Précaire : un métier ! - OCL

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  • Précaire : un métier ! - OCL - Organisation Communiste Libertaire
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    Initiée dans les années 80, l’évolution vers le plein-emploi précaire se poursuit à marche forcée. Mais si l’ampleur des attaques que nous subissons ces dernières années est assez extraordinaire par son rythme et sa violence elle ne doit pas masquer sa teneur nouvelle. L’heure est venue, il faut bien le constater, aux changements de paradigmes (retraites, Revenu Universel d’Activité) et à l’accentuation du flicage. Petite revue du front de guerre (sociale) aux marges grandissantes du salariat.

    .... Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée : « Mourir, la belle affaire ! Mais vieillir… ? » sur le marché de l’emploi ...
    Les « seniors », cette catégorie de bientôt-vieux employables (et déjà bien usés déjà par le chagrin), particulièrement touchés par cette réforme d’automne de l’ARE, avaient déjà leur compte -comme bien d’autres- avec le projet des TZCLD (les plus de 50 ans représentaient en 2021 un gros tiers de cette catégorie qui concerne 700000 personnes).
    L’escroquerie (le dispositif) initiée dans 10 territoires en 2017 et élargie depuis (objectif : 200), si elle continue de se généraliser, constituera bien l’accomplissement victorieux et une tête de pont incontournable de la grande entreprise moderne du précariat total. Car là où les initiateurs du projet tels qu’ATD Quart Monde ont semé la culpabilité d’avoir à bénéficier des subsides de la nation (dépenses sociales versées comme l’aide personnalisée au logement (APL), le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation aux adultes handicapés (AAH)…, dépenses liées à l’emploi comme l’allocation de solidarité spécifique (ASS), la formation professionnelle ou l’accompagnement…) ne poussent évidemment que les fruits acides    et attendus du néolibéralisme : concurrence directe sur le marché de l’emploi, flexibilité (lire polyvalence imposée et mortifère), dégradation violente des conditions formelles (absence de conventions collectives) et pratiques (blocage du salaire au minimum, formations hypocrites et sabrées).
    Le futur proche pour le plus grand nombre peut dorénavant se lire dans le fonctionnement juridique et pécuniaire des établissements et services d’aide par le travail (ESAT) ce qui, convenons-en, n’est sans doute pas la meilleure raison d’établir une jonction. Ils ont pourtant tellement à nous apprendre...

    Haro sur le #RUA (revenu universel d’activité), bientôt ex-futur RSA. Déjà 19 départements pilotes !
    Le travail gratuit existe déjà partout et souvent (comme elle doit être monstrueuse la somme des minutes et des heures supplémentaires non payées, mendiées, arrachées, consenties bon gré mal gré aux patrons et autres chefs d’atelier), mais pas encore de manière institutionnalisée. Or depuis que Macron s’est mis généreusement en tête lors de son précédent mandat de lutter contre la pauvreté, et qu’il insiste, pérorant régulièrement sur les droits ET le devoirs des allocataires du RSA (entre autres), il se pourrait que ce serpent de mer qui a commencé de montrer le bout de ses nageoires finisse par émerger bel et bien.

    Nous parlions plus haut avec l’ARE de changement de paradigme ; si comme prévu et ainsi qu’il est déjà expérimenté dans plusieurs départements les allocataires du RSA voient son versement conditionné à l’acceptation d’« offres d’activités » jugées « raisonnables » par l’administration, à des heures de travail hebdomadaires bénévole (forcé), dans et pour une démarche d’ « insertion par l’emploi », alors le travail obligatoire et gratuit sera officiellement institué.
    « Il y aura, dans cette réforme, l’obligation de consacrer quinze à vingt heures par semaine à une activité permettant d’aller vers l’insertion professionnelle, soit de formation en insertion, soit d’emploi » E.Macron
    Il est à noter que, réforme ou pas, les radiations du chômage à prévoir, consécutives aux attaques que cette allocation subit, vont venir faire grossir le nombre de demandes de RSA-RUA et donc a priori rogner sur les budgets des minimas sociaux qu’il n’est pas prévu d’augmenter. Le risque est bien pour les allocataires de devoir se partager des miettes à plus nombreux, étouffés seulement par la honte d’être des mauvais sujets.
    Rappelons aussi ici que la majorité des aides actuelles, avec l’efficacité qu’on leur connaît, sont liées à un niveau de vulnérabilité (Allocation aux adultes handicapés AAH, Allocation supplémentaire d’invalidité ASI), ou de ressources (APL). Car un    risque supplémentaire pointe son nez, inhérent à l’avènement du RUA : la potentielle fusion de l’ensemble des minima sociaux au prétexte de « simplification » : certaines aides comme les APL ou l’AAH, en étant intégrées au RUA, risqueraient de devenir elles aussi conditionnées à une démarche d’insertion. Outre Manche le crédit universel britannique fonctionne depuis 10 ans sur ce modèle et ses conséquences y sont proprement désastreuses.
    Mais rien n’est sûr of course, en tout cas    pas grand-chose n’est acté, si ce n’est la volonté tenace maintes fois assénée, l’expérimentation en cours, les 19 départements candidats, et quand même une belle totalité de jean-foutre au parlement prompte à encenser très hypocritement la valeur-travail (les communistes du dit parti n’ont jamais craché dessus et La France Insoumise n’avait pas déjà pas trop rechigné à voter le TZCLD).
    Peut-être que RMI et RSA ont fait long feu, et avec eux alors les niches où étaient tolérés    les contournements et les petits « jeux » que certains d’entre les allocataires les plus débrouillards pratiquaient par nécessité, signant les uns derrière les autres des contrats d’insertions foireux, errant péniblement de conseillers en radiations en spécialistes du CV, et surtout alimentant de fait l’énorme business de l’insertion, celui qui fait vivre hypocritement tant de salariés plus ou moins compétents et impuissants, celui qui s’appuie sur les registres de la culpabilité et sur les argumentations fallacieuses autour des questions de rentabilité ou de charges, celui qui fait se tenir droites dans leurs bottes les vocations sociales. Mais peut-être pas. L’avenir proche (le calendrier ministériel des 49.3) nous en dira plus, même si on peut prédire sans trop se tromper qu’après le mix énergétique on nous vendra le mix allocation, et qu’évidemment demain autant qu’hier il ne fera pas bon d’être pauvre.

    #plein-emploi_précaire#droit_au_chômage #contrôle #retraites