Le président du Pérou est destitué, la vice-présidente désignée à sa place

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  • Le président du Pérou est destitué, la vice-présidente désignée à sa place | Mediapart | 08.12.22

    https://www.mediapart.fr/journal/international/081222/le-president-du-perou-est-destitue-la-vice-presidente-designee-sa-place

    Un an et demi après son élection, Pedro Castillo a été arrêté par la police, accusé d’avoir voulu mener un coup d’État. Il est remplacé par la vice-présidente Dina Boluarte, première femme à ce poste depuis l’indépendance du Pérou il y a plus de 200 ans. 

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      Lima (Pérou).– Le Pérou a vécu, mercredi 7 décembre, un nouvel épisode de son instabilité politique avec la destitution du président Pedro Castillo, accusé de vouloir mener un coup d’État, et son remplacement par la vice-présidente Dina Boluarte.

      Tout a commencé par un discours de Pedro Castillo. Faisant face à des enquêtes pour corruption, il espérait reprendre l’initiative en annonçant vouloir dissoudre le Congrès et décréter un « gouvernement d’exception ». 

      Castillo avait également indiqué qu’il convoquerait rapidement des élections pour former un nouveau Congrès avec la capacité d’élaborer une nouvelle Constitution dans un délai ne dépassant pas neuf mois. Il avait aussi annoncé mercredi l’instauration d’un couvre-feu entre 22 heures et 4 heures du matin.

      La manœuvre politique avait été vite dénoncée par l’ensemble du spectre politique et aussi à l’étranger, plusieurs médias évoquant un « coup d’État » et une dissolution rappelant « l’auto-coup d’État » effectué par l’ex-président Alberto Fujimori en avril 1992. Plusieurs politiciens avaient également annoncé leur démission en guise de protestation.

      Dans un communiqué conjoint, les forces armées et la police nationale du Pérou avaient elles aussi rapidement rejeté la dissolution du Congrès, soutenant qu’elle était contraire à l’ordre constitutionnel établi.

      « Je rejette la décision de Pedro Castillo de perpétrer la fracture de l’ordre constitutionnel avec la fermeture du Congrès. Il s’agit d’un coup d’État qui aggrave la crise politique et institutionnelle que la société péruvienne devra surmonter en respectant la loi », dénonçait sur Twitter Dina Boluarte, la vice-présidente.

      La situation s’est donc retournée en quelques heures contre Pedro Castillo, objet d’une procédure de destitution pour la troisième fois depuis son élection en juin 2021. Le Congrès a ainsi voté à 101 voix « pour » sur 130 parlementaires en faveur de la destitution du président pour « incapacité morale ». Il a été arrêté quelques instants plus tard par la police, selon plusieurs médias péruviens.

      Le pouvoir ayant été retiré des mains du chef de l’État, un an et demi après son élection, sa vice-présidente, Dina Boluarte, a été désignée comme nouvelle présidente mercredi après-midi. Première femme à la tête du Pérou depuis son indépendance en 1821, l’avocate de 60 ans a assuré dans son discours d’intronisation être consciente de « l’énorme responsabilité » que représente son poste.

      La femme politique, exclue en janvier dernier du parti Pérou Libre (Perú Libre) d’inspiration marxiste, et qui assumera en principe la présidence jusqu’en juillet 2026, a lancé un appel au « dialogue » entre toutes les forces politiques.

      Avec la chute de Pedro Castillo, Dina Boluarte devient ainsi la sixième présidente du pays andin depuis 2016. Durant sa présidence, Castillo, ancien maître d’école, a fait face à diverses accusations de corruption, qui impliquaient aussi des membres de sa famille et lui-même. Il y a quelques semaines, il a notamment été accusé d’être le leader d’une organisation criminelle pour s’enrichir par le bias de contrats publics et de vouloir empêcher des enquêtes.

      Par le passé, d’autres présidents ont fait face à un processus de destitution pour incapacité morale permanente : Pedro Pablo Kuczynski, élu en 2016, avait démissionné deux ans plus tard avant d’être soumis à un vote de destitution. Il avait été remplacé par Martín Vizcarra, qui avait lui aussi été destitué de son poste en 2020. 

      Manuel Merino avait ensuite assumé la présidence pendant seulement cinq jours, suivi par Francisco Sagasti, lequel avait présidé jusqu’à l’élection de Pedro Castillo.