martin pour la parution de « À l’est des rêves », à travers lequel l’anthropologue poursuit la mise en récits de la « catastrophe écologique » et nous livre une anthropologie des réponses autochtones du Grand Nord face au délabrement du monde entrainé par la modernité productiviste.

    Ecoutons ce que les Evènes du Kamchatka ont à dire au monde
    https://www.nouvelobs.com/idees/20220820.OBS62202/ecoutons-ce-que-les-evenes-du-kamchatka-ont-a-dire-au-monde.html

    l’anthropologue Nastassja Martin raconte comment une minorité autochtone de la Russie orientale a choisi de retourner vivre dans la forêt. Pour répondre à des crises qui sont aussi les nôtres.

    Quand elle est bien faite, l’anthropologie est une science merveilleuse, qui rend compréhensible l’altérité, fait résonner en nous la plus radicale différence, et nous invite à réfléchir à nos propres manières de vivre et de penser. C’est la conclusion à laquelle on arrive en refermant le livre de Nastassja Martin « A l’est des rêves » (en librairie le 1er septembre), qui marquera sans doute un jalon dans l’histoire de cette discipline, tant il atteint brillamment ces buts.

    Au départ, rien d’évident. La découverte des peuplades lointaines n’exerce plus guère de fascination – et ça n’est pas forcément une mauvaise chose. Or, à première vue, c’est ce que semble nous proposer Nastassja Martin : rencontrer les Evènes, un peuple du Kamtchatka, province orientale de la Russie, en face de l’Alaska. Même pas tous les Evènes, mais une partie d’entre eux – « la minorité d’une minorité », nous dit la chercheuse –, ceux qui ont décidé, quand s’est effondrée l’URSS en 1991, de quitter les kolkhozes où on les avait rassemblés pour renouer avec leur mode de vie traditionnel dans la région d’Itcha.

    C’est intrigant, certes, mais pourquoi s’intéresser à eux en particulier, « qui ne sont qu’une centaine et que les Russes voient comme des pauvres, presque des arriérés, survivant au fond de la forêt »  ? Cette question, on ne se la pose plus à la fin du livre. Tant il est devenu clair que les Evènes ont, selon les mots de Nastassja Martin, « quelque chose à dire au monde ».

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    [film, sans paywall] « Kamtchatka, un hiver en pays Évène » de Nastassja Martin et Mike Magidson.
    https://www.trekmag.com/news-grand-bivouac-kamtchatka-hiver-pays-evene

    « Quand tu vis ici, lui disait sa mère, tu n’as rien à craindre ». Alors quand le système soviétique s’est effondré et sa politique de sédentarisation avec lui, Daria – qui n’a « même pas peur des âmes errantes » – est retournée vivre en forêt avec sa famille. Finis les grands élevages de rennes et les sovkhozes. Juste la chasse et la pêche pour le quotidien. Et de temps à autre, la peau des zibelines vendue très cher à Paris ou Milan pour payer l’essence, le tabac, le sucre et la farine. Dans l’immensité de la péninsule russe du Kamtchatka, l’ « oasis » de Tvaïan résiste. Dans les tempêtes et le grand froid.

    Kamtchatka. Le mot, à lui seul, est déjà un appel. Alors quand on nous invite à entrer dans son intimité, dans la chaleur du foyer et les confidences de ses hôtes...

    #Kamtchatka #anthropologie #écologie #Nastassja_Martin