La Palestine a été détruite en douze mois – mais la Nakba se poursuit depuis 75 ans

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  • La Palestine a été détruite en douze mois – mais la Nakba se poursuit depuis 75 ans
    Ilan Pappe | Samedi 20 mai 2023 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/palestine-detruite-nakba-continue-nettoyage-ethnique-israel-sionistes

    (...) Les dirigeants sionistes ont commencé à planifier le nettoyage ethnique de la Palestine en février 1947 et les premières opérations ont eu lieu un an plus tard au nez et à la barbe des autorités britanniques.

    En février 1948, les dirigeants sionistes ont dû précipiter leurs opérations de nettoyage ethnique contre les Palestiniens, en commençant par l’expulsion forcée de trois villages situés sur la côte entre Jaffa et Haïfa. Les États-Unis ainsi que d’autres membres de l’ONU avaient déjà commencé à émettre des doutes quant au bien-fondé d’un plan de partage et cherchaient d’autres solutions. Le département d’État américain a proposé une tutelle internationale de cinq ans sur la Palestine afin de donner plus de temps pour la poursuite des négociations.
    Des faits sur le terrain

    La première chose que les dirigeants sionistes ont faite a donc été d’établir des faits sur le terrain avant même la fin officielle du mandat (fixée au 15 mai 1948). Il était ainsi question de chasser les Palestiniens des zones accordées par l’ONU à l’État juif et de s’emparer du plus grand nombre possible de villes de Palestine.

    Sur le plan militaire, les Palestiniens ne faisaient pas le poids face aux groupes paramilitaires sionistes. Quelques volontaires arabes sont arrivés, mais n’ont pas pu faire grand-chose pour défendre les Palestiniens face au nettoyage ethnique. Le monde arabe a attendu le 15 mai pour envoyer des troupes en Palestine.

    Le fait que les Palestiniens se soient retrouvés sans défense entre le 29 novembre 1947 (date de l’adoption de la résolution de l’ONU) et le 15 mai 1948 (date de la fin du mandat et de l’arrivée des unités des États arabes voisins pour tenter de sauver les Palestiniens) n’est pas un simple fait chronologique. Il démonte de manière catégorique la principale assertion de la propagande israélienne au sujet de la guerre, à savoir que les Palestiniens sont devenus des réfugiés parce que le monde arabe a envahi la Palestine et leur a dit de partir – un mythe que trop de gens à travers le monde acceptent encore aujourd’hui.
    (...)

    Le message adressé par le monde à Israël était que le nettoyage ethnique de la Palestine, parfaitement connu en Occident, était acceptable, principalement en compensation de l’Holocauste et des siècles d’antisémitisme qui ont frappé l’Europe. (...)

    https://seenthis.net/messages/1004218

  • La Palestine a été détruite en douze mois – mais la Nakba se poursuit depuis 75 ans
    Ilan Pappe | Samedi 20 mai 2023 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/palestine-detruite-nakba-continue-nettoyage-ethnique-israel-sionistes

    La Nakba a dévasté la vie et les aspirations des Palestiniens. Seul un processus approfondi de justice restitutive, avec l’aide du monde entier, pourrait commencer à redresser les torts

    Au début du mois de février 1947, le cabinet britannique a décidé de mettre fin au mandat en Palestine et de quitter le pays au terme de près de 30 ans de règne.

    Au Royaume-Uni, la crise économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a amené au pouvoir un gouvernement travailliste désireux de réduire l’empire et de pourvoir aux besoins de la population des îles Britanniques. La Palestine s’est révélée être un fardeau et non plus un atout, dans la mesure où les Palestiniens autochtones comme les colons sionistes luttaient désormais contre le mandat britannique et réclamaient sa fin.

    Les dés ont été jetés lors d’une réunion du cabinet le 1er février 1947 et le sort de la Palestine a été confié à l’ONU, une organisation internationale inexpérimentée à l’époque, déjà affectée par le début de la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS.

    Néanmoins, les deux superpuissances ont consenti, à titre exceptionnel, à ce que les autres États membres proposent une solution à ce que l’on a appelé « la question palestinienne », sans qu’elles n’interviennent.

    La discussion sur l’avenir de la Palestine a été transmise au Comité spécial des Nations unies sur la Palestine (UNSCOP), composé d’États membres. Cette décision a suscité la colère des Palestiniens et des États membres de la Ligue arabe, qui s’attendaient à ce que la Palestine post-mandataire soit traitée de la même manière que les autres États mandataires de la région, c’est-à-dire en permettant au peuple lui-même de déterminer démocratiquement son avenir politique.

    Personne dans le monde arabe n’aurait accepté que les colons européens d’Afrique du Nord participent à la détermination de l’avenir des pays nouvellement indépendants. De la même manière, les Palestiniens ont rejeté l’idée que le mouvement sioniste – composé pour l’essentiel de colons arrivés deux ans seulement avant la création de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) en 1949 – ait son mot à dire sur l’avenir de leur patrie.

    Les Palestiniens ont boycotté l’UNSCOP et, comme ils le craignaient, le comité a proposé la création d’un État juif sur près de la moitié de leur patrie, dans le cadre de la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies, adoptée le 29 novembre 1947.

    Les dirigeants sionistes ont accepté le partage de la Palestine, saluant le principe d’un État juif, mais n’avaient aucune intention d’y adhérer en pratique, puisque la moitié de la population serait toujours palestinienne et que l’espace accordé ne représenterait que la moitié du pays convoité par le mouvement sioniste. (...)

    #Naqba

    • EN IMAGES : Les villages palestiniens avant la Nakba
      Des centaines de villages, certains habités depuis l’Antiquité, ont été dépeuplés de leurs habitants palestiniens pour faire place à l’État d’Israël
      MEE | Vendredi 19 mai 2023
      https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/palestine-villages-avant-nakba-israel-photos

      La photo ci-dessus représente Aïn Karem en 1934, alors plus grand village du district de Jérusalem, où vivaient plus de 3 000 Palestiniens, aussi bien musulmans que chrétiens.

      Le village a une importance biblique : beaucoup croient que Jean le Baptiste, le prophète qui annonça la venue de Jésus et le baptisa sur les rives du Jourdain selon la tradition chrétienne, est né à Aïn Karem. L’église Saint-Jean-Baptiste est l’une des principales attractions du village ainsi qu’un lieu de pèlerinage. Aïn Karem avait également une mosquée nommée d’après Omar Ibn al-Khattab, le deuxième calife de l’islam, qui traversa le village et y pria lors de la conquête musulmane de Jérusalem au VIIe siècle. (Crédit photo : Bibliothèque du Congrès américain)