Hélène Bessette
J’ai découvert cette #autrice oubliée au dernier opus de Femmes d’histoire qui lui était consacré.
Remarquée par Queneau, elle est publié chez Gallimard de 1953 à 1973 puis tombe dans l’oubli alors qu’elle écrit toujours.
Ida ou le délire
Je viens de lire ce texte d’une écriture originale que j’aime beaucoup, on a envie de le lire à voix haute, d’y mettre le ton sans théâtralité.
Pas d’histoire, pas d’intrigue, juste les commentaires de la patronne quand Ida, servante, meurt renversée par un camion.
Sur l’autrice
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En 1956, elle rédige une revue-manifeste, Résumé, et fonde avec son fils Éric le GRP (Gang du Roman Poétique). Le premier numéro ne se vend qu’à 70 exemplaires, et le 2e reste inédit. Mais cet « acte d’intelligence » est l’occasion d’exprimer sa théorie nouvelle et exigeante du roman, son souhait d’écrire une « littérature authentique », une vision du monde désacralisée et réduite à l’observation attentive de la société moderne. De fait, son style ne ressemble à aucun autre. Ses romans « sans intrigue ni personnage », à la forme irréductible, aux phrases lapidaires disposées comme des vers ou des slogans, sont des lieux d’expérimentation, de migration ininterrompue du réel à l’irréel, du rêve à la réalité.
Son œuvre est d’ailleurs reconnue et admirée par les plus grands noms de l’art et de la littérature : Michel Leiris et Raymond Queneau, mais aussi Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Jean Dubuffet, Georges-Emmanuel Clancier, Claude Royet-Journoud, Bernard Noël, Simone de Beauvoir, Dominique Aury, Alain Bosquet ou Claude Mauriac. Dans L’Express du 2 janvier 1964, Marguerite Duras évoque « la rareté extrême du talent dont [son œuvre] témoigne » et ajoute « la littérature vivante, pour moi, pour le moment, c’est Hélène Bessette, personne d’autre en France ». Son œuvre reste pourtant inconnue, et un échec commercial : la plupart de ses livres ne dépassent pas les 500 exemplaires. Son dernier roman, Ida ou le délire, est publié en 1973, et elle voit ensuite ses textes refusés par Gallimard, tout en étant empêchée par son contrat de les publier ailleurs.
En 1956, une amie d’enfance du nom de Lecoq, a intenté un procès à la romancière : Les Petites Lecoq est condamné pour diffamation et outrage aux bonnes mœurs. Cela entraîne une pétition dans son école, un mauvais rapport d’inspection, et sa démission en 1962. De guerre lasse, elle quitte Saint-Germain-des-Prés, mène d’abord une vie d’errance, habitée par un rêve d’Amérique, devient préceptrice en Suisse, gouvernante en Angleterre ; puis elle est serveuse, concierge, femme de ménage. Solitaire, dans un dénuement presque total et un sentiment de persécution devenu obsessionnel, elle meurt le 10 octobre 2000 au Mans.