• Algérie : près de 3 000 migrants renvoyés dans le désert en 10 jours

    Les autorités algériennes ont expulsé 2 852 migrants entre le 23 février et le 5 mars. Les exilés ont été abandonnés en plein désert, à plusieurs kilomètres de la frontière nigérienne, sans eau ni nourriture. Parmi eux, des femmes et des enfants.

    Ils ont été abandonnés en plein milieu du désert, sous un soleil de plomb, sans eau ni nourriture. En seulement 10 jours, 2 852 personnes originaires d’Afrique subsaharienne ont été expulsées d’Algérie vers la frontière nigérienne. Selon Alarme Phone Sahara, qui vient en aide aux exilés dans la région, 993 migrants ont été renvoyés le 23 février, 1 180 le 3 mars et 679 le 5 mars. Parmi eux se trouvaient des femmes et des enfants. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), jointe par InfoMigrants, n’a pas été en mesure de confirmer ces chiffres.

    Ces opérations sont appelées sobrement des « reconduites à la frontière » par les autorités algériennes. Interpellés dans différentes villes du nord de l’Algérie, dans leur appartement, leur travail ou dans la rue, les migrants sont ensuite entassés dans des camions puis déportés vers le centre de refoulement de Tamanrasset, à 1 900 kilomètres de route au sud d’Alger. Là, beaucoup affirment être dépouillés de leurs affaires par les policiers : argent liquide, bijoux, téléphones portables, passeports…

    Ensuite, les exilés sont abandonnés dans le désert, au lieu-dit du Point-Zéro, qui marque la frontière avec le Niger, en plein Sahara.
    Les migrants « ne reçoivent ni nourriture ni d’endroit pour dormir »

    Livrés à eux-mêmes, les exilés doivent marcher des heures pour atteindre le premier village nigérien, Assamaka, à 15km du Point-Zéro. C’est là que se trouve le centre de transit de l’OIM, le bras de l’ONU qui assiste les retours volontaires des migrants vers leur pays d’origine.

    « Elles [les autorités algériennes, ndlr] nous ont abandonnés en plein désert, au milieu de la nuit. Il était environ 3h du matin quand on s’est mis en marche vers les lumières qui scintillaient. Je portais ma fille Maryam, ma femme portait Aminata, et un frère portait mes bagages », avait raconté en novembre dernier à InfoMigrants Burlaye, un père de famille malien de 25 ans qui travaillait comme boulanger en Algérie avant son expulsion.

    Lui et ses proches n’ont pas pu être accueilli dans le camp de l’agence onusienne, qui affichait ce jour-là complet. Burlaye, sa femme et ses enfants ont passé plusieurs nuits dehors.

    C’est aussi le cas des migrants renvoyés par l’Algérie ces dernières semaines. D’après Alarme Phone Sahara, nombre d’entre eux ont dû rester à l’extérieur, faute de places dans le centre de l’OIM. Ils « ne reçoivent ni nourriture, ni d’endroit pour dormir. Ils sont contraints de vivre dans la rue », a déclaré le 10 mars l’organisation sur sa page Twitter.
    « Abandon » de milliers de migrants

    Dans un communiqué publié jeudi 16 mars, Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé « l’abandon » de milliers de migrants présents à Assamaka. L’ONG médicale parle même d’une « situation sans précédent ».

    Le Centre de santé intégré (CSI) d’Assamaka, dans lequel MSF « distribue des articles non alimentaires » et propose des « consultations gratuites » de santé, est « débordé ». « La majorité des personnes récemment arrivées se sont installées dans l’enceinte du CSI, en raison du manque d’espace dans le centre de transit », affirme une coordinatrice de MSF à Agadez, Schemssa Kimana, citée dans le communiqué.

    MSF ajoute que des personnes « cherchent à s’abriter de la chaleur » qui peut « atteindre 48°C » à Assamaka, jusqu’à dormir dans des « tentes de fortune », « devant la maternité, sur le toit ou dans la zone de déchets ». Dans les endroits « peu hygiéniques », ces personnes sont exposées « à des risques sanitaires tels que les maladies contagieuses et les infections cutanées », indique l’ONG.

    Les expulsions opérées par les autorités algériennes sont fréquentes dans la région. Le 12 février déjà, 899 personnes avaient été renvoyées à la frontière nigérienne, dans les mêmes conditions. Selon les chiffres de MSF, entre le 11 janvier et le 3 mars 2023, près de 5 000 migrants ont connu le même sort. Et pour certains, l’issue peut être fatale. Nombre d’exilés, livrés à eux-mêmes dans le désert, sans carte ni moyen de localisation, se perdent et errent plusieurs jours à la recherche d’un village. En 2020 et 2021, 38 corps ont été retrouvés dans la zone, à quelques kilomètres d’Assamaka.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/47523/algerie--pres-de-3-000-migrants-renvoyes-dans-le-desert-en-10-jours

    #asile #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation #désert #Algérie #Niger #Sahara #désert_du_Sahara
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    Ajouté à la métaliste des « #left-to-die in the Sahara desert »
    https://seenthis.net/messages/796051

    • MSF condemns appalling conditions for migrants abandoned in #Assamaka

      Thousands of migrants deported from Algeria and abandoned in the desert of northern Niger are stranded without access to shelter, healthcare, protection, or basic necessities, Médecins Sans Frontières (MSF) said today.

      Between 11 January and 3 March 2023, 4,677 migrants arrived into Assamaka – a town in northern Niger’s Agadez region – on foot after being deported from Algeria and stranded in the desert. Fewer than 15 per cent of them were able to access shelter or protection when they arrived.

      MSF calls on the Economic Community of West African States (ECOWAS) to immediately provide protection for the people abandoned in extremely precarious conditions in Assamaka.

      The Integrated Health Centre (IHC) in Assamaka supported by MSF is overwhelmed as thousands of migrants are seeking shelter in the facility. “The situation is worrying,” says Schemssa Kimana, MSF project coordinator for Agadez.

      “Today, the health centre that we support in Assamaka is overflowing. The majority of people who have recently arrived in Assamaka have settled in the IHC compound, due to a lack of space in the transit centre,” says Kimana.

      According to Kimana, there are people sleeping in every corner of the facility. Some have set up makeshift tents at the entrance or in the courtyard. Others are camping in front of the maternity ward, on the roof, or in the waste area. MSF staff say the situation is unprecedented.

      Temperatures in Assamaka – an arid town – can reach 48 degrees Celsius, so people seek refuge from the heat wherever they can find it. This has led people to sleep in very unhygienic places, such as waste areas, which can expose them to health risks including contagious diseases and skin infections.

      The lack of available shelter forcing people to sleep in these conditions is appalling. This situation is now an emergency – it is untenable for anyone to remain living in these conditions.

      “We are worried because no one gives us an answer as to when we will return back to our country of origin,” says a migrant from Cameroon taking shelter at the IHC.

      “We don’t know when we will leave Assamaka. It’s like being in an open-air prison. For meals, all that we receive is very badly prepared. There is more sand in it than food. It makes us sick and gives us diarrhoea and stomach aches,” she says.

      “The rations are so minimal that we don’t eat enough. We live at the IHC in sheds that were built for COVID-19 patients. At night, the police patrol the village to catch migrants who have scattered and send them back to the IHC.”

      “This is an unparalleled situation that requires an urgent humanitarian response from the ECOWAS, from where the majority of these people are from,” says Jamal Mrrouch, MSF Head of Mission in Niger.

      “As a medical humanitarian organisation, it is our duty to highlight the visible gap in assistance for people – including children – who are in a precarious situation in the Assamaka desert, and the risks to their health.”

      https://www.msf.org/niger-msf-denounces-appalling-conditions-migrants-abandoned-assamaka

    • Entre 30/03 et 01/04/23, 776 personnes étaient expulsées

      #Expulsions de l‘#Algerie : Aussi le mars termine et l’avril commence avec la continuation des expulsions à #Assamaka… Entre 30/03 et 01/04/23, 776 personnes étaient expulsées !

      Voilà les détails d’arrivé des 297 piétons avec des convois non-officiels du 30/03/23 :
      G/Conakry : 158
      G/Bissau : 3
      Mali : 43
      Nigeria : 1
      RCI : 2

      Un autre convoi est arrivé au #PointZero le 31/03/23 avec 386 migrant.e.s des nationalités suivantes :
      Bénin : 1
      Cameroun : 3
      G/Conakry : 181
      Gambie : 50
      Libéria : 1
      Mali : 42
      Sénégal : 22
      S/Léone : 19
      Syrie : 1
      RCI : 59

      Finalement, on était informé d’un autre arrivé d’un convoi officiel avec 93 ressortissant.e.s http://nigérien.ne.s le 01/04/23.

      La situation humanitaire à #Assamaka s’aggrave jour par jour. La communauté internationale doit agir !!

      https://twitter.com/AlarmephoneS/status/1644053251527004161

    • Expulsion du 11 avril 2023 :

      Expulsions from the #Algerian side continue😡
      On 11/4/23 around 11pm (so during the night when it is more dangerous and difficult to orientate oneself in the desert!!) 487 migrants of different nationalities were chased from the trucks at #PointZero to walk 15km to #Assamaka


      They are nationals of the following laya:
      Burkina Faso: 3
      Cameroon: 2
      Central Africa: 1
      RCI: 33
      Gambia: 20
      G/Conakry: 249
      G/Bissau: 3
      Liberia: 1
      Mali: 121
      Niger: 5
      Senegal: 21
      Sierra Leone: 14
      Togo: 1

      https://twitter.com/AlarmephoneS/status/1647857635104792577