Gérald Darmanin accusé de « révisionnisme historique » après des propos sur l’esclavage

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  • Dix-sept élus ultramarins réclament des excuses à Gérald Darmanin pour des propos jugés « méprisants »
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    Dix-sept élus ultramarins réclament des excuses à Gérald Darmanin pour des propos jugés "méprisants

    Jeanne Péru-Gelly • Publié le 3 février 2023

    Le ministre a tenu des propos polémiques hier lors d’un colloque consacré aux Outre-mer. Il a notamment affirmé que c’était « la République » qui avait aboli l’esclavage, omettant le rôle des esclaves eux-mêmes dans leur émancipation.

    « C’est la République française qui a aboli l’esclavage. La France a sans doute mis dans des conditions extraordinairement difficiles les populations colonisées, mais c’est la République qui a aboli l’esclavage. Donc on leur demande d’aimer la République, pas toute l’histoire de France bien évidemment. » Ces propos, tenus par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, lors d’un colloque consacré aux territoires ultramarins par Le Point, sont jugés méprisants par une vingtaine de députés ultramarins, qui les dénoncent dans un communiqué commun.

    « C’est cette même République qui maintient nos territoires d’Outre-mer dans un état de sous-développement chronique », pointent les signataires, qui s’émeuvent aussi d’une forme de « révisionnisme historique » niant le rôle qu’ont tenu les esclaves dans leur émancipation. « Il amoindrit la réalité de l’esclave et il ment par omission. Il oublie que nos ancêtres ont arraché leur liberté, il oublie toutes les révoltes d’esclaves. Il pense que ça s’est fait dans le calme et la quiétude mais non, ça n’est pas le cas ! », rappelle la députée de La Réunion Karine Lebon, l’une des signataires.

    Le ministre des Outre-mer a également évoqué la question de l’autonomie. « Il y a aux Antilles, en Guyane, un sentiment identitaire, de réaction, qui mérite d’être entendu, mais qui, à mon avis, ne mérite pas d’être entendu comme la Nouvelle-Calédonie a mérité d’être entendue, parce que ce n’est pas la même histoire », a-t-il déclaré.

    Si les signataires reconnaissent que l’histoire coloniale est « plurielle dans sa réalisation », elle est « une dans ses causes et dans ses conséquences actuelles ». Ils regrettent que « les Outre-mer demeurent le pur produit de l’expansionnisme » et « restent envisagés comme des relais de puissance et d’influence ». (...)

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    #révisionnisme #esclavage #abolition #outre-mer #France

    • Un article du Monde qui adopte la même trame que celui du "Portail des outre-mer" mais se conclus par une analyse de l’historienne Myriam Cottias.

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/02/03/darmanin-accuse-de-revisionnisme-historique-apres-des-propos-sur-l-esclavage

      (...) Les déclarations de son successeur ne surprennent pas l’historienne Myriam Cottias, directrice du Centre international de recherches sur les esclavages et post-esclavages. « La classe politique à droite, mais aussi à gauche, ne connaît absolument pas l’histoire de l’esclavage. Elle mobilise un savoir empreint de l’héritage colonialiste, explique la chercheuse du CNRS. Le problème est que le discours relève toujours du “On leur a donné”. Il faudrait commencer par dire que, s’il y a eu des républicains farouches, ce sont bien les Antillais, français depuis 1848, qui ont fait preuve d’une adhésion extrême à la République et se sont battus pour elle, car elle signifiait l’égalité entre les citoyens. »
      Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés En France, le long combat pour la mémoire de l’esclavage

      La distance, ajoute Myriam Cottias, ne s’est créée que dans la période récente, marquée par l’affirmation d’un sentiment identitaire, en raison de plusieurs facteurs convergents : les débats autour de la loi Taubira de 2001, faisant de la traite négrière un crime contre l’humanité, qui ont révélé « les impensés » coloniaux de la classe politique et le racisme de la société, les inégalités persistantes et injustifiables des allocations de l’Etat dans les territoires ultramarins, et le scandale du chlordécone (...)