comment interpréter les élections en Grèce ?

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  • Abstention massive, victoire de la droite, chute de Syriza : comment interpréter les élections en Grèce ?
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    Avec 40,8% des voix, le parti du premier ministre sortant Nouvelle Démocratie (droite) est arrivé en tête des élections législatives en Grèce, devançant de 20 points Syriza et de près de 30 points l’ancien parti traditionnel de la gauche, le PASOK. Obtenant 146 sièges sur 300 au Parlement, le parti de droite n’a pas atteint la majorité absolue, ce qui l’empêche de former un gouvernement sans faire de coalition. Après les élections, chacun des trois partis arrivés en tête doit tenter de former un gouvernement en trois jours, chacun son tour. Si aucun des trois n’y parvient, ce qui est l’option la plus probable, le Parlement élu ce dimanche sera assermenté puis dissous, ce qui entraînera l’organisation de nouvelles élections et la mise en place d’un gouvernement provisoire.

    .... La campagne électorale de Syriza a été émaillée de plusieurs sorties fortement critiquées, à l’image de l’ancien ministre du travail Giorgos Katrougalos qui a annoncé que Syriza augmenterait de 20% les taxes sur les bénéfices des professions libérales. Mais la sortie la plus remarquée a été celle d’Alexis Tsipras, qui a expliqué qu’il n’était pas fermé aux votes des électeurs du parti néo-nazi maintenant interdit Aube dorée, expliquant que parmi ces derniers, il y avait des « fascistes et des gens du peuples » qui, « à un moment donné, se sont emballés et ont voté pour un parti fasciste ».

    En réalité, au-delà de ces déclarations qui n’ont pas aidé le parti à gagner des voix, le résultat du scrutin montre une déconnexion évidente entre la politique de Syriza et les aspirations de la population, dont une grande partie a toujours en mémoire la trahison du gouvernement de Tsipras en 2015 et la politique austéritaire et répressive qu’il a menée durant son mandat. Aujourd’hui, les résultats font office de désaveu pour Alexis Tsipras : malgré les quatre années d’attaques anti-ouvrières et autoritaires de Kyriakos Mitsotakis, malgré les différents scandales qui ont émaillé le mandat de ce dernier et le profond mouvement qui a fait suite à la catastrophe ferroviaire de Tempi, Syriza n’apparaît plus comme un moindre mal pour les travailleurs et la jeunesse. Et pour cause : durant tout le mandat de Mitsotakis et pendant la campagne électorale, le parti de Tsipras a mené une politique de compromission avec le parti au pouvoir et de recherche d’un consensus, dans un moment où le gouvernement était ébranlé de plusieurs crises politiques et sociales ; une politique qui s’est exprimée de manière criante quand Tsipras s’est empressé d’appeler Mitsotakis après les résultats électoraux pour le féliciter.

    Dans ce contexte, d’autres forces politiques jusqu’ici en crise tirent leur épingle du jeu électoral, profitant de la chute de Syriza. Après une chute monumentale en 2019, le PASOK, ancien parti traditionnel de la social-démocratie grecque et premier artisan des politiques d’austérité au moment de la crise, fait ainsi un score de 11,46%, contre 8,10% en 2019. Un résultat qu’un cadre du parti socialiste interprète de la manière suivante : « La différence entre le Pasok et Syriza se réduit fortement. Cela signifie que le Pasok pourrait redevenir la deuxième force politique de Grèce. » Ces déclarations montrent de manière limpide le rôle de Syriza dans la réhabilitation du PASOK, et expriment un possible rebond des partis traditionnels grecs, à droite comme à gauche, même si l’installation de Syriza dans le paysage politique empêche le retour au bipartisme solide d’avant la crise de 2008.

    #gauche #vote_sanction