• « Manifester, c’est aller contre la stratégie du RN. Obtenir le retrait de la réforme maintenant, c’est affaiblir ses chances de victoires en 2027 et s’éviter des manifestations bien plus pénibles après son arrivée au pouvoir »

    7 raisons de manifester le 6 avril (et trois mots d’ordre pour s’organiser)
    https://politicoboy.substack.com/p/7-raisons-de-manifester-le-6-avril

    Beaucoup de choses dépendent du succès de la mobilisation contre la réforme des retraites ce jeudi. Si le nombre de manifestants et d’actions est élevé, le mouvement social va repartir de plus belle et la lutte aura de sérieuses chances de succès, proportionnelles au nombre de manifestants. Coup de bol, faire mieux que les 750 000 personnes comptées par la Police le 28 mars semble largement à portée de main.

    Inversement, en cas d’essoufflement, la dynamique du mouvement social sera vraisemblablement brisée. Avec l’épuisement des grévistes en reconductible pour raison financière, il ne restera plus au mouvement social que les actions coup de poing (blocage temporaire des autoroutes et centres logistiques, actions symboliques dans les lieux culturels, etc.) et une dernière journée de mobilisation en forme de baroud d’honneur avant la décision du Conseil constitutionnel.

    D’où cette liste non exhaustive des raisons d’aller manifester ce 6 avril, à partager sans se priver.

    1. Pour obtenir le retrait de la réforme des retraites

    La réforme est inutile, injuste et antidémocratique, comme le montre un examen scrupuleux du texte et du contexte. Deux voies peuvent déboucher sur son retrait : une censure (improbable) du Conseil constitutionnel, ou l’abandon de la réforme par Emmanuel Macron. Une grosse mobilisation ce jeudi forcera l’intersyndicale à appeler à une nouvelle journée la semaine suivante, aidera à poursuivre les grèves et blocages, continuera de mettre le sujet de la réforme au cœur de l’actualité et sera ainsi essentielle pour créer les conditions du retrait : en rendant le pays de facto ingouvernable, soit Macron lâchera sous la pression du patronat et de la bourgeoisie intellectuelle, soit le Conseil constitutionnel le fera à sa place. Une forte mobilisation jeudi n’est vraisemblablement pas une condition suffisante au retrait, mais elle est très probablement nécessaire.

    2. Pour poser les jalons d’un monde meilleur

    Obtenir le retrait de la réforme ouvre de nombreuses perspectives réjouissantes pour la suite. Cet échec forcera Macron à démissionner, dissoudre l’Assemblée nationale ou changer de politique. Au minimum, cela évitera de le conforter dans sa volonté de gouverner contre les Français.

    Inversement, si la réforme des retraites est maintenue, Macron aura les mains libres pour continuer sur sa lancée avec le Code du travail, la santé, les libertés publiques (on parle désormais de limiter le droit de grève, de dissoudre des organisations écologistes et de défense des libertés, et de criminaliser l’opposition « de gauche »).

    La victoire sur les retraites en appellera beaucoup d’autres. L’action en faveur du climat, de l’hôpital, des services publics, de l’accès à l’électricité bon marché, de la lutte contre l’inflation causée par les super profits (selon la Banque Centrale Européene) passe par la défaite de Macron sur les retraites. Ou à minima, par un mouvement social qui s’offre un nouveau souffle le 6 avril.

    3. Pour la démocratie et contre la répression policière

    Le Financial Time, quotidien de référence des milieux économiques internationaux, vient de publier un article dénonçant la répression policière qui s’abat sur la France depuis l’usage du 49.3, chiffres et graphiques à l’appui. Tout y passe : les manifestants éborgnés, mutilés et dans le coma. Les fractures du crâne et mains cassées de journalistes attaqués par les forces de l’ordre pendant qu’ils interviewaient une manifestante. Les tabassages et insultes des forces de l’ordre contre les manifestants. Les centaines d’arrestations arbitraires « pour faire du chiffre », dont celles de « deux collégiennes autrichiennes en voyage scolaire ayant passé près de 48 h en garde à vue » ainsi que « des touristes et des commerçants sans liens avec les manifestations ». Les interdictions injustifiées de manifestation dans Paris, jugées illégales par le tribunal de Paris après les faits. Les pratiques illégales du maintien de l’ordre (nasses, usage inapproprié des armes à létalité réduite). L’usage immodéré de la force comparé aux autres démocraties. Les condamnations et alertes émises par Amnesty International, l’ONU, le Conseil de l’Europe, Human Right Watch et Reporter Sans Frontière. Même le déni des violences policières par le gouvernement est dénoncé. Avec une conclusion implicite : Macron compte sur la Police et la répression pour mater la contestation légitime de sa réforme impopulaire. C’est le Financial Time qui le dit, pas Médiapart ou Guillaume Meurice.

    4. Pour battre l’extrême droite avant qu’il ne soit trop tard.

    Pour l’instant, toutes les études et enquêtes d’opinion s’accordent à dire que Marine Le Pen et l’extrême droite sont les grands vainqueurs de cette séquence. Mais c’est parce que les gens ont internalisé l’idée que la réforme sera maintenue et le mouvement social vaincu. Le Rassemblement national s’oppose aux blocages, s’attaque au droit de grève, appel à la réquisition des grévistes et s’est félicité de la défaite d’une députée France Insoumise face à une députée soutenue par la macronie lors de la législative partielle de l’Ariège. Pourquoi ?

    Le RN veut que la réforme passe pour faire campagne sur son abrogation en 2027.

    Manifester, c’est aller contre la stratégie du RN. Obtenir le retrait de la réforme maintenant, c’est affaiblir ses chances de victoires en 2027 et s’éviter des manifestations bien plus pénibles après son arrivée au pouvoir. Car le RN porte un projet politique antisocial qui n’a pas grand-chose à envier à celui d’Emmanuel Macron, le racisme systémique en plus.

    Enfin, manifester jeudi, c’est aussi s’opposer au virage extrême-droitier et autoritaire du gouvernement, ce « déjà-là fascisant » incarné par Gérald Darmanin.

    5. Pour les blessés de Sainte-Soline et les victimes de la répression policière

    Un homme est encore entre la vie et la mort. Un second est sorti du coma et aura vraisemblablement de graves séquelles, une jeune femme de 20 ans a été défigurée à vie. Un homme a perdu l’usage de son pied. Quoi que l’on pense de certains manifestants venus à Sainte-Soline, les révélations de Médiapart et du journal Le Monde démontrent que le gouvernement avait volontairement choisi de faire de cette journée une boucherie afin de mater le mouvement de contestation des bassines, mais également celui de la réforme des retraites.

    Manifester, c’est combattre ce choix abject, ultra violent et irresponsable, y compris du point de vue des gendarmes inutilement exposés.

    6. Pour remettre la gauche politique sur pied

    La NUPES est sur le pont d’imploser faute de direction commune. Le PCF veut faire cavalier seul, EELV et LFI ont des divergences de méthodes et le PS est au bord de la rupture. Quoi qu’on pense de ces formations politiques (pas beaucoup de bien), la dissolution de la gauche fermerait toute perspective de changement de politique gouvernementale. On a déjà vu que la droite et l’extrême droite se rejoignaient dans la dérive autoritaire. Ne serait-ce que pour jouer le rôle de contre-pouvoir, il faut une gauche debout. Une forte mobilisation jeudi contribuerait à ce redressement, une victoire sur les retraites agirait comme un tremplin pour les forces du progrès (et un rempart contre le RN).

    7. Pour la grandeur de la France

    Au-delà des articles alarmistes et Unes inquiètes de la presse étrangère qui dénoncent la dérive autoritaire du gouvernement français et d’une partie de la classe politique dirigeante, de nombreux médias internationaux louent la combativité du peuple français qui refuse de baisser la tête.
    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1643054791738765312/pu/vid/1280x720/ReI3djo288bWrrRO.mp4?tag=12

    | caissesdegreve

    Si Macron renvoie une image déplorable de la France à l’étranger, les manifestants font l’inverse.

    Et puis, manifester entre amis, ça peut être fun. Très fun.
    Trois mots d’ordre :

    Allez manifester si vous le pouvez, emmenez vos proches et vos collègues (faites le tour de vos connaissances pour les motiver), poussez-les à manifester en votre nom si vous êtes physiquement dans l’incapacité de le faire et décidez de participer à une action citoyenne lorsqu’elle est organisée près de chez vous (blocage de périphérique autoroutier, présence sur un piquet de grève, occupation d’un rond-point, etc.). Beaucoup de choses sont organisées. Et n’oubliez pas de vous amuser !

  • Que voulons-nous ? L’effondrement du macronisme. Après on verra
    https://qg.media/blog/haroldbernat/que-voulons-nous-leffondrement-du-macronisme-apres-on-verra

    Pour arrêter le mouvement, Macron et le siens comptaient sur l’inflation, la lassitude, le fatalisme, le matraquage médiatique, la moraline, la peur de la matraque, le « ce qui se fait ailleurs ». Ils ont en face la solidarité, la détermination, le refus, le volontarisme, le collectif, la vraie morale, le courage face à la peur, le « ce que nous voulons ici ». Ne les lâchons pas, jusqu’au retrait. C’est l’édito de la semaine d’Harold Bernat

    ... L’impunité du mensonge, nous l’avons en face depuis des années. Les mensonges s’accumulent mais le sourire reste, la morgue et le mépris paraissent inoxydables. Mais tout cela travaille dans l’ombre. La légalité, semaine après semaine, ne tient plus le tableau, elle ne parvient plus à dompter de ses tautologies (la loi, c’est la loi, dura lex sed lex, en latin c’est toujours plus impressionnant) la légitimité de la révolte qui monte des six coins de la France. Alors on reformule la question, non plus du côté de la légalité mais du point de vue désormais obsédant de la légitimité. Qui est en face ? Un escroc, un menteur, un faux. De quelle guerre parlons-nous ? D’une guerre juste, une guerre pour le respect du travail et des travailleurs, une guerre pour avoir le droit de partir à la retraite après plus de quarante années de travail sans que des millionnaires improductifs et parasites de l’État viennent nous sermonner comme des gosses de dix ans. Quelle pourrait être la fin générale de cette guerre sociale et politique ? L’effondrement du capitalisme ? Soyons peut-être plus modestes. Le retrait de la réforme des retraites et pas son report ou un moratoire bidon reste un préalable. Mais ce que nous voulons, au fond, c’est l’effondrement de la macronie, du règne de la fausseté attaché au nom de ce président philosophe complètement bidon et gonflé à la mondanité satisfaite. Pas l’effondrement de l’État ou de la République, de la macronie qui en est une corruption profonde. Après on verra.

    Pour arrêter le mouvement, Macron et son engeance comptaient sur l’inflation, la lassitude, l’acceptation, le fatalisme, l’individualisme, l’intersyndicale Casimir, le matraquage médiatique, la moraline, la peur de la matraque, le « ce qui se fait ailleurs », la lobotomie collective. Ils ont en face la solidarité, la détermination, le refus, le volontarisme, le collectif, l’inter-syndiqués anti-Casimir, la résistance critique, la vraie morale, le courage face à la peur, le « ce que nous voulons ici », l’éveil collectif. Ne les lâchons pas, serrons les mâchoires, plus fort encore, nous commençons à les tenir. N’ayons pas peur de ce chantage à la légalité en face d’individus qui sont en train de perdre ce sans quoi la légalité n’est qu’une coquille vide : la légitimité. Cela fait des années que cela dure, des années que nous endurons cette très dure carrière de mensonges et de malversations. Des années que nous souffrons ce monologue pathétique qui s’arroge le droit unilatéral de régenter des vies avec des passes et des coups de matraque. Nous ne verrons pas la fin de cette guerre car elle dépasse de très loin Macron le faux mais nous sommes engagés dans une lutte sérieuse et déterminée que l’on peut résumer sans trop de détours : nous ne voulons pas de ces gens-là au pouvoir en France. Faisons-les chuter lourdement. Que le bruit lourd de leur dégringolade s’entende jusqu’à Bruxelles, cela réchauffera sûrement le cœur du peuple grec qui a ouvert une voie inéluctable pour les peuples d’Europe.

    Harold Bernat