• Cette poutine n’est pas une poutine, c’est de l’art Alexis Boulianne - Radio Canada

    “J’ai vraiment un background de bouffe, de cuisine ; ce que je fais en art vient directement de cette expérience. J’ai travaillé dans des restos toute ma vie”, raconte Pascale L’Italien, confortablement assise dans son lumineux studio bordant l’autoroute 40.

    Sur la table près d’elle, un bol de pêches, des pattes de crabe, un sac de chips, un emballage de nouilles instantanées. Le premier coup d’œil est trompeur, mais quelques secondes suffisent pour remarquer le lustre de l’époxy, l’irrégularité du papier et la texture de l’argile.


    Avant d’être déposés sur de faux glaçons, ces faux crustacés sont peints et recouverts d’époxy. | Photo : Radio-Canada / Alexis Boulianne

    Ses sculptures sont notamment vendues à des restaurants, comme Umami Ramen, à Montréal, qui lui commandent des représentations des plats offerts au menu. Le reste de la clientèle, c’est toute sorte de gens de partout dans le monde à qui ces faux aliments incongrus rappellent des moments chers ou des émotions. Cette relation entre les aliments et les souvenirs est un moteur puissant pour Pascale.

    Elle a fait ses premiers pas dans le monde de la restauration à l’âge de 14 ans, à faire la plonge dans un resto du Plateau. “Quand tu entres dans ce monde, c’est dur d’en sortir, parce que les gens sont d’une certaine manière, et on dirait que dès que tu en sors, tu es comme le mouton noir un peu partout”, explique-t-elle.

    Parallèlement, elle a toujours entretenu son goût pour la création, au début à travers le dessin, puis tranquillement avec la sculpture. Artiste autodidacte, Pascale s’est toujours laissée guider par ce qu’elle a le plus de plaisir à faire.

    L’art culinaire contre la pandémie
    C’est durant les premiers temps du confinement, en mars 2020, que l’alimentation en tant que thème s’est imposée dans sa pratique artistique. “Tous mes amis sont en restauration, et quand il y a eu la fermeture des restaurants, on ne savait même pas si on allait rouvrir un jour, dit Pascale. L’industrie a été oblitérée.”

    Seule dans son studio, coupée de son cercle social, Pascale s’est tournée vers ce qu’elle savait faire de mieux : la nourriture, mais sous forme artistique. “J’avais l’impression que c’était une manière pour moi de continuer à faire de la bouffe et à prendre des commandes, et de le faire d’une manière plus attentive dans le but d’amener un certain réconfort, souligne-t-elle. De moi-même réaliser à quel point ce monde-là est important pour moi.”


    L’univers de Pascale L’Italien inclut aussi certains incontournables du monde de la restauration, comme un terminal de paiement. | Photo : Radio-Canada / Alexis Boulianne

    Un message d’espoir sous la forme d’un emballage de biscuits Dad’s, d’un grilled cheese au fromage orange, d’une assiette de crudités.

    “C’est vraiment la pandémie qui m’a donné le désir de dire aux gens autour de moi que peut-être que ça va être correct, que la bouffe est encore là, que notre passion est encore là, fait savoir Pascale L’Italien. Je divertissais les gens en attendant que ça rouvre.”

    Et pour ça, quoi de mieux que des aliments qui touchent à l’enfance, aux souvenirs lointains, mais ô combien chers qui nous ramènent à des temps plus doux ? “J’ai fait exprès de rejoindre les gens avec des choses nostalgiques, explique l’artiste. Ce sont des choses qui font dire aux gens : Ah ! Je mangeais ça chez ma grand-mère, c’est donc ben le fun !”

    Se révéler
    Ses aliments nostalgiques, Pascale L’Italien les choisit non pas en puisant dans ses propres souvenirs, mais dans ce qu’elle considère comme un lien commun.

    “D’où je viens, la nourriture était plus fonctionnelle que pour le plaisir. Comme tout le monde, j’ai été élevée avec du pâté chinois et du spaghetti. Mais même quand je travaille à l’atelier, il y a un détachement professionnel. Je le fais plus pour les autres, pour aller trouver ce qui va rejoindre le plus de monde possible”, souligne l’artiste.

    Cette déconnexion entre son art et sa vie personnelle, Pascale a l’intention de la corriger, même si créer des œuvres à partir de ses propres souvenirs et de sa propre nostalgie l’intimide encore. “L’art, montrer ce que je fais, me rend vraiment vulnérable, je pense que c’est pour ça que j’ai un détachement, je ne veux pas me sentir trop vulnérable”, avance Pascale.

    Mais à partir de maintenant, elle travaillera moins sous l’impulsion des autres, même si elle continue de collaborer avec des restaurants, comme elle le fait avec Umami Ramen. “J’ai fait beaucoup de commissions dans la dernière année, mais là, ça s’arrête, parce que je veux voir ce que moi j’ai envie de faire”, dit-elle.

    Dans un futur pas si lointain, elle s’imagine avoir assez d’œuvres pour monter une exposition physique. Et l’intersection entre sa propre vie et l’art en sera le point central.

    Source : https://ici.radio-canada.ca/mordu/4700/pascale-litalien-aliments-art-sculpture

    #poutine #nourriture #art #sculpture #Femme

    • La bouffe canadienne vue par un réfugié ukrainien sur TikTok Carolle-Anne Tremblay-Levasseur Radio Canada

      C’est quand il a découvert TikTok, la poutine et les chips au ketchup qu’Andrian Makhnachov, 19 ans, réfugié ukrainien, a commencé à se plaire à Régina, en Saskatchewan, où il a posé ses valises en mai dernier, après avoir fui la guerre.


      Le réfugié ukrainien Andrian Makhnachov est devenu une véritable vedette sur TikTok en présentant ses découvertes gourmandes. | Photo : CBC / Adam Bent

      Son succès sur TikTok est fulgurant ! Sur l’application, ses vidéos cumulent 4,1 millions de visionnements et son compte détient 181 300 personnes abonnées. Il essaie tout ce qui est populaire chez nous : des Timbits, du Kraft Dinner, du sirop d’érable, des Smarties, des barres Nanaimo (ses préférées)… La liste de ses envies ne fait que s’allonger grâce aux suggestions des internautes. Le jeune homme de 19 ans dévoile ses impressions à la caméra en comparant souvent les aliments aux saveurs de son pays. Lui qui avait perdu l’appétit avec la guerre, il l’a finalement retrouvé grâce à cette communauté virtuelle.

      « À mon arrivée, je trouvais les goûts très étranges, puisque je n’avais rien mangé de similaire. Sur TikTok, les gens me donnaient des recommandations, alors tranquillement, j’ai retrouvé le plaisir de manger. »

      Au printemps 2022, il a pris la décision difficile de s’installer au Canada auprès de son frère, qui y habitait déjà depuis trois ans. Alors étudiant en relations internationales et en communication à Kiev, Andrian a plié bagage, laissant derrière lui son père et ses proches.

      Découvrir le sirop d’érable et la poutine
      L’idée de partager ses découvertes gourmandes s’est rapidement glissée dans son esprit alors qu’il s’étonnait des multiples différences entre l’Ukraine et le Canada. “Je n’avais jamais vu de plats congelés. Dans mon pays, ça n’existe pas !”, explique-t-il. Sa première vidéo virale le montre en train de manger du macaroni accompagné de sirop d’érable. Oui, vous avez bien lu. Les internautes se sont empressés de lui suggérer d’autres options de mets canadiens plus… appétissants.

      Son coup de cœur ? La poutine ! N’en déplaise aux fervents adeptes de cette combinaison de frites, de sauce brune et de fromage, son premier essai a été la version du géant américain McDonald’s. L’équipe de CBC en Saskatchewan a rectifié le tir en l’amenant déguster une poutine authentique dans un resto du coin. Des remerciements sont de mise pour CBC !

      La pizza perogy épicée du Boston Pizza figure parmi ses plats préférés. Les yeux remplis d’étoiles, Andrian note que “le mélange de patates, d’oignons et de crème sure [lui] rappelle l’Ukraine”.

      Les crêpes de pommes de terre ukrainiennes, appelées deruny, le font rêver. Pour l’instant, ce sont toutefois les queues de castor qui figurent au haut de sa liste. Et les sacs de lait ! “Je suis allée à Toronto pour en trouver, et j’en cherche encore”, ajoute-t-il.

      Au-delà des découvertes gourmandes, ce sont les échanges avec les personnes abonnées à son compte TikTok qui remplissent son quotidien. “J’ai commencé à publier pour me distraire de ce qui se passe dans mon pays, se souvient Andrian. Des gens m’écrivent maintenant tous les jours. Ce n’est pas si facile de créer des amitiés au Canada, mais ces internautes me soutiennent et m’enseignent comment vivre ici. Ça m’aide beaucoup.”

      Employé au sein d’une pâtisserie locale, Andrian prévoit également de poursuivre ses études dans une université canadienne. Seul le temps lui dira si un retour en Ukraine sera possible. D’ici là, il élabore le menu qu’il servira à ses proches pour leurs retrouvailles : l’incontournable poutine sera évidemment de la fête.

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      Source : https://ici.radio-canada.ca/mordu/4724/andrian-makhnachov-tiktok-ukraine-canada