• FÉDÉRATION ANARCHISTE sur la situation en Palestine- Monde-Nouveau
    http://monde-nouveau.net/spip.php?article960

    LIEN PERMANENT : https://federation-anarchiste.org/?g=Lien_Permanent&b=1_239 La Fédération anarchiste francophone dénonce et condamne les agressions militaires qui embrasent depuis le 6 octobre le Moyen-Orient ou Asie du Sud-ouest pour être plus juste, relançant une guerre qui n’a jamais réellement (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Lien Permanent - Fédération Anarchiste
    https://federation-anarchiste.org/?g=Lien_Permanent&b=1_231

    Communiqué de la Fédération Anarchiste à propos de Saint-Imier 2023
    09-08-2023

    La Fédération Anarchiste (F.A.), co-organisatrice des Rencontres Internationales Anti-Autoritaires (R.I.A.A.) de St-Imier du 19 au 23 juillet 2023 s ’ y est impliquée comme convenu par un investissement militant et financier important.

    Cette édition, voulue très ouverte, a rencontré un franc succès au vu du nombre important de personnes présentes ainsi que du nombre et de la qualité des événements proposés.

    Des rencontres de cette ampleur ont évidemment leur lot de dysfonctionnements. La F.A. en a fait particulièrement les frais mais d’ autres graves problèmes concernant la gestion des conflits et l’ organisation globale sont également apparus.

    Certains comportements, bien peu compatibles avec les idéaux libertaires défendus sur ce site historique qui a vu naître en 1872 la première Internationale Anti-Autoritaire et dont ces rencontres étaient un anniversaire, ne doivent pas occulter le succès rencontré et le fait que les idées anarchistes mobilisent de plus en plus de monde.

    Nous reconnaissons les divergences de points de vues et de modes d’ action mais rejetons et dénonçons fermement les méthodes autoritaires parfois utilisées lors de ces rencontres.

    La Fédération Anarchiste se garde bien de réagir à chaud et prendra le temps d’élaborer une analyse politique de la situation.

    VIVE L’ANARCHIE !

    https://seenthis.net/messages/1014052

    • La censure c’est la liberté - OCL - Organisation Communiste Libertaire
      https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3899

      Lors des rencontres antiautoritaires qui se sont tenues à Saint-Imier du 19 au 23 juillet le stand et les militants de la Fédération Anarchiste ont été attaqués physiquement par des personnes s’arrogeant le droit de décider quels étaient les écrits qui avaient leur place dans un salon du livre anarchiste et quels étaient ceux qui devaient subir un autodafé.

      La fédération anarchiste a publié le communiqué suivant [1] :

      LE BERCEAU DE L’ANARCHISME DEVIENDRA-T-IL SON TOMBEAU ?

      La table de presse tenue par les militants-e-s de la Fédération anarchiste francophone dans le Salon du livre des Rencontres internationales antiautoritaires de Saint-Imier 2023 a subi plusieurs agressions (livres volés, déchirés, souillés, brûlés, intimidations, agression physique…).

      Ces actes sont contradictoires avec les principes fondamentaux de l’anarchisme :
      ⁃ La liberté d’expression ;
      ⁃ La lutte contre la religion, toutes les religions, et les pouvoirs théocratiques ;
      ⁃ La solidarité.

      Ils sont dangereux parce qu’ils instaurent une police de la pensée faisant écho aux pires régimes que nous combattons.

      Contre l’obscurantisme et l’intolérance, mobilisons les forces libertaires !

      L’Organisation communiste libertaire condamne une nouvelle fois à ces agissements et affirme son entière solidarité avec les camarades de la FA.

      Cette nouvelle agression n’est pourtant que la suite d’une longue série.

      Quelques exemples :

      Déjà en 2012 à Saint-Imier des vegans s’en étaient pris très « virilement » à un stand qui osait proposer des saucisses. D’autres entendaient imposer à tout le monde les vêtements dont il était correct de se vêtir.

      En 2014 un éditeur, invité au salon du livre libertaire de Lyon était attaqué avec rage par des gens de la CGA pour avoir publié un auteur qui leur déplaisait. Une conférence sur le thème « « Résistance-Sexualité-Nationalité à Ravensbrück » au centre LGBT de Paris était annulée suite aux menaces liées aux positions critiques de la conférencière vis-à-vis de la GPA.

      En 2016 un débat à partir du texte « Jusqu’ici tout va bien » dans le cadre d’une soirée intitulée « S’opposer au racialisme : discussion » à Marseille au local Mille bâbords était interrompu par un groupe de personnes faisant violemment irruption dans le local dans le but d’empêcher le débat, en hurlant notamment « La discussion n’aura pas lieu ». Résultats : livres et revues piétinés, affiches arrachées, tables renversées, coups et menaces, utilisation de gazeuse, vitrine brisée...

      En 2019 dans un local militant de Poitiers des individus enlèvent et brûlent des brochures jugés transphobes, puis taguent le domicile d’une militante féministe venue présenter son livre critiquant le postmodernisme.

      Le 15 juillet dernier, la CNT de Barcelone qui invitait l’association « Féministes de Catalogne » pour un débat dont l’intitulé était « Pourquoi tant de filles ne veulent pas devenir des femmes ? », a vu son local tagué la nuit précédente avec un message qui disait « la transphobie est du fascisme ».

      Au Salon du livre anarchiste des Balkans, du 6 au 9 juillet dernier à Ljubljana, des personnes ont tenté de faire annuler une discussion autour des derniers mouvements sociaux en France, animée par des membres de la bibliothèque anarchiste parisienne Les Fleurs Arctiques en les couvrant d’insultes, en les qualifiant d’agresseurs et en intimidant toute personne qui persistait à vouloir assister au débat.

      Enfin, des représentants de la Fédération Anarchiste Italienne rapportent qu’à Saint-Imier encore, en 2023, lors d’un atelier intitulé « Anarchistes en guerre », les voix exprimant une position différente des organisateurs de l’atelier ont été censurées, menacées, insultées.

      Que ce soit pour interdire Renaud Garcia, René Berthier, Alexis Escudero, Marie Jo Bonnet, Hamid Zanaz ou tel ou tel groupe, la méthode est toujours la même : se parer du titre de libertaire pour mieux le refuser à d’autres en les habillant de toute sorte de « phobes » et de « fascistes ». Ce qui n’est pas sans rappeler les plus belles heures des staliniens français qui molestaient, menaçaient, interdisaient d’expression, et discréditaient tous ceux qui les gênaient. Nous rappelons que proposer un livre n’est pas une allégeance à son contenu mais une incitation au débat. De débat ces « néo-radicaux post-anarchistes » n’en veulent pas qui considèrent que le lecteur potentiel est à leur image, incapable de penser par lui-même.

      En 2014 suite suite à l’agression précitée à Lyon, le texte Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire était signé par des dizaines d’éditeurs et d’auteurs. Ce passage nous paraît particulièrement d’actualité « Nous affirmons notre volonté de ne plus tolérer, au prétexte qu’elles émaneraient de gens de « notre milieu », des comportements autoritaires empruntés à la pire tradition stalinienne. Quiconque fait usage dans ces circonstances de violence verbale et à fortiori physique ne peut s’attendre à être traité en camarade et doit être expulsé sans ménagement des espaces de discussions et d’échanges. Nous appelons les organisateurs des salons et des rencontres libertaires à prendre une position claire sur ce point afin que ces lieux redeviennent de véritables espaces de rencontres et de débats. De sorte que notre participation n’apparaisse plus comme une caution apportée aux intrusions musclées des supplétifs de la police de la pensée. »

      Organisation communiste libertaire
      Août 2023

      Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire
      (décembre 2014)

      Empêcher des débats de se tenir dans des espaces « libertaires » par des menaces en amont ou par des interruptions intempestives (hurlements, coups et menaces de mort), répandre des accusations fallacieuses, pratiquer l’amalgame et l’anathème, inonder de commentaires injurieux des sites « libertaires » qui osent donner la parole aux auteurs mis à l’index, tels sont les comportements auxquels on assiste de plus en plus fréquemment de la part de nouveaux censeurs se décernant à eux-mêmes le label libertaire qu’ils refusent à d’autres.

      Jouant avec une remarquable efficacité sur le sentiment de culpabilité des éditeurs, libraires, animateurs de sites ou de revues et organisateurs d’événements qui craignent plus que tout de se voir décerner des qualificatifs en « phobe », ces censeurs parviennent le plus souvent à leurs fins. Pour préserver une illusoire unité du milieu, beaucoup d’entre nous préfèrent, en effet, éviter les questions qui fâchent.

      Ces pratiques autoritaires nous rappellent les agissements des staliniens français qui molestaient, menaçaient, interdisaient d’expression, et discréditaient tous ceux qui, parlant d’un point de vue de gauche, osaient dénoncer la face sombre de l’Union soviétique. Panaït Istrati, Victor Serge, et bien d’autres en ont fait l’amère expérience.

      La destruction violente d’un repas carné par certains « vegans » intégristes lors des journées libertaires de Saint-Imier en août 2012 est un symptôme de ce nouvel état d’esprit. Plus récemment, en novembre 2014, Alexis Escudero auteur de La reproduction artificielle de l’humain et ses éditeurs (Le Monde à l’envers) invités à débattre au salon du livre libertaire de Lyon ont été violement attaqués, événement qui fait écho à l’annulation d’une conférence de Marie-Jo Bonnet sur le thème « Résistance-Sexualité-Nationalité à Ravensbrück » prévue le 9 décembre 2014 au centre LGBT de Paris en vertu de menaces liées à ses positions en défaveur de la GPA.

      Face à ces récents événements, nous estimons ne plus pouvoir continuer à nous taire devant ceux qui prétendent nous dicter ce que nous devons manger, boire, lire ou penser. Nous affirmons notre volonté de ne plus tolérer, au prétexte qu’elles émaneraient de gens de « notre milieu », des comportements autoritaires empruntés à la pire tradition stalinienne. Quiconque fait usage dans ces circonstances de violence verbale et à fortiori physique ne peut s’attendre à être traité en camarade et doit être expulsé sans ménagement des espaces de discussions et d’échanges. Nous appelons les organisateurs des salons et des rencontres libertaires à prendre une position claire sur ce point afin que ces lieux redeviennent de véritables espaces de rencontres et de débats. De sorte que notre participation n’apparaisse plus comme une caution apportée aux intrusions musclées des supplétifs de la police de la pensée.

      Ont signé :
      Éditions Acratie ; Éditions Le Coquelicot ; Éditions de la Pigne ; Éditions de la roue ; Éditions Rue des Cascades : Éditions Le Monde à l’envers ; Éditions libertaires ; Collectif Lieux communs ; Éditions Le Pas de côté ; mensuel Courant alterna- tif. Gérard Amaté (auteur) ; Jacques Baujard (Librairie Quilombo) ; Xavier Beckaert (auteur de Anarchisme. Violence, Non- violence, éditions du Monde libertaire) ; Pascal Bedos (site @narlivres) ; Venant Brisset ; Marie-Claire Calmus (Chroniqueuse à la revue l’Emancipation et auteure des Chroniques de la Flèche d’Or.) ; Jutta Bruch ; Éric B Coulaud (créateur et animateur du site Éphéméride anarchiste) ; Éduardo Colombo (membre du Comité de rédaction de Réfractions) ; Christian Calvi ; Loïc Debray (co-auteur de RAF-Fraction armée rouge, L’Échappée) ; Jean-Marc Delpech (auteur de Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur, Atelier de création libertaire) ; Jean Claude Driant (membre de l’association et des éditions CRAS) ; Jean-Pierre Duteuil (auteur de Mai 68 un mouvement politique Acratie) ; Felip Equy (militant libertaire) ; Jean Pierre Garnier ; Daniel Guerrier (Éditions Spartacus) ; C. Gzavier (co-auteur avec JW de La tentation insurrectionniste (Acratie 2012) ; Annie Gouilloux (traductrice de Lewis Mumford pour les éditions de la Roue et les éditions de La Lenteur) ; François Heintz ; Jean-Michel Kay (éditions Spartacus) ; Jean-Michel Lebas ; Jean-Pierre Lecercle ( édi- tions Place d’Armes) ; Alain Léger (libraire et éditeur) ; Hugues Lenoir (Groupe commune de Paris-FA, collaborateur du Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone) ; Bernard Marinone (CNT Energie) ; Philippe Pelletier (groupe Makhno-FA) ; Serge Quadruppani ; Marie-Christine Rojas Guerra (Chroniques syndicales sur Radio libertaire) ; Gilbert Roth (CIRA Limousin) ; Anne Steiner (auteur de Les En-dehors, L’Échappée 2008, collaboratrice du Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone) ; Christophe Soulié (auteur de Liberté sur paroles chez Analis) ; Azucena Rubio (militante libertaire) ; Annick Stevens (membre du Comité de rédaction de Réfractions) ; Pierre Thiesset (éditions Le Pas de côté) ; Catherine Thumann (collaboratrice de la presse indépendante) ; Marc Tomsin (Rue des Cascades) ; Matias Velazquez (membre du CIRA Marseille et CIRA Limousin) ; Jacques Wajnsztejn (auteur de Rapports à la nature, sexe, genre et capitalisme. (Acratie 2014) et membre du comité de rédaction de la revue Temps critiques)

    • l’usage ici du terme autodafé fait appel aux sentiments, mais il est stupide. que deux ou trois livres soient brûlés pour exprimer le refus qu’ils soient diffusés dans un endroit avec ces coordonnées politiques précises (?) n’a rien voir avec le fait d’organiser un ou des autodafés sur la place publique d’une masse de livres dont on persécute réellement les auteurs, les éditeurs, les diffuseurs et les lecteurs. ici, la seule possibilité pour que de tels livres soient présents aurait été qu’il fasse l’objet d’un échange contradictoire, pas juste bazardés comme des marchandises politiques. or les bêtises de la FA ne sont ni sacrées ni uniques.
      l’acte pourrait en revanche être rapproché de ce que font des fafs (et des allumés) ici où la avec le Coran, si et seulement si les livres en question se voyaient attribuer une valeur « sacrée » par des croyants. ou alors c’est que l’on sacralise n’importe quel propos, mais dans ce cas là, de nouveau, il faut savoir (enquêter) de quel n’importe quoi, de quel sacré, on cause. en parler, pas juste dire « on a le droit de le vendre »

      perso, je plaide également coupable. à la sortie du Manifeste con. (dont j’ai diffusé le pdf à petite échelle à titre de doc) j’ai insisté auprès de libraires pour qu’il ne soit pas mis en vente dans leur commerce.

    • La référence historique à l’autodafé n’est, certes, pas très adaptée pour les raisons que tu donnes (et peut-être, en est-il de même quand à la référence au stalinisme – allez, contextualisons !).

      Savoir si la FA avec sa propagande, (la FA étant, si j’ai bien compris, co-organisatrice de l’événement) a ou n’a pas sa place en ce lieu - voire, si elle a sa place dans la grande famille anarchiste - me semble être une problématique qui relève du plus profond ennui.

      Encore une fois, ce qui est en jeu ici, c’est de savoir s’il va falloir s’habituer à des pratiques militantes qui semblent s’imposer en employant les méthodes les plus expéditives, pour traiter les contradictions (internes ?) et accepter ces méthodes, au nom de justifications plus ou moins fumeuses.

      Le texte de l’OCL, à mon avis, dénonce cela avec beaucoup de pertinence.

      Pour en revenir au contexte particulier de St Imier, prendre un peu de recul et te répondre @colporteur : le seul moyen de se forger un point de vue sur un livre, quel que soit le livre, au-delà du « il parait que machin a écrit... » c’est encore de le lire et donc pour cela il est nécessaire que l’ouvrage soit diffusé. Quel que soit le livre.

      Il n’y a rien de sacré, là-dedans. C’est juste pouvoir s’assurer les conditions d’une pratique élémentaire de la critique.

    • toujours pas raccord. la liberté du commerce permet déjà bien assez d’accéder à des textes craignoss. si un échange collectif (analyse, confrontation) n’est pas annoncé, un salon du livre politique n’a pas de raisons de diffuser un livre qui pose des problèmes politiques rédhibitoires. un texte qui doit être débattu pour son actualité, la confusion qu’il sème, les dangers qu’il fait courir, on le photocopie, on le scanne, on en fait circuler le pdf, et pour cette petite circulation (hors commerce) on se garde bien d’aller en voler des piles (sauf directement chez l’éditeur), de manière à pourvoir l’expertiser (faire l’expérience de sa lecture et en rendre compte).
      est-ce que la liberté du commerce aurait du aller jusqu’à la diffusion de dvd du filme covid-négationnsite Hold-up ? je ne crois pas. les défenseurs de « lois de la nature » supposées borner la politique, les bouffe curés qui contribuent à une « critique de l’islam » persécutrice, sous couvert d’anarchisme, c’est pour le moins dispensable. sauf encore une fois à traiter leurs thèses en objet politique, pas en support de commerce (sans quoi on tombe dans ce tout est permis où rien n’est possible).
      quand c’est pas le cas, rien d’improbable à ce que la confrontation politique évacuée resurgisse.
      il ne s’agit pas de savoir si la FA ou tel ou tel groupe a sa place dans ce machin, mais plutôt comment tel ou tel groupe y prend place, et ce qui peut ou doit être refusé.

    • Effectivement, pas du tout mais pas du tout d’accord. J’ai l’impression qu’on tourne en rond genre dialogue de sourd. C’est pas grave ; normalement le désaccord devrait faire partie des conditions de la pratique révolutionnaire ;-)

    • le seul moyen de se forger un point de vue sur un livre, quel que soit le livre, au-delà du « il parait que machin a écrit... » c’est encore de le lire et donc pour cela il est nécessaire que l’ouvrage soit diffusé

      Ça il me semble que @colporteur n’a jamais dit le contraire, ya bien un accord là dessus.

      Seulement « diffusé » ça dit pas comment. Si un ouvrage dont on sait qu’il est possiblement problématique nécessite de la critique, on peut le photocopier, ou faire des arpentages à plusieurs, etc. Mais là est-ce ok de vendre et laisser vendre des bouquins problématiques parmi d’autres, tout mélangé sur le même plan, comme si tel bouquin très critiquable était sur le même plan que tel autre émancipateur ?

      La diffusion pour la critique uniquement (quand bouquin très problématique), et la diffusion pour le soutien (et la critique bien sûr, même quand on soutient), bah c’est pas censé être la même diffusion non ? (sauf à la Fnac, mais là on parle pas de la Fnac).

    • excuse moi mais quand un livre est préfacé par Onfray (Franc Tireur), il y a déjà comme un problème.

      Il ya donc deux livres vendus par la FA qui ont fait l’objet du différent. si j’ai bien compris, la FA s’est refusée à ce que les thèses de ces livres soient livrées au débat. sans débat, eh bien une confrontation a eu lieu et les contradictions se sont exprimées. tant mieux ! cela aurait pu prendre d’autres formes, ça n’a pas été le cas. les anars ont qu’à mieux s’organiser, bien qu’il ne soit pas facile de confronter des points de vue diamétralement opposés, ce qui demande à ce que chaque partie y mettent des formes (par exemple et entre autre, en n’apportant pas ces bouquins pour les vendre).

      Un voile sur la cause des femmes, de René Berthier (anarcho-syndicaliste ex meuble ["membre", voulais-je écrire, car je ne cherchais pas à le disculper par avance, ne sachant rien de lui] du bureau de la CGT du livre)
      https://ripostelaique.com/un-voile-sur-la-cause-des-femmes.html

      Mais j’ai savouré particulièrement un passage, intitulé : « La République française ? Génial ! ». René narre une anecdote. Il voit, en 2004, lors d’une manifestation parisienne s’opposant à la loi qui se prépare contre les signes religieux, dont le voile, à l’école, une voilée avec une pancarte : « Notre constitution, c’est le Coran ». Et c’est alors que cet anarchiste, pour qui, comme tous ses camarades, l’expression « République » est un gros mot, ose écrire ces mots que je n’avais jamais lu chez un adepte de Bakounine : « Je me suis senti tout-à-coup un fervent partisan de la République française, de ses institutions, et de l’idéologie révolutionnaire qui les sous-tendent ».
      Finissant son chapitre, il exécute celle qu’il appelle « la petite conne » : « Grâce à la République française, dont elle fustige la Constitution, elle ne pourra pas se voir interdire l’exercice d’un métier si elle a envie de l’exercer, elle pourra voyager même si son mari n’est pas d’accord, elle ne sera pas obligée de se marier si elle n’en a pas envie, elle ne pourra pas se faire foutre à la porte de chez elle si un soir elle a la migraine, elle pourra même épouser un non-musulman, elle n’aura pas à se taper la présence de trois co-épouses, elle pourra témoigner au même titre que n’importe quel homme. Si elle en a marre de son mari, elle ne sera pas lapidée à mort parce qu’elle se sera offert un petit écart de conduite. Si elle en a vraiment marre de son mari, la garde de ses enfants ne sera pas automatiquement confiée à son ex. La petite veinarde aura juste à affronter toutes les inégalités – de salaire, d’avancement professionnel, à l’embauche, etc. – que subissent ses consoeurs qui elles, ne portent pas le voile. Quelle chance ! »
      Pierre Cassen

      Confus : Zanaz, « L’impasse islamique »
      https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Confus-Zanaz-L-impasse-islamique

      Les Éditions libertaires sont souvent mieux inspirées (voir ci-dessous). Sans doute ont-elles senti qu’elles s’aventuraient en terrain glissant quand, avant même la publication de leur livre L’Impasse islamique, elles ont adressé à l’ensemble des éditeurs libertaires ou apparentés une sorte d’appel à soutien préventif. Ce que, à la lecture de l’opuscule, une bonne partie – Libertalia, Le Chien rouge (CQFD), Alternative libertaire, L’Altiplano, Ab Irato, Spartacus, Rue des Cascades, Acratie – ont illico refusé. D’où une lettre circulaire assez aigre accusant tout ce petit monde d’être « comme par hasard » des adeptes du « marxisme, du néomarxisme, du cryptomarxisme, du postmarxisme, du paramarxisme ». Ah, le grand complot marxiste – on avait failli l’oublier celui-là – explique bien des choses ! Plus sérieusement, les Éditions libertaires peuvent comprendre qu’on n’ait aucune envie de donner l’absolution à un livre confus, préfacé par le gaulliste de gauche Michel Onfray… Expliquons-nous.

    • je suis loin de ces milieux mais j’aurais trouvé pas mal un atelier intitulé « après les rouges-bruns, des noirs-bruns ? » avec une petite biblio annoncée à l’avance comportant ces deux ouvrages et ce qui se publie d’autre (et de contradictoire) par ailleurs sur ces questions chez les anars (et au-delà), le tout dument introduit oralement quitte à ce que ce soit à deux voix si personne ne se sent de rendre compte des deux tendances, courants, angles de vue.

    • je suis loin de ces milieux mais j’aurais trouvé pas mal un atelier intitulé « après les rouges-bruns, des noirs-bruns ? » avec une petite biblio annoncée à l’avance comportant ces deux ouvrages [...]

      Pourquoi pas ? On pourrait aussi imaginer un atelier sur les « verts-bruns » en tant que figure repoussoire des partisans du productivisme industriel ou encore un autre atelier sur l’émergence de différentes formes de mystisme dans les milieux contestaires... Les thèmes d’ateliers ne manquent pas. Cela aurait été déjà bien mieux que ce qui s’est passé ! Mais ce n’est pas un hasard que le débat ne se soit pas déroulé ainsi en ce lieu.

      Je ne défends ni ne condamne « le contenu problématique » de ces livres. J’en suis totalement incapable, en dépit de mon aversion pour M. Onfray, dont le discours a sensiblement évolué au fil des ans (je ne sais pas de quand date cette préface). Je suis incapable de porter un propos construit sur ces putains de bouquins parce que je ne les ai pas lus ! Les recensions ou autres articles trouvés sur le web ne me suffisent pas pour me faire une opinion et pour m’exprimer à leur sujet. Encore plus s’il s’agit de laisser un point de vue sur le web.

      Pour autant, je défends le principe élémentaire que l’éditeur de ces livres (la FA) puisse les diffuser sur son stand dans une foire anarchiste. Et cette position n’a rien à voir avec la défense du petit commerce. Cela signifie encore moins que je n’ai pas d’avis sur le racisme, l’islamophobie, l’antisémitisme... (je me suis exprimé à plusieurs reprises, notamment ici, sur ces questions).

      Dans un rassemblement anarchiste, organisé notamment par la FA, il me semble logique qu’il y ait un stand de la FA qui présente ses publications, y compris celles « qui pose des problèmes de contenu ». Il y a là une question élémentaire de cohérence interne qui aurait du être traitée en amont, surtout si le caractère problématique des publication semblait identifié depuis longtemps.

      Je ne suis pas allé à St-Imier, pas plus que je ne vais à la fête de l’huma (la dernière fois remonte à 1973 pour voir les who) : je déteste ce genre de rassemblement.

      La question n’est pas là.

      Le fait que le conflit idéologique se soit exprimé dans les termes décrits par renverse.co (sur l’autre thread) me semble symptomatique d’un problème de gestion de la contradiction qui se répète depuis plusieurs années et qui conduit à l’impasse. Désolé pour la redite mais il s’agit de l’essentiel du problème pour moi et je n’ai pas trouvé à cela de contre-arguments convaincants, ci-dessus.

      Je suis très pessimiste sur la capacité des milieux révolutionnaires (anars et autres) à pouvoir porter le débat contradictoire de façon constructive. Cet épisode, après bien d’autres, ne m’incite nullement à atténuer mon pessimisme.

    • Le fait que le conflit idéologique se soit exprimé dans les termes décrits par renverse.co (sur l’autre thread) me semble symptomatique d’un problème de gestion de la contradiction qui se répète depuis plusieurs années et qui conduit à l’impasse. Désolé pour la redite mais il s’agit de l’essentiel du problème pour moi et je n’ai pas trouvé à cela de contre-arguments convaincants, ci-dessus.

      Je suis très pessimiste sur la capacité des milieux révolutionnaires (anars et autres) à pouvoir porter le débat contradictoire de façon constructive. Cet épisode, après bien d’autres, ne m’incite nullement à atténuer mon pessimisme.

      Dans le même temps, je suis aussi d’accord avec toi, ayant tenté (avec Aude) des dialogues (de sourds ?) lors de la sortie de « La reproduction artificielle de l’humain », où il y a eu le même genre de blocage à la discussion. L’auteur du livre étant d’ailleurs venu par ici un moment. Mais pas que d’un côté, ya des gens qui n’ont pas lu le livre comme tu le dis, juste des extraits montés en épingle, et de l’autre PMO et consorts n’ont fait que surenchérir dans le masculinisme, le fantasme de complot LGBT généralisé, l’anti féminisme, et surtout avec une morgue ironique et pleine de sous entendus permanente. Aucun effort de vrai débat contradictoire, donc, fut-t-il « musclé », tendu, mais en échangeant des arguments, pas des invectives.

    • Il y a quasi 10 ans donc, avec presque les mêmes phrases que toi @cabou :
      http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/mise_au_point.html

      L’auteur s’inscrit dans la tradition littéraire du pamphlet. Sans doute, certaines « blagues » ou règlements de compte – d’ailleurs périphériques dans le raisonnement – étaient dispensables. Vu les réactions de certaines personnes, nous constatons que nous avions sous-estimé l’incapacité du mouvement libertaire à assumer des désaccords en son sein et à mener sereinement les débats qui s’imposent, et par conséquent sous-estimé également la violence que ressentiraient des personnes à la lecture de certains passages du livre. Il n’était pas dans notre intention d’exercer une violence envers des personnes : nous pensions que le livre réussirait à déclencher un débat plutôt qu’une guerre de positions. Cette crispation nous interpelle, car nous pensons que dans les années à venir le mouvement pour l’Emancipation va devoir affronter d’autres clivages qui le traversent.

      Le débat sur la forme de l’ouvrage a trop occulté les questions de fond qu’il soulève, et qui ont motivé notre intérêt pour sa publication : marchandisation de l’humain, eugénisme, appropriation des corps par les experts et les médecins, émergence du courant transhumaniste d’une part ; influence de la philosophie post-moderne sur la gauche d’autre part. Questions qui, pensions-nous, intéresseraient au premier chef les féministes, les anarchistes et les anti-capitalistes ; sachant que ce livre n’a jamais été pensé comme la référence sur la question mais comme une prise de position, donc une invitation au débat.

      […]

      Mais la question reste ouverte : comment « converger » sans se réduire au plus petit dénominateur commun ? Comment faire pour que la « convergence des luttes » ne soit pas juste un slogan qui étouffe les critiques et les visions divergentes, un synonyme de « Viens te ranger sous mon drapeau, ça va bien se passer » ? Comment, au final, reconnaître un « droit de tendance » aux différentes composantes du mouvement pour l’Émancipation ?

      Certains groupes et certaines personnes sont spécialisés dans le consensus (parfois trop), d’autres dans le dissensus (parfois trop). Nous n’allons pas faire ici la leçon aux uns ou aux autres, non merci ; par contre nous estimons que le rôle d’une maison d’édition de lutte comme la nôtre est d’assumer les deux tâches : nourrir la réflexion critique aussi bien que les solidarités concrètes.

      Aucun des livres que nous avons publiés n’est parfait. La reproduction artificielle de l’humain ne l’est pas non plus. S’il fallait l’éditer aujourd’hui nous l’éditerions ; et nous ne l’éditerions pas de la même façon. Certaines choses n’y figureraient probablement pas, d’autres qui n’y sont pas y figureraient, et certaines choses ne seraient pas écrites de la même façon.

      On a pas beaucoup avancé hein ?
      (D’aucuns diraient on a reculé dans le non-débat sur tous les sujets, la prostitution, le décolonial, la transidentité, etc)

    • Et du coup, bien sûr chez @pmo, le compte-rendu détaillé de Tomjo (donc anti queer, ironique voire insultant, polémique, etc) :
      https://seenthis.net/messages/1015989
      https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/mes_vacances_a_saint-imier.pdf

      4 Queer, c’est ainsi qu’on nommera plus tard les assaillant-es, et c’est ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes (on est au moins d’accord là-dessus) ; bien que certains les appellent les postmodernes, les intersectionnels, les wokes, les bienveillants, les déconstruits – voire les Iels, ou encore La Cinquième Colonne France Inter, mais c’est un peu long. Les résumer est plutôt simple, malgré leurs amphigouris. Il s’agit de groupes activistes débarqués après les artistes contemporains, philosophes et chercheurs en « sciences sociales » qui rabâchent depuis quarante ans que :
      – 1. Les « méta-récits » historiques (Capitalisme, Socialisme, Démocratie, Progrès) étant selon eux coupables d’universalisme colonial blanc hétéronormé, place aux micro-récits individuels et communautaires, subjectifs et spécifiques, des noirs, femmes, gays, trans, animaux, etc. Aux grandes conquêtes matérielles et à la révolution se substituent des micro-résistances « pour des droits », et notamment à la reconnaissance.
      – 2. Conséquemment, de même que c’est le regardeur qui fait l’œuvre (en art contemporain), que l’histoire et le langage passent à la moulinette de la déconstruction (en philosophie), que tout savoir est situé (en sciences sociales), rien n’est plus permanent, délimité ou fini, tout n’est que fluidité et continuité (les espèces, les genres, les formes, les espaces, les faits) grâce à la puissance de l’esprit et de la technologie.

      On ne dira jamais assez les ravages du pseudo-matérialisme dialectique, épicé de nietzschéisme à la mode French Theory, d’où procèdent ces indigences. Ni comment la lutte contre « l’essentialisme » peut servir de couverture à la destruction du langage et de la pensée. Mais comment expliquer à des Personnes en Situation de Différance Mentale que le délire et la folie existent – indépendamment de toute malveillance subjective – et que toute idée poussée à bout, si juste soit-elle, devient folle.

      […]

      Ça commence mal. En dépit de son carnaval de dénégations, qui la dénonce plus qu’il ne la justifie, la Team Care s’apparente à une équipe de vigiles. Un peu flics, un peu juges. La Team Care « repère » et « prévient » jusqu’à de banales « situations d’inconfort », selon des « valeurs » et « discriminations systémiques » qu’elle est seule à avoir validées. - Seule, non. Elle est le pouvoir légal et moraliste (mais usurpé et clandestin) de la faction Queer, dans ce rassemblement qui rassemble finalement assez peu d’anarchistes - même en comptant les punks à chiens – ce qui est bien osé. Nombre d’intéressés se réclamant davantage d’un style de vie anarchique que de l’action anarchiste dont ils ignorent généralement l’histoire et les auteurs. Signe parmi d’autres de son formatage et de son agenda idéologiques tout faits : la Team Care était absente auprès des campeurs le dernier soir, quand une tempête s’est abattue sur la vallée, faisant un mort dans la ville voisine. Ou alors ses membres n’avaient pas suffisamment déconstruit leur ombrophobie (si, si, ça existe. Phobie des éclairs, du tonnerre, etc.).

      […]

      Autre exemple. Une nuit, un slogan apparu sur les murs ordonne : « White hippies, cut your dreads off ». S’ensuit une assemblée, grave et empesée, pour trancher la question – dont toute personne normalement constituée se fout comme de la dernière teinture du dernier influenceur. Un justicier blanc, et anglophone, exige sans sourciller : « We urge white people to cut their dreads off ». Après discussions et conciliabules, la Team Care décide – et de quel droit décide-t- elle ? - que oui, porter des nattes quand on est blanc, c’est raciste. Ce serait de l’« appropriation culturelle » – quand bien même les Gaulois, les Égyptiens, les Francs, les Vikings, les Indiens 6 portaient « de longs cheveux en forme de corde », et jusqu’au frère de Jésus lui-même, Jacques le Juste, qui les avait jusqu’aux chevilles.

      […]

      Plutôt qu’un festival des oppressions, je vois une foire aux ressentis. Chacun son ressenti, hein, son petit ressenti à soi, minuscule et inintéressant, mais qu’on expose partout et au nom duquel on réclame de la visibilité, de l’écoute et des droits.

      […]

      A force de bienveillance et de care, les ateliers glissent vers le développement personnel, le coaching, si ce n’est la gourouterie new age. Un « Cercle de parole en mixité choisie Neuro Atypique/psychiatrisé.e.s [se penche sur] nos rapports aux milieux militants et aux communautés anarchistes. » Un autre sur « La nécessité de l’autodéfense psychoémotionnelle » entend « affronter la domination intériorisée et la soumission ». Pendant qu’une discussion sur les ravages de STMicroelectronics, une méga-entreprise de semi-conducteurs, peine à réunir onze personnes, une soixantaine d’autres se rassemblent à quelques mètres pour un atelier « Résilience somatique » - merci d’apporter son tapis de yoga

      […]

      Leurs penchants charitables substituent à la lutte contre l’exploitation et l’aliénation celles contre la « pauvreté » et « l’exclusion », devenues aujourd’hui luttes contre les « dominations », les « discriminations », les « violences », les « agressions » et « micro-agressions ». A l’opposition exploiteur/exploité, ils substituent celles, morales et inconséquentes, de riche/pauvre, dominant/dominé, agresseur/victime. L’opposition du méchant dominant-agresseur, qu’il faut conscientiser, rééduquer, éveiller, et de la pauvre victime, qu’il faut entendre, soutenir, encourager.

      Pour résumer : la transformation de la société non plus par la lutte politique contre le pouvoir, mais par l’extension du domaine de la bienveillance interpersonnelle – sinon impersonnelle. Un ami qui travaille en psychiatrie me raconte son histoire, devenue classique, de la jeune DRH fraîchement diplômée d’école de commerce, débarquée pour jouer la cost killer. Quelques heures par-ci, un petit budget par-là, et chaque grignotage inoffensif finit par peser sur la qualité de l’accueil. Une fois le service dégradé et le mal-être généralisé, il est proposé aux salariés des formations sur le « validisme ». Ainsi donc, l’accueil ne se dégrade pas à cause de la politique salariale, mais à cause des absents aux cours de sollicitude.

    • Le compte rendu de PMO confirme effectivement, à la fois les pratiques sectaires de censeurs, l’absence d’une réelle gestion de conflit, ainsi que, de l’autre bord, la critique (faite par PMO) qui souffre comme tu l’indiques @rastapopoulos de sérieux problèmes de posture, notamment par le recours à l’injure catégorique et sans nuance des communautés queer, de propos ouvertement validistes, etc. Bref, une fois de plus, PMO propose un texte qui donne l’envie de fuir à quiconque pourrait être tenté par certaines de leurs thèses, sans les approuver dans leur globalité.

      Tout cela confirme, à titre personnel, que ce genre de « rencontres » (telles que les R.I.A.A.), organisées selon les modalités et avec les composantes, décrites ici ou là, sont totalement contre-productives.

      Bien que me revendiquant sans aucune ambiguïté d’un héritage politique ancré en grande partie dans l’anarchisme, non seulement, je ne trouve dans ces rencontres rien qui m’inciterait à y trouver ma place, mais je considère que ce type d’échéances constitue une dynamique à rebours d’une démarche de lutte révolutionnaire, faite d’action directe contre le capital, le salariat, le travail, l’État, le racisme, le patriarcat, le productivisme industriel, etc.

      À poursuivre ainsi la culture du sectarisme, selon ces méthodes - malheureusement largement partagées - il ne restera bientôt que quelques pelés préoccupés essentiellement à se flairer le trouduc pour savoir si l’autre pelé appartient vraiment « à la bonne tribu ».

      Prenons un peu de recul avec ces faits pour les observer, à partir d’un éclairage théorique que tout anarchiste qui se respecte devrait accepter, que ce soit en partie ou en totalité. Je veux parler de l’éclairage théorique laissé par Bakounine.

      Bakounine, comme tout individu normalement constitué, était profondément pétri de contradictions. Des contradictions, se sont également constituées, très rapidement, au sein de la première internationale, entre deux principales tendances. Je ne reviendrai pas sur ce point, si ce n’est pour constater que, déjà, faute d’une gestion correcte du désaccord politique, c’est l’édifice, dans son ensemble, qui a sombré, après quelques épisodes classiques de guerres de pouvoir. Là-dessus, nous n’avons pas avancé d’un pouce, si ce n’est que, visiblement la guerre interne s’exprime désormais avec la même violence au sein même du "camp anti-autoritaire".

      Contrairement à Marx, le théoricien Bakounine n’a pas laissé une œuvre théorique permettant d’exprimer toujours le plus clairement ses conceptions révolutionnaires. La lecture des 8 tomes des œuvres complètes de Bakounine, composées en grande partie d’écrits fragmentaires, voire de correspondances privées, patiemment reconstituées, notamment par Max Nettlau, puis par Arthur Lehning confirme ce fait.

      On y trouve quantité de pages, dont le contenu historique assez laborieux peut rapidement faire tomber l’ouvrage des mains du lecteur du XXI e siècle. On y trouve aussi – ce qui est nettement plus regrettable – d’insistantes attaques clairement antisémites à l’encontre de Marx. Des attaques dont se sont d’ailleurs désolidarisés certains anti-autoritaires, tels que Anselmo Lorenzo.

      Je soulignerais juste que, sauf erreur de ma part, la connaissance de ces contenus antisémites, déjà totalement indéfendables à la fin du XIXe siècle, ne conduit pas pour autant, les anarchistes à rejeter l’enseignement de Bakounine dans sa globalité.

      Contrairement à Marx, il semblerait que Bakounine a rédigé ses écrits sans considérer que ces documents fragmentaires devaient constituer une œuvre théorique construite, cohérente et homogène. Il s’agissait encore moins d’une production littéraire à visée « scientifique ». Il ne faut pas oublier que Bakounine rédigeait essentiellement ses contributions théoriques à partir des enseignements directement tirés de son intense activité révolutionnaire. Sa pratique révolutionnaire était totalement guidée par une conception matérialiste : c’est avant tout l’action directe des révolutionnaires qui détermine collectivement les contributions théoriques et non l’inverse.

      Rappelons que le clivage entre « anti-autoritaires » et « communistes » (selon les appellations de l’époque) n’étaient nullement le fuit de débats d’idées déconnectées de toute contingences pratiques. L’internationale n’était pas la Sainte Famille.
      Il me semble nécessaire de rappeler que les conceptions anti-autoritaires se sont construites peu à peu par l’expérience concrète, notamment à la suite de déconvenues électoralistes dans lesquelles ont été entraînés les membres suisses de l’Internationale, laquelle donnera lieu à la constitution de la Fédération jurassienne (lire à ce sujet L’internationale de James Guillaume).

      Si l’œuvre globale de Bakounine est parfois déroutante par son manque de construction globale, il n’en demeure pas moins, que le grand révolutionnaire russe, a laissé d’essentielles conceptions théoriques qui gardent toute leur actualité aujourd’hui ; notamment, avec son célèbre « Écrit contre Marx » qui s’est révélé être d’une incroyable acuité anticipatrice pour décrire ce qu’allait devenir le régime Bolchevique, dès les premières années de sa constitution.

      Autre exemple d’un écrit - qui nous ramène aux événements des R.I.A.A. de 2023 – ce passage de Étatisme et anarchie , où il est question de la façon dont les révolutionnaires devraient considérer la problématique religieuse, selon Bakounine. On ne doit pas oublier que ce livre a été rédigé en 1873, soit, dans un contexte où Bakounine a été conduit, quelques années plus tôt, à mener une lutte interne dans le mouvement révolutionnaire de l’époque, notamment en Italie, pour combattre les thèses à forte connotation religieuse de Mazzini.

      Il n’en reste pas moins, que ce texte, pour ce qui me concerne, garde encore en 2023, toute son actualité :

      Aussi bien, attendu que nous sommes des athées profondément convaincus, adversaires de toute croyance religieuse, et des matérialistes, chaque fois qu’il nous arrivera de parler de la religion devant le peuple, nous aurons l’obligation de lui exprimer franchement notre athéisme, je dirai plus : notre hostilité envers la religion. A toutes les questions qu’il nous posera à ce sujet nous devrons répondre honnêtement, et même, lorsqu’il le faudra, c’est-à-dire, quand on pourra en attendre des résultats, on s’efforcera de lui expliquer et de lui démontrer la justesse de nos arguments.
      Mais nous ne devons pas provoquer nous-mêmes de tels entretiens. Nous ne devons pas mettre la question religieuse au premier plan de notre propagande dans le peuple. Le faire équivaut, nous en avons la conviction, à trahir sa cause.
      Le peuple n’est ni doctrinaire ni philosophe. Il n’a ni le temps ni l’habitude de s’intéresser à plusieurs questions à la fois. En se passionnant pour une, il oublie les autres. D’où l’obligation pour nous de poser devant lui la question essentielle dont, plus que de toute autre, dépend son affranchissement. Or, cette question est indiquée par sa propre situation et par toute son existence, c’est la question écono-mico-politique : économique dans le sens de la révolution sociale ; politique dans le sens de l’abolition de l’État. Amuser le peuple avec la question religieuse, c’est le détourner du problème essentiel, c’est trahir sa cause. Cette cause consiste uniquement à réaliser l’idéal du peuple en le corrigeant éventuellement selon les aspirations de celui-ci et en suivant, parce qu’elle sera la meilleure, la direction plus directe et plus courte que le peuple lui-même dictera.

      (Mise en gras faite par moi)

      M. Bakounine – Étatisme et anarchie (1873) Éditions Tops / H. Trinquier p. 372

    • Merci pour le lien, @rastapopoulos j’en étais resté à la première réponse : « ne pas avoir envie de s’écharper », qu’à la fois je comprends (vu le contexte) et qui me semble, effectivement, triste, là aussi. Je suis tout à fait d’accord avec toi sur ton explication.

    • vu l’arbitraitre qui règne chez @socialisme_libertaire en matière de bonnes manières de s’exprimer, voir https://seenthis.net/messages/1016233), je donne asile ici à deux posts que je supprime là bas

      1/ UN VOILE SUR LA CAUSE DES FEMMES, pdf
      https://niktarace.noblogs.org/files/2019/08/BerthierUnVoileSurLaCauseDesFemmes.pdf

      2/ je ne partage pas sur ce point l’idée dune hiérarchie des sujets, manière souvent commode de justifier des « périodes transitoires » qui laissent précautionneusement (?) sous le boisseau des questions clés dont pratiquement il faut bien, et si souvent mal, se dépatouiller. il me semble qu’une analyse du rôle des religions permet de dépasser les impasses où se particularisent des positions bouffe curés républicaines et anars qui, bousculés par une nouvelle présence musulmane en Europe, ont pour partie méchamment glissé de la déstabilisation moqueuse de dominants (les talas) à la panique identitaire, d’une part, et à l’aristocratisme de supposés affranchis de l’autre. Pourtant,

      La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple.

      Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur _illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole. (1843)

      ce serait quoi contribuer à ce que cette protestation, cet esprit d’un monde sans esprit ne se réduisent pas à l’existant ( fascisme islamique, traditionalisme, quiétisme, mystique) ?

      #religion #livre

    • merci @colporteur pour lien vers le pdf.

      Je serais probablement allé à Publico pour l’acheter un de ces jours mais grâce à toi je ferai des économies :-)

      Bon, maintenant que je l’ai lu - et uniquement sur le contenu de ce livre - voici mon commentaire : je m’attendais à ce type de propos, où l’on voit des anarchistes « bien de chez nous » reprendre à leur compte un argumentaire laïcard très convenu, en usage dans la bonne société française et ses institutions, à droite comme à gauche, sur « le voile ». Un discours contre lequel j’ai eu à me battre, notamment, à partir de mon expérience professionnelle. Jamais le voile, pas plus que la kippa, les dreadlocks (brunes ou blondes), les maquillages goth, la casquette... portées par le public de jeunes qui venait utiliser des ordis dans l’espace numérique où je bossais, n’a posé le moindre problème de sociabilité ni d’intégration... Par contre je ne compte pas le nombre de grands manitous qui m’ont soûlé avec leurs théories fumeuses sur ce sujet.

      Non, contrairement à ce qui est dit dans ce livre, toutes les personnes qui portent le voile ne sont pas guidées par des fondamentalistes qui tirent les ficelles ; pas plus que le port du voile ne peut pas être considéré de façon unilatérale en tant que « symbole discriminatoire » pas plus qu’il ne représente, une fois pour toutes, « la négation de la femme ». Il s’agit de propos tenus par des personnes qui n’ont visiblement jamais été en contact réel avec cette jeunesse faisant les frais de discriminations racistes réelles. Ces sentences unilatérales contre ce qui serait censé être donné une bonne fois pour toutes comme un signe d’aliénation me sont devenues aussi insupportables que le catéchisme que j’ai subi dans mon enfance ; j’y vois une forme d’idéalisme qui hélas m’a toujours rebuté chez certains de mes compagnons anars. Je suis fatigué d’avoir à répéter cet argumentaire, donc désolé si mon explication est lapidaire... Basta.

      Hier soir et ce matin je me suis déconnecté d’internet pour me noyer dans ma collection de Miles ; ça m’a fait le plus grand bien :-)

      À signaler, quand même, pour terminer sur ce livre, car cela me semble important : il y a deux textes vers la fin (folios 62 et 64 de la pagination imprimée) qui donnent un point de vue contradictoire intéressant. Ne serait-ce que pour cela, le livre vaut d’être lu et diffusé.

      Je suis désormais en mesure de constater que je suis en désaccord avec le contenu global du livre mais je suis toujours également en désaccord avec le traitement qui lui a été réservé à St Imier, comme j’ai eu l’occasion de l’exprimer ici. Je pense avoir suffisamment développé mon propos à ce sujet, inutile de revenir là-dessus.

      Concernant l’attitude inacceptable de @socialisme_libertaire hier ici-même, (en dépit de leur non-réponse) je n’ai rien de plus à dire que ce que je leur ai laissé et qui a été noyé, depuis ce matin, par un flot discontinu de placards publicitaires.

    • @colporteur je me permets d’ajouter à ta citation, une autre traduction du même passage, avec ajout de la phrase suivante. C’est cette version j’’ai lue avec beaucoup de plaisir, parmi de nombreux autres ouvrages « au contenu problématique » qui sont dans ma bibliothèque perso ;-)

      Si je l’ai numérisée, passé en OCR et publiée ici c’est parce qu’il me semble, que cette version apporte un éclairage plus explicite au lecteur français :

      La misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature tourmentée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit de situations dépourvues d’esprit. Elle est l’opium du peuple.
      L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est l’exigence de son bonheur véritable. Exiger de renoncer aux illusions relatives à son état, c’est exiger de renoncer à une situation qui a besoin de l’illusion. La critique de la religion est donc dans son germe la critique de la vallée des larmes, dont l’auréole est la religion.
      La critique a effeuillé les fleurs imaginaires de la chaîne, non pour que l’homme porte la sinistre chaîne dénuée de fantaisie, mais pour qu’il rejette la chaîne et cueille la fleur vivante.

      Karl Marx – Contribution à la Critique de la philosophie du droit de Hegel – Édition bilingue – Aubier – Préface de François Châtelet

      Ce texte du « jeune Marx » fait partie des textes de rupture avec les milieux philosophiques (hégéliens de gauche) qu’il fréquentait avec Engels. Il n’en reste pas moins encore entièrement enchâssé, par son style et par ses modalités de production, dans la prose philosophique issue de ces milieux-mêmes. C’est d’ailleurs ce qui représente une grande partie du charme de ces « textes de jeunesse ».

      Nul ne reprochera à Marx et Engels le cheminement qu’il ont effectué depuis la critique, faite de l’intérieur, de la philosophie idéaliste jusqu’à leur engagement politique marqué notamment par le « manifeste communiste ». Nul ne leur reprochera ce cheminement, pas plus Bakounine que la totalité des anti-autoritaires de la première internationale. Ce célèbre passage concernant « l’opium du peuple » représente même probablement un élément fédérateur du matérialisme socialiste, si ce n’est de l’histoire « du mouvement ouvrier ».

      ce serait quoi contribuer à ce que cette protestation, cet esprit d’un monde sans esprit ne se réduisent pas à l’existant ( fascisme islamique, traditionalisme, quiétisme, mystique) ?

      @colporteur Je pense avoir répondu, en partie, à ta question, avec mon message de ci-dessus (après lecture du livre) quand on constate, dans ce livre, qu’une certaine « protestation » laïcarde (fût-elle anarchiste) ne fait rien d’autre que de se glisser dans les habits conventionnels et conformistes de l’argumentaire classique des interdictions portées par l’État et ses prétendants.

      Pour compléter le propos de @rastapopoulos et la remarque de @socialisme_libertaire : certes le mot « hiérarchie » sonne mal dans les oreilles d’un anti-autoritaire, voire d’un révolutionnaire tout court ! Moi aussi je fait partie des gens qui emploie volontiers le terme de « priorité » pour désigner ce qui guide ma logique militante pratique, surtout lorsqu’on constate qu’on ne peut être en permanence « à la foire et au moulin »…

      Mais sérieusement, c’est jouer avec les mots que faire ce type de reproche à @rastapopoulos : prenons une liste de tâches à accomplir et inscrivons chacune d’elles sur une fiche. Appelons-ça comme on veut, mais il faudra bien établir une critère hiérarchique pour savoir dans quel ordre s’y prendre pour traiter les fiches les unes après les autres.

      Pour autant la problématique du religieux, inscrite dans le champ de la lutte sociale, ne relève pas du domaine méthodologique en matière de todo et c’est en cela qu’il me semble important de compléter la remarque de @rastapopoulos et de répondre aussi à @colporteur :

      Le passage de Bakounine que j’avais placé ci-dessus, me semble justement répondre à la difficulté pratique dans laquelle nous nous trouvons depuis une trentaine d’année avec l’émergence de la « problématique » du port de « signes » dits « religieux ». Je pense que nombre de marxistes, marxiens ou toute autre bestiole révolutionnaire, un tant soit peu habité par la matérialité des choses concrètes, ne démentirait pas le propos de Bakounine, sur ce point.

      Il évoque, pour ce qui me concerne, nombre de conversations que j’ai eu avec des camarades pour savoir de quelle façon il fallait se positionner, par exemple dans une démarche syndicale, par rapport aux problématiques religieuses ou identitaires, rencontrées sur le terrain.

      Ce passage de Bakounine dit, en l’occurrence – et c’est peut-être ce qui pourrait le rapprocher de la citation de Marx – qu’en l’état actuel des choses, c’est à dire, tant que nous n’aurons pas réglé en priorité les inégalités sociales, ou plutôt tant que toute problématique discriminatoire ne sera pas intégrée dans la pratique concrète des luttes sociales contre le capitalisme notre rapport au réel sera faussé. Il ne s’agit pas de mettre sous le tapis les croyances religieuses ni de nier leur existence en tant qu’aliénation mais nous devons nous efforcer de ne pas les exacerber, surtout s’il s’agit de reprendre le discours idéologique du pouvoir. Tant que nous ne serons positionné solidement les pieds sur terre, la tête à l’endroit, nous n’arriverons pas à régler les problèmes concrets, qui ne sont rien d’autre que des problèmes créés par des humains.

      Dit autrement : à une ou deux exceptions, la question religieuse ne m’est jamais apparue comme un élément bloquant ou problématique dans mes pratiques militantes concrètes de lutte de classe, alors que j’ai été en contact avec nombre de personnes affichant leur identité, voire une croyance qui n’était pas la mienne. En tout cas, comme je l’ai signalé pour ma pratique professionnelle, la réalité de terrain que j’ai eu ne cadre absolument pas avec l’ampleur que prend cette problématique, telle qu’elle est montrée dans les pouvoirs (État, média, etc.). Il est donc plus que regrettable que des révolutionnaires socialistes – censés être matérialistes - se fassent la chambre d’écho des ces litanies racistes et ségrégationnistes.

      Le pouvoir, la bourgeoisie a toujours exprimé sa haine la plus viscérale et la plus répugnante à l’encontre des « classes laborieuses » (dont le « Lumpenproletariat ») qui lui permette de vivre et de prospérer. C’est toujours le cas aujourd’hui mais ce qui est nouveau, c’est que cette haine de classe se double désormais d’une haine identitaire raciste. Est-il nécessaire d’en dire plus ? Probablement mais, pour ce qui me concerne, je pense avoir, dans ces threads, présenté l’essentiel de ce que je pense sur la problématique.

      Pour terminer ce long message en guise de réponse à @colporteur :
      La vision de « période de transition », qui repose sur un modèle du type « prise du palais d’hiver » n’est absolument pas la mienne. La révolution est souhaitable et nécessaire mais ne pourra pas être autre chose qu’un processus lent et tortueux passant notamment – si elle a lieu, ce qui est loin d’être donné - par nombre de convulsions violentes et insupportables, du fait de la résistance la plus coriace des pouvoirs en place et des contradictions interne au « mouvement » révolutionnaire. Il me semble que ce tableau correspond déjà à ce que nous vivons. Nous ne sommes qu’au début de ce processus. On est loin, très loin de l’image "insurrectionnelle", fût-elle agrémentée de citations latines. De surcroît, plus que jamais, la révolution ne pourra être que planétaire, ce qui complique d’autant les choses...

    • @cabou je ne cherchais pas plus à t’incriminer que @rastapopoulos. pour dire autrement, c’est y compris dans la lutte, au présent et pas nécessairement « plus tard » que le vieux monde que nous portons est mis en chantier. ce monde c’est diverses idéologies, pratiques, dont les croyances et normes religieuses. cette transformation n’est pas une question de volontarisme militant (parfois approprié, souvent gênant). pour le savoir, il suffit d’avoir constaté, par exemple, comment dans des familles musulmanes assez strictes on se retrouve dans la lutte pour les papiers avec des petites ou jeunes filles qui font office de traductrices, lectrices, secrétaires, scribes d’une famille pourtant dotée d’un chef et pas toujours encline à ce que l’éducation des filles comporte de possibilités d’émancipation.
      avec ou sans citations latines, la lutte est pensante, met en cause non seulement la politique qu’elle combat mais ses protagonistes.
      je suis pas certain qu’il faille aimer le fait qu’il n’y ai pas de problèmes ("pas de souci" entend-t-on souvent), ça me semble clôturer indument questionnement et dynamique.

      par ailleurs, pour garder le style plus hégélien de la traduction, j’aime beaucoup cette définition de la religion comme esprit d’un monde sans esprit. elle pointe une dignité à la foi qui devrait interdire qu’on la méprise a priori depuis le dévoilement ou la dénonciation de l’illusion (certes, il y a des cas où le mépris s’impose !). et ce quelques soient les dogmatisations plus ou moins élaborées qui peuvent s’en suivre, un étroitesse d’esprit dont témoigne impeccablement la véhémence caricaturale de « socialisme libertaire » qui après l’invocation des Procès de Moscou a rapido décidé de traiter de flic qui serait en désaccord, ce qui n’est rien d’autre qu’ajouter à la misère.

    • oui, bien sûr, pas nécessairement « remettre à plus tard » mais prendre en compte les réalités de personnes, telles qu’elles sont et non telles qu’on aimerait qu’elles soient, avec tout ce qu’elles peuvent exprimer de contradictions et de difficultés. Si on peut éviter les dynamiques d’échec, sans pour autant faire de l’activisme consensuel pour lui-même et rester sur place, tout le monde s’en portera mieux.

    • Concernant l’épisode Saint-Imier cela n’apporte grand-chose aux points de vue déjà exprimés sur le présent thread, en particulier le mien. Je ne reviens pas dessus.

      Quant au fond, sur « le voile », comme je l’ai déjà signalé plus haut, il y a un problème de posture et d’argumentation idéologique qui le conduit à se retrouver, de façon assez cohérente et non fortuite, en accord avec Cassen, notamment. Et c’est vraiment navrant.

      Il semble difficile à René Berthier de ne pas ranger tout le monde dans le même sac infamant d’ « islamo-gauchiste », sous prétexte que l’on a recours au terme d’islamophobie pour décrire la réalité d’une forme de racisme spécifique, telle qu’elle s’exprime depuis plusieurs décennies en France, notamment à partir des vêtements. Pourtant, au-delà du terme, il y a bien cette permanence d’une discrimination raciste spécifique à l’encontre des musulmans, ou supposés tels, pour laquelle le personnel politique aux commandes de l’État éprouve même les plus grandes difficultés à justifier sur le plan légal :

      https://seenthis.net/messages/1018149

      Un changement de posture, permettrait pourtant à René Berthier de mettre à distance ses préjugés idéologiques, ne serait-ce qu’un instant, pour écouter, par exemple, le point de vue des AED, chargées de faire le sale boulot de mise en oeuvre de la discrimination raciste et sexiste et, surtout, pour écouter comment cette discrimination est vécue par les jeunes elles-mêmes et pourquoi ces personnes ne peuvent que la considérer comme étant ilslamophobe :

      https://seenthis.net/messages/1017843

      Je respecte Berthier pour ses travaux concernant l’histoire de l’AIT, l’anarcho-syndicalisme, l’oeuvre et la vie de Bakounine... mais ce décalage avec le réel, tel qu’il s’exprime avec ce texte, où il n’hésite pas à reprendre à son compte des catégories idéologiques ainsi que les préjugés utilisés par nos pires ennemis pour mener et justifier leur guerre de classe, me semble incompréhensible venant d’un syndicaliste, y compris anarcho-syndicaliste.