Grèce et Turquie se rejettent la faute après la découverte de 92 migrants nus à leur frontière

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  • Ninety-two naked migrants rescued at Evros river

    Greek border guards and officers of EU border agency Frontex rescued 92 unclothed migrants from the banks of the river Evros, on the northeastern border with Turkey on Friday, the Citizen Protection Ministry said on Saturday.

    The migrants “had been abandoned completely naked and without any equipment,” the ministry said. After they were rescued, they told the officers of the Border Guard Department they had been transported to Evros by Turkish authorities in three vehicles, where they boarded plastic boats to cross over to the Greek side.

    “Turkey continues to openly instrumentalist migrants, violate human rights, violate International Law,” the ministry said. “While Greece is effectively protecting its borders, showing respect for human life, Turkey continues to ignore not only International Law, but also basic human behavior.”

    https://www.ekathimerini.com/news/1195736/ninety-two-migrants-rescued-in-evros-river

    #limbe #zone_frontalière #île #Evros #asile #migrations #réfugiés #frontières #fleuve_Evros #Turquie #Grèce #Thrace #îlots
    #nudité

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    ajouté à la métaliste sur #métaliste sur des #réfugiés abandonnés sur des #îlots dans la région de l’#Evros, #frontière_terrestre entre la #Grèce et la #Turquie :
    https://seenthis.net/messages/953343

    • Grèce et Turquie se rejettent la faute après la découverte de 92 migrants nus à leur frontière

      Pour la plupart Afghans ou Syriens, ces réfugiés se retrouvent piégés au milieu d’une lutte entre les deux pays qui s’accusent mutuellement de barbarie et de mensonge.

      Quatre-vingt-douze migrants ont été retrouvés nus, et pour certains blessés, vendredi 14 octobre, après avoir été forcés de traverser la rivière Évros depuis la Turquie vers la Grèce. Les autorités grecques ont déclaré dimanche que ces hommes avaient été transportés au-delà de la frontière par trois véhicules de l’armée turque, et qu’ils avaient immédiatement reçu des vêtements, de la nourriture et les premiers soins.

      “Les photos publiées ont choqué à la fois les autorités et le public grec”, s’émeut le site d’information Greek Reporter, qui voit là un “spectacle inhumain sur le traitement des réfugiés par la Turquie.” On aperçoit sur ces photos des hommes jeunes, principalement afghans en plus de quelques Syriens, avançant dénudé dans des fourrés, à la queue leu leu, avant de s’asseoir dans l’herbe. Il s’agit indéniablement, selon Greek Reporter, d’“un acte de provocation” turque.

      “C’est une image inhumaine, un comportement barbare qui évoque le Moyen Age, pas le XXIe siècle”, a déclaré dimanche le ministre de la Protection des citoyens, Takis Theodorikakos, dont les propos sur Skai télévision sont cités par le quotidien athénien de centre droit I Kathimerini. “Il y a une menace quotidienne à Évros, à travers la militarisation barbare des migrants irréguliers par la Turquie, qui créé des problèmes sur tout le long du fleuve”, a accusé le ministre grec, soulignant que son pays avait été renforcé militairement au cours des trois dernières années (depuis que son gouvernement est au pouvoir, donc).

      “Machine à fake news grecque”

      Le journal de gauche Efsyn dénonce lui aussi des “pratiques inacceptables consistant à instrumentaliser la souffrance des réfugiés” et cite le chef du département des Affaires étrangères de l’ancien parti au pouvoir Syriza qui exhorte son pays à porter l’affaire devant les instances internationales : “La Grèce doit immédiatement internationaliser la question des 92 réfugiés de l’Évros, à l’ONU et à l’UE”. Pour Giorgos Katrougalos, “il ne suffit pas de demander à la Turquie d’enquêter sur la question”.

      Ankara, de son côté, nie toute implication dans l’incident. Le principal porte-parole de la présidence turque, Fahrettin Altun, a condamné la “machine à fake news grecque” dans une série de messages Twitter particulièrement virulents. “La Grèce a une fois de plus montré au monde entier qu’elle ne respecte pas la dignité des réfugiés en publiant les photos de ces personnes opprimées qu’elle a expulsées après avoir extorqué leurs biens personnels”, déclare-t-il notamment dans ce communiqué, rapporté par la chaîne de télévision publique TRT World.

      Le média, proche du gouvernement d’Erdogan, estime que “la Grèce mène depuis longtemps une politique illégale de refoulement des demandeurs d’asile qui tentent d’atteindre ses côtes”. Il affirme en outre que des ONG humanitaires “ont fréquemment signalé les refoulements et autres violations des droits de l’homme de la part des autorités grecques qui violent les lois européennes et internationales.”

      “Alimenter le conflit entre ces deux pays”

      Alors que les deux parties se rejettent la faute, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a appelé à une enquête, et s’est dit “profondément affligé par ces informations et images choquantes”, relate la BBC. Le HCR a cependant précisé qu’il n’avait pas encore pu parler directement au groupe – ce qu’il espère pouvoir faire dans les prochains jours.

      La chaîne de télévision britannique note opportunément que cette découverte “intervient quelques jours après la sortie d’un rapport du Bureau anti-fraude européen critiquant certains cadres supérieurs de Frontex [l’Agence européenne des gardes-frontières et des gardes-côtes] pour avoir dissimulé des refoulements illégaux de migrants par la Grèce vers la Turquie – ce qu’Athènes nie”. Frontex affirme de son côté que de telles pratiques de la part de son personnel appartiennent au passé.

      Qu’en est-il réellement ? L’ONG humanitaire Mare Liberum estime, elle, que “dans la région du fleuve Évros, les crimes contre les droits de la personne sont systématiques et commis quotidiennement par la Turquie et par la Grèce”, rapporte Radio-Canada. “Lorsque ces crimes sont discutés publiquement par les membres des gouvernements, cela ne sert qu’à alimenter le conflit entre ces deux pays”, conclu l’ONG.

      https://www.courrierinternational.com/article/cynisme-grece-et-turquie-se-rejettent-la-faute-apres-la-decou

    • Migrants mis à nus : une pratique humiliante mais régulièrement utilisée à la frontière gréco-turque

      La Grèce et la Turquie se rejettent la faute après le sauvetage de 92 migrants retrouvés nus à la frontière par les autorités grecques et Frontex. L’ONU demande une enquête approfondie. Plusieurs cas de mises à nu d’exilés par les garde-frontières grecs et turcs ont été documentés ces dernières années.

      Tête baissée, des dizaines de jeunes hommes, principalement afghans et syriens, avancent dénudés en file indienne dans des fourrés à la frontière gréco-turque. Certains s’agenouillent dans l’herbe. Ils tentent de dissimuler leurs parties génitales avec leurs mains.

      Cette image dégradante, bien que les visages soient floutés, a été partagée par le ministre grec des Migrations grec, Notis Mitarachi, en personne sur Twitter pour qualifier l’incident de « honte pour la civilisation ».

      Les 92 migrants que montre cette image ont été retrouvés nus, certains avec des « blessures visibles », par les autorités grecques appuyées par Frontex, vendredi 15 octobre. Athènes assure que ces hommes ont été forcés de traverser l’Evros, le fleuve séparant la Turquie de la Grèce.

      Selon les autorités grecques, les migrants ont déclaré à la police et aux agents de Frontex avoir été contraints par les autorités turques de monter à bord de trois véhicules qui les ont conduits à la frontière. Ils auraient dit avoir été forcés de se déshabiller avant de monter à bord. Des informations qu’InfoMigrants n’a pas été en mesure de vérifier par d’autres sources.

      Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), profondément « choqué » par le traitement « cruel et dégradant » infligé aux 92 migrants retrouvés nus, a demandé une « enquête complète sur cet incident ». L’agence onusienne a indiqué à InfoMigrants ne pas encore avoir été en mesure de parler directement au groupe de migrants, mais espère pouvoir le faire dans les prochains jours, lorsque ces personnes seront transférées vers le centre d’accueil et d’identification de Fylakio, située à la frontière nord de la Grèce.

      Contacté par InfoMigrants, Frontex déclare, de son côté, avoir informé le responsable des droits fondamentaux de l’agence d’une violation potentielle des droits de ces migrants.
      Des cas de mise à nu répétés

      La Grèce, qui accuse la Turquie d’être à l’origine de ce refoulement de migrants, a qualifié l’incident d’ « inhumain », tout en reprochant à Ankara d’"instrumentaliser l’immigration illégale". Or la Turquie dément toute implication dans les traitements dégradants infligés à ces réfugiés.

      Dans une série de messages particulièrement virulents sur Twitter, la présidence turque a renvoyé la balle sur son voisin grec qu’elle accuse à son tour de comportement « inhumain ». « Par ces menées ridicules, la Grèce montre une fois de plus au monde entier qu’elle ne respecte même pas la dignité des peuples opprimés, publiant les photos des réfugiés qu’elle a déportés après les avoir dépouillés de leurs effets personnels », a notamment écrit le directeur de la communication de la Présidence turque, Fahrettin Altun.

      En juin 2021, les autorités turques avaient fait de même, partageant une photo d’un petit groupe de migrants totalement nus. D’après eux, ces hommes avaient été arrêtés en Grèce, battus, déshabillés, privés d’eau et de nourriture, et renvoyés de force de l’autre côté de la frontière.

      Alors que Grèce et Turquie se rejettent la faute, les deux pays sont régulièrement montrés du doigt par les ONG et différentes enquêtes journalistiques, pour des refoulements illégaux et violents de migrants. Réagissant à l’incident, dimanche, l’ONG Mare Liberum a estimé que « dans la région de l’Evros, les crimes contre les droits de l’Homme sont systématiques et commis quotidiennement par la Turquie et la Grèce ».

      « Les pushback sont rarement dénués de violence et de traitements inhumains. Les mises à nu sont malheureusement très régulières », confie à InfoMigrants Domitille Nicolet, coordinatrice et avocate de l’association Equal legal aid (Ela), basée à Thessalonique.

      De multiples cas de migrants dont les vêtements ont été confisqués ont été recensés à la frontière gréco-turque. Un rapport de Border Violence Monitoring Network (BVMN) datant de 2020, accable tout particulièrement la Grèce. D’après ce document, les garde-frontières grecs ont recourt à des traitements dégradants et violents lors des refoulements illégaux. Quelque 89 % des récits récoltés par cette ONG mentionnent des coups injustifiés et 44 % des mises à nu de migrants. Des « déshabillages de masse, avec jusqu’à 120 personnes enfermées dans le même espace de détention » sont aussi monnaie courante.

      En décembre 2021, c’est un interprète afghan de l’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, qui a été agressé par les autorités grecques. Les garde-frontières européens l’avaient pris pour un migrant. Après son arrestation, il a été déshabillé de force et contraint de monter dans un canot sur la rivière Evros, direction la Turquie.
      Des « pushback » à la multiplication des morts

      Outre les cas de violences verbales et physiques, le simple fait de reconduire les migrants à la frontière sans enregistrer leur demande d’asile est illégal. InfoMigrants, qui s’était rendu en octobre 2021 à la frontière greco-turque, avait récolté le témoignage d’un ex-policier grec attestant de ces pratiques. Il avait déclaré avoir lui-même renvoyé près de 2 000 personnes vers la Turquie. « Régulièrement, mes collègues m’appelaient pour me prévenir qu’ils allaient venir avec des migrants. Ils étaient généralement rassemblés par groupe de 10 environ. Mon rôle était simple : je les faisais monter sur mon bateau, souvent à la tombée de la nuit et je les ramenais vers les côtes turques », avait-il raconté.

      Cette même politique - couplée à une forte militarisation de la frontière - occasionne, aussi, des morts. À Alexandropoulis, près de la frontière turque, un médecin-légiste se charge de redonner une identité aux corps retrouvés dans la région de l’Evros. Ces 20 dernières années, il dit avoir autopsié 500 personnes.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/44055/migrants-mis-a-nus--une-pratique-humiliante-mais-regulierement-utilise
      #humiliation