« Vingt ans après l’invasion de l’Irak, la guerre est dans toutes les têtes, et tout le monde vient de Mars »
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C’était il y a vingt ans. A la veille de l’invasion de l’Irak par les troupes des Etats-Unis, le prolifique géopoliticien Robert Kagan publiait un livre retentissant inspiré par un article écrit quelques mois plus tôt par la revue du cercle de réflexion conservateur américain Heritage Foundation. Il y faisait le constat d’une fracture qu’il redoutait irrémédiable entre les deux rives de l’Atlantique, saisie par une formule volontairement caricaturale promise à la postérité : les Américains venaient de Mars, assurait-il, et les Européens de Vénus.
Les premiers considéraient la guerre comme contingente de la puissance, alors que les seconds s’en remettaient aux liens du commerce et aux règlements internationaux pour chasser le conflit armé de la grammaire des relations internationales. Ces derniers rêvaient de la paix perpétuelle inspirée par Emmanuel Kant, quand les autres s’en tenaient froidement à leur vision hobbesienne d’un monde naturellement anarchique où un ordre libéral, dans le sens anglo-saxon, ne pouvait être garanti en dernier recours que par la force militaire.
Vingt ans plus tard, la guerre est dans toutes les têtes, et tout le monde vient de Mars.