Il y eut donc des rencontres, des actions nocturnes, des sabotages inédits, des nuits de folles discussions, des dérives à ne plus jamais dormir, des textes et encore des textes, des tracts, des banlieues, des livres qui n’étaient jamais payés, et pas que des livres certes, et encore d’autres rencontres, au petit matin, au bord du fleuve aussi, ou de loin des esquisses.
Parmi nous la jeunesse, et des anciens, on se relaie. Certains ont connu, fréquenté, croisé, approché, correspondu avec des noms connus dans le milieu de la radicalité. Nous n’en citerons qu’un, dont l’élégance non feinte, toute en existentialité – rayonnait : Jaime Semprun.
C’est vrai qu’il était radical, mais vaste et sans œillères. Nous avons jardiné ensemble, et longuement discuté : de l’emprise technologique, des spiritualités, du rap, de l’écriture… Il était intransigeant et souple en même temps – c’est plus que rare dans ce milieu. Il n’appartenait pas au spectacle de la radicalité, ce qui est encore plus rare. Rien de rigide, de mécanique, pas de facilités, de bassesses, rien d’inquisitorial : noble.
C’est exactement ce qu’il faut.
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