Jours de famine et de détresse/Texte entier

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  • Neel Doff, Keetje Tippel (Jours de famine et de détresse #1911)
    https://fr.m.wikisource.org/wiki/Jours_de_famine_et_de_d%C3%A9tresse/Texte_entier

    Amsterdam 1869 - 1871

    Über den Unterschied zwischen Mietkutschern, modernen Arbeitern, und Privatkutschern, abhängigen Domestiken

    La première fois qu’il monta sur le siège d’un fiacre, il fut honteux comme d’une déchéance, mais plus tard il en jugeait autrement, et disait que les cochers de fiacre étaient des ouvriers, tandis que les cochers de maître étaient des domestiques.

    Abeitsbedingungen: keine Schutzkleidung, aufgebrochene trockene Haut

    Ce bon fauteuil en paille, si père l’avait le soir pour se reposer, comme il y serait bien, appuyé contre le dossier, une chaufferette aux pieds pour sécher ses bas ! Car il souffre beaucoup, père, quand, par ce temps, il doit nettoyer les voitures en plein air : ses mains sont gonflées comme des pelotes, et de grandes crevasses le torturent la nuit, au point de l’empêcher de dormir.

    Abeitsbedingungen: Abhängigkeit von Trinkfeldern, Basislohn zahlt kaum Miete der Unterkunft

    Quel froid ! Quel froid ! On ne m’a pas laissé faire une seule course, aujourd’hui : j’ai dû, toute la journée, nettoyer des voitures à la rue, par cette température. Les cochons ! ils savent bien cependant que, quand je ne reçois pas de pourboires, nous sommes sans pain : ce n’est pas avec leurs trois florins par semaine que je puis entretenir un ménage de neuf enfants.

    Folgen des verfestigten Elends: Verlust der Empathie und aller sozialen Maßstäbe, Akzeptanz jeglicher Lebensbedingungen, Unfähigkeit zu Empöhrung oder Auflehnung

    Croyant que c’était la police, je m’étais jetée, terrifiée, contre le géant, ce qui le mit encore en joie. Il m’entoura de ses bras, et riant doucement, murmura :

    -- Allons, petite ! Allons, petite !

    Comme j’étais bien sur cette immense poitrine ! Pour la première fois de ma vie, je me sentis protégée. Tous les sbires de la ville n’auraient pu dénouer les bras qui m’enserraient : il leur aurait dit, amusé :

    -- Voyons, c’est une petite, une petite.

    Une fois dans la rue, je galopai vers ma mère. Nous achetâmes de pauvres vivres, et, dès le bas de l’escalier, nous criâmes aux enfants :

    -- Nous avons du pain ! nous avons du pain !

    Au bout de quelques jours, notre ménage marcha régulièrement, comme jamais il n’avait marché. Les enfants mangeaient aux heures, étaient lavés, allaient à l’école ; ma mère vaquait au ménage ; mon père ne buvait plus : il faisait le café et pelait les pommes de terre. Seule, je rageais et pleurais, accroupie sur le vieux canapé qui me servait de lit.

    La simplicité avec laquelle mes parents s’adaptaient à cette situation, me les faisait prendre en une aversion qui croissait chaque jour. Ils en étaient arrivés à oublier que moi, la plus jolie de la nichée, je me prostituais tous les soirs aux passants. Sans doute, il n’y avait d’autre moyen pour nous de ne pas mourir de faim, mais je me refusais à admettre que ce moyen fût accepté sans la révolte et les imprécations qui, nuit et jour, me secouaient.

    J’étais trop jeune pour comprendre que, chez eux, la misère avait achevé son œuvre, tandis que j’avais toute ma jeunesse et toute ma vigueur pour me cabrer devant le sort.

    #Kutscher #Armut #Arbeiterklasse

  • Neel Doff
    https://www.partage-noir.fr/neel-doff-1263

    ❝En 1930, dans son Nouvel Age littéraire, Poulaille écrivait : #Neel_Doff est l’écrivain qui a su le mieux montrer la misère dans son absolue nudité, dans toutes ses horreurs morales et physiques. Nulle œuvre n’est plus authentique de ton que la sienne. (...) Chez Neel Doff, c’est instinct pur. Un livre comme Jours de famine et de détresse est un document inouï. (...) On n’analyse pas l’art d’une Neel Doff, on le sent et on l’admire, ou l’on ne le sent point et l’on hausse les épaules. C’est une question (...) Itinéraire - Une vie, une_pensée n°12 : « Henry Poulaille »


    #Henry_Poulaille
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/itineraire_poulaille2.pdf