Des civilisations extraterrestres ? Huit signaux « intéressants » identifiés, une « nouvelle ère s’ouvre »

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    Avons-nous capté d’authentiques messages venus d’ailleurs ? Ce lundi, 17 chercheurs affirment dans la revue Nature Astronomy, avec toute la tempérance qui sied à cette vénérable publication scientifique, avoir identifié huit signaux « intéressants »… dans le cadre d’un travail de recherche d’intelligence extraterrestre !

    « Les caractéristiques de ces signaux pourraient potentiellement impliquer des signes de technologie au-delà de la Terre et une vie intelligente extraterrestre », avance plus explicitement l’astrophysicienne Cherry Ng, co-autrice de cette étude on ne peut plus sérieuse, fruit d’une collaboration entre l’université de Toronto (Canada) et l’Institut SETI (« Search for Extra-Terrestrial Intelligence »), installé en Californie (États-Unis) et en pointe dans ce domaine. Si ces résultats nécessitent de plus amples observations, elle assure même que « c’est relativement rare de voir des signaux avec des caractéristiques aussi convaincantes ».

    De quoi parle-t-on exactement ? Une méthode utilisée pour tenter de débusquer des civilisations dans le lointain est la chasse aux « technosignatures » : si une forme de vie avancée existait au-delà du système solaire, nous pourrions la repérer grâce aux signes laissés par ses technologies.

    À cet égard, les huit signaux radio « intéressants » révélés aujourd’hui le sont à plus d’un titre. Primo, ils sont à bande étroite, contrairement aux ondes émises par les astres, ce qui plaide pour une origine technologique. Secundo, leurs fréquences évoluent dans le temps, ce qui suggère un déplacement entre l’émetteur et la Terre, donc une nature extraterrestre. Tertio, chacun de ces signaux n’apparaît que lorsqu’un télescope vise une étoile précise. Son lieu d’émission ?

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    C’est en braquant son antenne vers cinq astres proches de nous que le Green Bank Telescope (GBT), en Virginie-Occidentale (États-Unis), a capté ces ondes radio exotiques. Situées entre 34 et 88 années-lumière, ces étoiles sont nos voisines. « Cela signifie que pour l’étoile la plus proche, la lumière a mis environ 34 ans pour nous parvenir », poursuit Cherry Ng. Il en serait de même pour un message radio. « Et en supposant un voyage à la vitesse de la lumière, ce qui n’est malheureusement pas possible, il faudrait 34 ans pour visiter ledit système. » On n’a trouvé pour l’instant aucune planète autour de ces cinq étoiles. Mais le disque de poussières qui orbite la dénommée HIP 62207 en fait une bonne candidate…

    « Un murmure dans une pièce bondée »

    Hourra ! Hip, hip, hip ? Non, car il y a un hic : les supposés « ET » ne « répondent » plus… « Nous avons poursuivi les observations à l’aide du télescope Green Bank vers les cinq étoiles à des jours différents. Nous n’avons re-détecté aucun de ces signaux. Cependant, nous ne pouvons pas complètement exclure ces étoiles en tant qu’hôtes d’intelligence extraterrestre car la transmission pourrait être intermittente », souligne Cherry Ng, qui travaille aujourd’hui en France pour le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

    « Une telle découverte nécessite une confirmation par d’autres instruments avant d’être certains que nous ayons détecté de la vie extraterrestre », observe l’astronome franco-américain Franck Marchis, qui n’a pas pris part aux travaux. Mais il salue « un résultat très important pour l’institut SETI » qui l’emploie depuis 15 ans et « une nouvelle ère qui s’ouvre » pour la recherche de civilisations extraterrestres « grâce à la technologie de machine learning », une intelligence artificielle auto-apprenante.

    Car lorsqu’en 2016, les huit signaux radio ont chatouillé l’oreille du GBT, plus grand radiotélescope orientable du monde, ils sont d’abord passés totalement inaperçus. Et pour cause, les interférences terrestres, liées à l’usage des GPS ou encore des téléphones portables, sont si nombreuses qu’elles sont un frein à la découverte de signaux extraterrestres. Même les ordinateurs ont habituellement du mal à trouver des sources célestes dans certaines régions du spectre radio : Breakthrough Listen, programme scientifique qui contribue à ces recherches, compare ce défi « à l’écoute d’un murmure dans une pièce bondée ».

    Mais Peter Xiangyuan Ma, auteur principal de l’article, semble avoir mis au point un algorithme très efficace pour trouver l’aiguille dans la botte de foin, la recherche initiale portant sur 115 millions d’extraits de données et 820 étoiles ! Outre la vitesse de calcul, le machine learning est plus « ouvert » que les humains sur « ce que peut être un signal digne d’intérêt », précise l’étudiant de Toronto.

    Alors que de nouveaux réseaux de télescopes promettent de faire grimper bientôt le nombre de données disponibles, cet algorithme pourrait permettre d’industrialiser une recherche acharnée mais pour l’instant peu fructueuse. Le meilleur est à venir…