Merci mona d’avoir signalé cet entretien avec SImone Bitton, qui est très juste

/1020403

  • Faire face aux attaques réactionnaires contre ceux qui défendent les droits du peuple palestinien
    https://tendanceclaire.org/article.php?id=1897

    La condamnation des crimes de guerre du Hamas ne doit pas faire taire la condamnation des crimes de guerre et du terrorisme d’État israéliens

    Depuis samedi, un clivage s’est artificiellement instauré au sein du champ politique entre d’un côté la condamnation absolue des terroristes du Hamas et de l’autre la défense de la résistance palestinienne face à l’oppression coloniale israélienne. La possibilité même d’un discours complexe semble absolument remise en cause : on n’aurait plus le droit de distinguer le soutien de principe à la lutte du peuple palestinien et les méthodes concrètement mises en œuvre par le Hamas au cours de son attaque, ou encore d’articuler une condamnation des crimes perpétrés à l’encontre de la population civile et le rappel du contexte d’oppression dans lequel l’attaque du week-end dernier s’inscrit. Il n’y aurait plus de place que pour deux attitudes :

    1- La condamnation de l’attaque terroriste du Hamas, à laquelle devrait finalement se réduire tout discours sur les événements récents. Aller plus loin serait au mieux esquiver le seul sujet légitime, au pire être déjà complice des crimes de guerre commis (rafles et massacres de civils, etc.). Dans le meilleur des cas, une telle posture conduit à se taire ou à regretter abstraitement, comme si c’était secondaire, la répression féroce et meurtrière qui commence déjà à s’abattre sur les Palestinien-ne-s ; dans le pire, à justifier par extension l’écrasement de Gaza, l’une des dernières poches de résistance à la colonisation israélienne. C’est la posture de l’ensemble de l’extrême droite, de la droite et du camp macroniste, mais aussi, de façon plus inquiétante encore, de toute une partie de la NUPES.

    2- La défense du droit de résistance des Palestinien-ne-s qui, même formulée en des termes timides, se trouve aussitôt assimilée à une apologie du Hamas. Toutes les tentatives de mise en perspective des événements avec le contexte colonial de la Palestine, les droits du peuple palestinien à se défendre en tant que peuple opprimé, etc., tendent à être criminalisées. Le NPA, pour avoir exprimé un soutien de principe à la résistance, y compris par des moyens violents, d’un peuple lui-même soumis par des moyens violents à l’oppression coloniale, est attaqué pour apologie du terrorisme – quand bien même, dans un communiqué, il dénonce à juste titre « les tueries de civils menées par le Hamas » et rappelle que « le projet politique et idéologique, la stratégie et les moyens de lutte du Hamas ne sont pas ceux du NPA ». La FI, qui n’a même jamais soutenu la lutte armée mais qui appelle au contraire, de façon abstraite, à ce que toutes les violences cessent immédiatement de part et d’autre, est elle-même accusée de soutenir le terrorisme islamiste pour avoir seulement refusé de s’en tenir à un discours de condamnation et avoir rappelé que les violences devaient nécessairement être rapportées à la situation coloniale.

    De jours en jours, la structuration de « l’arc républicain »

    Le véritable clivage passe donc en dernière instance entre le soutien indéfectible à Israël d’une part et le soutien à la cause palestinienne d’autre part. Et ce dernier, même dans ses versions les plus modérées ou pacifistes, devient coupable, dans la mesure où l’horreur des exactions commises sur des civils nécessite une condamnation, non seulement de ses exactions elles-mêmes, mais de toute défense armée contre le colonialisme israélien. La seule condamnation s’impose comme le terme phare pour voir qui est du bon côté, c’est-à-dire qui est dans l’arc républicain étendu actuellement du Rassemblement National jusqu’au Parti Communiste Français. Qui cherche à distinguer entre condamnation des méthodes du Hamas et condamnation de la défense palestinienne contre l’armée israélienne, est forcément complice. À l’inverse, qui condamne (dans l’absolu) est forcément du côté des justes. Il devient dès lors possible, par exemple, d’exprimer sa solidarité avec Israël dans la rue, alors que les rassemblements de soutien au peuple palestinien et à Gaza (et non pas des manifestations de soutien au Hamas) sont interdits. Est-ce alors vraiment la condamnation des crimes de guerre du Hamas que l’on attend, ou le soutien à l’État d’Israël, qui pourtant n’a cessé de commettre des crimes de guerre depuis sa fondation ? D’ailleurs, les députés du RN sont désormais acceptés aux rassemblements du CRIF, comme celui qui a eu lieu lundi soir (où se sont retrouvés les cadres de la majorité mais aussi Nicolas Sarkozy, Manuel Valls ou encore Éric Zemmour), alors qu’en 2018 encore ils avaient été sifflés : le soutien à Israël vaut semble-t-il inscription dans « l’arc républicain ». Ainsi le député de LR intime de Netanyahou, Meyer Habib, considère-t-il maintenant que « le RN […], à la différence de certains, est rentré dans le camp républicain »[1].

    Comme c’est en expulsant qu’il se construit, le champ médiatico-politique identifie les ennemis de l’intérieur en les sommant de s’expliquer, de se justifier, puis de condamner. Lorsque l’ennemi ne cède pas, on peut donc le cibler, le calomnier puis l’exclure. Par exemple, la journaliste politique Nathalie Saint-Cricq fait dire à Jean-Luc Mélenchon que les Israéliens « l’ont bien cherché »[2]. L’éditorial du Monde, en posant la question de ce que cherche Jean-Luc Mélenchon, se demande s’il cherche « à encourager l’antisémitisme ? à cautionner le terrorisme islamiste ? »[3]. Caroline Fourest, qui a une plume et un micro dans à peu près toutes les rédactions de France, considère que « Révolution Permanente déclare sa flamme au Hamas, jouissant du spectacle d’enfants tués, de femmes violées, d’humains assassinés en raison de leur religion. »[4]. Enfin, Aziz Skalli, élu à la mairie de Bordeaux et dirigeant du parti présidentiel en Gironde « connaît le nom du porte parole du Hamas en France, Monsieur Philippe Poutou ! »[5].

    À l’Assemblée, Borne et d’autres considèrent, sans nommer explicitement la FI mais sans laisser de doute, qu’il y a comme une « complaisance aveugle » et une « ambiguïté coupable » avec le Hamas. Marine Le Pen déclare que « ceux qui soutiennent l’insoutenable, l’excuse ou le relativisent, et dont certains siègent sur ces bancs, attentent aux valeurs humaines »[6]. La boucle est bouclée. Ce qui permet au sénateur LR Stéphane Le Rudulier de demander la dissolution de la France Insoumise et du NPA (qu’il considère comme « la cinquième colonne antisémite »), ce dernier étant aussi visé par une plainte pour « apologie du terrorisme »[7].

    Mettre fin à la NUPES, resserrer les rangs

    Les menaces en dissolution, quand elles sont adressées à un parti de quelques centaines de militant-e-s comme le NPA, sont graves et inquiétantes ; mais la dérive autoritaire de la France apparaît encore d’une autre nature, proprement alarmante, quand le camp réactionnaire n’hésite plus à envisager la dissolution d’un parti comme la FI. Objectivement, quoique cela se fasse sur des bases réformistes, la France Insoumise est la première opposition à Macron, celle avec la base et la force de frappe la plus forte. Cible de toutes les attaques depuis son arrivée en masse dans l’hémicycle, la FI incarne l’opposition de gauche à Macron mais aussi au discours dominant sur presque tous les sujets. Tous les moyens sont bons pour discréditer l’organisation et en particulier ses éléments les plus combatifs, c’est-à-dire Mélenchon, Panot, Bompart, Obono ou encore Boyard. La pression immense exercée sur elles et eux porte parfois ses fruits (comme lorsque Bompart prend ses distances avec le communiqué du groupe parlementaire) et permet à rebours de mettre en avant l’aile de moins en moins radicale de l’organisation, c’est-à-dire Ruffin, Autain ou encore Corbière. L’objectif, pour la macronie et la droite en général, est de cliver d’une part la NUPES en en détachant la droite (le PS, EELV et le PCF), mais aussi de cliver au sein de la FI elle-même pour l’affaiblir autant que possible.

    Pourtant, comme le souligne Libération, « malgré ces vives tensions, les élu-e-s de gauche ne semblent pas encore vouloir enterrer la NUPES ». Évidemment, aucun des apparatchiks électoralement sauvés par la NUPES ne veut porter le poids de la division. Ils savent pertinemment que, sans la NUPES, ils ne sont rien, et seront inexistants en 2027. En bons parasites, ils s’accrochent tant qu’ils le peuvent à la carcasse, n’hésitent pas à se nourrir de son sang et à y injecter du fiel, mais refusent de partir d’eux-mêmes. Ils attendent que la FI prenne elle-même la responsabilité d’une telle décision.

    Or la direction de la FI ne souhaite pas non plus prendre cette initiative : les volontés « d’union de la gauche » sont trop ancrées, trop fortes de symboles pour que ses dirigeant-e-s soit prêt-e-s à endosser le costume du traître. Il y a quelques semaines encore, Mélenchon lui-même continuait d’appeler à l’union, tout comme les jeunes de la NUPES. Mais les illusions ne vont pas pouvoir durer longtemps : sur la quasi-totalité des sujets, les différentes composantes de la NPUES sont en désaccord. Cela ne cesse de s’approfondir à mesure de l’affermissement de l’autoritarisme macroniste, de la structuration de l’arc républicain et enfin des crises internationales successives. La FI doit être capable de se dégager du boulet que représentent les parasites qu’elle a sauvés alors qu’elle aurait dû les laisser disparaître. L’organisation doit changer de nature, prendre la forme d’un vrai parti politique, acceptant les différentes sensibilités mais regroupé dans le combat et porteur d’un signal clair de rupture (fût-ce, malheureusement, sur un mode réformiste), pour attirer des branches significatives de la jeunesse et du monde du travail. C’est dans cette configuration qu’elle pourra réellement faire face aux pressions et aux attaques exercées contre elle, en particulier par la droite et l’extrême droite.

    Dans ce contexte, nous apportons notre soutien à la France Insoumise au cœur de la tempête, de même que nous faisons cause commune avec les organisations visées par l’ensemble des représentants de « l’arc républicain » : le NPA, Révolution Permanente, le Parti des Indigènes de la République, la Jeune Garde. Toutes les tentatives de criminalisation des discours oppositionnels doivent être combattues sans la moindre réserve. Nous appelons les directions syndicales, en particulier celles des organisations progressistes, à se mobiliser contre les intimidations et les menaces à l’encontre de ces organisations politiques. L’histoire nous montre que, quand des partis d’opposition sont supprimés, le tour des syndicats est proche. La situation exige de faire front, de refuser le chantage et de se battre pour la pluralité politique.

    L’instrumentalisation des crimes de guerre effectivement commis par le Hamas, et qui doivent être dénoncés comme tels, ne doit pas nous faire perdre de vue l’essentiel : nous soutenons la résistance du peuple palestinien et son droit à disposer de lui-même. Nous dénonçons le blocus et le bombardement de Gaza, où près de deux millions de personnes (hommes, femmes et enfants) sont privées d’eau, d’électricité, d’aide alimentaire et bientôt de soins de première nécessité : il s’agit là aussi de crimes de guerre, dont l’ampleur dépasse déjà ceux du Hamas. Nous redoutons les suites bien pires encore que le gouvernement Netanyahou annonce vouloir donner à l’attaque du Hamas, dont tou-te-s les Palestinien-ne-s seront victimes. Nous combattons l’escalade meurtrière : il faut une grande mobilisation contre le terrorisme d’État israélien.

    Jusqu’au bout, nous affirmerons : Palestine vivra, Palestine vaincra !

  • Le Hamas et le kibboutz - AOC media par Sylvaine Bulle
    https://aoc.media/analyse/2023/10/10/le-hamas-et-le-kibboutz

    J’avoue n’avoir jamais fréquenté de kibboutz, et je veux bien croire qu’une partie des personnes assassinées étaient de gauche, anarchistes, écologistes, démocrates, etc. mais cette lecture qui semble totalement effacer la dimension nationaliste et coloniale du kibboutz dans l’histoire israélienne (dont je suis loin d’être un expert) me parait assez hallucinante. Le dit mouvement démocrate, de son côté, vient de se rallier massivement au gouvernement et à la guerre totale contre Gaza, malgré il est vrai, des critiques sévères des dysfonctionnements militaires ayant permis à l’offensive d’atteindre un bilan aussi brutal.

    En mémoire des centaines de kibboutzik,
    assassiné-s, enlevé-es dans les kibboutzim de Be’eri et de Kfar Aza les 7 et 8 octobre 2023.
     

    Le kibboutz de Be’eri est un des plus anciens d’Israël. Au minimum cent de ses résidents y ont été assassinés vendredi et samedi 7 et 8 octobre 2023 par des membres du Hamas, ayant transpercé avec facilité la barrière de sécurité a peine distante de 5 kilomètres.

    D’autres ont été pris-es comme otages. Parmi ces victimes se trouvent en très grande majorité des activistes, pacifistes, anarchistes, écologistes, opposants à l’occupation des Territoires Palestiniens, et tout simplement des militants engagés dans la critique interne de l’État d’Israël et de sa pente illibérale. À quelques kilomètres de Be’eri, aujourd’hui dévasté, se tenait la rave-party de la paix. Elle comptait plus de mille jeunes (dont deux cent cinquante ont moins ont été assassinés), qui s’étaient rassemblés dans le cadre d’une manifestation libertaire et hippie, elle-même représentative d’une frange importante de la jeunesse israélienne et sorte d’illustration des zones d’autonomie temporaire[1]. Ce sont donc des voix de la démocratie qui ont été éteintes par la seule volonté du Hamas ou de ses troupes, ayant surgi au milieu d’espaces géographiquement proches de Gaza, mais généralement hors d’atteinte.

    Nous croyions cela impossible, mais c’est pourtant bien une symétrie qu’il faut opérer par l’analysé : entre d’un côté, les formes de vie libertaires, ou portées par des communautés alternatives, et de l’autre une armée politique et désormais militaire, agissant par cruauté.

    • Aoc c’est le ridicule de la gauche du centre, avec parfois des papiers.

      mais non, @arno, leur kif c’est de préparer une théocratie (l’une contre l’autre, en miroir, quitte à s’arranger, des deux côtés, avec le Veau d’or) dans laquelle ni les raveurs ni les pédés ni bien sûr les juifs n’auront leur place et où les femmes auront la leur, à condition de n’en pas bouger, et de fabriquer et élever des petits mecs et des génitrices. leur kif c’est d’exhiber des viols des meurtres de vieilles et d’enfants et des exactions en balançant des vidéos gore.

      si tu piges pas @arno pas que le massacre de civils - gauchistes ou pas- c’est pour le moins un souci, si tu ne le pige que lorsque c’est le résultat d’opérations armées d’Israël - soutien du Hamas ou pas - je ne peux que te plaindre vu le campisme, non pas « naïf » mais odieux dont tu sembles incapable de te départir.

      #administration_de_la_sauvagerie

    • Qu’est-ce qui te laisse croire que je défends le meurtre de civils quand c’est commis par le Hamas, ou que j’ignore que ce sont des ultra-réactionnaires ? Tu me fatigues avec tes imputations.

      Je me méfie du campisme, mais par contre ce que je vois systématiquement, à chaque conflit qui démarre, ce sont les articles écrits spécifiquement à destination de « la gauche » occidentale, pour expliquer que tel camp est ultra-réactionnaire (ce qui est vrai), alors que l’autre serait ultra-progressiste. Ce qui est généralement faux. On l’a à chaque fois, et pour le coup ça c’est un campisme proche du ridicule.

      Sinon, cette phrase :

      leur kif c’est d’exhiber des viols des meurtres de vieilles et d’enfants et des exactions en balançant des vidéos gore

      Tu fais référence à quoi ? J’ai vu passer la menace de tuer un otage à chaque bombardement, et oui tout le monde considère que ce serait un nouveau niveau dans l’horreur, mais je n’ai pas vu qu’ils l’avaient fait. Je n’ai pas vu qu’ils diffusaient des vidéos de viol « de vieilles et d’enfants », ni même de viols tout court.

    • ce qui me le « laisse croire » c’est cette manière de le minimiser, de ne pas en parler.
      je n’ai pas regardé beaucoup d’images de la propagande du Hamas, juste suffisamment pour savoir que je n’ai aucun rapport avec cette fierté d’einsatzgruppen que je vomis. ces amoureux de la mort, celle de leurs « martyrs » comme de celleux qu’ils immolent.
      voilà le réalisme dont je me prévaut pour ma part.

      edit il était question, avant tout, de meurtres de civils en fuite par centaines, traqués dans leurs refuges

      https://www.liberation.fr/checknews/de-nombreuses-videos-attestent-de-crimes-de-guerre-perpetres-par-le-hamas

      Parmi les premières images qui ont circulé samedi, une vidéo montrait le corps inerte d’une femme presque nue, gisant désarticulée à l’arrière d’un pick-up, tandis qu’un groupe de ravisseurs étaient assis autour d’elle. Deux hommes lui crachent dessus. Grâce à ses tatouages et ses dreadlocks, cette citoyenne de nationalités israélienne et allemande, a été identifiée comme l’une des participantes du festival de musique électronique où le Hamas a semé la mort.

      Ces images ont renforcé les craintes de viols qu’ont pu ou que pourraient subir les victimes de ces attaques. Le magazine conservateur américain The Tablet, spécialisé dans la culture juive, fait mention de viols de femmes à côté des cadavres de leurs amis, lors de la tuerie du festival. L’article a été très largement partagé sur les réseaux sociaux. Il ne repose sur le témoignage que d’un seul survivant.

      c’est plutôt lorsque l’on a le temps que le guerre s’accompagne de viols (pas souvenir de cas rapporté à propos de Tsahal, ils doivent être trop pressés).

      pour ce qui est du réalisme évoqué. deux écueils. sacraliser la vie. faire de la suppression d’une de ses manifestations un simple signe. ça ne vaut évidemment pas qu’en Palestine, où il semble que cela ne vaille plus rien, voire que cela devienne une manière de « marquer des points »

    • Mais ça fait des années qu’on est tous, ici, inquiets des risque des radicalisation du Hamas. Qui est certes ultra-réactionnaire dès ses origines, mais qui avait aussi une certaine rationalité politique, et qui était loin d’être Daesh.

      Et personne n’ignore que c’est un vrai risque, avec l’aggravation de la situation en Palestine et la volonté politique évidente (israélienne et internationale) de faire disparaître totalement le sort des palestiniens.

      Il y a ce matin une vidéo avec Dominique Vidal sur le Média, avec un autre spécialiste de la Palestine, qui conviennent que si le Hamas descend au niveau de Daesh, ça va être un coup terrible pour les Palestiniens eux-mêmes, et provoquer l’effondrement de la solidarité internationale (y compris arabe).

      Mais dans le même temps, il faut aussi se méfier des manipulations et des surinterprétations. Parce que c’est la guerre, et qu’on va être rapidement noyés dans des flots d’analyses justifiant les « victimes collatérales » (alors que, dans la doctrine israélienne, elles ne sont pas collatérales).

      En 2006, on a été en France submergés par un flot continu de pures fabrications qui ne servaient qu’à une chose : justifier le massacre des Libanais sous les bombes israéliennes. Et une partie non négligeable de ces fabrications étaient spécifiquement destinées aux gauches occidentales. Et les échanges avec mes amis progressistes libanais étaient à peu près à l’opposé de qu’on racontait aux « progressistes » occidentaux sur les interwebz.

      (Je ne sais pas si tu as compris que je suis marié à une Libanaise et que nos enfants portent des prénoms que l’on retrouve dans des chansons de Fayrouz et d’Asmahane. Je te dis ça pour que tu comprennes que ni sur le Liban, ni sur la Syrie, ni sur la Palestine, je ne « minimise » : je suis de plus en plus désespéré de la situation, et je pense que les belles indignations occidentales n’apporteront jamais que du malheur dans la région.)

    • à Haaretz et ailleurs on a du souligner l’ignominie de la terreur et des persécutions exercées à l’encontre des palestiniens des territoires occupés par des colons israéliens appuyés par Tsahal en utilisant le terme pogroms.
      c’est finalement le Hamas qui le 7 octobre aura, avec ces centaines de civils tués, le plus fidèlement approché le pogrom authentique.
      ils le doivent davantage à ces colons qu’à l’Iran.

    • c’est finalement le Hamas qui le 7 octobre aura, avec ces centaines de civils tués, le plus fidèlement approché le pogrom authentique.

      Mais encore une fois : objectivement, non. Le déséquilibre du nombre de morts est énorme. Ça a été rappelé ici par exemple :
      https://seenthis.net/messages/1020205

      Tu as peut-être raté cette interview de Simone Bitton :
      https://seenthis.net/messages/1020403

      Jamais la Palestine n’a eu cet honneur, alors que je peux vous rappeler une bonne dizaine d’épisodes avec plus de 500 morts palestiniens en deux jours. Des grand-mères et des enfants palestiniens massacrés, il y en a eu ! Les grand-mères israéliennes ne sont pas les premières, et croyez que mon cœur saigne pour elles !

      Sur la volonté délibérée de cibler les civils et les infrastructures civiles, là aussi c’est documenté :
      https://seenthis.net/messages/1020473

      La propagande absolument sidérante qui parvient à faire passer au niveau international les 300 morts et les 20 000 estropiés de la Marche du retour qui n’a donc ciblé que des manifestants palestiniens (bon sang : 2018-2019 et j’ai l’impression que c’est déjà totalement oublié) :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Marche_du_retour

    • cela remonte à loin le désespoir, disons (tout légitimisme déférent pour l’OLP mis à part), depuis 1982. là où il y a des religieux, je préfère le « multiconfessionnel » avec des minoritaires, ici, des chrétiens, sur des postions avancées parce que minoritaires, experts de la minorité ! c’est ce qu’Israël a détruit en son sein (Scholem ? un marginal) comme à Sabra et Chatila

      je garde l’idée que la « solidarité arabe » a toujours été instrumentalisée par les états concernés. le nationalisme auquel était inévitablement (?) arrimé la diaspora palestinienne a évité beaucoup de souci à ces états durant les années 70.

      (ayant vécu de longues et belles années avec une femme d’origine libanaise, j’ai bien noté, @arno, ta/votre proximité avec le Liban)

      je suis pas indigné par le Hamas, je trouve ça répugnant. vomitif mis à part, ça laisse démuni. au point qu’façon trotskiste standard j’me dis qu’y faudrait que la révolution (palestinienne) change de direction. eh ! zut. j’ai 0 qualif de ce côté. fatigue.

    • non, j’ai pas raté Bitton, ni ce que tu mets en avant de la doctrine israélienne de la guerre asymétrique (en oubliant leurs consédération sur le fait que cela ne peut qu’être limité dans le temps sous peine de se retourner contre eux : indignation contre les crimes de guerre, discours humanitaires, etc). je sais pas combien de crédit temps le Hamas leur à donné cette fois. on va le découvrir.

      mais les pogroms, c’est pas affaire quantitative, je t’assure ! l’ambiance compte beaucoup ! par exemple ça compte beaucoup d’interrompre, de faire effraction dans la vie quotidienne, ordinaire (c’est pas des manifs qui sont visées dans un pogrom), ça compte beaucoup d’aller chercher des civils dans les caves, les chiottes, pas juste dans « l’espace public », c’est un marqueur tout spécial de domination.

    • à part ça il n’y a aucune « radicalisation » du Hamas. il n’iront jamais au fond ni à la racine de rien, de rien d’autre que leur nationalisme fondamentaliste religieux. le fond, ils l’ont touché d’emblée. je vois pas sur quoi ils pourraient rebondir (mention spéciale à l’inutilité du FPLP et tutti quanti).