#photo & #manifs : En défense du fracassage de caméras
►https://nantes.indymedia.org/articles/34430
... un article qui fait hurler pas mal de photographes... qui n’ont sans doute pas pris le temps de le lire attentivement.
//edit : et une compilation de textes ici : ▻https://seenthis.net/sites/943912
Ceci étant dit, nous ne sommes pas des luddites. Au contraire, nous aimons voir une belle photo et nous ne pouvons nier les qualités séductives des images dans l’ère du spectacle. Il y a des raisons pour lesquelles nous appelons ça du #riot_porn. Nous avons même imprimé et encadré les souvenirs que nous préférons. Nous reconnaissons l’importance de documenter certaines luttes, de répandre le message, de le partager avec nos ami-e-s à l’étranger, d’aider à allumer le feu de la rébellion. Les photos touchent nos ennemis, mais nous touche aussi. Ce n’est pas une critique des caméras en tant que telles, mais d’un usage particulier et dominant :
« Les armes en tant qu’objets inertes n’existent pas. Ce qui existe ce sont les armes en action, c’est-à-dire qui sont utilisées (ou en attente de l’être) dans une perspective donnée... Derrière ces choses il y a toujours l’individu, l’individu qui agit, plannifie, utilise des moyens pour atteindre une fin » (Alfredo Bonanno, Le refus des armes)
Nous avons des ami-e-s en qui nous faisons confiance pour prendre de bonnes photos, mais le mot-clé ici est « confiance ». Nous les considérons comme faisant partie de nos luttes et pensons à eux comme des partisans et des complices dans la guerre sociale. Considérant que tu veux participer à la lutte sociale comme un-e ami-e et que tu t’es dédié-e à la caméra, voici quelques instructions que nous proposons :
1. Contrairement à ce que beaucoup de conseils de photographes-de-manif te diront, ne te rapproche pas.
2. S’il y a des visages dans ta photo, floute-les. Une simple spirale dans Photoshop, ça le fait pas. Nous parlons de brouillage suffisamment efficace pour que la police ne puisse pas inverser le processus.
3. S’il y a des vêtements reconnaissables ou identifiants, floute-les.
4. Si certaines identités persistent (une peau noire dans une manif de « blancs », les quelques personnes non-valides dans une manif à majorité valide, etc.), supprime la photo.
5. Si tu choisis de participer comme spectateur, alors comprend que ta participation est secondaire à celle de celles et ceux qui sont activement engagé-e-s dans le moment de révolte. Cela signifie que tu devrais rester en retrait, même si ça signifie rater la photo du jour.
6. Si possible - et ça l’est la plupart du temps - demande le consentement ou indique que tu prends une photo de façon à ce que nous ayons la possibilité de bouger ou de refuser. Oui, on comprend. On est dans un espace public et tu n’es pas obligé de demander, mais réalise qu’omettre de demander nous rend suspicieux de tes motivations, et nous donnes des raisons supplémentaires de faire valoir notre capacité d’opacité.
7. Ta caméra est une arme. Le tir ami n’est pas acceptable.
8. Tu es un partisan dans la guerre sociale. Implique-toi dans les luttes que tu choisis de documenter. Devraient-elles être documentées ? Dans ce cas, de quelle façon devraient-elles être documentées pour propager leurs capacités ? Deviens un-e camarade et gagne la confiance des gens autour de toi. Exceptés les activistes professionnels, pour la plupart d’entre nous, ce n’est pas une carrière.
9. Photographie la police.
10. Déduis d’autres instructions de l’analyse plus haut.
Jusqu’à ce que la discussion sur la « photo en manifestation » se propage, jusqu’à ce que des instructions comme celles-ci deviennent plus fréquentes, jusqu’à ce que le fardeau soit porté par les photographes et pas par les participants actifs, jusque là...
Ceci est un appel pour que les gens fracassent les caméras. Maintes et maintes fois on nous enlève nos ami-e-s parce que quelqu’un a choisi d’avoir son petit moment de gloire, le chatouillement de voir sa photo de nos putains de visages dans les pages de Vice, l’Evening Standard, le Guardian. Ils choisissent cela plutôt que de se tenir aux côtés de leurs ami-e-s et complices et se battre contre l’État de surveillance qui nous contrôle tou-te-s.
et plus loin une note de la personne qui a traduit l’article :
Cet article, qui a plutôt tourné sur les médias anarchistes anglophones à l’étranger, me paraît être une intéressante contribution à un débat également engagé en France depuis le début du mouvement contre la #loi_Travail (quelques liens plus bas), sur internet mais aussi dans la rue à propos de la prise de photos et de vidéos de personnes réalisant des actions directes. La rapacité des journalistes et free-lance s’accroît, il est temps de s’organiser pour les empêcher de nuire. Par l’obstruction, par le dialogue, comme par la peinture en spray, les brises-vitre, les massettes ou plus simplement le vol ou la projection au sol. Heureusement, quelques habitudes commencent à se prendre…