• Archéologie : à Toulouse, le rêve de fouiller la tombe d’un roi Wisigoth - ladepeche.fr
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    En Occitanie, l’étude scientifique des sépultures et de leurs morts a permis aux archéologues, anthropologues et historiens des avancées considérables dans la connaissance du passé. La nécropole gallo-romaine surgie aux portes de Narbonne et fouillée par l’Inrap en 2019 a ainsi été une découverte majeure. L’exceptionnel état de conservation des presque 300 tombes repérées sur le millier que contiendrait le site comme la diversité des structures funéraires en font même « un cas unique » pour les spécialistes.

    « La nécropole de Narbonne apparaît d’ores et déjà comme la référence pour l’étude des pratiques funéraires en Gaule romaine, mais aussi pour la connaissance de la plèbe dans l’Antiquité » , souligne ainsi l’Inrap dont les fouilles ont permis d’apprendre beaucoup sur les habitants les plus modestes de l’époque, les esclaves, les affranchis et notamment sur la prospérité de cette capitale de la Narbonnaise qui était l’un des plus grands ports de la Méditerranée occidentale.

    Concernant la fin de l’Antiquité et le Haut Moyen-Âge ? À une trentaine de kilomètres de Toulouse le cimetière disparu du Mouraut, au Vernet, également fouillé par l’Inrap en 2005, a lui aussi révélé « un site d’importance nationale », rappelait en mars 2021 à La Dépêche l’archéologue Didier Paya. Conduit sur 305 sépultures allant du Ve au Xe siècle, le chantier a lui aussi permis une « découverte majeure ». Creusées après la chute de Rome, ces tombes dévidaient en effet un précieux fil d’Ariane sur la période mal connue des « Grandes Invasions ». Des Gallo-romains aux Carolingiens en passant par les Mérovingiens, il y avait aussi là des Alano-Sarmates, souvent présents avec les Wisigoths et sept crânes déformés avec des boucles d’oreilles en croissant de lune, typiques des… Huns. Parlant des Wisigoths qui régnèrent sur la région de 418 à 507/508…

    La récente exposition au musée Saint-Raymond « Wisigoths, Rois de Toulouse » a présenté aussi l’exceptionnel sarcophage de la « Dame de Seysses ». « Et de belles découvertes restent à faire », confie l’anthropologue Éric Crubézy, l’œil gourmand. « Mon rêve, ce serait de fouiller la tombe d’un roi wisigoth à Toulouse », ajoute-t-il. Et un rêve pas forcément fou… Lors de la fouille ayant précédé la construction de la Toulouse School of Economics, les archéologues toulousains ont en effet trouvé « les bases d’un carré qui correspond vraisemblablement à un enclos funéraire, orienté de la même façon que l’église ancienne de Saint-Pierre des Cuisines, en plein quartier wisigothique. Or un enclos funéraire à cet endroit, c’est vraisemblablement un roi wisigoth. On a la situation, reste à chercher… » , sourit le scientifique.