• Israël : vers une nouvelle théocratie au Proche-Orient ?
    René Backmann | 2 novembre 2022 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/021122/israel-vers-une-nouvelle-theocratie-au-proche-orient

    (...) Il est ainsi allé jusqu’à inviter dans sa coalition des personnages aussi encombrants que Itamar Ben Gvir, chef du parti d’extrême droite « Sionisme religieux », rabbin de choc et héritier de feu Meir Kahane, fondateur du mouvement raciste suprémaciste juif Kach (interdit en Israël depuis 1994). Partisan de l’expulsion de tous les Palestiniens, qu’ils soient des Territoires occupés ou d’Israël, Ben Gvir qui rêve de « mettre dehors tous ceux qui traitent nos soldats de criminels » ou qui « cherchent à nuire à l’État d’Israël » pourrait même obtenir, si Netanyahou redevient premier ministre, le portefeuille de ministre de l’intérieur ou de la sécurité.

    Quant au colon extrémiste Bezalel Smotrich, allié de Ben Gvir, il se déclare prêt à limoger le procureur général, à faire voter une loi donnant à la Knesset le pouvoir de casser les jugements de la Cour suprême, à persécuter les journalistes, la gauche, les Arabes, les homosexuels…

    Forts du glissement continu vers la droite de la société israélienne, assurés du soutien d’une armée au sein de laquelle le poids des religieux ne cesse de croître, au point que son prochain chef d’état-major sera probablement, en janvier, pour la première fois un juif orthodoxe, « Bibi » et son clan, après avoir écarté des centristes incapables de proposer un véritable changement et balayé ce qu’il restait d’une gauche exsangue, sans idées ni courage, vont-ils vraiment choisir la voie du régime « illibéral » vers lequel ils penchent ? Ou reprendre, avec les monarchies sunnites de la région, les marchandages géopolitiques mafieux amorcés sous Trump ?

    Une chose est sûre, sortis de l’histoire depuis trop longtemps, les Palestiniens seront, une fois encore les perdants. « Israël est à la veille d’une révolution religieuse, autoritaire, d’extrême droite dont le but est de détruire les infrastructures de la démocratie, estimait mercredi matin l’éditorial de Haaretz. C’est un jour noir dans l’histoire de ce pays. »