La jeune fille et l’innocent, histoire d’une accusation de viol qui a duré près de vingt ans

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    • Une histoire de faux viol qui en cachait un vrai, et un vrai bien plus courant que par un inconnu lointain dans la rue, mais dans la famille…

      La vérité est la suivante : j’ai été victime d’incestes répétés de la part de ce grand frère, entre mes 8 et 12 ans. Je n’ai pas réussi à rétablir la vérité auprès de mes parents, les gendarmes et la justice à l’époque, étant enfermée dans mon propre mensonge et coincée dans l’emprise du secret familial. Je me sens honteuse et coupable vis-à-vis de Farid E. Il ne méritait pas cela. J’ai mis de longues années à sortir de ce déni. Je ne peux malheureusement pas revenir en arrière. J’assumerai les conséquences de mes actes. Je me tiens à votre disposition.

    • La cour de révision annule la condamnation pour viol de Farid El Haïry, qui devient le douzième réhabilité de la Vᵉ République
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/12/15/la-cour-de-revision-annule-la-condamnation-pour-viol-de-farid-el-hairy-qui-d

      A 17 ans, Farid El Haïry était déscolarisé, traînait une mauvaise réputation de bagarreur et de petit délinquant. Son père, marocain, était ouvrier, sa mère, française, employée d’école. L’un de ses frères était connu de la police et de la justice. Les parents de Julie D., eux, dirigeaient une entreprise familiale qui employait une cinquantaine de salariés, ses deux frères aînés faisaient des études supérieures. De cela, également, la justice et pas seulement elle doivent apprendre.

      Cette affaire pose aussi d’autres questions. Farid El Haïry a été condamné par la cour d’assises des mineurs en 2003 à cinq ans d’emprisonnement, dont quatre ans et deux mois avec sursis, une peine qui couvrait sa détention provisoire. Soit les juges et les jurés de l’époque ont fait preuve d’une étonnante bienveillance, en décidant de ne pas accabler un jeune homme à l’aube de sa vie d’adulte, en dépit des faits très graves dont ils l’avaient déclaré coupable. Soit ils ont douté, et ont enfoui leur trouble sous une peine légère, avec l’espoir qu’il ne ferait pas appel, ce qui s’est produit, au mépris du principe selon lequel le doute doit bénéficier à l’accusé.

      Une procédure d’indemnisation va être lancée

      Enfin, comment ne pas s’interroger sur une institution judiciaire qui, pendant un an, a laissé sans réponse la lettre circonstanciée adressée en 2017 par Julie D. au procureur de la République de Douai, dans laquelle elle expliquait avoir fait condamner à tort un innocent ? Comment justifier qu’il lui ait fallu envoyer une deuxième lettre, pleine de désarroi, en 2018, pour qu’une enquête soit diligentée ?

      on a malheureusement droit aussi au couplet conventionnel relativisant la parole des agressées