inquiétudes et appel à la grève après l’annonce d’une réforme des organismes de…

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  • Sûreté nucléaire : l’Elysée relance la fusion contestée des deux organismes de contrôle
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/07/19/surete-nucleaire-l-elysee-relance-la-fusion-contestee-des-deux-organismes-de

    L’Elysée a relancé, mercredi 19 juillet, le processus contesté de fusion des deux institutions chargées de la sûreté nucléaire en France, chargeant le gouvernement de préparer un projet de loi en ce sens « d’ici à l’automne ».

    Cette opération, annoncée par la présidence de la République, Emmanuel Macron, trois mois après un rejet par le Parlement d’un premier projet de fusion, réunirait en une nouvelle « grande autorité indépendante » l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (#IRSN), expert de la sûreté, et l’Autorité de sûreté nucléaire (#ASN), chargée des décisions concernant les centrales, selon un communiqué.

    #qui_aurait_pu_prévoir ?

  • Nucléaire : passée la Borne, y’a plus de limite | Mediapart | 17.02.23

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/170223/le-gouvernement-reprend-brutalement-en-main-la-surete-nucleaire

    en 2020, une lettre signée par la ministre de l’écologie affirme « la nécessité de ne pas découpler les missions d’expertise et de recherche concourant à l’évaluation du risque nucléaire et radiologique des sphères civiles et de défense ». Soit l’inverse de ce que demande aujourd’hui le gouvernement. [...] la titulaire du ministère s’appelle alors Élisabeth Borne.

    « Nous souhaitons [dorénavant] mettre en place le modèle de gouvernance plus proche de celui qui prévaut dans la plupart des grands pays nucléaires », explique aujourd’hui le ministère de la transition énergétique. À savoir ? [ 1.) démanteler l’IRSN i.e. la partie recherche, et 2.) ] « intégrer expertise et prise de décision dans une seule et même entité totalement indépendante. »

    C’est le modèle de la Nuclear Regulatory Commission (NRC), l’autorité de sûreté aux États-Unis. Pour Yves Marignac, chef du pôle énergies nucléaire et fossiles de l’Institut négaWatt qui a publié une note détaillée sur le sujet, cette référence ne tombe pas par hasard : « Dans la réglementation américaine, l’exigence de sûreté repose sur une démonstration de probabilité qui montre qu’on se trouve en dessous d’un certain seuil de probabilité d’avoir un accident grave. » Alors que la doctrine française de sûreté est « déterministe » : « On postule la situation la plus pénalisante et on fait la démonstration que dans ce cas, les systèmes de sauvegarde sont suffisants. »

    Selon lui, « il est techniquement évident que justifier qu’un réacteur nucléaire peut atteindre 60, voire 80 ans sera plus facile avec une approche probabiliste que déterministe ». Or, lors de ses vœux à la presse en janvier, le président de l’ASN, Bernard Doroszczuk, s’est dit ouvert à une approche « probabiliste ». Contrairement à ce que porte l’IRSN, très attaché à l’approche déterministe à la française.

    « À l’IRSN, l’expertise se fait en indépendance de l’exploitant et de l’ASN, explique Thierry Charles, sinon le risque est que l’expertise s’aligne sur la vision de la future décision. Le rôle de l’ASN est de s’assurer de la conformité aux règles. L’IRSN fait une expertise en toute liberté, sans porter aucun poids dans la décision. »

    voir aussi chez Le Monde : https://seenthis.net/messages/990996

    • « aujourd’hui, ce ne sont pas les temps d’instruction par l’IRSN ou l’ASN qui créent des délais », analyse un expert senior de l’institut, « ce sont les chantiers de construction organisés selon des plans qui ne sont pas réalistes ». Ainsi, sur le dossier des corrosions sous contrainte, une « task force » a été mise en place : « Notre objectif n’est pas de bloquer le système. On est là pour anticiper les difficultés. »

    • Auditionné par les parlementaires de l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) jeudi 16 février, le directeur général de l’IRSN, Jean-Christophe Niel, a expliqué que « depuis 20 ans l’IRSN remplit ses missions » et que « son organisation actuelle permet de mobiliser les compétences de l’institut à tout moment » : « La force de l’IRSN, c’est la complémentarité de tous les champs couverts. » Il en a aussi profité pour dire que l’expertise et la recherche y sont « imbriquées », parfois exercées « par les mêmes personnes ».

      Le comité social et économique (CSE) de l’IRSN s’est prononcé à l’unanimité contre ce démantèlement et une intersyndicale appelle à la grève le 20 février, un évènement rarissime pour cet organisme habituellement aussi discret que feutré. Environ 1 700 personnes y travaillent. Pour Thierry Charles, « il faudrait améliorer le système au lieu de tout casser. Tout ça représente un bond de 30 ans en arrière ».
      [...]
      Le délégué CGT de l’IRSN, Philippe Bourachot, fustige « une décision purement politique pour faire en sorte qu’un acteur dont on juge qu’il est trop pointilleux, l’IRSN, se mette au diapason ».

      Tout ne sera peut-être pas si facile pour le gouvernement : l’IRSN fut créé par une loi en 2001. Est-il possible de le supprimer par un article de loi ajouté en cours d’examen parlementaire, et donc sans étude d’impact ni passage devant le Conseil d’État ? La précipitation gouvernementale pourrait créer des obstacles inattendus. À commencer par des recours devant la justice.