RSA, Caf, Pôle Emploi : À Lyon, une « brigade des fauchés » mobilisée face aux réformes et aux galères

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    RSA, Caf, Pôle Emploi : À Lyon, une « brigade des fauchés » mobilisée face aux réformes et aux galères
    Précarité

    Une expérimentation, encore floue, de la réforme du RSA est sur les rails dans 19 départements. Lyon en fait partie. Dans cette ville, la Brigade des fauché·e·s, un collectif de précaires, donne conseils et soutien face à une administration opaque.

    Si l’on n’y prête pas attention, La Luttine, espace partagé et autogéré par plusieurs associations dans le quartier de La Guillotière à Lyon, passerait presque inaperçue. C’est dans ce local hétéroclite, derrière un rideau de fer à moitié relevé, que la Brigade des fauché·e·s organise deux fois par mois des permanences d’entraide face aux démarches administratives de la Caf, du RSA, de Pôle emploi.

    « Le collectif s’est monté en 2019 après un appel à se mobiliser contre la première réforme de l’assurance chômage, explique Yanis, la trentaine. Une quinzaine de personnes s’étaient alors rassemblées. Puis le confinement est arrivé et ça s’est transformé en distribution de repas auto-organisée. Ensuite, beaucoup de gens se sont épuisés. » « Le collectif s’est relancé au printemps, avec notamment cette permanence qui a débuté il y a quelques mois », complète Pascal.

    Aujourd’hui, la « Brigade » est en particulier mobilisée contre l’expérimentation annoncée par la métropole de Lyon de la réforme du RSA voulue par le gouvernement. Celle-ci promet une pression encore plus accrue sur les allocataires, puisqu’elle prévoit un versement du RSA conditionné à 15 à 20 heures d’activité par semaine. Il s’agirait soit de formation d’insertion, soit d’un emploi, mais le flou subsiste encore sur les modalités. Au moment de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron parlait de toute « activité permettant d’aller vers l’insertion professionnelle ».

    La métropole de Lyon fait partie des 19 territoires retenus pour l’expérimentation, Yanis insiste de son côté sur le volet « accompagnement » de la réforme via une « augmentation des moyens » pour aider les allocataires. Bruno Bernard, président de la métropole, s’est défendu dans une série de messages publiés en janvier sur Twitter de tout « chantage à l’allocation ». Il avertissait : « Nous sortirons de cette expérimentation si cette ligne rouge et franchie. »

    « Chantage à l’allocation »

    À la Brigade des fauché·e·s, on est dubitatif. « Le RSA actuel est déjà conditionné à une obligation de chercher du travail », fait remarquer Yanis. « Le chantage à l’allocation, c’est le cœur du RSA », ajoute Pascal. « La métropole dit “pas de chantage à l’allocation”, on répond “chiche !”. Mais alors, ça implique de mettre sur la table la question d’un revenu de base et d’un versement inconditionné des aides sociales. »
    La Brigade des fauché·e·s s’est opposée tant en 2019 que récemment aux réformes de l’assurance chômage, qui touchent directement ses membres. Ici des tracts édités fin 2022.

    Plus largement, le collectif est vent debout contre la nouvelle réforme en cours de l’assurance chômage, votée mi-novembre. Celle-ci vise à moduler les règles d’assurance chômage selon le contexte économique. Et elle va encore diminuer la durée des droits à une allocation chômage.

    « J’ai été quatre ans au RSA sans être suivi. Dans les périodes où tu n’es pas suivi, les contrôles s’accumulent »

    Cette réforme « est une véritable déclaration de guerre sociale, dénonçait la Brigade des fauché·e·s dans un communiqué en novembre. L’erreur serait de considérer qu’une telle réforme ne concerne que les chômeurs·euses : c’est l’ensemble de nos acquis et de nos droits sociaux qui sont attaqués, les uns après les autres. RSA et retraites sont les prochains sur la liste », poursuivait le collectif.

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