• Quand trois activistes vaudois hissaient le drapeau Vietcong sur Notre-Dame de Paris - rts.ch - Vaud
    https://www.rts.ch/info/regions/vaud/13721207-quand-trois-activistes-vaudois-hissaient-le-drapeau-vietcong-sur-notred

    Le 19 janvier 1969, le drapeau Vietcong - l’emblème du Front national de libération du Sud-Vietnam - flottait sur la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Les auteurs de ce coup d’éclat activiste, trois Vaudois, sont restés anonymes jusqu’à aujourd’hui et la parution d’un livre.

    Olivier Parriaux, Bernard Bachelard et Noé Graff dévoilent leur secret 54 ans après les faits dans un livre paru cette semaine et intitulé « Le Vietcong au sommet de Notre-Dame ».

    La veille de leur acte venaient de s’ouvrir dans la capitale française des pourparlers en vue de la paix au Vietnam. La veille encore, Richard Nixon était investi 37e président des Etats-Unis.

    Ce drapeau Vietcong de 3 mètres sur 5 était un message de soutien aux Vietnamiens en lutte. L’image avait fait le tour du monde, publiée notamment dans le New York Times et Life Magazine.

    Et comme ils avaient scié les barreaux d’échelle après l’avoir posé, c’est en hélicoptère qu’il a fallu aller décrocher le drapeau au sommet de la flèche de Notre-Dame.

    Des Vaudois verts, blancs... mais surtout rouges

    Deux d’entre eux, Olivier Parriaux et Bernard Bachelard, ont raconté samedi au micro de l’émission Forum de la RTS comment ils ont eu l’idée, à 25 ans, de hisser un drapeau cousu à Lausanne sur la flèche de la cathédrale de Paris, qui culmine à 96 mètres.

    « Nous étions militants, soutenant la cause du Vietcong, qui est un terme dépréciatif inventé par les Américains pour parler du Front national de libération du Sud-Vietnam, raconte Olivier Parriaux. Trois ans avant cette opération, nous étions déjà rangés du côté du Front national de libération du Sud-Vietam. Nous suivions très attentivement le rapport de force diplomatique et guerrier. Et lorsque Johnson a annoncé qu’il ne se représenterait pas, nous nous sommes dit qu’il y avait peut-être quelque chose qui allait se passer : l’ouverture de négociations. »

    A la conquête de la flèche de Viollet-le-Duc

    Si Noé Graff attendait ses complices en contrebas, Olivier Parriaux et Bernard Bachelard ont entrepris l’ascension de la flèche construite par Eugène Viollet-le-Duc, au sommet de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

    « Nous étions les deux. Mais celui qui est allé le plus haut, c’est Bernard, mon ami, parce qu’il y a sur cette flèche un surplomb redoutable : une couronne de roses de plus d’un mètre de diamètre, qu’il faut passer en artificiel, sans assurage, sans rien du tout », raconte encore Olivier Parriaux.

    Une aventure risquée, concède Bernard Bachelard, même s’il reconnaît n’être pas certain qu’à l’époque ils en avaient « complètement conscience ».

    L’impact médiatique recherché

    A la question de savoir si les trois hommes ont été surpris de l’impact médiatique de l’époque, Olivier Parriaux répond que « non, car c’était l’objectif. Nous avons tout mis autour de nos très modestes forces de trois jeunes gens habitant à 500 kilomètres de là ».

    « Le travail a été de deux à trois mois d’examen du cheminement sur cette édifice et des difficultés que nous allions rencontrer sur cette flèche. (...) Nous étions très bien préparés, nous avions les outils nécessaires, tout s’est déroulé conformément aux attentes », explique-t-il encore.

    Prédécesseurs de la désobéissance civile

    Si les trois hommes ont gardé le secret si longtemps, c’est notamment parce que l’essentiel n’était pas qu’ils l’aient fait, mais bien « le message porté dans un rapport de force politique. Nous voulions couronner l’un des édifices parmi les plus vénérés non seulement en France mais dans le monde entier ». « Nous étions des prédécesseurs de la désobéissance civile », lance-t-il ensuite.

    Concernant leurs engagements politiques à gauche, Olivier Parriaux explique tout de même qu’ils n’étaient pas « forcément communistes à l’époque ». « Bernard était aux Jeunesses socialistes, Noé était déjà au Parti du travail et moi j’étais chrétien tiers-mondiste. »

    « Donc nous étions très divers. Nous étions à l’écoute de Marx, certes, mais aussi de Trotsky, car il critiquait l’URSS », conclut Olivier Parriaux.

    https://www.rts.ch/2023/01/21/20/03/13721303.image?w=1280&h=720