Coup d’État au Niger : à quel point la France dépend-elle de l’uranium nigérien ?
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Après le coup d’État au Niger mercredi dernier, les putschistes accusent la France de « vouloir intervenir militairement ». La France surveille de près la situation à Niamey, notamment parce qu’elle a des intérêts économiques. L’uranium nigérien permet, en partie, de faire fonctionner l’industrie nucléaire tricolore.
Au Niger, les putschistes ciblent la France. Après une manifestation violente devant l’ambassade dimanche 30 juillet, les militaires qui ont renversé le président Bazoum accusent, lundi 31 juillet, Paris de vouloir intervenir militairement. La France est présente depuis des années dans le cadre de la lutte antiterroriste avec 1 500 soldats déployés et elle a aussi des intérêts économiques, notamment avec la présence d’Orano, multinationale française détenue par l’État. Elle y exploite des mines d’uranium pour faire fonctionner l’industrie nucléaire.
Le Niger est un partenaire historique de la France sur le plan de l’uranium depuis plus de 50 ans. Quand la France a choisi la voie du nucléaire, il a fallu du combustible adapté, c’est-à-dire de l’uranium, qui est un minerai. Elle a besoin de plusieurs milliers de tonnes chaque année pour faire tourner ses centrales. Les mines françaises qui ont fermé depuis ne suffisent pas. Dans les années 1970, deux compagnies nationales s’installent donc au Niger, une ancienne colonie française. Elles exploitent deux mines dans la région du désert d’Arlit, proche de l’Algérie : l’une, à ciel ouvert et l’autre, souterraine. En 2008, 43 % de l’uranium produit par Areva, l’ancêtre d’Orano, provenaient du Niger.
L’une des mines nigériennes exploitée par Orano a fermé en 2021
Depuis quelques années, Orano extrait un peu moins au Niger. On est passé de 43 % en 2008 à 30 % d’uranium extrait au Niger en 2021, soit 2 000 tonnes par an. L’une des deux mines a en fait fermé en 2021 car les réserves se sont épuisées et l’autre restera exploitée jusqu’en 2040. Une troisième mine nigérienne aurait dû ouvrir mais son exploitation a été repoussée car le cours de l’uranium sur les marchés a chuté depuis la catastrophe de Fukushima. La mettre en route en respectant les impératifs écologiques n’est pour l’instant pas assez rentable pour l’entreprise. Depuis quelques années, Orano extrait donc de l’uranium surtout au Kazakhstan qui est le principal fournisseur mondial, et au Canada depuis 1999.
La situation au Niger est surveillée par la France mais aussi par l’Union européenne. Quelque 24 % de l’uranium utilisé en Europe vient du Niger, selon les derniers chiffres d’Euratom datant de 2021. Des pays comme la Russie et le Kazakhstan fournissent respectivement à peu près 20 %.