Retour sur la tournée africaine du président Macron - OCL

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  • Retour sur la tournée africaine du président Macron - OCL - Organisation Communiste Libertaire
    http://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3355

    L’été dernier, la président #Macron fit sa première tournée africaine (Benin Cameroun, Guinée Bissau) de son nouveau quinquennat afin de s’assurer de la fidélité (ou du moins de la suzeraineté) des potentats locaux. Mais c’était surtout pour tenter de contrer les appétits russes qui essayent conjurer les effets des sanctions économiques depuis la guerre menée en Ukraine en signant (ou renouvelant) des accords de défense.
    Ces accords sont facilités par l’échec actuel de l’opération Barkhane. Présentée comme une opération visant à éradiquer le terrorisme islamique au Sahel, elle a, bien au contraire, permis à celui-ci de progresser, notamment au Mali. Par ailleurs ce pays a connu deux coups d’état militaire. Le dernier coup d’Etat d’une junte qui dit faire rupture avec Paris et se rapprocher plus sérieusement de Moscou, au nom de la lutte contre le terrorisme et des intérêts des populations maliennes. L’exemple malien fait craindre aux autres régimes en place un destin funeste dont il faut à tout prix se prémunir.

    La France ringarde - Survie
    https://survie.org/billets-d-afrique/2022/320-septembre-2022/article/la-france-ringarde

    L’annonce avait fait scandale dans les milieux progressistes africains : Macron allait rendre visite à la tyrannie africaine la plus invétérée dans la corruption, la persécution des opposants, les atteintes aux droits de l’homme, en l’occurrence « au Cameroun de Paul Biya », selon le titre du livre que la journaliste Fanny Pigeaud a consacré à un pays gouverné par la terreur depuis plus de soixante ans sous une dictature inchangée. Le régime camerounais, imposé par une guerre menée par la France contre la résistance nationaliste, n’a jamais connu que la répression pour se maintenir au pouvoir, jusqu’à aujourd’hui avec la guerre menée au NOSO (Nord Est-Sud Ouest) contre les droits de la minorité anglophone. Biya, entré à la Présidence camerounaise en 1962 comme chargé de mission, y a occupé tous les postes avant de supplanter Ahmadou Ahidjo à la tête de l’État en 1982. Il y est toujours aujourd’hui, despote d’un régime clanique appuyé sur la violence armée, la fraude massive, la corruption généralisée. C’est à ce fleuron de la morale politique, que le président français, a rendu une visite, gage de l’amitié fidèle de l’État français. La realpolitik a quand même des limites, ne serait-ce que celle d’un minimum de décence. La conférence de presse des deux présidents (à voir sur le compte twitter de L’Élysée) a été d’un burlesque achevé. Biya, après avoir lu son papier, non sans difficulté - « la guerre en Ukraine avec les destructions et les souffrances qu’elle organise, euh qu’elle occasionne » - n’a rien compris aux questions qui lui étaient posées, qu’il a fallu lui répéter jusqu’à cinq fois. Macron s’y est mis avec la jubilation qu’il montre à enfoncer dans le ridicule un président africain. La comédie des questions des « journalistes » n’a pas manqué de sel. Le représentant de la CRTV, télé d’État camerounaise, a demandé stupidement pourquoi la France fournissait des armes à l’Ukraine plus qu’au #Cameroun. Il fut aisé à Macron de répondre que c’était faux, que la France armait et formait l’armée camerounaise, dont acte. La représentante de France télévision a demandé gentiment à Macron ce qu’il pensait de l’offensive russe en Afrique, ce qui a permis à ce dernier de s’en prendre à la « propagande russe » qui répand des « mensonges » pour attiser le sentiment anti-français et s’emparer des ressources de l’Afrique. Notons que ce thème est également relayé par Anne-Cécile Robert (Monde Diplomatique, septembre 2022, M. Macron trébuche au Cameroun) : « La propagande russe et chinoise, certes mensongère quand elle fait de la France la cause de tous les maux du continent, à commencer par le « mal-développement... », alors que la France, dit-elle, a plaidé constamment pour une « aide au développement ». Qu’on nous explique donc pourquoi, dans un continent globalement au bas de l’échelle de l’indice de développement humain, conséquence indéniable de la colonisation européenne, l’empire français bat tous les records de nullité. Le Cameroun, riche en ressources, est 188ème, derrière le Kenya, moins bien doté, 185ème ; le Ghana et la Côte d’Ivoire, pays jumeaux, sont respectivement 180ème et 209ème et, dans les 5 derniers du classement, il y a 3 pays francophones, Tchad 225ème, Niger 226ème, République centrafricaine 227ème, tandis que le Malawi, le plus pauvre en ressources, réussit à les dépasser à la 210ème place. Il y a donc bien une spécificité française dans l’échec du développement « aidé » dans sa zone d’influence. Comme on a pu le constater il fut étrangement beaucoup question de l’Ukraine dans cette visite de Macron à Yaoundé, mais rien, absolument rien, ne fut précisément dit, ni par les présidents, ni par les journalistes, sur les destructions et les souffrances infligées dans le NOSO, à quelques centaines de km de là, au peuple ambazonien. Quoi ? Qui ça ? Où ça ?

    #françafrique

    • Emmanuel Macron, maître des archives
      https://afriquexxi.info/Emmanuel-Macron-maitre-des-archives

      Au Cameroun et en Algérie, le président français a annoncé coup sur coup la mise en place de commissions mixtes chargées de définir les responsabilités dans les guerres de décolonisation de ces deux pays, notamment en ayant accès aux documents d’archives. Mais que pourront-elles apporter de nouveau par rapport à ce que l’on sait déjà, se demandent de nombreux chercheurs ? Et surtout, que cache cette « historiographie sous contrôle étatique » ?