Incendie du camp de Moria en Grèce : la fabrique des coupables idéals

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  • #Incendie du #camp de #Moria en Grèce : la fabrique des coupables idéals

    Le #procès en appel des quatre Afghans condamnés en 2021 à dix ans de prison pour l’incendie en 2020 du camp de migrants de #Lesbos se tient le 6 mars. Une contre-enquête vidéo met en lumière les « preuves faibles et contradictoires » qui ont conduit au verdict de première instance, et pointe la responsabilité des autorités grecques et européennes dans la tragédie.
    https://www.youtube.com/watch?v=CPGd0Loozhw

    LeLe drame avait eu lieu la nuit du 8 au 9 septembre 2020 sur l’île grecque de Lesbos. Plusieurs incendies consécutifs, propagés par des vents forts, avaient détruit le camp de migrants de Moria, le plus grand d’Europe, réputé pour ses conditions de vie extrêmement précaires.

    Aucune victime n’était à déplorer, mais les 13 000 migrants de ce camp situé à quelques kilomètres de la Turquie s’étaient retrouvés sans abri, en pleine pandémie de Covid-19.

    En juin 2021, quatre jeunes Afghans ont été condamnés à dix ans de prison ferme pour incendie criminel. Ils ont fait appel de la décision. Leur audience se tient le lundi 6 mars 2023 à Lesbos.

    « Les accusés avaient été condamnés sur la seule base du témoignage douteux d’un Afghan, qui n’a pas comparu à l’audience », précise Natasha Dailiani, l’une des avocates des quatre condamnés. Ces derniers sont issus de la minorité religieuse chiite des Hazaras, souvent persécutée en Afghanistan.

    Ils assurent de leur côté que ce témoin, un Afghan de l’ethnie majoritaire sunnite des Pachtouns, les a désignés comme les incendiaires en raison de leur appartenance religieuse. « Les quinze autres témoins à charge présents à l’audience de juin 2021 n’ont pas identifié les quatre accusés », ajoute Me Dailiani.

    Missionnées par la défense des mis en cause, Forensic Architecture et Forensis, deux organisations spécialisées dans les contre-enquêtes sur les crimes et mensonges d’État, ont retracé les événements de cette nuit du 8 septembre 2020 en s’appuyant sur des centaines de vidéos prises par les réfugiés et autres acteurs présents sur place, des témoignages ainsi que des rapports officiels.

    Leur enquête vidéo révèle entre autres que « les jeunes demandeurs d’asile accusés d’avoir mis le feu ont été arrêtés sommairement sur la base de preuves faibles et contradictoires », rapporte Dimitra Andritsou, coordinatrice de recherche à Forensis.

    Le vaste camp de Moria comportait douze zones (voir la carte ci-dessous). Le premier incendie se déclare le 8 septembre, au plus tard à 23 h 36, à proximité de la zone 6 (dans l’est du camp), avant de se propager dans le reste du camp, selon les deux collectifs d’enquête.

    Un deuxième incendie se déclare ensuite au centre du camp. À 1 h 43, le 9 septembre, il se répand dans la zone 12 (dans le sud du camp). Le principal témoin affirme que les quatre Afghans auraient eux-mêmes mis le feu à cette zone 12, comme le rappellent Forensic Architecture et Forensis.

    Celles-ci reconstituent également la progression de l’incendie dans la zone 12, cartographiant ainsi le schéma de propagation du feu, qui correspond à la direction du vent. La majorité du camp de Moria était en outre composée d’abris de fortune faits de plastique, de polystyrène, de bois ou de bâches, soit des matières hautement inflammables, comme l’illustrent les vidéos spectaculaires récoltées par Forensic Architecture et Forensis.

    « Il fallait trouver un responsable »

    Les quatre Afghans jugés coupables avaient rapidement été arrêtés, quelques jours après l’incendie de Moria. Deux autres mineurs afghans avaient par ailleurs été interpellés et condamnés à cinq ans de prison ferme lors d’un procès distinct en mars 2021.

    « Il fallait trouver un responsable. Ce procès, particulier, ne remplissait pas les conditions qui garantissent un procès équitable, c’était en ce sens une parodie de justice, dénonce l’avocate Natasha Dailiani. Nos clients, dans l’attente de leur appel, sont évidemment inquiets. Dévastés après le verdict du premier procès, ils ne peuvent accepter cette décision et clameront à nouveau leur innocence. »

    « Notre enquête suggère que face à la gestion inhumaine du camp par l’Union européenne et le gouvernement grec, il fallait un bouc émissaire », estime de son côté Dimitra Andritsou.

    Surpeuplé, le camp de Moria, dit hotspot (centre de premier accueil), d’une capacité de quelque 3 000 places, abritait le jour de l’incendie de 2020 environ 13 000 migrants, majoritairement originaires d’Afrique ou du Proche-Orient. Nombre d’associations et de politiques avaient précédemment alerté sur un drame qui semblait inévitable tant le camp était insalubre.

    L’incendie du 8 septembre 2020 au camp de Moria était le dernier d’une longue série. Au moins 247 départs de feu s’étaient déclarés à l’intérieur et aux alentours de cette structure depuis sa création en 2013, ainsi que le relèvent Forensic Architecture et Forensis.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/060323/incendie-du-camp-de-moria-en-grece-la-fabrique-des-coupables-ideals

    #camps_de_réfugiés #Grèce #réfugiés #asile #migrations #architecture_forensique #justice #contre-enquête #responsabilité #reconstruction #feu #hotspot

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    Fil de discussion sur cet incendie :
    https://seenthis.net/messages/876123

    • Fire in Moria Refugee Camp

      In the late hours of 8 September 2020, large fires broke out at the migrant camp of Moria, located on the frontier island of Lesvos, Greece. The fires smouldered over several days, displacing thousands of people and reducing the epicentre of the EU’s carceral archipelago to ashes. The overcrowded camp, first established in 2013, was host to more than 13,000 people at the time, and was notorious for its precarious and unsafe living conditions—conditions manufactured and maintained for years by Greek and EU policies.

      https://counter-investigations.org/investigation/fire-in-moria-refugee-camp

    • Grecia, incendi e responsabilità

      Il controverso processo per il disastroso incendio che ha distrutto il campo profughi di Moria, sull’isola di Lesbo, terminato con una condanna, ha visto la difesa utilizzare nuovi dati scientifici sulla fragilità degli ecosistemi alla minaccia del fuoco

      “Il crimine non è l’incendio, il crimine è Moria”, recitava lo striscione esposto davanti alla corte d’appello dell’isola di Lesbo il 6 marzo 2024, mentre quattro richiedenti asilo afgani aspettavano una decisione sul loro caso.

      Poche ore dopo, tre di loro sono stati rilasciati sulla parola e rinviati a nuovo processo, in quanto minorenni al momento degli incidenti. Il processo contro l’altro imputato è continuato fino all’8 marzo 2024, quando è stato dichiarato colpevole e condannato a otto anni di carcere. Il caso ha sollevato preoccupazioni sui diritti umani, sullo stato di diritto e sulla sicurezza nel contesto migratorio.

      Cronaca di una tragedia annunciata

      I quattro imputati facevano originariamente parte dei cosiddetti “Sei di Moria”, un gruppo di sei giovani richiedenti asilo (cinque minorenni e un adulto) arrestati dalla polizia locale pochi giorni dopo lo scoppio del tragico incendio nel campo profughi di Moria di settembre 2020, che ha lasciato 13mila persone senza riparo.

      Al momento degli arresti, i vigili del fuoco stavano ancora indagando. Nonostante la mancanza di prove, le immagini dei “piromani” in manette hanno fatto subito il giro dei media.

      Nel frattempo sono venute alla luce le scandalose condizioni di vita nel campo. Notis Mitarachi, l’allora ministro greco della Migrazione, ha cercato di placare l’opinione pubblica con dichiarazioni pompose: rivolgendosi ai membri del Comitato permanente per la pubblica amministrazione, l’ordine pubblico e la giustizia, ha affermato che le infrastrutture a Moria erano già state notevolmente migliorate e che i responsabili dell’incendio “sarebbero stati puniti e deportati”.

      A giugno 2021, il tribunale con giuria mista di Chios ha dichiarato i quattro imputati colpevoli di “incendio doloso con pericolo per la vita umana” e li ha condannati a dieci anni di reclusione, basandosi sulla testimonianza scritta di un unico testimone.

      Sebbene nessuno potesse dire esattamente come tutto fosse iniziato, diversi testimoni hanno collegato la tragedia ad una serie di incidenti violenti avvenuti tra i residenti del campo nelle tarde ore dell’8 settembre 2020, e in particolare, a forti disaccordi sulle misure di isolamento legate al coronavirus presto trasformatisi in una lotta interetnica, poi sfuggita di mano.

      Mitarachi ha dichiarato che «gli incidenti a Moria sono iniziati tra i richiedenti asilo a causa della quarantena». Pochi mesi dopo, intervistato da un media greco, ha dichiarato che il progetto del governo di creare un campo profughi più sicuro con condizioni umane dignitose nella regione aveva incontrato resistenza da parte delle autorità locali, con esiti disastrosi.

      Mitarachi ha poi accusato Kostas Moutzouris, governatore regionale del Nord Egeo, che a sua volta lo ha citato in giudizio nell’aprile 2021.

      Il famigerato campo profughi è stato definito da reporter internazionali e operatori umanitari come “l’inferno in terra”, “una bomba a orologeria” e “un disastro in attesa di accadere”, dove le persone venivano tenute per anni in condizioni disumane.

      Al suo apice, il campo ospitava oltre 14mila persone in uno spazio originariamente progettato per 2.150, e sono state registrate morti a causa delle terribili condizioni di vita, della scarsa igiene e delle scarse scorte di cibo.
      Una prospettiva diversa

      Il processo contro i quattro afghani del 2021 è stato controverso fin dall’inizio. Poiché l’unico testimone non è comparso in tribunale e quindi non è stato interrogato, la difesa ha sottolineato «interpretazioni errate o incomplete» delle intenzioni dei loro clienti e degli eventi della notte dell’incendio.

      Nel 2023 sono venute alla luce nuove prove: gli avvocati della difesa hanno tentato di ricostruire i fatti con l’aiuto delle ricerche condotte da Forensic Architecture/Forensis su loro commissione.

      I rilievi di FA/Forensis, sulla base di testimonianze e resoconti ufficiali scritti, nonché dell’esame di materiale audiovisivo, hanno attribuito l’incendio a condizioni geografiche, morfologiche e meteorologiche che rendono questa regione mediterranea più esposta agli incendi, soprattutto a settembre, quando “il terreno è più secco”.

      In una conferenza stampa tenutasi a marzo 2023, gli esperti Dimitra Andritsou e Stefanos Levidis hanno spiegato che “le condizioni di siccità, combinate con la precarietà e la densità derivanti dalle politiche imposte dalle autorità greche e dell’UE, hanno portato ad un forte aumento dei grandi incendi ogni anno in questo periodo”.

      La nostra analisi”, ha concluso Andritsou, “rivela significative incongruenze nella testimonianza del testimone chiave e getta ulteriori dubbi sulle prove in base alle quali sono stati accusati i giovani richiedenti asilo”.

      Il parere degli esperti si è basato in modo significativo sui filmati girati dagli stessi giovani migranti nel quadro di un corso di formazione sulla realizzazione di film e reportage offerto da un’organizzazione che lavora con i rifugiati a Lesbo.
      La prevenzione incendi: una questione di cultura e di valori

      In una prospettiva più ampia, ciò apre una nuova discussione sul tema della prevenzione e gestione degli incendi, soprattutto nelle regioni ad alto rischio come Lesbo.

      Indipendentemente dall’esito finale, il fatto che nella sperimentazione sia stata utilizzata un’ipotesi legata al clima/morfologia evidenzia la rilevanza di progetti che affrontano i fenomeni estremi che colpiscono la Grecia.

      OBCT ha intervistato il professor Kostas Kalabokidis, responsabile del Greek Living Lab (LL) nell’iniziativa FIRE-RES, un progetto che fornisce soluzioni innovative per territori resilienti al fuoco in Europa, tra cui Lesbo.

      “Gli ecosistemi forestali della regione mediterranea sono costantemente minacciati da incendi estremi, che hanno un impatto significativo sui servizi eco-sistemici essenziali”, afferma Kalabokidis. “I nostri studi mirano a esaminare le intricate relazioni tra le strategie di soppressione e gestione degli incendi e i diversi servizi eco-sistemici colpiti dagli incendi, con l’obiettivo di sviluppare un quadro completo e su misura per paesaggi resilienti agli incendi”.

      Il professor Kalabokidis ha sottolineato come l’uso di approcci metodologici avanzati, come l’analisi dei compromessi, la pianificazione degli scenari o le simulazioni stocastiche, possa contribuire a ridurre i pericoli e i rischi di incendi boschivi.

      FIRE-RES studia non solo i fattori ambientali, ma anche le condizioni socio-economiche che possono rendere una regione più esposta agli incendi e ad altri disastri. Nel caso del campo sovrappopolato di Moria, le dimensioni e la densità della popolazione hanno agito da catalizzatori, combinate con l’uso di materiali economici e infiammabili.

      Altri fattori comprendono la mancanza di un’adeguata formazione tra residenti e operatori su come prevenire e gestire un’emergenza legata agli incendi e una consapevolezza limitata (soprattutto tra i giovani residenti, come evidenziato dagli atti del processo) delle conseguenze di un comportamento irresponsabile che potrebbe portare ad un disastro e un crimine grave.

      FIRE-RES sottolinea l’importanza di educare le popolazioni che vivono in regioni resistenti al fuoco; ciò potrebbe tradursi in un insieme di atteggiamenti, competenze e pratiche tra i civili provenienti da diverse sfere della società, che consentirebbe loro di avere una migliore comprensione dei pericoli imminenti, ma anche delle soluzioni praticabili.

      https://www.balcanicaucaso.org/aree/Grecia/Grecia-incendi-e-responsabilita-230976