• Bruit de chiottes dont je ne sais ce qu’il vaut de je ne sais quel expert ce matin à la radio (FC, après 7H30), le Hezbollah aurait découvert le sabotage des bipeurs (ce qui expliquerait qu’ensuite 3 bipeurs sur 5 n’aient pas fonctionné).
      Ils devaient être déclenchés à un instant T (non-précisé) dans le cadre d’une opération israélienne plus ample dont la nature reste non précisée (mais ils clament leur volonté de créer une zone tampon jusqu’au Litani depuis depuis un moment).
      Suite à cette découverte par le Hezbollah, Israël aurait décidé de les actionner, précipitamment, en dehors du timing prévu, plutôt que de voir l’ensemble de cette opération de piégeage échouer.

      #Israël #Liban

    • @colporteur on a peine à croire ce qu’on lit mais voilà la manière dont FC présente cet entretien sur le site de l’émission de ce matin :

      Discret depuis l’attaque du 7 octobre, le Mossad serait peut-être à l’origine des deux attaques menées contre le Hezbollah au Liban. Quelle sera la nouvelle étape de cette escalade de la violence ?

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/mossad-l-autre-guerre-6223841
      Comme si en plus le Mossad n’était pas le cerveau des assassinats politiques qui se succèdent, à Gaza comme au Liban.
      Je n’ai pas 37 mn à perdre à les écouter.
      Les deux commentateurs sont, l’un, un ancien parachutiste qui a fait la guerre des 6 jours et qui soutenait Kadima, le parti « centriste » d’Ariel Sharon ; l’autre un « historien » mais apparemment sans affiliation universitaire, qui écrit sur les questions d’espionnage et de renseignement. Quelles archives lit il ? ce n’est pas clair.

    • J’ai rapporté le seul passage intéressant de cette émission. Qu’il provienne de l’ancien para ex Mossad n’en fait pas pour autant une vérité.
      Quant à FC, je ne retrancherais rien à ce que tu écris ici (c’est tous les jours et à toute heure).

      edit : une autre assertion entendue dans cette émission, c’est le Mossad lui même qui aurait fabriqué les bipeurs (et pas la boite écran hongroise ni un sous traitant), ce qui parait assez logique (on confie pas la fab d’armes secrètes que l’on a conçu à des tiers, sauf si on est contraint de les leurs acheter) mais que je n’avais pas entendu ailleurs.
      (Je n’ai pas pour autant conseillé d’écouter ce truc, juste indiqué d’où sortait le point évoqué).

    • Pas nécessairement. Que l’acheteur soit l’Iran ou le Hezbollah, le Mossad (ou/et des alliés) a pu (du !) mettre en place des relais de façon à brouiller les pistes.
      L’autre gus de l’émission, français (prof science po je crois, soit, sauf exceptions, flic ou espion français à temps plus ou moins complet), évoquait ainsi le marché d’armes bulgares, très open (lance-roquettes dispos aisément et rapidement, disait-il). J’en déduis qu’il pourrait se trouver des grossistes qui auraient déjà contracté avec le Hezbollah, une filère d’approvisionnement testée au préalable sur d’autres matériels (et dont on ne saura pas, si elle existe, si ce fut aussi celle des talkies), dont on ne peut même pas prétendre, au moins à ce stade, si elle savait réellement ce qu’elle vendait (la manipulation de ces fournisseurs là, ou de tout autre, fait partie du taf).
      Autre point évoqué, pas très étonnant, au Liban, les infiltrations israéliennes (agents et indics) seraient balaises (un chef du Hamas invité du Hezbollah dans un quartier contrôlé par lui a été tué à Beyrouth par un attentat à son domicile provisoire et non par un drone ou un autre moyen distant).
      Dans le passé, il y eu même des chiites opposés à la présence et à la cause palestinienne (à l’époque pleine de cathos-marxisants ah ah ah) qui ont servi de main d’oeuvre au terrorisme israélien au Liban durant les années 80, très meurtrier (des attentas massacres, c’est-à-dire qui visaient des foules, à la différence des opérations de ces derniers jours, qui visaient des miliciens, non sans « dégâts collatéraux », en quantité sans doute bien plus faible que n’importe quel tir de drone, bombardement, opération terrestre ou attentat « classique », on le saura peut-être un jour).
      https://seenthis.net/messages/1071870
      (qu’en Iran, Israël puisse piéger un appartement réservé aux dignitaires du régime pour tuer un chef du Hamas, voilà ce qui ne peut arriver à Gaza- Israël y envoie des bombes, des drones et des hommes et - pour l’instant ? - au Quatar).

      La fourniture de ces bipeurs n’est pas ancienne. La consigne d’abandonner les téléphones date de l’après 7 octobre, dans le cadre nouveau qui est celui d’une guerre d’usure qui connait ses urgences : agir quotidiennement, répliquer sans coup férir. Et cette urgence impliquait que l’organisation mette en place, fournisse, d’autres moyens de communication.
      Lorsqu’il y a urgence (ne pas laisser les gazaouis sans soutien militaire sur un autre front), les procédures de sécurité sont susceptibles d’être mises à mal.
      De plus, on est en présence d’objets « dormants » qui ont été utilisé de manière routinière bien avant de révéler leur capacité de nuisance (de manière précipitée, semble-il, je le répète car, malgré la réplique talkies, cela me parait crédible : on ne voit pas ici l’enchainement de coups rapides qui signe une offensive organisée ; Israël amène des troupes à son nord, elle ne les a pas mis en action, à de rares bombardements près, qui n’ont rien d’inédit, et quelques bang supersoniques au-dessus de Beyrouth).

      Pardon pour ce souci des détails, c’est le legs d’une expérience militante, d’une expérience de la conflictualité qui conduit à s’interroger sur le fonctionnement de l’adversaire (ici, les ennemis des palestiniens), y compris parmi ce que les adversaires eux-mêmes produisent comme écho (FC, un ex-Mossad, Le Monde, la liste serait longue).

      Je suis certain que, mieux placé que moi, tant objectivement que subjectivement, le Hezbollah, l’Iran, le Hamas iront plus loin dans ce souci des détails « techniques » qui ont permis ce grave revers politique, militaire et humain. Même si de ce type d’enquête nous ne saurons peut-être rien, ou peu de choses.

      Et c’est pas la légitime parano des libanais qui nous renseignera. Elle est principalement un effet voulu de l’action d’Israël, qui n’a matériellement pas pu piéger les appareils ordinaires de n’importe quel libanais comme cela est évoqué actuellement. Israël visait directement des miliciens, sans égard pour les civils, sachant aussi réussir par là à stupéfier nombres de libanais.
      L’image de l’hostilité (ou des doutes) d’une part des libanais dès les années 70, et plus encore ensuite, envers des palestiniens « fauteurs de guerre » (...) persiste dans la vision israélienne. Il y aussi de leur part dans une telle action le pari de réussir, à terme, à introduire un coin entre les libanais et le Hezbollah. Le pari que ces micro-bombes individuelles produiront de la fragmentation, bien au-delà de leur point d’impact.

      Depuis un moment, Israël cherche le moyen d’entrainer encore davantage les É-U dans une guerre qui devra pour cela se régionaliser plus encore avec une implication directe d’un Iran qui cherche à déléguer l’essentiel du feu à ses partenaires. Rien ne les stoppe. Mais ils n’ont pas encore trouvé comment faire. Ils vont continuer. Pour ma part, je sais pas comment.

      Il me semble, sans certitude ni étude assez approfondie de la question, qu’obtenir leur zone tampon au Liban - pour un retour des déplacés une « sécurité » minimale, du territoire, c’est à dire une sécurité à trous, pour restaurer au moins minimalement, illusoirement, l’idée même d’un état israélien comme protection de certains juifs- ne nécessite pas forcément une occupation du Liban (ni sa destruction à l’instar de Gaza)
      Personne n’aime rejouer des coups perdants. Même des suicidaires varient leurs technique.

      edit
      Explosions de bipeurs au Liban : Sofia enquête sur la possible implication d’une société bulgare
      https://www.leparisien.fr/international/israel/explosions-de-bipeurs-au-liban-sofia-enquete-sur-la-possible-implication-

    • Une remarque sur cette histoire de fournisseur : personne ne peut être légalement fournisseur de quoi que ce soit au Hezbollah. (Même envoyer du cash à sa maman restée au Liban, c’est une tannée pour un expat.) Donc il y a forcément des intermédiaires entre les intermédiaires.

      De fait, le New York Times qui sait dès le lendemain comment se serait déroulé l’achat des bipeurs, alors que c’est un secret gardé jalousement à la fois par Israël et par le Hezbollah, je trouve que c’est assez douteux. Il faudrait pour cela qu’un Israélien ait confié illico au journal ce qui n’a rigoureusement jamais fuité auparavant.

    • Que ce soit une info israélienne pour répandre un nuage de fumée sur leur modus operandi fait partie des hypothèses inévitables
      Oui, les marchés d’armes sont pleins d’intermédiaires. À un moment, il y en a eu un ou deux dont le Hezbollah ou l’Iran (par le biais d’intermédiaires à eux) ont pu vérifier la fiabilité supposée. Ces coups se préparent (sociétés écran, couvertures, ça marche comme le blanchiment : rendre presque impossible l’identification des auteurs, sauf a postériori, éventuellement). Dans ce cadre là la boite hongroise Bac apparait comme une bien mauvaise option (trop fictive, sans guère de CA par ailleurs).

      #cloisonnement

  • #Ukraine, #Israël, quand les histoires se rencontrent

    Dans son dernier livre, l’historien #Omer_Bartov revient sur l’histoire de sa famille et de son voyage de la Galicie ukraino-polonaise à Israël, à travers les soubresauts de l’histoire de la première partie du 20e siècle.

    Alors que les atrocités du conflit israélo-palestinien continuent de diviser les étudiants de prestigieux campus américains, l’universitaire Omer Bartov se propose d’analyser la résurgence de l’#antisémitisme dans le monde à la lumière de sa propre #histoire_familiale.

    Un #antisémitisme_endémique dans les campus américains ?

    L’historien Omer Bartov réagit d’abord aux polémiques qui ont lieu au sujet des universités américaines et de leur traitement du conflit israélo-palestinien : “il y a clairement une montée de l’antisémitisme aux États-Unis, comme dans d’autres parties du monde. Néanmoins, il y a aussi une tentative de faire taire toute critique de la politique israélienne. Cette tentative d’associer cette critique à de l’antisémitisme est également problématique. C’est un bannissement des discussions. Les étudiants, qui sont plus politisés que par le passé, prennent part à cette histoire”. Récemment, la directrice de l’Université de Pennsylvanie Elizabeth Magill avait proposé sa démission à la suite d’une audition controversée au Congrès américain, lors de laquelle elle n’aurait pas condamné les actions de certains de ses étudiants à l’encontre d’Israël.

    De Buczacz à la Palestine, une histoire familiale

    Dans son dernier livre Contes des frontières, faire et défaire le passé en Ukraine, qui paraîtra aux éditions Plein Jour en janvier 2024, Omer Bartov enquête sur sa propre histoire, celle de sa famille et de son voyage de la Galicie à la Palestine : “en 1935, ma mère avait onze ans et a quitté #Buczacz pour la #Palestine. Le reste de la famille est restée sur place et quelques années plus tard, ils ont été assassinés par les Allemands et des collaborateurs locaux. En 1995, j’ai parlé avec ma mère de son enfance en Galicie pour la première fois, des grands écrivains locaux comme Yosef Agnon. Je voulais comprendre les liens entre #Israël et ce monde juif qui avait disparu à Buczacz au cours de la #Seconde_Guerre_mondiale”.

    À la recherche d’un monde perdu

    Cette conversation a mené l’historien à consacrer une véritable étude historique à ce lieu et plus généralement à cette région, la #Galicie : “ce monde avait selon moi besoin d’être reconstruit. Ce qui le singularisait, c’était la diversité qu’il accueillait. Différentes communautés nationales, ethniques et religieuses avaient coexisté pendant des siècles et je voulais comprendre comment il s’était désintégré”, explique-t-il. Le prochain livre qu’il souhaite écrire en serait alors la suite : “je veux comprendre comment ma génération a commencé à repenser le monde dans lequel nous avons grandi après la destruction de la civilisation précédente”, ajoute-t-il.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/ukraine-israel-quand-les-histoires-se-rencontrent-9022449
    #multiculturalisme #histoire #crime_de_guerre #crime_contre_l'humanité #génocide #Gaza #7_octobre_2023 #nettoyage_ethnique #destruction #déplacements_forcés #Hamas #crimes_de_guerre #massacre #pogrom #occupation

    • Contes des frontières, faire et défaire le passé en Ukraine

      À nouveau Omer Bartov étudie Buczacz, a ville de Galicie qui servait déjà de point d’ancrage pour décrire le processus du génocide dans Anatomie d’un génocide (Plein Jour 2021). Cette fois, il étudie les perceptions et l’imaginaire que chacune des communautés juive, polonaise et ukrainienne nourrissait sur elle-même, ce a depuis les origines de sa présence dans ce territoire des confins de l’Europe.

      Comment des voisins partageant un sol commun ont-ils élaboré des récits fondateurs de leurs #identités jusqu’à opposer leurs #mémoires ? comment se voyaient-ils les uns les autres, mais également eux-mêmes ; quels #espoirs nourrissaient-ils ? Les #mythes ont ainsi influencé a grande histoire, le #nationalisme, les luttes, et de façon plus intime les espoirs individuels, voire les désirs de partir découvrir un monde plus arge, nouveau, moderne. Ce livre, qui traite de ces récits « nationaux », de a construction de l’identité et de l’opposition qu’elle peut induire entre les différents groupes, apparaît comme une clé de compréhension du passé autant que du présent. Aujourd’hui avec a guerre en Ukraine, sa résonance, son actualité sont encore plus nettes.

      https://www.editionspleinjour.fr/contes-des-fronti%C3%A8res
      #livre #identité

    • Anatomie d’un génocide

      Buczacz est une petite ville de Galicie (aujourd’hui en Ukraine). Pendant plus de quatre cents ans, des communautés diverses y ont vécu plus ou moins ensemble – jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, qui a vu la disparition de toute sa population juive. En se concentrant sur ce seul lieu, qu’il étudie depuis l’avant-Première Guerre mondiale, Omer Bartov reconstitue une évolution polarisée par l’avènement des nationalismes polonais et ukrainien, et la lutte entre les deux communautés, tandis que l’antisémitisme s’accroît.

      À partir d’une documentation considérable, récoltée pendant plus de vingt ans – journaux intimes, rapports politiques, milliers d’archives rarement analysées jusqu’à aujourd’hui –, il retrace le chemin précis qui a mené à la #Shoah. Il renouvelle en profondeur notre regard sur les ressorts sociaux et intimes de la destruction des Juifs d’Europe.

      https://www.editionspleinjour.fr/anatomie-d-un-g%C3%A9nocide

  • Sans #transition. Une nouvelle #histoire de l’#énergie

    Voici une histoire radicalement nouvelle de l’énergie qui montre l’étrangeté fondamentale de la notion de transition. Elle explique comment matières et énergies sont reliées entre elles, croissent ensemble, s’accumulent et s’empilent les unes sur les autres.
    Pourquoi la notion de transition énergétique s’est-elle alors imposée ? Comment ce futur sans passé est-il devenu, à partir des années 1970, celui des gouvernements, des entreprises et des experts, bref, le futur des gens raisonnables ?
    L’enjeu est fondamental car les liens entre énergies expliquent à la fois leur permanence sur le très long terme, ainsi que les obstacles titanesques qui se dressent sur le chemin de la #décarbonation.

    https://www.seuil.com/ouvrage/sans-transition-jean-baptiste-fressoz/9782021538557
    #livre #Jean-Baptiste_Fressoz

    • « #Transition_énergétique » : un #mythe qui nous mène dans le mur

      Transition énergétique, ce mot est partout aujourd’hui. Dans les discours du gouvernement, la communication des entreprises fossiles, des multinationales, dans les rapports scientifiques.. Le message est clair, face à l’urgence climatique, il nous faut opérer une transition énergétique pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et décarboner les économies d’ici à 2050. La notion de de #transition part de l’idée que nous devrions répéter les transition du passé, du bois au charbon puis du charbon au pétrole pour désormais aller vers le nucléaire et les renouvelables et ainsi échapper au chaos climatique. Pour Jean-Baptiste Fressoz, chercheur au CNRS, la transition énergétique n’est qu’une #fable créée de toute pièce par le capital et que toute l’histoire déconstruit. Dans son livre “ Sans transition” il écrit “Rien de plus consensuelle que la transition énergétique, rien de plus urgent que de ne pas y croire” L’historien des sciences le rappelle “après deux siècles de “transitions énergétiques”, l’humanité n’a jamais brûlé autant de pétrole et de gaz, autant de charbon et même de bois”. À l’échelle mondiale, il faut dire que la transition énergétique est invisible. Depuis le début du XXème siècle, les énergies et les ressources que l’on utilise se sont accumulées sans se remplacer. L’histoire de l’énergie est donc une histoire d’accumulation et de symbiose. Même la consommation de charbon, considéré comme l’énergie de la révolution industrielle, a battu un nouveau record en 2023. Les énergies renouvelables ne remplacent pas les fossiles, elles s’ y additionnent. Et les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter Alors la transition énergétique n’est-elle qu’une illusion ? Pour Jean Baptiste Fressoz, en se basant sur une lecture fausse du passé selon laquelle chaque énergie serait venue en remplacer une autre, nous nous empêchons de construire une politique climatique rigoureuse. Pourquoi la transition énergétique nous empêche de penser convenablement le défi climatique ? Comment cette notion s’est-elle imposée ? Et en quoi est-il urgent de ne pas y croire et de penser autrement nos réponses au plus grand défi du siècle ? Réponses dans cet entretien de Paloma Moritz avec Jean Baptiste Fressoz.

      https://www.blast-info.fr/emissions/2024/transition-energetique-un-mythe-qui-nous-mene-dans-le-mur-Inu5q1eWT0WwT7X

      #audio #podcast

  • Crimes sexuels de guerre : une histoire de la #violence

    Israël a récemment annoncé l’ouverture d’une enquête sur de possibles #crimes_sexuels commis par le #Hamas. Le viol comme arme de guerre est aussi mis en avant dans le cadre de la guerre en Ukraine. L’invasion russe peut-elle servir de modèle pour comprendre les mécanismes de ces #violences ?

    Avec

    - #Sofi_Oksanen Écrivaine
    - #Céline_Bardet Juriste et enquêtrice criminelle internationale, fondatrice et directrice de l’ONG « We are Not Weapons of War »

    Israël a récemment ouvert une enquête sur d’éventuels crimes sexuels perpétrés par le Hamas. Parallèlement, l’utilisation du viol comme arme de guerre a été évoquée dans le contexte du conflit en Ukraine. Peut-on utiliser l’invasion russe comme un modèle pour comprendre les mécanismes de ces violences ?
    Le viol, arme de guerre traditionnelle des Russes ?

    Par son histoire familiale et ses origines estoniennes, l’écrivaine finlandaise Sofi Oksanen a vécu entre l’URSS et la Finlande et a grandi avec des récits de guerre lors de l’occupation soviétique des États baltes. Ces thèmes sont aujourd’hui centraux dans ses écrits. Selon elle, « dans la stratégie de guerre russe, il y a toujours eu des violences sexuelles. L’invasion en Ukraine est une sinistre répétition de la guerre telle que l’ont toujours menée des Russes. Et pourquoi n’ont-ils jamais cessé ? Car on ne leur a jamais demandé de le faire. »

    Les crimes sexuels font partie intégrante de la manière dont les Russes font la guerre. Elle déclare même dans son dernier ouvrage La guerre de Poutine contre les femmes que des soldats russes demandent la permission à leur famille pour commettre des viols : « ils sont adoubés et encouragés à commettre des crimes sexuels et des pillages. » Céline Bardet, juriste et enquêtrice internationale, insiste-t-elle sur la nécessité de documenter et de punir ces féminicides pour ce qu’ils sont. Elle dresse un parallèle avec la guerre en Syrie : « les femmes se déplaçaient par peur d’être violées. Quand on viole des hommes, on veut aussi les féminiser et les réduire à néant. »

    Comment mener une enquête sur les violences sexuelles en temps de guerre ?

    « J’ai créé depuis longtemps un site qui publie des rapports sur la situation. J’ai voulu écrire ces livres, car je voulais rendre accessible, faire comme une sorte de guide pour permettre de comprendre les crimes de guerre et comment les documenter. Sur les sites, il est difficile de relier les point entre eux pour comprendre la manière dont la Russie mène ses guerres. Elle conquiert et s’étend de la même manière. Il faut reconnaître ce schéma pour mieux le combattre. », explique Sofi Oksanen.

    Une opération hybride se déroule actuellement à la frontière entre la Finlande et la Russie : « la Russie nous envoie des réfugiés à la frontière. Cela s’était déjà produit en 2015, en Biélorussie également. Loukachenko a beaucoup recouru à ce moyen de pression. La Finlande a alors fermé sa frontière ». La Russie est également accusée de déportation d’enfants en Ukraine : « ces violences sont documentées. Concernant l’acte d’accusation émis par la CPI, beaucoup de gens en Ukraine y travaillent, mais avec des zones occupées, le travail de la justice prend plus de temps », déclare Céline Bardet.

    Concernant les violences effectuées contre des femmes par le Hamas le 7 octobre, Céline Bardet émet néanmoins des réserves sur la potentielle qualification de « féminicide de masse » : « les éléments ne sont pas suffisants pour parler de féminicide de masse. Pour le considérer ainsi, il faut prouver une intention particulière de commettre des violences contre des femmes, car elles sont des femmes. Pour le moment, le féminicide n’est d’ailleurs pas une définition pour le droit international ».

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/crimes-sexuels-de-guerre-une-histoire-de-la-violence-3840815
    #crimes_sexuels #viols_comme_arme_de_guerre #viols #guerre #viol_de_guerre #Bosnie #Bosnie-Herzégovine #Rwanda #génocide #outil_génocidaire #Libye #hommes #Ukraine #humiliation #pouvoir #armée_russe #torture #impunité #patriarcat #déshumanisation #nettoyage_ethnique #violence_de_masse #violences_sexuelles_dans_la_guerre #systématisation #féminicide #féminicides_de_masse #intentionnalité

    #podcast #audio

    Citations :
    Sofi Oksanen (min 30’54) : « Ce qui m’a poussée à écrire ce livre c’est que, vous savez, les #procès, ça coûte très cher, et ce qui m’inquiète c’est que certains crimes sexuels vont être marginalisés et ne sont pas jugés comme ils le devraient. Ils ne vont pas être jugés comme étant des crimes assez importants pour faire l’objet de poursuites particulières. Or, si on ne les juge pas, ces crimes, l’avenir des femmes et des enfants ne sera qu’assombri ».
    Céline Bardet (min 32’08) : « La justice c’est quoi ? C’est la poursuite au pénal, mais c’est aussi de parler de ces crimes, c’est aussi de donner la parole à ces survivantes et ces survivants si ils et elles veulent la prendre. C’est documenter ça et c’est mémoriser tout cela. Il faut qu’on sache ce qui se passe, il faut qu’on parle pour qu’en tant que société on comprenne l’origine de ces violences et qu’on essaie de mieux les prévenir. Tout ça se sont des éléments qui font partie de la justice. La justice ce n’est pas que un tribunal pénal qui poursuit quelqu’un. C’est énormément d’autres choses. »
    Sofi Oksanen (min 33’00) : « Je suis complètement d’accord avec Céline, il faut élargir la vision qu’on a de la justice. C’est bien d’en parler à la radio, d’en parler partout. Il faudrait peut-être organiser des journées de commémoration ou ériger un #monument même si certaines personnes trouveraient bizarre d’avoir un monument de #commémoration pour les victimes des violences sexuelles. »

    ping @_kg_

    • Deux fois dans le même fleuve. La guerre de Poutine contre les femmes
      de #Sofi_Oksanen

      Le 22 mars 2023, l’Académie suédoise a organisé une conférence sur les facteurs menaçant la liberté d’expression et la démocratie. Les intervenants étaient entre autres Arundhati Roy, Timothy Snyder et Sofi Oksanen, dont le discours s’intitulait La guerre de Poutine contre les femmes.
      Ce discours a suscité un si grand intérêt dans le public que Sofi Oksanen a décidé de publier un essai sur ce sujet, pour approfondir son analyse tout en abordant d’autres thèmes.
      L’idée dévelopée par Sofi Oksanen est la suivante : la Russie ressort sa vieille feuille de route en Ukraine – comme l’impératrice Catherine la Grande en Crimée en 1783, et comme l’URSS et Staline par la suite, à plus grand échelle et en versant encore plus de sang. La Russie n’a jamais tourné le dos à son passé impérialiste. Au contraire, le Kremlin s’est efforcé de diaboliser ses adversaires, s’appuyant ensuite sur cette propagande pour utiliser la violence sexuelle dans le cadre de la guerre et pour déshumaniser les victimes de crimes contre les droits de l’homme. Dans la Russie de Poutine, l’égalité est en déclin. La Russie réduit les femmes au silence, utilise le viol comme une arme et humilie ses victimes dans les médias en les menaçant publiquement de représailles.
      Un essai coup de poing par l’une des grandes autrices européennes contemporaines.

      https://www.editions-stock.fr/livre/deux-fois-dans-le-meme-fleuve-9782234096455
      #livre #Russie #femmes

    • #We_are_NOT_Weapons_of_War

      We are NOT Weapons of War (#WWoW) est une organisation non-gouvernementale française, enregistrée sous le statut Loi 1901. Basée à Paris, elle se consacre à la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits au niveau mondial. Fondée en 2014 par la juriste internationale Céline Bardet, WWoW propose une réponse globale, holistique et efficace à l’usage endémique du viol dans les environnements fragiles via des approches juridiques innovantes et créatives. WWoW travaille depuis plus de 5 ans à un plaidoyer mondial autour des violences sexuelles liées aux conflits et des crimes internationaux.

      L’ONG française We are NOT Weapons of War développe depuis plusieurs années la web-application BackUp, à vocation mondiale. BackUp est un outil de signalement et d’identification des victimes et de collecte, sauvegarde et analyse d’informations concernant les violences sexuelles perpétrées dans le cadre des conflits armés. Il donne une voix aux victimes, et contribue au recueil d’informations pouvant constituer des éléments de preuves légales.

      https://www.notaweaponofwar.org

      #justice #justice_pénale