*🛑 Trop d’argent public dans les banlieues ? « Un vaste mensonge Ă  des fins racistes et


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  • #Emmanuel_Lechypre, journaliste Ă  BFM Business :

    « L’#Ă©chec des #politiques_de_la_ville, une quinzaine de #plans_banlieues depuis 1977. 100 milliards d’euro sur la table, et pas de rĂ©sultats. La rĂ©alitĂ© c’est que la situation est bien plus difficile pour ces 7,5% de la population qui vivent dans les #banlieues que pour le reste du pays. Le taux de #chĂŽmage y est 2 fois plus Ă©levĂ©. La moitiĂ© des jeunes n’y a pas d’emploi, 4 habitants sur 10 n’ont aucun #diplĂŽme, c’est le double de la moyenne nationale, et le taux de #pauvretĂ© est 3 fois plus Ă©levĂ© que dans l’ensemble du pays.
    Quand vous regardez, est-ce que les habitants des #quartiers_pauvres reçoivent plus de #transferts_sociaux que les autres ? Non, en France mĂ©tropolitaine on est Ă  6800 euros en moyenne par an. LĂ  c’est 6100 euros dans les banlieues.
    Est-ce que ces territoires, plus pauvres, reçoivent beaucoup plus de la #solidaritĂ©_nationale qu’ils ne contribuent ? Ce n’est pas vrai. La Seine-Saint-Denis est le 3Ăšme dĂ©partement en France le plus pauvre de France, et pourtant c’est le 8Ăšme contributeur en termes de #cotisations_sociales.
    Est-ce que les quartiers pauvres sont mieux traitĂ©s par l’Etat que la France pĂ©riphĂ©rique ? Non, si on regarde les chiffres en matiĂšre de #santĂ©, les quartiers populaires comptent moins de 250 professionnels offrant des #soins de proximitĂ©. C’est 400 en moyenne en France. Et mĂȘme quand l’Etat dĂ©pense plus, les chiffres sont trompeurs. C’est vrai sur le coĂ»t moyen d’un Ă©lĂšve accueilli en #Ă©ducation_prioritaire, il est plus Ă©levĂ©, sauf que la qualitĂ© de l’#enseignement qui est dispensĂ© est moins bonne. »

    ▻https://twitter.com/Laurent_Potelle/status/1675463787221008387
    ▻https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/good-morning-business/emmanuel-lechypre-banlieues-trop-peu-d-argent-trop-mal-depense-30-06_VN-20230
    #chiffres #statistiques #préjugés #idées_reçues #quartiers_populaires #réalité #Nahel #politique_de_la_ville

    ping @karine4 @isskein @cede

    • Violences en banlieue : la politique de la ville, une cible trop facile

      Depuis la mort de Nahel, l’extrĂȘme droite s’indigne des milliards qui auraient irriguĂ© en vain les quartiers populaires. Mais avec des plans banlieues dĂ©laissĂ©s depuis des annĂ©es, le problĂšme semble surtout rĂ©sider dans les rapports entre la jeunesse et la police.

      C’est une petite musique qui monte, aprĂšs cinq nuits d’émeutes qui laissent le pays groggy. Une rage de justice, pour venger la mort de Nahel, 17 ans, tuĂ© par un tir policer le 27 juin, qui a tout emportĂ© sur son passage : mairies, commissariats, Ă©coles, centres des impĂŽts ou de santĂ©, mĂ©diathĂšques, boutiques et centres commerciaux, voitures et mobilier urbain. Jusqu’à cette tentative de mettre le feu Ă  la mairie de Clichy-sous-Bois, tout un symbole : foyer des prĂ©cĂ©dentes violences de 2005, la ville a longtemps Ă©tĂ© dirigĂ©e par l’actuel ministre de la Ville, Olivier Klein.

      Cette petite musique, le Rassemblement national la fredonne depuis des annĂ©es, mais c’est Eric Zemmour qui l’a entonnĂ©e vendredi sur Twitter : « On a dĂ©pensĂ© 40 milliards d’euros pour reconstruire ces quartiers avec le #plan_Borloo, 40 milliards ! Vous voyez le rĂ©sultat aujourd’hui ? » Un discours dĂ©magogique : le #programme_national_de_rĂ©novation_urbaine (#PNRU, 2004-2021), créé par la loi Borloo du 1er aoĂ»t 2003, n’a pas coĂ»tĂ© 40 milliards, mais 12. Lesquels ont Ă©tĂ© financĂ©s aux deux tiers par #Action_Logement, l’organisme paritaire qui collecte le 1 % logement, un prĂ©lĂšvement sur la masse salariale. Le reste par les collectivitĂ©s locales et l’Etat. Ces 12 milliards d’euros ont gĂ©nĂ©rĂ© 48 milliards d’euros de travaux, une manne qui a surtout profitĂ© au BTP. En outre, le PNRU a gĂ©nĂ©rĂ© 4 milliards de TVA, 6 milliards de cotisations et 40 000 emplois pendant dix ans. Merci la banlieue. Un deuxiĂšme programme, le #NPNRU (N pour nouveau), est en route. D’un montant identique, il court jusqu’en 2030.

      « Plus grand chantier civil de l’histoire »

      Trop d’argent aurait Ă©tĂ© dĂ©versĂ© pour les quartiers populaires ? « Franchement, vous n’imaginez pas Ă  quoi ressemblait leur #Ă©tat_d’abandon, de #misĂšre, l’#enfermement : la police ne rentrait pas dans ces quartiers, les poubelles n’étaient pas ramassĂ©es, personne n’y rentrait ! » s’énervait #Jean-Louis_Borloo mardi 27 juin. Avant d’engueuler LibĂ©ration, qui l’interrogeait sur son bilan  : « A quoi ça a servi ? Avant le PNRU, qui est quand mĂȘme le plus grand chantier civil de l’histoire de France, il y avait des Ă©meutes sporadiques dans les quartiers, quasiment tous les jours, jusqu’au grand embrasement de 2005. »

      C’était quelques heures avant que Nanterre ne s’embrase. Hasard cruel du calendrier, le pĂšre de la #rĂ©novation_urbaine se trouvait Ă  la Grande Borne Ă  Grigny (Essonne), dans le cadre d’un dĂ©placement censĂ© donner le coup d’envoi des « cĂ©lĂ©brations » des 20 ans de l’#Agence_nationale_pour_la_rĂ©novation_urbaine (#Anru) et Ă  quelques jours d’un ComitĂ© interministĂ©riel des villes prĂ©sidĂ© par Elisabeth Borne, qui devait enfin dĂ©voiler le contenu du plan « Quartiers 2030 ». Issue de la loi la loi Borloo, l’Anru est aujourd’hui prĂ©sidĂ©e par Catherine Vautrin, prĂ©sidente LR du Grand Reims, qui a succĂ©dĂ© Ă  Olivier Klein.

      Si le plan Borloo a permis de pacifier les banlieues, il a Ă©tĂ© par la suite « victime de son succĂšs ». « Quand ça a commencĂ© Ă  aller mieux, on a arrĂȘtĂ© de s’occuper des banlieues, ce n’était plus un problĂšme », explique l’ex-maire de Valenciennes. Il aura fallu l’« appel de Grigny » en 2017 suivi d’un rapport Ă©galement signĂ© par Borloo en 2018 et une dĂ©ambulation d’Emmanuel Macron en Seine-Saint-Denis, en plein Covid, pour que le chef de l’Etat ne se dĂ©cide enfin Ă  lancer l’acte II de la rĂ©novation urbaine.

      Entretemps, une gĂ©nĂ©ration aura Ă©tĂ© sacrifiĂ©e. « Les 15-17 ans qui constituent le gros des Ă©meutiers, ce sont les oubliĂ©s de la politique de la ville, estime un ex-prĂ©fet de Seine-Saint-Denis. Ce mouvement doit engendrer une rĂ©volution des dispositifs permettant d’apprĂ©hender socialement cette classe d’ñge, dont personne ne s’occupe, de Toulouse Ă  Sevran. » L’éducation y joue un rĂŽle central, et l’annonce faite le 26 juin par le chef de l’Etat Ă  Marseille d’étendre les heures d’ouverture des collĂšges a Ă©tĂ© saluĂ©e par les acteurs de la politique de la ville, qui ne se rĂ©sume pas Ă  la rĂ©novation urbaine.

      « La question, c’est la police, la police, la police »

      On en fait trop pour les banlieues, vraiment ? Quelques chiffres rĂ©cents compilĂ©s par l’Insee : dans les 1 514 « quartiers prioritaires de la politique de la ville » (QPV), oĂč vit 8 % de la population, le taux de pauvretĂ© est trois fois plus Ă©levĂ© (43 %) que dans le reste des unitĂ©s urbaines et le revenu mĂ©dian plafonne Ă  13 770 euros par an et par foyer. Avec un taux de chĂŽmage de 18,6 %, plus du double du niveau national. Bref, « dans les QPV, les communes ont plus de besoins mais moins de ressources : 30 % de capacitĂ© financiĂšre en moins », rappelait Borloo dans son plan de « rĂ©conciliation nationale ». La politique de la ville n’est pas la charitĂ©, ou une faveur faite aux plus prĂ©caires.

      Dans ces quartiers, plus de la moitiĂ© des enfants vivent en situation de pauvretĂ© : 57 %, contre 21 % en France mĂ©tropolitaine. Ils grandissent la rage au ventre Ă  force de se faire contrĂŽler : dans ces quartiers dont souvent un quart des habitants ne sont pas nĂ©s en France, un jeune homme noir ou arabe a une probabilitĂ© vingt fois plus Ă©levĂ©e d’ĂȘtre contrĂŽlĂ© que l’ensemble de la population, selon un rapport du DĂ©fenseur des droits de 2017. Pour le sociologue Renaud Epstein, on se trompe donc en imputant la rĂ©volte actuelle Ă  l’échec de la rĂ©novation urbaine. « La question, c’est la police, la police, la police, et Ă©ventuellement la justice. La rĂ©novation urbaine n’a rien Ă  voir lĂ -dedans. Si ça chauffe Ă  Pablo-Picasso [le quartier de Nanterre oĂč vivait Nahel, Ă©picentre des violences, ndlr], ce n’est pas parce qu’on va leur enlever leur mosaĂŻque pour pouvoir rĂ©nover les tours Nuages ! »

      Elu municipal Ă  Bobigny (Seine-Saint-Denis) et infatigable militant des quartiers populaires, Fouad Ben Ahmed peut dater la bascule au jour prĂšs. Le 3 fĂ©vrier 2003, quand Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’IntĂ©rieur, se rend Ă  Toulouse et lance : « La police n’est pas lĂ  pour organiser des tournois sportifs, mais pour arrĂȘter les dĂ©linquants, vous n’ĂȘtes pas des travailleurs sociaux. » Dans la foulĂ©e, le directeur de la police toulousaine est limogĂ©. « DĂšs lors, la police n’a plus Ă©tĂ© lĂ  pour protĂ©ger les jeunes, mais pour les interpeller. » L’élu socialiste n’oublie pas non plus la dimension Ă©conomique des violences actuelles, qu’il qualifie d’« Ă©meutes du pouvoir d’achat ». Ce dont tĂ©moignent les pillages de supermarchĂ©s de hard discount comme Aldi. A Grigny, le maire, Philipe Rio, le rejoint : « Depuis 2005, la pauvretĂ© a explosĂ© Ă  Grigny, et la crise du Covid et l’inflation ont Ă©tĂ© un accĂ©lĂ©rateur d’inĂ©galitĂ©s et d’injustices. »

      Alors que Mohamed Mechmache, figure des rĂ©voltes urbaines de 2005 Ă  travers son association ACLeFeu, rĂ©clamait ce dimanche « un vrai Grenelle pour les quartiers », certains craignent que ces Ă©meutes ne plantent le dernier clou dans le cercueil de la politique de la ville. En clair : il n’y aura pas de PNRU 3 ni de 18e plan banlieue. « Vu l’état de sĂ©cession de la jeunesse, et en face la force de l’extrĂȘme droite, il n’y aura plus un sou pour les quartiers, c’est mort », confie un militant. RencontrĂ©e samedi soir Ă  Bobigny, Nassima, qui condamne les violences mais comprend la colĂšre, le dit avec ses mots et la sagesse de ses 15 ans : « DĂ©jĂ  qu’on Ă©tait dĂ©laissĂ©s, mais on va l’ĂȘtre encore plus car les Français vont se dire : “Ces gens, on les aide, pour qu’au final ils pillent.” »

      ▻https://www.liberation.fr/societe/ville/violences-en-banlieue-la-politique-de-la-ville-une-cible-trop-facile-2023

    • Trop d’argent public dans les banlieues ? « Un vaste mensonge Ă  des fins racistes et anti-pauvres »

      AprĂšs les rĂ©voltes urbaines, des commentateurs ont accusĂ© les banlieues d’engloutir les #fonds_publics. La rĂ©alitĂ© ce sont plutĂŽt des #services_publics moins bien dotĂ©s qu’ailleurs, et des travailleurs essentiels plus nombreux dans ces quartiers.

      Les banlieues seraient « gorgĂ©es d’#allocations_sociales », a dit Éric Zemmour. Ou bien encore seraient dĂ©pendantes du « trafic de drogues », a affirmĂ© le patron du Medef au sujet de la Seine-Saint-Denis, avant de s’excuser. « Quand on regarde la rĂ©alitĂ© de prĂšs, le fantasme des milliards d’argent public dĂ©versĂ©s, d’habitants qui seraient gorgĂ©s de subventions est un vaste #mensonge », rĂ©agit StĂ©phane Troussel, prĂ©sident, socialiste, du dĂ©partement en question. La Seine-Saint-Denis, « c’est un dĂ©partement dans le top 10 des crĂ©ations d’entreprises, en 20 ans, l’emploi y a bondi de 30 %», met par exemple en avant l’élu pour contredire les #prĂ©jugĂ©s.

      « Je ne suis ni angĂ©lique ni naĂŻf, je sais aussi les difficultĂ©s, le niveau de chĂŽmage, le nombre d’allocataires du RSA, le taux de dĂ©linquance et de criminalitĂ© Ă©levĂ©, ajoute-t-il. Mais les clichĂ©s et caricatures exploitĂ©s par les rĂ©actionnaires et l’extrĂȘme droite le sont Ă  des fins politiques, Ă  des fins racistes et anti-pauvres, pour exacerber le clivage entre ce que nous reprĂ©sentons en Seine-Saint-Denis, qui est un peu l’emblĂšme des banlieues, et le reste de la France. »

      Des quartiers de travailleuses et travailleurs

      Les affirmations discriminatoires de quelques figures politiques depuis les Ă©meutes qui ont secouĂ© les quartiers populaires sont en grande partie contredites par la rĂ©alitĂ©. Dans la symbolique Seine-Saint-Denis, la population dispose « du plus faible niveau de vie de la France mĂ©tropolitaine », pointait un rapport parlementaire en 2018. Le dĂ©partement prĂ©sente aussi le taux de #chĂŽmage le plus Ă©levĂ© de la rĂ©gion Île-de-France : Ă  9,8% contre 5,4 % Ă  Paris dĂ©but 2023. Mais la Seine-Saint-Denis est aussi le dĂ©partement d’Île-de-France, « oĂč la part des travailleurs clĂ©s dans l’ensemble des actifs rĂ©sidents est la plus Ă©levĂ©e », relevait l’Insee dans une Ă©tude en 2021.

      Les « #travailleurs-clĂ©s » de Seine-Saint-Denis sont entre autres aides Ă  domicile, caissiĂšres et caissiers, ou encore vendeurs de commerces essentiels. Des #mĂ©tiers dont tout le monde a perçu l’importance vitale pendant les confinements. L’atelier parisien d’urbanisme s’est aussi demandĂ© oĂč vivent les actifs des professions essentielles d’Île-de-France : personnel hospitalier, caissiers, ouvriers de la logistique, de la maintenance, aides Ă  domicile, personnel de l’éducation


      Sans surprise, du fait des prix de l’immobilier, elles et ils sont peu Ă  vivre Ă  Paris et beaucoup plus dans les dĂ©partements des banlieues populaires. Les auxiliaires de vie, par exemple, rĂ©sident plus frĂ©quemment en Seine-Saint-Denis. Les livreurs sont sous-reprĂ©sentĂ©s Ă  Paris, dans les Hauts-de-Seine et dans les Yvelines, mais surreprĂ©sentĂ©s dans les autres dĂ©partements franciliens, principalement en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d’Oise et le Val-de-Marne.

      Justice, police : #sous-dotation Ă  tous les Ă©tages

      « Tous ceux qui ont Ă©tudiĂ© un peu la situation et essayĂ© de la regarder objectivement ont constatĂ© le #sous-Ă©quipement de notre dĂ©partement, notamment en termes de grands services publics, en matiĂšre de #justice, de #police, d’#Ă©ducation, de #santĂ© », dit aussi StĂ©phane Troussel. L’élu cite le rapport parlementaire « sur l’évaluation de l’action de l’État dans l’exercice de ses missions rĂ©galiennes en #Seine-Saint-Denis » rĂ©digĂ© en 2018 par un Ă©lu du parti de Macron et un Ă©lu LR.

      Le rapport pointe notamment l’inĂ©galitĂ© d’accĂšs Ă  la justice. Par exemple, la durĂ©e de traitement des affaires au tribunal d’instance est de 8,6 mois en moyenne en Seine-Saint-Denis, contre moins de 5 mois pour ceux du 18e arrondissement ou du 15e arrondissement de Paris. La Seine-Saint-Denis dispose aussi de beaucoup moins d’officiers de police judiciaire, ceux et celles chargĂ©s d’enquĂȘter, que Paris et les Hauts-de-Seine.

      « La police, dans un dĂ©partement populaire comme le nĂŽtre, n’est pas assez dotĂ©e en moyens, qu’ils soient humains ou immobiliers, estime StĂ©phane Troussel. L’état des commissariats est scandaleux. » L’élu pense aussi qu’il faut changer la police. « Il faut un dĂ©bat sur la doctrine d’intervention, les contrĂŽles aux faciĂšs, les consĂ©quences des modifications lĂ©gislatives de 2017 [sur l’usage de leur arme par les policiers en cas de refus d’obtempĂ©rer, ndlr], sur la formation des policiers
 Mais en attendant, je suis pour une police qui est un service public, qui rassure et protĂšge d’abord les plus fragiles et les plus modestes, les femmes seules, les enfants et les jeunes, les personnes ĂągĂ©es. Aujourd’hui, je considĂšre que la police n’a pas les moyens de cette action dans un dĂ©partement comme le nĂŽtre. »

      Éducation : des milliers d’heures de cours perdues

      La situation n’est pas meilleure dans l’éducation. Il existe en Seine-Saint-Denis « une forme subie d’#exclusion_scolaire : l’absence d’enseignant devant les Ă©lĂšves », pointait le rapport parlementaire de dĂ©putĂ©s LR et LREM. « En dĂ©pit des postes créés depuis cinq ans, la continuitĂ© de l’enseignement n’est toujours pas assurĂ©e en Seine-Saint-Denis, pour une raison “mĂ©canique” qui tient Ă  l’inefficacitĂ© du dispositif de remplacement des absences de courte durĂ©e », ajoutaient les deux parlementaires.

      L’an dernier, Mediapart avait comptabilisĂ© 259 heures perdues en un mois dans un collĂšge de Seine-Saint-Denis faute d’enseignants pour faire cours. Dans les Hauts-de-Seine, la FĂ©dĂ©ration des conseils de parents d’élĂšves (FCPE) recensait ce printemps dĂ©jĂ  plus de 800 heures de cours perdues Ă  Bagneux, commune populaire des Hauts-de-Seine.

      Pourtant, nombre d’établissements scolaires des banlieues populaires d’Île-de-France sont classĂ©s « rĂ©seau d’éducation prioritaire », Rep ou Rep+. Ce qui devrait signifier des moyens supplĂ©mentaires. 58 % des Ă©coliers et 62 % des collĂ©giens de Seine-Saint-Denis sont inscrits dans un Ă©tablissement de ce type.

      « Dans les Ă©tablissements Rep et Rep+, les moyens ne sont absolument pas Ă  la hauteur des besoins, accuse Fatna Seghrouchni, professeure de français en collĂšge dans le Val-d’Oise et cosecrĂ©taire de la fĂ©dĂ©ration Sud Éducation. « On entasse les Ă©lĂšves dans les classes, on surcharge les classes. » Quand elle est arrivĂ©e dans son collĂšge il y a 17 ans, l’enseignante avait « 20 Ă  22 Ă©lĂšves par classe », tĂ©moigne-t-elle. « Alors que mon collĂšge n’était pas encore classĂ© #Rep. Aujourd’hui, on est Ă  26-28 tout en Ă©tant classĂ© Rep. Cinq Ă©lĂšves en plus par classe, c’est oppressant pour les Ă©lĂšves eux-mĂȘmes. Et l’établissement n’est pas fait pour accueillir autant d’élĂšves. »

      La responsable syndicale salue les programmes de soutien pour les Ă©tablissements classĂ©s prioritaires, d’aides aux devoirs, les enveloppes budgĂ©taires pour proposer des activitĂ©s culturelles et sportives. Mais tout cela reste « du saupoudrage, dit-elle. Nous, nous demandons surtout moins d’élĂšves dans les classes, plus d’établissements scolaires, pour mieux accueillir tous les Ă©lĂšves, plus d’enseignants, plus de personnel en gĂ©nĂ©ral, et une meilleure rĂ©munĂ©ration de tous les personnels. »

      Des grands projets qui ne profitent pas aux habitants

      Au cours des nuits de tensions fin juin et dĂ©but juillet, Yohan SalĂšs, conseiller municipal Ă  Pierrefitte-sur-Seine pour la France insoumise, a arpentĂ© les rues de sa ville Ă  la rencontre des jeunes et des mĂ©diateurs. « On a discutĂ© des dĂ©bats des plateaux tĂ©lĂ© des derniers jours. Ce que disent les gens, c’est que l’argent de la politique de la ville, on ne le voit pas, rapporte-t-il. Dire que la Seine-Saint-Denis engloutit des millions d’argent public, c’est une lubie de la droite. L’investissement est en fait largement insuffisant. »

      Pour lui, beaucoup des grands projets menĂ©s par l’État dans le dĂ©partement de Seine-Saint-Denis ne profitent pas Ă  la population des quartiers. « La vĂ©ritĂ©, c’est que sur la Plaine-Saint-Denis par exemple, que l’État veut transformer en un nouveau quartier d’affaires, il n’y a pas de volontĂ© politique pour que les habitants du dĂ©partement puissent y travailler. Le chantier d’un site des Jeux olympiques (JO) a brĂ»lĂ© Ă  Aubervilliers, mais ces JO ne vont pas profiter aux habitants du dĂ©partement ! Aucun habitant ne pourra se permettre le prix du billet d’un Ă©vĂ©nement sportif de ces Jeux. » Le premier tarif dĂ©marre Ă  24 euros pour les JO et 15 euros pour les Jeux paralympiques, pour les places avec le moins de visibilitĂ©. Les tarifs vont jusqu’à frĂŽler les 1000 euros pour les meilleures places.

      Comment se payer des places, mĂȘme Ă  quelques dizaines d’euros, quand « une situation de dĂ©tresse alimentaire frappe les habitants » des banlieues, comme l’alertaient quelques semaines avant la mort de Nahel et les Ă©meutes, des dizaines d’élus locaux des quartiers populaires de diffĂ©rents horizons politiques ? « Les banlieues sont au bord de l’#asphyxie », leurs habitants ont « le sentiment d’ĂȘtre abandonnĂ©s par la RĂ©publique », Ă©crivaient aussi ces Ă©diles. Face Ă  cette situation, le prĂ©sident de la Seine-Saint-Denis StĂ©phane Troussel en appelle Ă  « une action publique de remise Ă  niveau qui porte un choc structurel d’égalitĂ©. Sans cela, ma crainte, c’est que les Ă©carts ne cessent de s’accroĂźtre ». Dans son dĂ©partement, en Île-de-France, et au-delĂ .

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