L’endommagement des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique a des conséquences environnementales : le méthane qui s’en échappe est un gaz à effet de serre particulièrement puissant qui contribue au réchauffement climatique.
L’effet sera moins tangible qu’une marée noire. Mais les conséquences seront bien là pour l’environnement. Si la faune locale devrait être relativement épargnée, les fuites massives détectées ce mardi sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 au large du Danemark sont une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le changement climatique. Les gros tuyaux enfouis sous l’eau renferment du méthane (CH4), gaz à effet de serre redoutable. « Le méthane est un gaz au pouvoir réchauffant 84 à 87 fois plus puissant que le CO2 sur vingt ans », rappelle Anna-Lena Renaud, des Amis de la Terre. Il se dégrade assez rapidement dans l’atmosphère mais au bout d’un siècle, son pouvoir de réchauffement est encore environ 30 fois supérieur à celui du CO2.
Rejets directs dans l’atmosphère
L’armée danoise a publié sur Twitter des photos et vidéos de trois bouillonnements à la surface de la mer Baltique repérés ce mardi. Ces trois jacuzzis géants mesurent de 200 mètres à 1 kilomètre de diamètre. Une vidéo provenant de la même source montre de grosses bulles remonter. Si une partie minime peut se dissoudre dans l’eau, « l’intégralité ou presque du gaz qui s’échappe se retrouve dans l’atmosphère », affirme Thomas Lauvaux, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.
Concernant les quantités relâchées, « seule l’entreprise qui opère le pipeline peut donner un chiffre », estime-t-il, en précisant qu’une fuite classique sur un pipeline terrestre relâche environ 6 à 7 millions de mètres cubes en une journée. Les deux gazoducs endommagés sont majoritairement détenus par le géant russe Gazprom, qui n’a pas communiqué sur les quantités présentes à cet endroit dans les tuyaux. Même à l’arrêt, les pipelines doivent contenir un minimum de gaz pour maintenir la pression.
A quel point cette fuite est-elle une bombe climatique ? « Tout dépend de la taille et de la durée des fuites », répond Anna-Lena Renaud. « La durée de réparation va aussi être variable. Sous l’eau, tout est compliqué. Cela peut prendre des jours, voire des semaines », complète Thomas Lauvaux. Les fuites vont libérer « plusieurs millions de tonnes d’équivalent CO2 dans l’atmosphère », se risque à évaluer Sasha Müller-Kraenner, de l’ONG environnementale allemande DUH cité par l’AFP. Avant de pointer leurs « conséquences dramatiques » en matière de réchauffement climatique.
Ce n’est pas la première fois que des fuites causées par l’industrie des hydrocarbures sont repérées. Début 2022, des chercheurs du CNRS, dont Thomas Lauvaux, associés à la société Kayrros ont cartographié 1 800 panaches de méthane à travers le globe et visibles sur des images satellites, dont les plus émetteurs libèrent 12 milliards de mètres cubes de ce gaz par an. Ces rejets sont provoqués par des opérations de maintenance et des fuites accidentelles qui ont un « impact climatique comparable à celui de la circulation de 20 millions de véhicules pendant un an ». Les chercheurs alertaient alors sur la nécessité de « colmater » ces rejets.
Selon une étude du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, les émissions de méthane ont augmenté de près de 10% sur la dernière décennie et proviennent pour 22% de l’exploitation du pétrole et du gaz. « En 2019, les concentrations de CH4 n’ont jamais été aussi élevées depuis au moins huit cents mille ans », pointait aussi le Giec dans son dernier rapport sur l’état du climat. Dans un communiqué publié en avril, les experts internationaux pour le climat rappelaient que pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, les émissions de méthane devaient être réduites d’un tiers d’ici à 2030. La fuite en mer Baltique ne devrait pas aider.
▻https://www.liberation.fr/environnement/climat/fuites-sur-les-gazoducs-nord-stream-une-bombe-climatique-20220927_LQXE5GU
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Ça ne fait même pas 24 heures qu’ils ont nommé Didier Lallement secrétaire général de la mer, c’est déjà le bordel