Pas nécessairement. Que l’acheteur soit l’Iran ou le Hezbollah, le Mossad (ou/et des alliés) a pu (du !) mettre en place des relais de façon à brouiller les pistes.
L’autre gus de l’émission, français (prof science po je crois, soit, sauf exceptions, flic ou espion français à temps plus ou moins complet), évoquait ainsi le marché d’armes bulgares, très open (lance-roquettes dispos aisément et rapidement, disait-il). J’en déduis qu’il pourrait se trouver des grossistes qui auraient déjà contracté avec le Hezbollah, une filère d’approvisionnement testée au préalable sur d’autres matériels (et dont on ne saura pas, si elle existe, si ce fut aussi celle des talkies), dont on ne peut même pas prétendre, au moins à ce stade, si elle savait réellement ce qu’elle vendait (la manipulation de ces fournisseurs là, ou de tout autre, fait partie du taf).
Autre point évoqué, pas très étonnant, au Liban, les infiltrations israéliennes (agents et indics) seraient balaises (un chef du Hamas invité du Hezbollah dans un quartier contrôlé par lui a été tué à Beyrouth par un attentat à son domicile provisoire et non par un drone ou un autre moyen distant).
Dans le passé, il y eu même des chiites opposés à la présence et à la cause palestinienne (à l’époque pleine de cathos-marxisants ah ah ah) qui ont servi de main d’oeuvre au terrorisme israélien au Liban durant les années 80, très meurtrier (des attentas massacres, c’est-à-dire qui visaient des foules, à la différence des opérations de ces derniers jours, qui visaient des miliciens, non sans « dégâts collatéraux », en quantité sans doute bien plus faible que n’importe quel tir de drone, bombardement, opération terrestre ou attentat « classique », on le saura peut-être un jour).
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(qu’en Iran, Israël puisse piéger un appartement réservé aux dignitaires du régime pour tuer un chef du Hamas, voilà ce qui ne peut arriver à Gaza- Israël y envoie des bombes, des drones et des hommes et - pour l’instant ? - au Quatar).
La fourniture de ces bipeurs n’est pas ancienne. La consigne d’abandonner les téléphones date de l’après 7 octobre, dans le cadre nouveau qui est celui d’une guerre d’usure qui connait ses urgences : agir quotidiennement, répliquer sans coup férir. Et cette urgence impliquait que l’organisation mette en place, fournisse, d’autres moyens de communication.
Lorsqu’il y a urgence (ne pas laisser les gazaouis sans soutien militaire sur un autre front), les procédures de sécurité sont susceptibles d’être mises à mal.
De plus, on est en présence d’objets « dormants » qui ont été utilisé de manière routinière bien avant de révéler leur capacité de nuisance (de manière précipitée, semble-il, je le répète car, malgré la réplique talkies, cela me parait crédible : on ne voit pas ici l’enchainement de coups rapides qui signe une offensive organisée ; Israël amène des troupes à son nord, elle ne les a pas mis en action, à de rares bombardements près, qui n’ont rien d’inédit, et quelques bang supersoniques au-dessus de Beyrouth).
Pardon pour ce souci des détails, c’est le legs d’une expérience militante, d’une expérience de la conflictualité qui conduit à s’interroger sur le fonctionnement de l’adversaire (ici, les ennemis des palestiniens), y compris parmi ce que les adversaires eux-mêmes produisent comme écho (FC, un ex-Mossad, Le Monde, la liste serait longue).
Je suis certain que, mieux placé que moi, tant objectivement que subjectivement, le Hezbollah, l’Iran, le Hamas iront plus loin dans ce souci des détails « techniques » qui ont permis ce grave revers politique, militaire et humain. Même si de ce type d’enquête nous ne saurons peut-être rien, ou peu de choses.
Et c’est pas la légitime parano des libanais qui nous renseignera. Elle est principalement un effet voulu de l’action d’Israël, qui n’a matériellement pas pu piéger les appareils ordinaires de n’importe quel libanais comme cela est évoqué actuellement. Israël visait directement des miliciens, sans égard pour les civils, sachant aussi réussir par là à stupéfier nombres de libanais.
L’image de l’hostilité (ou des doutes) d’une part des libanais dès les années 70, et plus encore ensuite, envers des palestiniens « fauteurs de guerre » (...) persiste dans la vision israélienne. Il y aussi de leur part dans une telle action le pari de réussir, à terme, à introduire un coin entre les libanais et le Hezbollah. Le pari que ces micro-bombes individuelles produiront de la fragmentation, bien au-delà de leur point d’impact.
Depuis un moment, Israël cherche le moyen d’entrainer encore davantage les É-U dans une guerre qui devra pour cela se régionaliser plus encore avec une implication directe d’un Iran qui cherche à déléguer l’essentiel du feu à ses partenaires. Rien ne les stoppe. Mais ils n’ont pas encore trouvé comment faire. Ils vont continuer. Pour ma part, je sais pas comment.
Il me semble, sans certitude ni étude assez approfondie de la question, qu’obtenir leur zone tampon au Liban - pour un retour des déplacés une « sécurité » minimale, du territoire, c’est à dire une sécurité à trous, pour restaurer au moins minimalement, illusoirement, l’idée même d’un état israélien comme protection de certains juifs- ne nécessite pas forcément une occupation du Liban (ni sa destruction à l’instar de Gaza)
Personne n’aime rejouer des coups perdants. Même des suicidaires varient leurs technique.
edit
Explosions de bipeurs au Liban : Sofia enquête sur la possible implication d’une société bulgare
▻https://www.leparisien.fr/international/israel/explosions-de-bipeurs-au-liban-sofia-enquete-sur-la-possible-implication-