• En Allemagne, l’accueil des migrants, un défi pour certaines villes du Nord-Est
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/05/10/en-allemagne-l-accueil-des-migrants-un-defi-pour-certaines-villes-du-nord-es

    Upahl, Germany - 2 May 2023 : Self-made posters of Upahl residents against the construction of a refugee center along the highway in Upahl/Ksenia Ivanova for Le Monde
    Le nombre de demandeurs d’asile a connu une augmentation de près de 28 % en 2022, créant des tensions et des débats sur l’intégration de ces personnes dans un pays en manque de main-d’œuvre.(...) En parvenant à organiser ce référendum, les partisans d’un durcissement de la politique migratoire n’ont-ils pas déjà remporté une victoire ? « Que ces gens soient très bien organisés, c’est l’évidence. En quelques années, ils ont énormément gagné en visibilité, notamment grâce à leur maîtrise des réseaux sociaux », reconnaît Stefan Fassbinder, maire de Greifswald depuis 2015. Cela traduit-il pour autant l’état d’esprit majoritaire de la population ? Non, assure cet élu écologiste. (...)Maire de Wismar et président de l’Association des villes de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Thomas Beyer est du même avis. Mais il prévient : pour que les migrants soient acceptés, il faut leur donner les moyens de s’intégrer. Or, sur ce point, la situation actuelle est préoccupante, estime-t-il. « Partout les centres d’accueil se remplissent, mais après ? Dans ma ville, par exemple, je n’ai ni assez de places dans les écoles ni assez de logements. Sans un soutien massif de l’Etat fédéral, on ne s’en sortira pas », s’inquiète cet élu social-démocrate. Selon un sondage réalisé auprès de 400 communes allemandes pour l’émission « Report Mainz » de la chaîne ARD, publié mardi 9 mai, 69 % affirment n’avoir pas les moyens de faire face au nombre croissant d’arrivées, 17 % se disant déjà au-delà de leurs capacités d’accueil. Alors que les représentants des Länder devaient être reçus à la chancellerie, mercredi, pour discuter des questions migratoires – le deuxième rendez-vous en trois mois –, de nombreux élus de terrain estiment que, au-delà des besoins financiers, l’enjeu est avant tout politique.Les autorités estiment les besoins du pays en main-d’œuvre étrangère à 400 000 personnes par an. « D’un côté, on parle de l’immigration comme d’un problème ; de l’autre, on ne cesse de dire qu’on manque de main-d’œuvre. Il est temps qu’à Berlin on comprenne que le problème n’est pas l’immigration, mais qu’elle est une solution pour répondre aux besoins du marché du travail », explique le maire de Greifswald. Un discours que partage Anne Shepley, députée écologiste au Parlement régional de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale : « En 2015, quand un million de demandeurs d’asile sont arrivés en Allemagne, Angela Merkel a dit “Wir schaffen das” [« nous y arriverons »]. En 2022, ils étaient trois fois moins nombreux, alors arrêtons de dire que nous sommes submergés et donnons-nous les moyens de les accueillir et de les intégrer vraiment. C’est ça qui manque aujourd’hui : un nouveau “Wir schaffen das”. »

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