Géolocalisation des enfants : une nouvelle forme de surveillance parentale
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Une confiance mise à l’épreuve
Dans ce contexte, le recours à la géolocalisation n’est pas sans conséquence dans les relations intrafamiliales. Par exemple, depuis qu’il a appris qu’il était géolocalisé, Xavier déclare que cet épisode a profondément bouleversé la confiance réciproque entre son père et lui. La rupture s’est effectuée de part et d’autre, car en apportant la preuve que l’adolescent mentait sur ses déplacements, le dispositif a selon lui mis en avant que son père doutait de lui : « si tu n’as pas un doute, tu ne vas pas chercher à installer un truc comme ça ».
Julie et Océane ressentent également « un manque de confiance ». Les jeunes filles insistent sur leur âge (15 et 16 ans respectivement), ce qui pourrait montrer qu’elles perçoivent dans cette surveillance parentale une certaine infantilisation.
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Cette tension dans le recours ou non à l’outil peut se situer du côté des parents, notamment dans le cas d’une garde partagée : « J’en ai déjà parlé plusieurs fois avec mon ex-femme, elle a sa façon de faire avec les filles, moi j’ai la mienne, on n’a pas la même vision dans ce domaine », explique Mohamed. Le père de famille argumente sur la source de ce désaccord : « La confiance, c’est important, si on flique ses enfants, il n’y a pas de confiance. Et s’il n’y a pas de confiance entre un père et son fils, ce n’est vraiment pas bon ». La géolocalisation des proches met donc en lumière une pluralité d’asymétries entre les individus, selon qu’ils soient à l’origine du traçage ou qu’ils en fassent l’objet.
La possibilité de surveiller sans être surveillé, la difficulté de se déconnecter sans que le surveillant n’en soit notifié ou encore la prévalence de la donnée sur le discours du surveillé jouent un rôle dans l’amplification du déséquilibre entre des parents de mieux en mieux informés, et leurs enfants qui doivent composer avec des vérifications de présence et d’activité de plus en plus nombreuses.
Alors que l’encadrement des activités numériques des jeunes restait spatialement limité au seul domicile (consultation de l’historique web, vérification a posteriori des photos prises, des applications installées, etc.), le suivi géographique questionne directement l’apprentissage des mobilités juvéniles non accompagnées et pourrait donc apparaître comme une entrave à l’autonomie des adolescents, en plus d’être l’objet de tensions dans les relations parentales et filiales.
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