• Le 1er Mai, manifestons pour nos retraites, nos salaires, et l’unité des travailleurs contre le nationalisme et la xénophobie !
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/le-1er-mai-manifestons-pour-nos-retraites-nos-salaires-et-lunite-des | Éditorial de Lutte Ouvrière (24 avril 2023)

    Alors que le combat contre la retraite à 64 ans n’est pas terminé, le gouvernement allume un contre-feu sur l’#immigration, pour diviser le monde du travail. #Mayotte, le 101e département français, située dans l’océan Indien, est au cœur de cette #campagne_anti-immigrés.

    Darmanin vient d’y lancer l’opération de police #Wuambushu, qui se veut spectaculaire. Il a déployé 1800 policiers et gendarmes, des #CRS, des membres du #Raid et du #GIGN, des magistrats et installé un centre de rétention provisoire. L’objectif est de démanteler les #bidonvilles habités par les immigrés en situation irrégulière et d’en expulser 10 000, essentiellement vers #les_Comores.

    Autrement dit, à Mayotte, la #chasse_aux_pauvres est ouverte !

    Darmanin peut raconter ce qu’il veut, parler de délinquants et inventer de potentiels terroristes islamistes, il a ordonné la démolition de ce qui est le seul refuge pour des milliers de familles pauvres, comoriennes comme mahoraises. Ce sont des pauvres, avec ou sans papiers, qu’il va faire arrêter et peut-être expulser. Ce sont des familles pauvres qu’il va séparer et déchirer.

    À Mayotte, les hôpitaux, les écoles et toutes les infrastructures sont sous-dimensionnées pour une population croissante qui vit à plus de 70 % sous le seuil de pauvreté. Une partie de la jeunesse est la proie de bandes armées violentes vivant du racket et du vol. Mais le responsable de cette situation invivable, et d’abord pour les pauvres de Mayotte, toutes origines confondues, est l’État français qui ne met pas les moyens pour juguler cette pauvreté.

    Comme de bien entendu, la droite et l’#extrême_droite accusent l’immigration venue des Comores. Il n’y a rien de plus écœurant ! C’est la France qui a colonisé les Comores. Puis, au moment de leur indépendance, elle a détaché Mayotte de l’archipel avec un #référendum arrangé. Il y a 50 ans, les habitants des autres îles des Comores ont donc été transformés en étrangers, et la France, avec sa métropole à 8000 km, a gardé le pouvoir à Mayotte.

    Cette fois, les défenseurs de la « nation française » ne peuvent pas utiliser des différences de couleur de peau, de religion ou de culture pour dresser les Français de Mayotte contre les immigrés : ils font partie du même peuple ! Alors, cette opération n’est rien d’autre qu’une campagne infecte orchestrée par un gouvernement en mal de démagogie nationaliste et raciste.

    La politique de la France aux Comores est à l’image de la politique impérialiste qu’elle a imposée à toutes ses ex-colonies en Afrique et au Maghreb.

    Sur tous les continents, pour piller des régions entières et exploiter leur main-d’œuvre, les grandes puissances ont découpé les États dans la chair des peuples. Elles ont ainsi concentré les richesses et le progrès humain entre les mains de la bourgeoisie impérialiste et plongé le reste du monde dans un océan de misère et dans des conflits incessants entre les peuples. Ce sont ces fauteurs de misère et de guerres qu’il faut empêcher de nuire !

    Nos dirigeants et nos exploiteurs nous mettent en concurrence entre travailleurs, entre femmes et hommes, entre nationaux et immigrés. Ils voudraient nous voir nous déchirer pour les miettes qu’ils nous laissent. Ne les laissons pas nous diviser pour mieux écraser nos sœurs et nos frères d’exploitation ! Beaucoup de travailleurs ont besoin de circuler pour gagner leur pain, eh bien, cette revendication doit être celle de tous !

    Il faut répondre à la #lutte_de_classe menée par le #grand_patronat avec la conscience que nous faisons partie d’une seule et même classe ouvrière internationale. Le 1er Mai incarne cette perspective car il a été choisi par les travailleurs des différents pays pour être une journée de luttes communes.

    C’est aussi, cette année, la date que les organisations syndicales ont choisie pour continuer d’exprimer notre opposition à la retraite à 64 ans. À nous de faire que le 1er Mai 2023 sorte de l’ordinaire, avec des cortèges plus massifs que d’habitude ! Soyons nombreux, aussi, à affirmer que les travailleurs n’ont pas de patrie et qu’ils constituent par-delà les frontières une même classe sociale.

    Avant nous, dans tous les pays, des générations de travailleurs ont fait grève et ont, bien souvent, été en butte à la répression, le 1er Mai. Ils se sont battus pour les revendications ouvrières mais aussi contre le capitalisme, sa mise en concurrence des peuples, ses ravages sur la planète, son nationalisme, ses guerres.

    Ils affirmaient que les travailleurs ont intérêt à en finir avec l’#exploitation et l’#oppression des pays pauvres par les pays riches et qu’ils en ont la force. Ils affirmaient la nécessité de la révolution sociale à l’échelle internationale. Montrons que cette perspective est toujours vivante !

    #impérialisme #politique_criminelle #internationalisme #conscience_de_classe

    • 1er mai : contester le pouvoir du capital
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/26/1er-mai-contester-le-pouvoir-du-capital_634260.html

      L’intersyndicale a appelé les travailleurs à faire du 1er Mai un nouveau temps fort du mouvement contre la réforme des retraites, promulguée le 15 avril et qui, selon Macron, devrait prendre effet le 1er septembre.

      La lutte contre la réforme des retraites doit en effet continuer le 1er Mai et au-delà, non seulement parce que c’est une attaque directe mais parce qu’elle en prépare d’autres. L’inflation réduit chaque jour le pouvoir d’achat des salaires et des pensions, l’État sabre tous les budgets utiles à la population, le patronat fait pression sur l’emploi et les conditions de travail, le gouvernement multiplie les tentatives de division entre travailleurs en calomniant chômeurs, immigrés, sans-papiers, fonctionnaires, etc. Plus sombre encore, la situation internationale, l’augmentation parallèle des budgets militaires et des discours guerriers, la crise économique où s’enfonce le système capitaliste préparent de nouvelles catastrophes.

      C’est précisément parce que tout se résume et se résout par la lutte entre exploiteurs et exploités, capitalistes et prolétaires, que le mouvement ouvrier international a proposé, en 1890, de faire du 1er Mai la journée de lutte internationale des travailleurs. Il s’agissait d’affirmer ce jour-là dans les rues, partout dans le monde, qu’il n’y qu’une seule classe ouvrière et qu’elle représente le seul avenir possible pour l’humanité, sans exploiteurs et donc sans frontières et sans guerre. Cela est plus que jamais d’actualité.

      Au-delà de la question des retraites, c’est aussi cette perspective que Lutte ouvrière affirmera dans les cortèges du 1er Mai avec tous ceux qui voudront la rejoindre.

    • Mayotte : l’ignoble opération Wuambushu
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/26/mayotte-lignoble-operation-wuambushu_634282.html

      Le 24 avril le tribunal judiciaire de Mamoudzou a suspendu provisoirement la destruction d’habitations insalubres sur la commune de Koungou, qui devait être le point de départ de l’opération policière dite Wuambushu.

      Le tribunal a jugé que ce « décasage » violent aurait privé de logement, non seulement des personnes n’ayant pas de papiers en règle, mais aussi leurs voisins et des membres de leur famille ayant la nationalité française. Ce sursis obtenu par les habitants qui veulent résister à la brutalité de l’État met en évidence que la pauvreté et l’habitat indigne ne frappent pas que des immigrés, clandestins ou pas, mais aussi des Mahorais reconnus français. Il n’en reste pas moins que ce distinguo de nationalité n’existe que pour l’administration française, car tous sont des pauvres de culture comorienne, contraints de vivre sans électricité ni eau courante dans des bidonvilles qu’ils ont eux-mêmes construits avec les moyens du bord.

      Devant la misère qui se généralise et les conditions de vie qui s’aggravent à Mayotte, le président, le ministre de l’Intérieur, le préfet et bien des notables locaux n’ont qu’une seule cible : les Comoriens considérés comme clandestins et accusés de tous les maux. La frange de voyous livrés à eux-mêmes qui rendent la vie difficile, et encore plus aux pauvres, a été fabriquée par la misère et surtout par les lois et règlements privant des enfants de leurs parents expulsés vers les Comores.

      Nulle part les compagnies de CRS n’ont mis fin à la délinquance. La surveillance accrue des barques « kwassa-kwassa », qu’empruntent les Comoriens en quête d’une vie un peu moins dure à Mayotte, par des radars et des avions de surveillance financés par la récente augmentation du budget militaire, ne rendra pas les rues de Mamoudzou plus sûres. 1 800 gendarmes et CRS ne feront pas couler de l’eau potable dans les canalisations, n’éclaireront pas les quartiers à électricité intermittente, ne donneront pas des cours dans des salles de classe insuffisantes, ne soigneront pas les malades dans des infrastructures de santé sous-dimensionnées.

      Ralenti par la décision judiciaire et par le refus de l’État comorien de laisser accoster des bateaux qui transporteraient des expulsés de Mayotte, le gouvernement français ne désarme pas. Il prévoit des semaines de répression qui ne mèneront qu’à plus de misère et de désarroi en désorganisant la vie sociale et les solidarités qui permettent de survivre dans les quartiers les plus pauvres.

      Les politiciens locaux abondent dans la démagogie anti-immigré, tel le vice-président du conseil départemental qui est allé jusqu’à comparer les jeunes Comoriens à des terroristes, ajoutant : « Il faut peut-être en tuer. » Devant le tollé soulevé, il a dû se rétracter, mais ce propos infâme souligne l’impasse dans laquelle conduit la politique gouvernementale.

      La mise en scène orchestrée par Darmanin, accessoirement pour sa propre promotion, vise à dédouaner l’État et ses relais locaux de leur incurie et à embrigader une partie de la population derrière les forces de répression. Il serait dangereux de croire qu’elles agiront pour protéger les braves gens contre les délinquants. L’objectif est de faire accepter l’exploitation et la misère à tous les travailleurs, quelle que soit leur nationalit

      é.

  • Scandale de la #chlordécone : de nouveaux éléments contredisent la #justice
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/scandale-de-la-chlordecone-de-nouveaux-elements-contredisent-la-justice-

    Selon [les juges Brigitte Jolivet et Fanny Bussac], les données de la science, au moment où ces #pesticides ont été autorisés, n’étaient donc pas celles dont on dispose aujourd’hui. Et pour en arriver à cette conclusion, les juges avaient demandé à plusieurs experts scientifiques quelles étaient les connaissances que l’on avait des effets sur la #santé humaine de ces pesticides des années 70 à 90.

    “Lorsqu’on regarde les études publiées dans la littérature scientifique, on savait près de 80% de ce que l’on sait aujourd’hui de la toxicité de la chlordécone”, affirme Jean-François Narbonne, le toxicologue qui a été consulté par la justice. Dès 1979, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) avait classé la chlordécone comme cancérigène possible pour l’homme. Mais aux yeux des juges, cela n’était pas suffisant pour affirmer qu’on avait conscience des conséquences que son utilisation pouvait potentiellement avoir sur la santé.

    Pour en arriver là, la justice a dû faire l’impasse sur plusieurs années d’archives, et notamment sur les comptes rendus (essentiels pour la compréhension de ce sujet) des différentes commissions qui étaient chargées d’évaluer les produits chimiques mis sur le marché. Pour qu’un industriel puisse obtenir l’autorisation de vendre un pesticide, il devait en effet présenter des résultats d’analyses. “Il y avait deux dossiers : un sur la toxicité du produit, étudié par les experts de la commission des toxiques, et un autre sur son efficacité, étudié par une commission d’agronomes et d’industriels”, explique Henri Vannière, ancien chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Et en cas d’avis divergents, c’est le ministre de l’Agriculture qui tranchait à la fin. Or lorsque l’enquête judiciaire débute en 2008, il n’existe plus aucune trace des propos qui ont été tenus en commission des toxiques entre 1972 et 1989, ce qui couvre une période de 17 ans de comptes-rendus. Ces documents concernent pourtant la période cruciale qui va de l’autorisation jusqu’au retrait des produits à base de chlordécone.

    • Chlordécone : quand des vérités refont surface
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/26/chlordecone-quand-des-verites-refont-surface_634273.html

      En janvier 2023, les juges ont prononcé un non-lieu dans l’affaire du chlordécone, un pesticide jugé très dangereux et ravageur en Martinique et en Guadeloupe dont ils ont estimé que, à l’époque, la science ne pouvait prédire les conséquences de son utilisation.

      Ce #pesticide a été très largement répandu de 1972 à 1993 dans les bananeraies, pour lutter contre le charançon du bananier sur demande et pression des riches békés de la Martinique, dont Lagarrigue et Yves Hayot. Il a été interdit dans l’hexagone en 1990, après l’avoir été aux USA en 1975. Mais le gouvernement français, toujours très lié au lobby béké des deux îles, avait accordé une dérogation de trois ans pour les Antilles.

      On a appris depuis que huit années d’archives ont mystérieusement disparu du dossier du chlordécone. Cherchez à qui profite le crime. La cellule d’investigation de Radio France a pu établir, il y a quelques jours, que des alertes de scientifiques, comme celle du professeur René Truhaut, sur la dangerosité de la molécule de chlordécone existaient depuis 1981.

      De même, elle a pu établir que la Ddass de Martinique avait été alertée sur la présence de chlordécone dans l’eau dès 1991. Pendant de nombreuses années donc, et sept ans après que la Ddass de Martinique a été au courant, la population a bu de l’eau chlordéconée. Jusqu’à aujourd’hui, vu l’état de délabrement du réseau d’eau potable et des usines de traitement, la présence de #chlordécone dans l’eau est quasi permanente, comme le démontre la fréquence des alertes officielles. Ceux qui le peuvent achètent de l’eau minérale et très rares sont ceux qui peuvent se payer des fontaines de traitement domestiques, agréées par l’Institut Pasteur, à 1 500 euros.

      Des scientifiques, des médecins avaient alerté notamment sur le risque de cancer et en particulier de cancer de la prostate que fait courir l’absorption du chlordécone. La Martinique et la Guadeloupe connaissent un taux de ce cancer parmi les plus élevés au monde. Plus de 90 % de la population des Antilles françaises a du chlordécone dans le sang. Les ouvriers agricoles des zones bananières sont les plus touchés. C’est l’hécatombe dans ces zones. D’autres types de cancer sont en augmentation. Les ouvriers agricoles, aussi bien hommes que femmes, en sont largement victimes. Mais l’ensemble de la population est touchée en buvant l’eau du robinet ou en mangeant les produits du sous-sol (ignames, madères, dachin, malangas, patates douces) ou les poissons du littoral. Ces derniers sont contaminés par l’eau des rivières qui se déversent dans la mer. Les sous-sols sont contaminés pour des siècles.

      Des responsables ont donc menti, puis ont fait disparaître des centaines d’archives pour masquer l’ampleur d’un crime de masse perpétré par l’État et les gros propriétaires békés. Ils sont protégés par la justice, qui est leur justice. Et tout cela pour réaliser le maximum de profit.

      Aujourd’hui, le monde entier connaît l’ampleur du crime. Beaucoup de vérités sont dévoilées. La population, les travailleurs agricoles et les plus pauvres payent le prix fort en santé et en maladie, mais ils ont déjà gagné en grande partie. Le scandale est dévoilé et l’opinion se tourne vers les responsables : l’État et les capitalistes terriens, les riches békés des Antilles.

      La lutte pour l’indemnisation des victimes, en particulier les ouvriers agricoles, est renforcée de ces nouveaux arguments. La reconnaissance de l’empoisonnement au chlordécone comme maladie professionnelle en est à ses balbutiements. Ce n’est pas encore entièrement gagné mais c’est le fruit des mobilisations ouvrières et populaires, des manifestations, des protestations sous toutes leurs formes. Elles doivent se poursuivre.

  • Dette publique : l’autre crise qui menace | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/dette-publique-lautre-crise-qui-menace_622602.html

    Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a déclaré mardi 18 avril qu’il allait « accélérer le rythme du #désendettement de la France ».

    En d’autres termes, il a annoncé que pour rembourser les créanciers de l’État, à savoir la haute finance, il va faire payer la population, soit en augmentant les impôts, soit en taillant dans les budgets des services publics… et sûrement les deux.

    La #dette de l’État français dépasse les 3 000 milliards d’euros. L’an dernier, pour boucler son #budget, l’État a dû emprunter 200 milliards. D’un côté, l’État emprunte de l’argent aux banques et aux fonds d’investissement privés à qui il verse des intérêts et, de l’autre, l’essentiel de cet argent sert à financer tous les allègements d’impôts et autres facilités octroyées aux grandes entreprises. Ce tour de passe-passe est un des principaux moyens d’enrichissement de la classe capitaliste.

    Mais, depuis un an, les banques centrales qui gèrent l’émission de la monnaie, comme la #BCE pour l’euro, ont régulièrement remonté leurs #taux_d’intérêt, ce qui a entraîné une hausse des taux auxquels l’État français emprunte. Ceux-ci sont passés en quelques mois de presque 0 % à plus de 3 %. Alors que la #dette_publique était plus ou moins stable ces dernières années, elle s’est donc remise à augmenter, ainsi que les remboursements de l’État à ses créanciers.

    Le gouvernement, qui doit veiller à la ­#solvabilité de l’État français pour le compte de la bourgeoisie, craint un emballement de la dette. Celle-ci se creusant, des spéculateurs peuvent en profiter pour faire monter les taux d’intérêt auxquels devra emprunter l’#État_français.

    Il y a quelques années, la Grèce avait connu une telle spirale du surendettement. Les taux d’intérêt avaient monté jusqu’à dépasser les 20 %, au point qu’en 2015 l’État grec fut complètement étranglé. Les institutions européennes étaient intervenues pour empêcher que cette crise grecque se propage à d’autres États européens et fasse s’effondrer l’euro. Elles ont alors joué le rôle d’huissiers auprès de l’État grec pour le compte des spéculateurs, en imposant à la population une #austérité catastrophique : le #chômage et la misère ont explosé, les services publics se sont effondrés, les hôpitaux n’ayant plus les moyens de soigner leurs malades.

    La #Grèce est un État bien plus pauvre que la France mais, à l’époque, les spéculateurs avaient aussi ciblé l’État italien, pourtant bien plus riche, et il s’en est fallu de peu que celui-ci ne soit entraîné dans la même spirale. En réalité, tous les États sont endettés jusqu’au cou et aucun n’est à l’abri du #surendettement. Pour ne pas être la première cible des spéculateurs, chaque gouvernement fait payer sa population afin d’accélérer le désendettement, comme dit Bruno Le Maire. Mais, évidemment, aucun ne fera payer la classe capitaliste, à qui profite cette #spéculation sur la dette des États.

    #lutte_de_classe

  • Jeu parlementaire et dialogue social : rien à en attendre !
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/jeu-parlementaire-et-dialogue-social-rien-en-attendre_622597

    […] Mais, maintenant que la loi est promulguée, l’intersyndicale se retrouve suspendue dans le vide. Si elle lorgne vers la salle de négociations dont Macron vient de rouvrir démonstrativement la porte, après la lui avoir claquée au nez il y a quelques mois, il lui est décemment difficile de s’y précipiter tout de suite, et la position est désagréable.

    « Pas avant le 1er Mai », s’exclament en chœur les dirigeants syndicaux. Est-ce une manière de répondre oui tout en disant non ? La nouvelle responsable de la CGT a reproché publiquement à Macron de rendre le pays ingouvernable. En fait, les uns comme les autres aimeraient le persuader que, s’il veut gouverner comme il l’entend, il doit les associer à ses réflexions.

    Avant comme après le 1er Mai, les travailleurs n’ont rien à gagner au retour des chefs syndicaux dans les salons de l’Élysée ou de Matignon, ni rien à espérer d’un RIP conçu pour ne jamais être utilisé, sauf pour détourner les travailleurs de la nécessité de se battre. Ils ont à poursuivre le combat pour une vie digne, contre le recul de l’âge de la retraite, pour ne pas se laisser étrangler par l’inflation imposée par les capitalistes. Et cela ne peut se faire que sur le terrain de la lutte de classe, en contestant le pouvoir de la bourgeoisie.

  • Macron à la télé : plus moche la vie
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/macron-la-tele-plus-moche-la-vie_622629.html

    Alors que personne dans la population n’en attendait rien, le petit monde médiatico-politique a fait semblant de croire que le discours de Macron de lundi 17 avril aurait une quelconque importance.

    Macron n’avait rien à dire si ce n’est, sans surprise pour personne, qu’il compte bien poursuivre ses attaques contre les travailleurs et les classes populaires.

    Nombre de commentateurs ou de politiciens parlent ou même s’indignent de sa déconnexion, de son arrogance, de son absence de remise en cause. Mais il n’y a là aucune surprise. Quand il s’agit d’imposer une loi contraire aux intérêts de l’immense majorité de la population, et qu’elle rejette comme telle, se justifier est superflu, tant le système politique permet de faire passer des mesures au service de la minorité capitaliste. La seule chose qui varie dans ce système dit démocratique est la compétence et le style des gouvernants pour enrober la réalité de la dictature sociale.

    Macron n’a pas seulement brassé du vent. Quand il affirme que « cette réforme était nécessaire pour (…) produire plus de richesses pour la nation », il faut entendre par « nation » ceux qui comptent aux yeux du pouvoir : les riches. Il rappelle ainsi à l’électorat de droite et aux bourgeois son aptitude à aggraver l’exploitation des travailleurs. Et quand il poursuit en évoquant un « pacte de la vie au travail », cela veut dire faire encore plus pour « ramener vers le travail les bénéficiaires du #RSA ». Les mesures, déjà en vigueur dans certaines régions, qui imposent aux allocataires du RSA de prendre n’importe quel poste sont une façon de les stigmatiser, mais aussi de tirer les salaires vers le bas. Il y a là une démagogie réactionnaire cherchant à diviser le monde du travail entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont plus. Il s’agit aussi de faire travailler une fraction de la classe ouvrière pour beaucoup moins que le #smic. Son discours a été assorti des attaques habituelles contre les #migrants, reprises ensuite, en encore plus odieux, par le ministre Le Maire. Là aussi, il s’agit d’une attaque contre les travailleurs et d’une tentative de division.

    Chacun des chantiers évoqués par Macron contient ainsi une ou plusieurs mesures contre les travailleurs. Ce n’est pas seulement parce qu’il est arrogant et déconnecté, mais parce que c’est sa feuille de route, dictée par la classe capitaliste qui se moque bien de savoir si c’est lui ou un autre politicien qui l’appliquera.

    « Malgré l’opposition rencontrée, je vais poursuivre ma politique et donc continuer et amplifier les attaques », a dit en substance Macron. Les derniers mois ont montré que les travailleurs aussi peuvent amplifier leur réaction. Car derrière Macron, il faut faire plier la #classe_capitaliste responsable de cette casse sociale.

    #lutte_de_classe #grande_bourgeoisie

  • Soudan : guerre entre généraux massacreurs | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/soudan-guerre-entre-generaux-massacreurs_622631.html

    Les deux chefs militaires qui gouvernent au #Soudan s’affrontent désormais dans une guerre sanglante, dont les principales victimes sont les habitants. Unis pendant trois ans pour réprimer la population, ces généraux entendent trancher par les armes lequel d’entre eux dominera le pays et mettra la main sur son économie.

    #Abdel_Fattah_Al-Bourhane, le chef de la junte à la tête du pays, et celui qu’on surnomme #Hemetti, son vice-président, dirigent des forces armées rivales. Al-Bourhane commande les #Forces_armées_soudanaises (#FAS), l’armée officielle, équipée de chars, d’hélicoptères et d’avions de chasse. De son côté, Hemetti est à la tête des #Forces_de_soutien_rapides (#RSF), une milice d’environ 100 000 hommes, issue des janjawids, qui mirent à feu et à sang la région du Darfour à partir de 2003. Cette milice constitue depuis 2013 une force indépendante, dotée d’armes modernes. Elle a même participé à la #guerre_du_Yémen du côté de l’#Arabie_saoudite. Le 3 juin 2019, alors que les manifestants avaient installé leur campement à Khartoum autour du siège de l’état-major pour exiger le départ du dictateur Omar el-Béchir, les Forces de soutien rapide se sont déchaînées contre eux et, lorsque les cadres de l’armée ont finalement choisi d’évincer le dictateur, Hemetti a tout naturellement pris une place de choix dans le Conseil de transition qui l’a remplacé. Telles sont les deux bandes de prédateurs qui règlent aujourd’hui leurs comptes dans tout le pays. Les dirigeants de ces bandes armées se partagent en outre l’économie : aux généraux de l’armée le contrôle des entreprises industrielles et commerciales, à Hemetti le trafic de l’or et son commerce avec les Émirats arabes unis.

    La population de la capitale, Khartoum, et des grandes villes de province, prise entre les deux feux, se terre chez elle comme elle peut. Les maisons sont détruites par les tirs d’artillerie et les bombardements de l’aviation. Les hôpitaux voient affluer les blessés qu’ils ne peuvent soigner. Ils doivent évacuer les malades sous les tirs d’armes automatiques et de roquettes. L’eau et l’électricité, qui déjà ne fonctionnent que quelques heures par jour en temps normal, sont totalement coupées dans bien des quartiers. Quant à se nourrir, c’était déjà plus qu’aléatoire avec les pénuries et la hausse vertigineuse des prix, mais c’est désormais impossible, aucun chauffeur ne prenant le risque de ravitailler les rares épiceries ouvertes.

    Le déclencheur de la guerre a été la décision d’intégrer les Forces de soutien rapide dans l’armée officielle. C’est une des clauses mises à la demande d’Al-Bourhane dans l’accord signé le 5 décembre dernier entre la junte militaire et certains partis soudanais, accord qui prévoyait un hypothétique retour à un gouvernement civil. C’était une tromperie, une de plus, et sa signature avait été accompagnée de manifestations hostiles de la part de ceux qui, comme les comités de quartier ou le Parti communiste, dénonçaient cette nouvelle manipulation des militaires et la trahison des partis signataires.

    Depuis le renversement d’#Omar_el-Béchir, acquis après six mois de manifestations en 2019, les chefs militaires qui l’ont remplacé n’ont jamais réussi à mettre fin à la contestation populaire, ni par la répression la plus féroce, ni par la fiction suivant laquelle des responsables civils partageraient le pouvoir avec eux. Les travailleurs et les couches populaires n’ont cessés de contester le pouvoir des militaires, s’organisant pour cela en comités dans les quartiers. Hemetti, quant à lui, avait surtout vu dans cet accord le choix fait par Al-Bourhane de l’éliminer, et signé le texte en attendant son heure.

    Aujourd’hui, non contents de rançonner un peuple parmi les plus pauvres du monde, les militaires lui font vivre les horreurs de la #guerre pour leurs seuls intérêts de clans. Mais la population et les travailleurs soudanais ont prouvé ces dernières années qu’ils n’entendaient pas renoncer à la lutte pour renverser ce système monstrueux et criminel, qui montre aujourd’hui toute sa nuisance dans un bain de sang.

  • États-Unis : l’engagement dans la guerre
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/etats-unis-lengagement-dans-la-guerre_622633.html

    Le 13 avril, un jeune militaire américain a été arrêté, accusé de la divulgation de documents sensibles de l’#armée_américaine.

    Les fuites montrent notamment que l’offensive de printemps envisagée par l’armée ukrainienne est conçue avec les états-majors de l’#Otan. En effet l’engagement occidental dans la guerre entre la #Russie et l’#Ukraine ne se limite pas à la livraison de matériel. Des brigades ukrainiennes, comptant au total 100 000 soldats, sont entraînées par les armées américaine et européenne, loin du front : la fin de leur formation, et donc leur disponibilité pour une offensive, a été planifiée en commun. Cela signifie qu’un grand nombre d’instructeurs militaires occidentaux sont mobilisés dans cette guerre. Ils ne sont certes pas au contact de l’armée russe, mais il n’en reste pas moins que leur activité vise la défaite de celle-ci.

    Depuis un an, ce soutien a pris des formes diverses. Les images produites par les satellites militaires américains permettent à l’#armée_ukrainienne de connaître les positions russes. Des frappes précises sont effectuées : l’artillerie ukrainienne, elle aussi en partie fournie par l’Occident, tue des soldats russes massés dans des bâtiments ou dans des colonnes de véhicules, des drones visent aussi des cibles choisies, dont des généraux russes.

    Les forces armées américaines, mais aussi françaises, se forment elles-mêmes au combat en pilotant les troupes ukrainiennes qui meurent au front. Ainsi, sans que les #États-Unis perdent de soldats, comme c’était le cas en Irak ou en Afghanistan, le pays impérialiste le plus puissant travaille à affaiblir l’armée russe.

    Cette préparation militaire des impérialistes est un pas vers un conflit qui ne serait plus circonscrit à cette région de l’Europe, mais qui serait un conflit mondial.

    #guerre_en_ukraine #impérialisme

  • PCF : le poison du nationalisme | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/19/pcf-le-poison-du-nationalisme_622600.html

    Lundi 10 avril, dans le discours de clôture du congrès du PCF, Fabien Roussel a déclaré : « Ils ont transformé nos frontières en passoires ». Cela lui a valu, sur twitter, les hommages des députés Olivier Marleix (LR) et Laure Lavalette (RN), qui se sont réjouis que le PCF y aille lui-aussi de sa démagogie contre l’immigration.

    Face aux critiques de gauche, Roussel a d’abord nié avoir parlé des migrants, s’agaçant que l’on « déforme [ses] propos ». Mais quelques heures plus tard, il a réitéré sur BFM, disant qu’il fallait être « plus ferme » à l’égard des travailleurs migrants qui veulent entrer en France. Sa formule était donc bien un clin d’œil à l’électorat de droite et d’extrême droite, et une ignominie contre les migrants, dont la fermeture des frontières signe chaque jour des arrêts de mort.

    Dans l’interview à BFM, Roussel a prétendu aussi que la cause des suppressions d’emplois en France serait l’ouverture des frontières aux capitaux et aux marchandises. Citant Peugeot et Renault, qui produisent des véhicules électriques en Chine, ou le géant japonais Bridgestone, qui a fermé son usine de pneus à Béthune et développé celles d’Europe de l’Est, il préconise le protectionnisme économique.

    Prétendre que la fermeture des frontières nationales protégerait les travailleurs contre les licenciements est un grossier mensonge. Aucune frontière ne protégera contre la dictature du profit, qui permet aux capitalistes d’aggraver l’exploitation, de verser des salaires de misère et de fermer une usine comme on ferme la porte d’un frigo. Roussel vitupère contre « l’Europe libérale », « les cols blancs de Bruxelles » ou « l’Élysée » ; mais contre les vrais responsables de la catastrophe sociale, les capitalistes, à commencer par les capitalistes français, le dirigeant du PCF n’a pas un mot, et ce n’est pas un hasard. Enfin, loin d’expliquer que les travailleurs de Chine, de Pologne ou de Hongrie sont les alliés des travailleurs d’ici contre leurs exploiteurs communs, Roussel les désigne comme des ennemis, qu’il accuse à demi-mot de voler les emplois des travailleurs en France.

    Un siècle après la naissance du stalinisme, le PCF n’en finit pas de distiller le poison du nationalisme et d’obscurcir la conscience de classe des travailleurs.

  • Le mouvement doit continuer

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/12/le-mouvement-doit-continuer_609611.html

    Jeudi 6 avril, les cortèges ont regroupé à nouveau des centaines de milliers de manifestants, avec, comme à chaque fois depuis le 19 janvier, un nombre de grévistes toujours important, même s’il est difficile à connaître puisque les patrons des entreprises du privé ne le communiquent pas.

    Nombre de dirigeants politiques et syndicaux ont présenté le vendredi 14 avril, date de rendu de l’avis du Conseil Constitutionnel sur la réforme, comme une étape décisive. Ainsi, le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger, a déclaré : « Je ne remettrai pas en cause la légitimité du Conseil constitutionnel » sur la réforme des retraites. Mais au nom de quoi les neuf « sages » qui siègent dans cette instance auraient-ils une légitimité pour décider de l’âge de départ à la retraite de millions de travailleurs ? Sur ces neuf membres, deux ont été nommés par Macron, trois par l’actuel président du Sénat, le LR Gérard Larcher, deux par le macroniste Richard Ferrand quand il était président de l’Assemblée nationale. Parmi eux figure l’ancien Premier ministre de droite Juppé, qui en 1995 avait tenté de s’attaquer aux retraites et avait dû manger son chapeau face à la mobilisation. Enfin, c’est Fabius, lui aussi ancien Premier ministre, qui préside cette assemblée au sein de laquelle les travailleurs n’ont vraiment aucun ami ! Tous sont des représentants patentés de la bourgeoisie, et certains ont eu l’occasion de le montrer en exerçant des responsabilités ministérielles.

    Cette institution constitue la dernière étape du processus législatif et le coiffe comme une sorte de dispositif de sécurité. Selon Macron et tous ceux qui évoquent sa légitimité, les travailleurs n’ont plus qu’à s’incliner après qu’il a rendu son avis. Pour le justifier, ils évoquent le respect de règles démocratiques. En fait de démocratie, ils voudraient que les travailleurs respectent les règles d’un système organisé pour permettre à un gouvernement d’imposer des lois conformes aux intérêts d’une minorité de capitalistes, sans avoir à tenir compte de ce que pensent la majorité de la population et en particulier des travailleurs.

    Les travailleurs ont, quant à eux, la légitimité d’être la classe qui produit les richesses et assure les tâches utiles et indispensables à la vie sociale. Ils ont le droit légitime de refuser que leur mouvement pour défendre leurs retraites soit mis en balance avec la volonté de neuf représentants de la classe privilégiée !

    La seule chose qui comptera en définitive est le rapport de force que la classe ouvrière sera capable d’instaurer face à la bourgeoisie pour défendre ses conditions de vie, ses salaires, ses emplois, sa retraite, en utilisant ses vraies armes que sont ses mobilisations, les grèves et les manifestations.

    • Chine-États-Unis : préparatifs guerriers

      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/12/chine-etats-unis-preparatifs-guerriers_609617.html

      Entre le samedi 8 avril et le dimanche 10, l’armée chinoise a déployé autour de Taïwan onze bateaux de guerre et plus de 70 avions, simulant l’encerclement de l’île ainsi que son bombardement. La Chine répondait ainsi à la visite en Californie de la présidente de Taïwan, #Tsai_Ing-wen.

      Cette visite, le 5 avril, s’inscrit dans la préparation de l’élection présidentielle taïwanaise de janvier 2024, une campagne que Tsai Ing-wen mène pour le compte de son parti, le DPP. Son escale américaine lui aura permis de se donner une stature internationale. Elle a salué le soutien indéfectible des États-Unis et de Kevin McCarthy, président de la Chambre des représentants américains, qui en a profité pour appeler son pays à continuer à vendre des armes à Taïwan. Les uns comme les autres espèrent ainsi enrayer la perte de vitesse du DPP sur l’île et justifier auprès de la population taïwanaise la nécessité de l’indépendance, alors qu’une partie grandissante semble en douter, si l’on en croit la défaite que le DPP a subie aux élections locales de novembre dernier au profit de son concurrent, le KMT, qui défend une ligne de statu quo, voire de rapprochement avec Pékin.

      Les dirigeants du DPP et les dirigeants américains ont sans doute estimé que la réaction militaire du gouvernement chinois, s’il y en avait une, légitimerait aussi la position du DPP. Cette réaction était en effet prévisible et sans aucun doute prévue. En août 2022, la visite à Taïwan de Nancy Pelosi, qui occupait alors la même fonction que McCarthy, avait provoqué des manœuvres de plus grande ampleur encore. Alors que le gouvernement de Pékin affirme depuis toujours que Taïwan fait partie de la #Chine et que son indépendance formelle est un motif de guerre, les #États-Unis et le DPP, avec ces contacts d’officiels au plus haut niveau, font monter la pression. Ils savent pertinemment que le #gouvernement_chinois ne peut pas ne pas répondre.

      L’armée chinoise s’est ainsi déployée pendant trois jours, simulant l’encerclement et le #bombardement de l’île, faisant franchir à plusieurs dizaines de ses avions la ligne médiane du détroit de Taïwan, et mettant en œuvre son dernier porte-avions, le Shandong, qui navigue dans la zone à environ 370 km à l’est de l’île. L’#armée_chinoise a également annoncé que les manœuvres autour de Taïwan seraient prolongées par d’autres jusqu’au 20 avril au large du #Fujian, dans le détroit de Taïwan. Les États-Unis, dont une partie de la flotte est en permanence sur zone, le #porte-avions américain Nimitz en particulier se trouvant à proximité, en ont profité pour observer les capacités militaires de la #marine_chinoise et pour montrer à leur tour leur présence et leur puissance. Ils ont ainsi déployé le 9 avril un destroyer en #mer_de_Chine_méridionale, un peu au sud de Taïwan, dans une opération dite de liberté de navigation, consistant à croiser à proximité des îles que les Chinois se sont appropriées. Et mardi 11 avril, ils ont entamé leurs exercices militaires annuels conjoints avec les Philippines en mobilisant au total 18 000 soldats, deux fois plus qu’en 2022.

      Les dirigeants taïwanais et américains préparent les esprits à la guerre. Les dirigeants chinois ne sont pas en reste. #Taïwan et ses 23 millions d’habitants deviennent ainsi l’enjeu d’un affrontement qui les dépasse.

    • Chine-États-Unis : une concurrence féroce mais inégale
      https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2022/01/23/chine-etats-unis-une-concurrence-feroce-mais-inegale_196804.

      (#archiveLO, 9 janvier 2022)

      – Une nouvelle superpuissance  ?
      – Des relations inégalitaires
      – Un nouvel #impérialisme  ?
      – Le «  rêve chinois  » de Xi Jinping
      – Guerre économique  : le raidissement des États-Unis
      – Les provocations occidentales
      – La #guerre, une menace toujours plus proche

    • Océan pacifique : préparatifs guerriers
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/03/15/ocean-pacifique-preparatifs-guerriers_552402.html
      (#archiveLO, 15 mars 2023)

      Depuis la base navale californienne de San Diego, le président américain Biden, le premier ministre britannique Sunak et son homologue australien Albanese ont lancé le 13 mars la nouvelle phase de leur alliance militaire.

      Les trois pays développeront ensemble et construiront dans leurs arsenaux respectifs un nouveau type de #sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire (SNA). La série est baptisée SNN Aukus, comme l’alliance #Australie- UK- USA. En attendant les premiers lancements, prévus pour 2040, les États-Unis fourniront, sous deux ans, trois voire cinq SNA à la marine australienne. Le #budget officiel de ce programme dépasse les 200 milliards de dollars.

      En plus de la montée en puissance navale, #Aukus marque l’intégration de plus en plus poussée dans la marine américaine des marines britannique et australienne, de leurs arsenaux et de leurs équipages. Le projet comprend aussi des groupes de recherche dans des domaines intéressant l’armement, depuis les missiles hypersoniques jusqu’aux ordinateurs quantiques nécessaires pour la guerre de l’espace. La marine japonaise, déjà en partie équipée par les États Unis et coordonnée avec eux, ne devrait pas tarder à rejoindre cette alliance évidemment dirigée contre la Chine.

      Pour justifier ce programme guerrier les porte-parole officiels et officieux de l’#impérialisme américain montent en épingle la menace chinoise. Cela va du ridicule, comme l’interdiction du réseau social pour ados Tik-Tok, au terrifiant, en affirmant que la flotte chinoise serait désormais la plus puissante au monde.

      La flotte chinoise, si l’on compte tous ses bâtiments jusqu’à la plus modeste vedette des douanes, est certes la plus nombreuse. Mais la #flotte_américaine, sans même intégrer Aukus, l’Otan et les autres alliés, reste de très loin la plus puissante. Les États-Unis détiennent 14 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins à tête nucléaire, alors que la #Chine en a sept. Et, surtout, ils arment 50 SNA soit la moitié de ceux en service actuellement dans le monde, alors que la Chine en a neuf. Enfin, un seul des onze #porte-avions américains, les plus gros, les plus rapides, les plus armés et les seuls dotés de catapultes, est plus écrasant et plus coûteux que les trois porte-avions chinois réunis.

      Aujourd’hui le programme naval Aukus est une garantie de bénéfices considérables pour des marchands de canons américains déjà multimilliardaires et, exceptionnellement, une fleur pour leur confrère britannique #BAE_Systems. Par la constitution d’une force navale intégrée, c’est aussi l’indication des camps d’un futur conflit général qui se dessinent et se préparent techniquement. Loin de défendre la paix, l’impérialisme promet la #guerre.

      #États-Unis #Royaume-Uni

    • Chine-États-Unis : préparatifs guerriers
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/12/chine-etats-unis-preparatifs-guerriers_609617.html
      (#archiveLO, 12 avril 2023)

      Entre le samedi 8 avril et le dimanche 10, l’armée chinoise a déployé autour de Taïwan onze bateaux de guerre et plus de 70 avions, simulant l’encerclement de l’île ainsi que son bombardement. La Chine répondait ainsi à la visite en Californie de la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen.

      Cette visite, le 5 avril, s’inscrit dans la préparation de l’élection présidentielle taïwanaise de janvier 2024, une campagne que Tsai Ing-wen mène pour le compte de son parti, le DPP. Son escale américaine lui aura permis de se donner une stature internationale. Elle a salué le soutien indéfectible des États-Unis et de Kevin McCarthy, président de la Chambre des représentants américains, qui en a profité pour appeler son pays à continuer à vendre des armes à Taïwan. Les uns comme les autres espèrent ainsi enrayer la perte de vitesse du DPP sur l’île et justifier auprès de la population taïwanaise la nécessité de l’indépendance, alors qu’une partie grandissante semble en douter, si l’on en croit la défaite que le DPP a subie aux élections locales de novembre dernier au profit de son concurrent, le KMT, qui défend une ligne de statu quo, voire de rapprochement avec Pékin.

      Les dirigeants du DPP et les dirigeants américains ont sans doute estimé que la réaction militaire du gouvernement chinois, s’il y en avait une, légitimerait aussi la position du DPP. Cette réaction était en effet prévisible et sans aucun doute prévue. En août 2022, la visite à Taïwan de Nancy Pelosi, qui occupait alors la même fonction que McCarthy, avait provoqué des manœuvres de plus grande ampleur encore. Alors que le gouvernement de Pékin affirme depuis toujours que Taïwan fait partie de la Chine et que son indépendance formelle est un motif de guerre, les États-Unis et le DPP, avec ces contacts d’officiels au plus haut niveau, font monter la pression. Ils savent pertinemment que le gouvernement chinois ne peut pas ne pas répondre.

      L’armée chinoise s’est ainsi déployée pendant trois jours, simulant l’encerclement et le bombardement de l’île, faisant franchir à plusieurs dizaines de ses avions la ligne médiane du détroit de Taïwan, et mettant en œuvre son dernier porte-avions, le Shandong, qui navigue dans la zone à environ 370 km à l’est de l’île. L’armée chinoise a également annoncé que les manœuvres autour de Taïwan seraient prolongées par d’autres jusqu’au 20 avril au large du Fujian, dans le détroit de Taïwan. Les États-Unis, dont une partie de la flotte est en permanence sur zone, le porte-avions américain Nimitz en particulier se trouvant à proximité, en ont profité pour observer les capacités militaires de la marine chinoise et pour montrer à leur tour leur présence et leur puissance. Ils ont ainsi déployé le 9 avril un destroyer en mer de Chine méridionale, un peu au sud de Taïwan, dans une opération dite de liberté de navigation, consistant à croiser à proximité des îles que les Chinois se sont appropriées. Et mardi 11 avril, ils ont entamé leurs exercices militaires annuels conjoints avec les Philippines en mobilisant au total 18 000 soldats, deux fois plus qu’en 2022.

      Les dirigeants taïwanais et américains préparent les esprits à la guerre. Les dirigeants chinois ne sont pas en reste. Taïwan et ses 23 millions d’habitants deviennent ainsi l’enjeu d’un affrontement qui les dépasse.

  • PCF : lutte des places à gauche

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/12/pcf-lutte-des-places-gauche_609594.html

    Le #PCF a tenu son 39e congrès du 7 au 10 avril à Marseille. #Fabien_Roussel, réélu à sa tête, s’est fait remarquer en déclarant que « la #Nupes est dépassée » et qu’il faut rassembler la gauche jusqu’à #Bernard_Cazeneuve, l’ex-Premier ministre de Hollande.

    Il n’y a pas à s’étonner de la main tendue à un politicien qui a refusé l’alignement du PS derrière la Nupes initiée par #Mélenchon et qui se démarque du spectacle radical joué par les députés #LFI au Parlement.

    D’un côté, même si ce n’est guère que par son nom, le #Parti_communiste_français reste associé à la #lutte_des_classes et à la contestation du capitalisme. Malgré ses déboires électoraux successifs et la perte des municipalités qu’il a dirigées pendant des décennies, il conserve un réseau militant dans certains quartiers populaires et parmi les travailleurs, un réseau que n’ont pas les autres partis de la gauche gouvernementale. Il continue d’attirer à lui des femmes et des hommes, y compris des jeunes, pour qui « la lutte des classes est toujours une réalité » , pour reprendre les termes d’un sondage qu’il a commandé.

    Mais, de l’autre côté, la politique des dirigeants du PCF, depuis des décennies – en fait depuis les années 1930, où il a cessé d’être un parti révolutionnaire pour devenir un gardien de l’ordre social –, a toujours consisté à apporter leur soutien à un politicien bourgeois présentable en vue d’obtenir des ministères . Blum, De Gaulle, Mitterrand, Jospin : la liste est longue et le spectre politique très large. Quand le PCF avait une influence presque hégémonique dans la classe ouvrière, sa capacité à encadrer les travailleurs était le principal argument de ses dirigeants pour monnayer des postes de ministres. Leur participation au pouvoir s’est accompagnée de leur complicité dans les coups portés aux travailleurs, comme sous Mitterrand qui a mis en œuvre le blocage des salaires et laissé supprimer des centaines de milliers d’emplois, puis sous Jospin qui a privatisé en masse. Cette politique a fait chuter les voix du PCF, partir ses militants et baisser son influence, sans que ses dirigeants changent vraiment de politique.

    Quand l’ex-sénateur ­Mélenchon a rompu avec le PS, les dirigeants du PCF, sous l’égide de #Pierre_Laurent, l’ont aidé à créer le #Front_de_gauche, lancé lors des élections européennes de 2009. En 2017 après la création de La France insoumise (LFI), ils ont mis le dévouement de leurs militants au service de sa campagne présidentielle. Mais, à trop suivre Mélenchon, le PCF risquait de disparaître. En 2020, pour conserver des municipalités, il avait besoin d’alliances avec le PS. En 2022, pour sauvegarder l’existence indépendante de son appareil, Fabien Roussel a choisi de se présenter à la présidentielle. Puis, pour faire réélire ses députés, il a pris part à la Nupes, l’alliance électorale proposée par LFI pour les élections législatives de juin 2022. Aujourd’hui, pour ne pas tout parier sur l’alliance avec LFI, Fabien Roussel tend la main aux dissidents du PS, hostiles à #Olivier_Faure et à la Nupes.

    Sur le fond, tous ces politiciens sont bonnet blanc et blanc bonnet, selon une vieille formule du PCF. Sur le terrain du nationalisme ou du protectionnisme, les différences entre Roussel, Mélenchon ou Ruffin sont indiscernables . Sur le terrain de la sécurité, Roussel, qui est allé manifester derrière la police, aux côtés de Darmanin et Bardella en mai 2021, doit apprécier Cazeneuve, ancien ministre de l’Intérieur.

    Depuis des années, la politique du PCF se résume ainsi à ses tentatives de sauvegarder ses positions électorales face aux pressions de ses alliés , tout en se présentant toujours comme candidat à être un parti de gouvernement. Cela signifie en tout cas être « toujours prêt » à faire passer sous la table les revendications des travailleurs, comme on l’a vu quand le PCF a eu des ministres sous Mitterrand comme sous Jospin.

    Ce n’est pas au PCF, pas plus dans sa version Roussel que dans les précédentes, que les militants ouvriers et les jeunes, attirés par le langage « lutte de classe », la référence au communisme et l’envie de combattre le capitalisme, trouveront une réponse à leurs aspirations.

  • Ce que va décider le Conseil constitutionnel… on est bien d’accord qu’on en a rien à foutre, n’est-ce pas ?

    Il n’y a pas de miracle à attendre du côté du Conseil constitutionnel. Cette institution peut, en théorie, censurer tout ou une partie de cette loi. Mais ses membres, de Fabius à Juppé, ont un CV long comme le bras en matière d’attaques anti- ouvrières. Six de ses neuf membres ont même été nommés par Macron et s’ils sont dits « sages », c’est qu’ils n’ont jamais rien fait de déplaisant aux yeux de la bourgeoisie qui domine toute la société.

    Le Conseil constitutionnel accédera peut-être à la demande d’organiser un référendum d’initiative partagé, le RIP. Cela ne lui coûtera rien et ne gênera pas le gouvernement : la procédure est tellement longue et compliquée qu’elle a peu de chances d’aboutir. Et surtout, le RIP n’est pas suspensif, et la loi pourra entrer en vigueur sans attendre.

    Rien ne peut remplacer la pression collective imposée par la mobilisation de millions de personnes. Rien ne peut remplacer le fait de discuter dans les entreprises, de nous rassembler et de nous organiser pour défendre nous-mêmes nos intérêts de travailleurs.

    Pendant longtemps, le patronat et le gouvernement ont pu faire leur loi avec la conviction que les travailleurs, divisés et résignés, ne parviendraient pas à réagir massivement. Un acquis du mouvement est d’avoir démontré que nous sommes capables de riposter et de nous faire respecter. C’est d’avoir retrouvé la fierté de ceux qui luttent, quand bien même le combat est difficile.

    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/rien-ne-peut-remplacer-notre-mobilisation-605923.html

    • https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/12/conseil-constitutionnel-des-sages-ou-ca_609610.html

      Le #Conseil_constitutionnel n’a rien du juge impartial que présentent les médias. Ses neuf membres, nommés par le président de la République et par ceux de la Chambre des députés et du Sénat, ont tout le loisir de rendre des arrêts conformes aux intérêts de la bourgeoisie et des coteries politiques qui la représentent, voire de leurs propres préjugés.

      Quelques décisions suffisent à rappeler ce rôle du Conseil. En 1982, sous #Mitterrand, il annula une loi pourtant bien timide sur la parité, arguant que le principe d’égalité ne permettait pas de différencier les citoyens en fonction de leur sexe.

      En 1995, il valida les comptes de campagne présidentielle de Jacques ­Chirac et d’Édouard Balladur. Les conseillers savaient que ces comptes recelaient de graves irrégularités, dépassement du plafond autorisé et versements en liquide, qui auraient dû entraîner l’annulation de l’élection. Mais il ne fallait pas révéler la fraude au grand public. On ne connut les dessous de la décision que vingt-cinq ans après, délai pendant lequel les délibérations sont soumises au secret. Il est à noter que la même année les comptes de notre camarade Arlette Laguiller furent, eux, en partie retoqués sous un mauvais prétexte.

      En 2012, c’était la taxe de 75 % touchant les 1 500 personnes ayant un revenu d’activité excédant un million d’euros, la taxation exceptionnelle de solidarité promise dans sa campagne par François Hollande, qui était renvoyée aux oubliettes. Le prétexte était que cet impôt était assis sur les personnes physiques alors qu’il aurait dû être prélevé par foyer fiscal. Cela évitait de reprendre ouvertement la campagne de la droite contre « une mesure confiscatoire ».

      La #Constitution est bonne fille, elle permet de justifier tout et son contraire, et les membres du Conseil ne s’en privent pas. Ils participent d’un ensemble d’institutions et d’articles de loi, comme le désormais célèbre 49.3, permettant au président de gouverner dans l’intérêt de la bourgeoisie, en passant outre l’avis de la population et même celui des députés, fussent-ils de son camp. Sous le règne de la bourgeoisie, le mot de démocratie prend un sens vraiment capital.

    • Irlande du Nord : les accords de paix d’avril 1998
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/04/12/irlande-du-nord-les-accords-de-paix-davril-1998_609602.html

      L’accord fut signé au terme de trente ans d’une guerre, appelée par euphémisme « Troubles », qui ravagea l’Irlande du Nord de 1968 à 1998. Aux origines du conflit se trouvait la volonté de la puissance coloniale britannique, au lendemain de la Première Guerre mondiale, de garder la main sur une partie de cette Irlande insurgée. En effet, pour mettre fin au soulèvement armé des nationalistes irlandais (1919-1921), les dirigeants de ce qui était alors le plus grand empire colonial au monde avaient scindé l’île en deux, concédant l’#indépendance à la plus grande part du territoire mais gardant le nord-est, plus industriel et plus riche que le reste de l’île. Londres pouvait garder sous tutelle cette « Irlande du Nord » grâce à une majorité protestante unioniste, c’est-à-dire favorable à l’union avec la Grande-Bretagne, contre les aspirations des nationalistes, largement majoritaires dans l’île mais en minorité au nord-est.

      À la fin des années 1960, une part croissante de la classe ouvrière catholique d’Irlande du Nord n’acceptait plus la pauvreté, le chômage, les inégalités criantes et les discriminations dont elle faisait l’objet. Les protestations, d’abord pacifiques au sein d’un mouvement pour les droits civiques et le droit au logement, furent brutalement réprimées par la police, puis par l’armée britannique d’occupation, comme lors du « #Bloody_Sunday », le « dimanche sanglant », de 1972. L’#État\britannique était ainsi responsable de l’escalade violente qui s’engageait. Parmi les unionistes, des milices se constituaient, suppléant les forces britanniques et ciblant souvent des catholiques de façon aveugle. Du côté des nationalistes, les organisations paramilitaires comme l’IRA s’érigeaient en bras armé des catholiques, frappant l’armée, les paramilitaires unionistes, ainsi que de nombreux civils lors d’attentats dans des centres commerciaux, des centres-villes, etc. Les Troubles allaient faire quelque 3 500 morts et 38 000 blessés, un bilan considérable à l’échelle d’une province de 1,5 million d’habitants. Aujourd’hui encore, de nombreuses familles gardent des séquelles de cette guerre. Et c’est d’abord au sein de la population que l’aspiration à la cessation des violences s’est exprimée.

      En 1998, l’accord de paix fut négocié sous la houlette du Premier ministre britannique #Tony Blair et, derrière lui, des États-Unis. Il était censé mettre un terme aux trente années de guerre civile. Pour cela, les dirigeants britanniques ont confié des prérogatives aux différents protagonistes du conflit. Les anciens paramilitaires ont enfilé le costume et obtenu des postes de pouvoir. Les partis nationalistes et unionistes ont obtenu un droit de veto dans les institutions locales, par conséquent souvent paralysées, comme c’est le cas aujourd’hui où le principal parti unioniste (#DUP) refuse de reconnaître sa défaite aux dernières élections. L’accord de 1998 prévoyait également l’ouverture de la frontière avec la #République_d’Irlande, une ouverture dont les unionistes se sont accommodés… jusqu’au #Brexit, qui s’est traduit, à leur grand dam, par la mise en place d’une frontière douanière entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne.

      L’#accord_de_1998 a figé les Nord-Irlandais dans deux « communautés » confessionnelles, #protestants et #catholiques, en créant des institutions partagées où leurs partis respectifs, unionistes et nationalistes, doivent siéger ensemble. Le poids de ces partis ainsi que celui des Églises font que la plupart des écoles restent ségréguées et que, encore aujourd’hui, des dizaines de « #murs_de_la_paix » séparent quartiers catholiques et protestants. La politique coloniale de « diviser pour régner » a éloigné ainsi les travailleurs les uns des autres pendant longtemps, mais n’a pas pu les empêcher d’entretenir d’innombrables liens de solidarité. Une partie des #Nord-Irlandais, qui côtoient dans leurs relations de travail, amicales voire familiales, des membres de « l’autre » #communauté, refusent désormais de s’inscrire dans ce #clivage_confessionnel gravé dans le marbre par les accords de 1998.

      Si la fin des affrontements a fait le bonheur des capitalistes qui font des affaires en Irlande du Nord, elle n’a mis fin ni aux inégalités, ni à la pauvreté, aujourd’hui plus importante qu’en #Grande-Bretagne. Le NHS, le système national de santé, est dans un état catastrophique dans la province d’Irlande du Nord où, par exemple, 6 000 patients attendent une opération depuis plus de cinq ans.

      Il y a donc quelque chose d’indécent à voir les dirigeants du monde impérialiste célébrer aujourd’hui l’accord sordide qu’ils négocièrent pour mettre fin à une guerre civile dont ils étaient largement responsables.