Les extraits du nouveau livre de Bob Dylan : « Les guerres ont toujours un parfum de futilité machiste »
Avec les progrès de la civilisation, la distance a augmenté entre le belligérant et son ennemi – on est passé du sabre aux armes à feu, puis aux bombes et à toutes sortes de machines mortelles à longue portée. La puissance permet de s’éloigner des combats. Les mieux armés s’emmaillotent dans leur peignoir pendant que d’anonymes soldats perpétuent des massacres à l’autre bout du monde. Le « déni plausible », notion chère au droit américain, permet aux premiers de dormir sur leurs deux oreilles, en toute arrogance, et leur prétendue ignorance de se laver les mains de ce qui est commis.
Dans une séquence du documentaire Brumes de guerre, l’ancien secrétaire d’Etat à la Défense Robert McNamara évoque la décision prise avec le général Curtis LeMay d’incendier soixante-sept villes du Japon pendant la seconde guerre mondiale, avant les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. En une seule nuit, cent mille hommes, femmes et enfants sont morts brûlés à Tokyo sur sa recommandation. Ce qui pousse LeMay à reconnaître : « Si nous avions perdu, nous aurions été poursuivis en tant que criminels de guerre. » Jusqu’à la fin de ses jours, McNamara s’est débattu avec cette question : « Pourquoi la morale est-elle de votre côté si vous gagnez, mais pas si vous perdez ? »
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