• Réforme des retraites : face à la crise, les limites du claquement de doigts, l’extrême-centre, déçu, édito Le Monde
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/23/reforme-des-retraites-face-a-la-crise-les-limites-du-claquement-de-doigts_61

    Posture offensive, main tendue à la droite et invitation lancée aux partenaires sociaux pour qu’ils s’emparent des sujets liés au travail, Emmanuel Macron fait comme si la crise des retraites était derrière lui, au risque d’attiser la colère de ses opposants.

    (...) Macron s’est expliqué devant les Français, mercredi 22 mars, sans pour autant ménager les syndicats. (...)

    Les syndicats sont furieux, la rue menace de s’embraser chaque nuit, le président résiste. A la façon de Nicolas Sarkozy, qui, en période de tensions, cherchait d’abord à souder son électorat, Emmanuel Macron a opté pour une posture offensive mais risquée. (...)

    En adoptant cette position de surplomb, le réélu de 2022 s’est transformé en procureur des blocages français, qu’il a mis sur le compte d’un manque de « lucidité collective », d’une difficulté à « partager les contraintes » et du jeu de défausse pratiqué par les oppositions. Dans la foulée, Emmanuel Macron a tenté d’élargir sa base en courtisant l’électorat libéral de droite. Alors que le Rassemblement national devient de plus en plus menaçant, il a placé la fin du quinquennat sous le signe du plein-emploi, de la lutte contre l’assistanat et de l’ordre républicain. (...)

    La première ministre, Elisabeth Borne, en sursis, dispose d’un petit mois pour tenter d’élargir la majorité et de rebâtir un agend a susceptible de décrisper l’atmosphère.
    Le projet de loi sur l’immigration, qui risquait d’enflammer l’Assemblée nationale, est mis à la découpe ; à propos de l’école, de la santé, de l’écologie, des actions concrètes et immédiatement visibles sont invoquées qui ne passeront pas forcément par ce Parlement trop frondeur. L’idée d’une contribution exceptionnelle visant les entreprises qui font des bénéfices record est lancée dans le débat, sans autre précision.

    Plus surprenant encore, le président de la République agit comme si la crise était déjà derrière lui en tendant la main aux partenaires sociaux pour qu’ils s’emparent des sujets révélés par le conflit : l’usure professionnelle, les fins de carrière, les petits salaires. C’est peut-être aux yeux des syndicats la provocation de trop, car, si depuis six ans le dialogue apparaît si difficile à construire, l’hôte de l’Elysée y est pour quelque chose. Pour que le pays avance, un président de la République se doit de savoir fabriquer du consensus. A ce stade, on n’y est pas du tout.

    #retraites and so on...