• Intelligence Artificielle : La pédagogie contre l’illusion ?
    https://www.cafepedagogique.net/2024/07/04/intelligence-artificielle-la-pedagogie-contre-lillusion

    L’Ecole au front de l’I.A.

    L’ouvrage d’Olivier Ertzscheid aborde la question des « artefacts génératifs » (terme qu’il préfère à « Intelligence artificielle ») sous bien des aspects : techniques, philosophiques, politiques, artistiques, juridiques… Il éclaire aussi les défis posés à l’éducation : « Nous sommes une nouvelle fois devant un changement absolument majeur de notre manière d’enseigner, de transmettre, et d’interagir dans un cadre éducatif, a fortiori lorsque celui-ci est asynchrone et / ou à distance. »

    Car après s’être livrée à la terreur des jeux vidéo, de Wikipédia ou des réseaux sociaux, l’Ecole est peut-être menacée par une nouvelle panique morale : la qualité des textes (et pas que) produits par l’I.A. fait entrer l’Ecole (et pas que) dans l’ère du soupçon. Elle renforce potentiellement un sentiment d’insécurité chez les enseignant·es confronté·es au nouveau pouvoir d’écrire que la machine offre aux élèves. Mais elle leur donne aussi, du moins à celles et ceux qui s’y forment, des facilités nouvelles pour concevoir une séquence, un cours, un diaporama, un QCM, une évaluation… Côté élèves comme côté enseignant·es, le piège, c’est peut-être précisément le sentiment de toute puissance que donne la machine. L’immédiateté de la réponse offerte par les assistants conversationnels est un leurre, une tentative d’hypnose. Le travail de l’Ecole, c’est précisément de nous aider à sortir de la pensée magique pour saisir que l’IA, loin d’être une transcendance, est une technologie, à élucider, que cette technologie fonctionne au service d’intérêts économiques et politiques, qu’elle existe grâce à l’intervention de travailleurs et travailleuses de plus en plus invisibles et exploitées.

    Le 1er danger pour l’Ecole, c’est l’aveuglement, l’ignorance de ce qui se joue, avec pour conséquence l’abandon des élèves face à la technique, susceptible une fois encore de renforcer les inégalités scolaires et socioculturelles. « Nous devons accepter, souligne Olivier Ertzscheid, de braconner sur ces terres d’une relation dialogique automatisée. Et nous devons à tout prix et à tout coût intégrer dans nos pratiques ces nouvelles formes de braconnage technique et culturel et y accompagner étudiantes et étudiants. »

    L’Ecole au front des langages

    L’ouvrage d’Olivier Ertzcheid pose quelques bases d’une didactique de l’I.A. qu’il nous faudra rapidement construire. Il nous rappelle en particulier combien il devient encore plus essentiel de développer les compétences linguistiques des élèves, au premier chef la maitrise du vocabulaire et de la syntaxe.

    L’Ecole au front de l’EMI

    Le travail qui nous incombe, c’est de favoriser une posture de déconstruction : les élèves doivent développer un regard critique sur les productions générées par l’IA. Savoir analyser, comparer, vérifier, sélectionner, hiérarchiser, sourcer, corriger, enrichir, restructurer … les propositions de l’IA supposent bien des connaissances, des capacités et des entraînements, ce qui fait de l’EMI plus que jamais une urgence et un impératif, et ce dans toutes les disciplines tant chacune est impactée.

    L’ouvrage d’Olivier Ertzscheid est une belle entreprise de démystification qui nous invite à nous faire à notre tour désillusionnistes. Dépasser la peur comme la fascination implique de comprendre « comment ça marche », de rendre visible ce qui est volontairement dissimulé, de refuser un assujettissement à une IA qui soit déprise sur le savoir et emprise sur les croyances. Ce qui s’impose d’urgence, c’est une pédagogie critique des normes non seulement sociales, mais aussi désormais épistémologiques : au travail !

    Jean-Michel Le Baut

    #Olivier_Ertzscheid #Ia_cyberespace #Education #Intelligence_artificielle

  • Les inégalités sociales de compétences en hausse constante
    https://www.cafepedagogique.net/2024/06/19/les-inegalites-sociales-de-competences-en-hausse-constante

    On le sait, l’#école française ne résorbe pas les inégalités sociales, elle les transforme en inégalités sociales de compétences, notamment en français et en mathématiques. Dans une note publiée très récemment, la DEPP – Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance – montre, s’il en était encore besoin, que les écarts de performance entre élèves de différentes origines sociales sont importants dès l’entrée en sixième et tendent à se creuser durant la scolarité obligatoire.

     

    Des compétences inégales dès le début du collège

    À l’entrée en sixième, les compétences des élèves montrent déjà de fortes disparités selon leur origine sociale. En 2022, 41 % des enfants de parents de cadres obtiennent de bons résultats en français, contre seulement 6 % des enfants de parents inactifs et 10 % des enfants de parents ouvriers, indique le service statistique du ministère. À l’inverse, 45 % des enfants de parents inactifs et 26 % des enfants de parents ouvriers sont en difficulté, seulement 5 % des enfants de cadres supérieurs. Le constat est le même en mathématiques.

    Dans cette note, la DEPP utilise la classification « PCS ménage », récemment introduite par l’Insee, permet d’apprécier les disparités sociales en tenant compte de la profession des deux parents. Selon cette classification, les enfants de ménages inactifs et ouvriers sont surreprésentés parmi les moins performants. 45 % des enfants de ménages inactifs se situent dans le quintile inférieur en français (les moins performants), contre 5 % des enfants de ménages de cadres.

     

    Amplification des inégalités en mathématiques dès l’école primaire

    C’est à l’école primaire que les inégalités sociales de #compétences augmentent, particulièrement en mathématiques. À l’entrée en CP, les écarts sont moindres, mais ils s’amplifient à mesure que les élèves progressent dans leur scolarité. « En mathématiques, l’accroissement des écarts sociaux au cours de l’école primaire est plus net (qu’en français) : la part des meilleurs augmente de 8 points (de 30 % à 38 %) entre le CP et la sixième pour les enfants de cadres supérieurs, alors qu’elle diminue de 4 points pour les enfants d’ouvriers (de 15 % à 11 %) ».

    En français, les inégalités sociales apparaissent déjà très fortes à l’entrée en CP et augmentent tout au long de l’école primaire. « Les enfants de cadres supérieurs améliorent un peu leur position au primaire : à l’entrée en CP, 7 % sont parmi les moins performants en français et 14 % dans le groupe au-dessus ; ces taux passent à 6 % et 12 % à l’entrée en sixième. Dans le même temps, leur part dans le groupe des plus performants passe de 34 % au CP à 39 % en sixième. À l’inverse, les enfants d’ouvriers voient leurs résultats diminuer un peu : leur part parmi les plus performants est de 10 % à l’entrée en sixième contre 13 % à l’entrée en CP ».

    Ces tendances se confirment tout au long du collège. Les enfants de cadres supérieurs progressent davantage que leurs pairs issus de milieux ouvriers, exacerbant ainsi les écarts de performance.

  • Quand le brevet sert la soupe au SNU
    https://www.cafepedagogique.net/2024/06/03/quand-le-brevet-sert-la-soupe-au-snu

    On rappellera que l’EMC est un matière censée nourrir l’esprit critique. Aussi faut-il scruter de près le questionnement sur les documents pour comprendre le cheminement intellectuel demandé à l’élève. Force est de constater que c’est assez simple ici puisqu’il s’agit de procéder en deux temps :

    – S’assurer que l’élève a bien saisi les informations des documents publicitaires

    – Lui demander de mobiliser ces informations pour faire la promotion du SNU auprès de ses camarades.

    C’est simple, concis, et franc du collier.

    On nous rétorquera sans doute que le gouvernement n’est nullement responsable de la confection des sujets, trop occupé à batailler pour faire accepter l’inique réforme des groupes de niveau/besoins/niveau. Et qu’il faut donc plutôt pointer la responsabilité de collègues et de l’Inspection. C’est sans doute vrai, et même pire tant cela reflète la toxicité d’une chaîne de loyauté fabriquée sur la base d’une soumission aveugle à l’autorité et d’autocensure face à la possibilité – même minime- de la critique.

    Il est donc permis de se demander comment enseigner l’esprit critique à des élèves si l’on est soi-même saisi d’effroi à la simple idée d’introduire une pincée de nuances et un soupçon de distance dans l’analyse de documents. Ce n’était pourtant pas impossible à faire comme le montre cette proposition de sujet alternatif élaboré par nos soins.

    • 4) Expliquez pourquoi toutes les activités menées permettent de développer l’engagement citoyen.

      5) Vous souhaitez faire une présentation en cours d’Enseignement Moral et Civique sur la Défense nationale. Expliquez à vos camarades les conditions pour participer au SNU, les activités proposées et les objectifs de ce séjour de cohésion.

    • Les parti pris sont de compagnie pour le deuxième sujet aussi, la, pour appeler l’événement historique par son nom de propagande occidentale, « chute du mur de Berlin ».
      Les notions sur lesquelles on interroge les enfants et leur présentation comme allant de soi n’incitent pas à des réponses nuancées et critiques mais à des phrases qui recrachent les formules vides de sens apprises par coeur.
      « RDA régime autoritaire », « liberté retrouvée par les Allemands de l’Ouest », « conséquences pour les Allemands », etc.
      Je n’entre pas dans le détail de la question.

      #France #pédagogie #propagande

    • Militarisation de l’enseignement et répression syndicale :

      https://www.blast-info.fr/articles/2024/brest-plainte-de-darmanin-contre-un-syndicaliste-de-sud-solidaire-educati

      C’est un tract du syndicat Sud Solidaire éducation du Finistère qui remonte au 12 octobre 2023.

      Après les attentats de 2015, un protocole avait été signé entre le Ministère de l’Éducation et celui de la Défense, portant sur la création de « classes de défense et de sécurité globale ». L’objectif affiché était de renforcer l’idée de communauté nationale. Il s’agissait surtout de surfer sur la vague d’empathie pour les policiers après le Bataclan pour faire aimer les uniformes à nos enfants et entrer des gendarmes, des pompiers, des soldats ou des gardiens de prison dans nos collèges et lycées.

  • La réforme du choc des savoirs : un choc contre l’École fraternelle
    https://www.cafepedagogique.net/2024/05/24/la-reforme-du-choc-des-savoirs-un-choc-contre-lecole-fraternelle

    La réforme du Choc des savoirs est rejetée par l’ensemble de la communauté éducative. Encore une fois, une réforme de l’Éducation nationale est menée tambour battant et à marche forcée sans aucun dialogue ni l’adhésion des actrices et acteurs de terrain. Cette verticalité est ressentie avec brutalité et interroge en profondeur le métier des professeur.es, comme la crise du recrutement au concours de l’enseignement en atteste. Le nombre d’admissibles ne recouvre pas le nombre de postes dans certaines disciplines. Comment un métier peut-il être attractif quand il est déconsidéré financièrement et socialement, quand les salaires ne sont pas revalorisés. La France paie particulièrement mal ses enseignant, en comparaison avec les pays européens. Le métier même de professeur évolue, il est transformé en métier d’exécutant. Les bréviaires, les manuels montrent le glissement vers une perte de liberté pédagogique comme une perte de confiance dans le professeur. Cette méthode descendante atteste d’un manque de confiance dans l’art du professeur, la pédagogie, l’art de transmettre. Mais n’est-ce pas une méthode qui permet de ne pas interroger le manque de formation des enseignants ? « Qui veut encore des professeurs ? » interroge Philippe Meirieu dans un court ouvrage publié l’année dernière : ce titre à l’apparence polémique doit nous interroger en profondeur sur le devenir du métier de professeur, et sur l’avenir de l’École.

    Le choc des savoirs est à l’image de notre Ve République, elle est le fait du Prince. Et de ce fait, les valeurs de la République, liberté, égalité, fraternité peuvent-elles être respectées dans l’École ?

  • « Certes, l’on initie à l’école maternelle l’enfant à son rôle d’élève, mais cela ne doit pas se faire en oubliant les visées de socialisation au jugement individuel et critique » | entretien avec #Ghislain_Leroy
    https://publications-prairial.fr/diversite/index.php?id=4344

    Du côté de l’#école #maternelle, j’ai pu montrer à ce titre de profondes évolutions curriculaires. Durant la période allant des années 1970 à nos jours, les objectifs de lire-écrire-compter gagnent très largement du terrain, qu’il s’agisse d’aborder ces apprentissages directement ou indirectement (par exemple, par la phonologie). Cela s’effectue au détriment d’autres objectifs, qui étaient jadis hautement légitimes, tels que le « vivre ensemble » ou encore « l’affectivité » (je reprends des catégories de textes officiels anciens de l’école maternelle). Dans mon ouvrage L’école maternelle de la performance enfantine, je montre que ces évolutions du #curriculum formel ont changé les pratiques effectives. Elles sont parfois plus scolarisantes encore que les pratiques prescrites par le curriculum officiel ; par exemple, quand on insère systématiquement des objectifs d’écriture (comme le graphisme) dans les activités d’arts plastiques, alors même que ce n’est pas demandé par les textes officiels les plus scolarisants, comme ceux de 2008. Les enseignants apparaissent alors, en un sens, plus royalistes que le roi ! C’est qu’ils ont intégré l’importance de la demande de « fondamentaux ».

    Deuxièmement, le curriculum n’est pas lié qu’à une priorisation de certains objectifs en termes de disciplines scolaires. Il valorise aussi certains comportements et en dévalorise d’autres. Cherche-t-on à ce que l’enfant fasse ce que l’adulte veut ? Qu’il soit concentré ? Qu’il obéisse ? Qu’il fasse preuve de créativité ? Qu’il s’affirme ? L’évolution scolarisante de l’école maternelle que j’ai évoquée ci-avant va aussi dans le sens d’attentes disciplinaires [comportementales] plus importantes entre 3 et 6 ans. Dans les années 1970, on cherchait à ce que l’enfant s’individualise par des expérimentations personnelles et propres. On valorisait aussi la figure d’un adulte attentif aux soins affectifs envers l’enfant. Dans les pratiques, les choses furent très variées, et ces objectifs éducatifs furent loin d’être mis en œuvre partout, mais c’est une tendance de l’époque.

    RG : Quels sont les effets ou les conséquences de cette évolution ?

    GL : Parce que l’on attend plus de résultats scolaires de l’école maternelle, on attend des #enfants plus précocement « #élèves » et la relation de #soins affectifs a très largement, du même coup, perdu en légitimité (il faut donner à voir l’image d’une école maternelle « école »). Cela pose parfois la question d’une maternelle contemporaine n’hésitant pas à être brutale dans la relation à l’enfant ; j’ai pu documenter des situations de #maltraitance_éducative, liée au climat de fortes attentes de résultats scolaires. Dans ce contexte, j’analyse dans plusieurs productions récentes le succès actuel de la notion d’#autonomie comme le signe d’une valorisation non plus d’un enfant simplement obéissant, mais d’un enfant appliquant de lui-même, avec zèle et enthousiasme, ce que l’on attend de lui. Il est particulièrement rallié au projet éducatif que l’on a pour lui, et l’idée d’un hiatus entre ce que l’on veut pour lui, et ce qu’il veut, s’évanouit. C’est surtout frappant dans certaines approches #Montessori qui doivent donc être analysées dans leurs dimensions disciplinaires latentes. Nombre d’acteurs éducatifs contemporains (#enseignants, mais aussi parents) n’envisagent plus que l’enfant puisse ne pas adhérer, en tant qu’individu, au projet éducatif que l’on forge pour lui. J’estime qu’il revient au sociologue de l’enfance d’exercer une vigilance critique vis-à-vis de ce type de « définitions sociales de l’enfant » actuellement en croissance, pour reprendre l’expression de Chamboredon.

    [...]

    RG : Vers quoi devrait, selon vous, tendre le curriculum de l’école maternelle dans le contexte actuel ?

    GL : Je reste assez convaincu que l’école maternelle devrait dialoguer davantage avec d’autres institutions préscolaires, dites « holistiques », qui se fixent des objectifs de développement de l’enfant qui ne sont pas que scolaires. Il ne s’agit évidemment pas pour autant de mettre de côté les objectifs de réduction des inégalités socioscolaires, mais de considérer que le suivi d’objectifs préparatoires à la suite de la scolarité et d’objectifs de développement plus globaux (que l’on peut éventuellement nommer socio-émotionnels) sont probablement plus complémentaires qu’opposés. Je ne souscris pas à l’idée selon laquelle la surscolarisation de l’école maternelle serait un remède à la lutte contre les inégalités sociales. Je crois à ce que je nomme une « professionnalité complexe » à l’école maternelle, capable d’être exigeante sur les ambitions d’apprentissages scolaires (en particulier pour les enfants ayant peu de dispositions scolaires), tout en étant capable de saisir également les vertus de moments moins directifs ; d’apprendre, progressivement, aux enfants à devenir des élèves, tout en étant sensible à leur développement socio-émotionnel plus général. Le lien adulte/enfant à l’école maternelle ne saurait se réduire à la relation enseignant/élève ; cela me paraît un appauvrissement considérable de ce que cette relation à l’enfant est, ou peut être, en réalité.

    Enfin, pour ajouter encore une strate à cette « professionnalité complexe » que j’appelle de mes vœux, j’aurais aussi tendance à dire qu’il serait nécessaire d’être à la fois capable de socialiser l’enfant avec les objectifs curriculaires actuels, mais aussi de lui apprendre, en un sens, à endosser de réelles postures critiques et personnelles. Je regrette à ce titre que les activités de « débats » par exemple (prônées notamment dans les programmes de l’école maternelle de 2002) se fassent plus rares. Certes, l’on initie à l’école maternelle l’enfant à son rôle d’élève, mais cela ne doit pas se faire en oubliant les visées de socialisation avec le jugement individuel et critique ; voilà une manière d’atteindre l’« autonomie » qui est probablement différente de l’usage aujourd’hui tout à fait galvaudé de cette notion évoquée plus haut. Mais peut-être que dire cela est de plus en plus subversif politiquement (alors que c’était une vision assez ordinaire il n’y a pas si longtemps), dans un contexte où, en réalité, on attend de plus en plus de normalisation précoce des enfants, c’est-à-dire de #disciplinarisation (projet social qui me semble au demeurant progresser bien au-delà des attentes envers l’enfance). Souhaite-t-on encore réellement que l’enfant soit socialisé à avoir de l’initiative personnelle ?

    #éducation

    • J’ajouterais deux éléments qui expliqueraient cette focalisation sur le « devenir élève » et les « apprentissages fondamentaux » en maternelle, en plus de la source institutionnelle directe du curriculum décrite par Ghislain Leroy (qui est prépondérante).

      Le premier c’est les évaluations nationales. Même si on y est opposé, tout le monde s’y est habitué, et sans qu’on y fasse trop attention l’école se met à tourner autour de ça. Les évaluations de début de CP en particulier sont très violentes pour les enfants, notamment parce qu’on les évalue sur beaucoup de choses, y compris des notions qu’ils n’ont jamais vues (parce qu’à mi-CP et début de CE1 on réévalue pour voir la progression). Les résultats sont compilés, des moyennes d’écoles sont faites à différents niveaux spatiaux, puis l’école élémentaire se réunit avec la maternelle du secteur pour en parler, c’est-à-dire parler des exercices où la note est en-dessous de la moyenne et fait salement ressortir l’école. C’est la maternelle qui est responsable des résultats de début de CP, et ici tu peux être sûr d’être à tous les coups perdants : si les résultats sont bons, on te sucre des moyens ; s’ils sont mauvais, on viendra te donner des leçons parce que ta pédagogie est nulle. Bref, pour ne pas être classé dans les écoles ou les profs nuls, tu as intérêt à ce que tes élèves aient des bons résultats en début de CP, donc à les préparer à la myriade de trucs que les évals demandent. Ce souci de réussir aux évals, c’est aussi bien sûr dans l’intérêt des élèves, parce que tu sais qu’à 15 jours de la rentrée, ils se tapent une semaine d’éval, et que ça ira mieux pour eux s’ils savent faire.

      En plus de ça, bien sûr, ces évaluations mettent en lumière les « attendus de fin de cycle », c’est-à-dire les compétences listées dans les programmes censées être acquises en fin de maternelle. Si les programmes disent bien que chacun apprend à son rythme, tu ne peux pas échapper à la nécessité de ces attendus si dès la rentrée de CP il y a l’éval. Ca sert vraiment à mettre la pression à tout le monde, ça dit : si tu ne travailles pas correctement en maternelle, tu vas le payer (et ça le dit à tout le monde, aux profs, aux enfants et aux parents).

      Le deuxième élément c’est une certaine évolution de notre identité professionnelle en contexte de crise du métier. Notre métier est sur la pente descendante (et ça ne va pas s’arranger), le salaire baisse par rapport à ce qu’il était, les conditions de travail sont plus difficiles, il y a pénurie de candidats, hausse des démissions, concurrence du privé, recours plus important aux contractuels embauchés en quelques minutes, etc. Notre fierté alors, c’est les « apprentissages », « faire entrer les élèves dans les apprentissages ». C’est ça qui nous distingue des autres professionnels de la petite enfance, c’est ça qu’on peut mettre en avant pour montrer notre importance dans le système, c’est ce qui prouve nos compétences tant dénigrées (souvenir d’un directeur en réunion de rentrée disant aux parents de petite section : ici c’est pas la crèche, c’est l’école, il y a des choses à apprendre, un programme, donc pas de doudou, pas de tétine, même pour la sieste - … l’angoisse).

      L’autre jour, on parlait des différences entre maternelle et élémentaire. Je disais qu’en maternelle, on pouvait laisser jouer les enfants librement dans la classe. Une collègue est partie d’un rire méprisant en s’exclament « Qu’est-ce que j’entends ?! ». Pour elle, c’est inconcevable de se mettre en retrait (ou d’admettre qu’elle le fait), de laisser les enfants hors de ses tableaux de progression hebdomadaires/mensuels/annuels des apprentissages. Sinon à quoi elle servirait ? Comment verrait-on ses compétences qui font que, non, son métier n’est pas de la garderie ? Cette fierté revendiquée à avancer à marche forcée dans les apprentissages dès la petite section est une façon de se distinguer alors que l’institution, la société, nos conditions de travail, nous renvoient une image de nous-mêmes peu flatteuse. En plus de l’effet sur les enfants, le risque c’est aussi que ça amène les collègues à se dénigrer mutuellement.

    • Bascule de la mission première de l’école maternelle

      Christophe Joigneaux, chercheur spécialiste de la maternelle, s’est attaché à décrypter les projets de programmes en français. Pour le chercheur, si ces projets sont dans la continuité des programmes précédents, on retrouve les mêmes évolutions, mais plus affirmées. « La scolarisation de l’école maternelle est de plus en plus affirmée. Pour la première fois, on parle de la discipline scolaire de « français ». Avant, on parlait plutôt de langage. On parle aussi de la grammaire pour la première fois ». La première référence aux mathématiques comme discipline dans des programmes de maternelle, c’était en 2021, rappelle-t-il. « Il y a une montée incessante de la mission historique de la maternelle, la mission propédeutique (préparer la réussite des apprentissages) en CP particulièrement, mais après aussi ». Le chercheur explique que ces projets sont centrés sur la préparation de la lecture avec le décodage. « C’est une bascule. Cette mission est première à l’exclusion de l’autre grande mission, le respect du développement et du rythme d’apprentissage de l’enfant ». Il relève aussi le nombre d’occurrences des mots enfants et élèves, 9 occurrences du mot enfant contre 53 du mot élève. « C’est assez significatif ».

      L’école maternelle est de plus en plus positionnée comme la première école du cursus scolaire avec une perte de son identité curriculaire selon Christian Joigneaux qui note la disparition du jeu libre et le fait que les coins jeux ne peuvent plus être fréquentés librement. « En gros, il faut se concentrer sur les compétences fondamentales, prédictives de la réussite en français. Peu de place est laissée à la spontanéité de l’enfant… »

      Le spécialiste relève aussi des « repères temporels très précis dans ces projets ». « Si cela peut répondre à des demandes d’enseignants par rapport aux derniers programmes où il n’y avait que des attendus de fin de cycle, cela laisse beaucoup moins de liberté, surtout celle de s’adapter aux rythmes des élèves – on peut aller trop vite pour certains et accroitre les inégalités ». Du côté des contenus, il les estime « très chargés et très prescriptifs ». « Comment adapter avec tout cet empilement ? Comment s’y prend l’enseignant pour caser tout ça ? Toutes les conditions sont réunies pour que les nouveaux programmes accroissent la défiance des enseignants vis-à-vis de l’institution ».

      « Les fondamentaux, sont-ils vraiment fondamentaux ? », questionne Christophe Joigneaux. « Ces projets montrent que l’on n’a pas appris du passé. En particulier des programmes de 2008 où il y avait un découpage très fort. Ça permet de mieux réussir au début CP mais pas au début du CE2. Ce qui était considéré comme prédicteur de la réussir, ne l’était qu’à court terme ».

      https://www.cafepedagogique.net/2024/05/29/ozp-la-maternelle-en-rep

  • Quand le travail fait mal
    https://www.cafepedagogique.net/2024/04/29/quand-le-travail-fait-mal

    Il est de bon ton en ce moment de railler l’inertie des enseignants et d’expliquer leur morne mobilisation par le fait qu’ils se contenteraient de ces réformes les confirmant dans leur confort petit bourgeois. C’était peu ou prou l’objet d’un article paru dans le web magazine Frustration, très marqué à gauche et généralement plutôt pertinent sur son analyse du monde du travail, article dé-publié depuis. L’auteur partait de l’ observation de sa propre salle des profs pour élaborer cette critique somme toute assez banale dans le monde de la gauche radicale puisqu’elle se rattache à la critique libertaire et anti-autoritaire qui a toujours accusé l’école de s’adonner à du formatage paramilitaire avec la douce complicité des enseignants. Mais si cette critique pouvait, à bien des égards, faire mouche dans les années 1970, une certaine eau a, depuis, coulé sous les ponts. Une eau bien saumâtre qui ne fait pas grand cas du confort petit bourgeois des un·es et des autres et qui s’abat comme une vague sur l’ensemble des services publics, école y compris. Un ouragan néolibéral. On ne devrait rien avoir à apprendre à la gauche de transformation sociale sur ce sujet, l’ensemble étant bien documenté depuis des années par la sociologie et formant le socle d’une analyse des transformations du monde du travail dont le magazine Frustration comme d’autres milieux sont parfaitement au fait. Mais il semblerait que le travail enseignant n’ait pas encore été complètement intégré à cette grille de lecture dans le monde militant.

    Revoir aussi cette discussion : https://seenthis.net/messages/1050837

    (Ceci dit, j’en suis toujours à ruminer la raison pour laquelle Frustration Magazine a laissé s’exprimer dans ces pages cet individu, en l’occurrence un certain François Bégaudeau).
    (Source : https://twitter.com/dukeofportland1/status/1783078057458229689)

    • Merci @arno pour cette remarque. Je me suis moi-même demandé si la source était fiable. D’où ce post car j’étais certain que s’il s’agissait d’une calomnie, l’info serait à coup sûr debunkée ici même. Je suis bien conscient que ma démarche est limite : prêcher le faux pour savoir le vrai, ça peut avoir des conséquences fâcheuses.

      [edit] Mais sinon, à ma décharge, François Bégaudeau fait l’objet de nombreux articles chez Frustration.
      https://www.frustrationmagazine.fr/?s=Fran%C3%A7ois+B%C3%A9gaudeau
      De surcroît, le gars traîne une vilaine réputation sexiste et se retrouve au tribunal pour une affaire de slut shaming à l’encontre de Ludivine Bantigny. Les faits se sont produits en 2020.

      https://www.madmoizelle.com/proces-en-diffamation-sexiste-francois-begaudeau-confond-misogynie-et-h

    • https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_B%C3%A9gaudeau#Accusation_de_sexisme

      « La bourgeoisie croit toujours que sa position est désirable » Bégaudeau paru chez Frustration (III)
      https://www.frustrationmagazine.fr/begaudeau-3

      Car quelle est ta cible quand tu écris Notre joie ou Histoire de ta bêtise ? Tu t’adaptes à ton lectorat : tu cites la philosophe Simone Weil en écrivant Simone, sans dire explicitement ce qu’elle pense, comme si tout le monde savait ce qu’elle pensait. C’est plus facile pour toi, tu es dans ton élément et tu t’adresses à des gens qui sont dans ton élément aussi. Quand on pense à des slogans, on s’adresse à beaucoup plus large.

      Oui, ce n’est pas la même stratégie. J’ai une position très radicale sur les livres : ils servent d’abord à celui qui les écrit. Je ne me pose jamais la question de l’utilité d’un livre. Je me pose la question de son intérêt et de sa beauté. C’est un truc d’esthète, mais on ne se refait pas. Son intérêt, c’est sa justesse et sa pertinence. Sa beauté, c’est au niveau de la forme, du style. Ce qui me déclenche pour écrire un livre, c’est si je sens que j’ai quelque chose d’intéressant à dire et que par ailleurs, la composition peut être intéressante. Quand je suis dans le détail d’une page en revanche, j’essaie d’être le plus clair possible, de pas trop multiplier les références. Il y en a un peu plus que d’habitude dans Notre joie, peut-être un peu trop, je ne sais pas. Mon but est quand même de décoder.

      Après, évidemment qu’un livre est segmentant, tu n’as pas tout le monde [qui lit], à un certain niveau de sophistication de la pensée tout le monde ne suivra pas. Je rencontre pas mal de gens qui disent : “Olala Lordon, c’est énervant, il est pas clair !” Je ne suis pas “Lordofan” tout le temps, mais je défends le fait qu’il y a certains problèmes qu’aborde Lordon qui sont des problèmes philosophiques et anthropologistes, sous tutelle spinoziste, qui ne peuvent pas être écrits autrement. Il faut savoir ce qu’est la philo… peut-être que c’est vain.

      C’est un philosophe, il va dans le jargon. Il est plus universitaire que moi qui viens plutôt de la littérature. Je serais incapable d’écrire du Lordon, je n’ai pas l’armature philosophique pour ça. Lordon il l’a, et il en est un peu victime, ça va un peu plomber sa prose. Mais il y a des pages qui sont merveilleuses ! Il pose des problèmes fondamentaux, ontologiques : par exemple, qu’est-ce qu’un corps social ? C’est pour ça que parfois les militants sont un peu déçus, ils l’ont entendu parler à Nuit debout, où il est bon comme orateur, et après…

    • J’ai posé la question à Frustration sur Twitter, à savoir si c’était François Bégaudeau ou un certain Arnaud Dolidier qui était l’auteur de l’article (en leur mettant sous le nez la parution chez Info libertaire de l’article qu’ils ont supprimé). J’attends leur réponse.
      Ce qui est ballot, c’est que je n’ai pas fait attention au nom de l’auteur de l’article paru puis supprimé chez Frustration.
      (Bon, je fatigue. J’ai les yeux en ruine. Je vais dormir).

    • Je n’avais pas étoilé cet article de Frustration @sombre car j’avais moyennement apprécié celui ci. Il me semble qu’il s’agissait bien de Arnaud Dolidier car si s’avait été celui de Bégaudeau cela m’aurait profondément perturbée. Il s’agit peut être d’un pseudo, de son pseudo ?...

      On peut le retrouver ici : https://blogs.mediapart.fr/arnaud-dolidier/blog

      L’Espagne face à l’impunité des crimes franquistes
      7 févr. 2022 Par arnaud dolidier

      Validé par le conseil des Ministres en juillet 2021, la loi dite de mémoire démocratique a été discutée au Congrès des Députés en octobre dernier. Malgré de réelles avancées, le modèle de réconciliation nationale fondé sur la loi d’amnistie d’octobre 1977 constitue toujours un frein aux demandes de vérité, de justice et de réparation des victimes du franquisme.

      « Les chemins du communisme libertaire » (premier volume) de Myrtille 25 janv. 2022 Par arnaud dolidier

      Le premier volume des chemins du communisme libertaire permet au lecteur français d’appréhender l’effervescence et la richesse des idées et des pratiques libertaires pendant le XIXe siècle espagnol. Le travail de Myrtille met en avant les enjeux doctrinaux inhérents au développement des courants anarchistes au sein d’une partie des classes populaires espagnoles.

      « Les anarchistes dans la ville » de Chris Ealham
      15 janv. 2022 Par arnaud dolidier

      « Les anarchistes dans la ville » est la traduction française de la thèse de Chris Ealham paru en 2005. L’auteur, par le biais d’une « histoire sociale des dépossédés inscrite dans l’espace », montre comment s’est construite « la ville prolétarienne » en réponse au développement de la ville capitaliste.

      Cadix, plus de 20.000 métallurgistes en grève reconductible 23 nov. 2021 Par arnaud dolidier

      Manifestations de plusieurs milliers de personnes, barricades pour couper l’accès aux zones industrielles et aux voies de communication, sit-in et occupations d’usines : à Cadix, les métallurgistes sont en grève reconductible depuis une semaine pour réclamer au patronat des augmentations de salaires indexées sur l’inflation.

      Contribution au débat sur la « mémoire historique » en Espagne 8 sept. 2011 Par arnaud dolidier

      Dans un village de Castille et Léon, le 2 août 2011, le maire a pris la décision d’exhumer les restes de dix victimes du franquisme placés dans un monument en hommage aux républicains espagnols, pour les envoyer dans un ossuaire. A l’origine de cette action, une femme qui souhaitait récupérer les restes de sa grand-mère qui reposait dans ce monument, pour la placer dans une tombe familiale.

      Espagne : de la transition démocratique au 15-M 17 juin 2011 Par arnaud dolidier

      Cela fait maintenant plus d’un mois que le mouvement né après les manifestations du 15-M bouleverse la vie politique et sociale de l’Espagne.

      Ou alors Frustration s’est planté dans la suppression... :)

      « Notre rubrique ’’Vos Frustrations’’ permet à des personnes de témoigner sur leur milieu professionnel. ou leur quotidien.
      Or, nous avons appris ce matin que notre dernier contributeur, enseignant, était accusé d’agissements sexistes et de viol. Nous avons donc supprimé son article. »

    • @marielle : oui, tu as eu le même cheminement que moi hier soir. J’avais réussi à loger le « Arnaud Dolidier » chez les blogs de médiapart, là où il se décrit comme historien, enseignant d’histoire-géographie, spécialiste du mouvement ouvrier en Espagne.
      Toujours est-il que je n’ai à cette heure obtenu aucune réponse du compte Twitter de Frustration Magazine à propos de leur « contributeur » accusé de sexisme et de viol. Je sais bien qu’il est malaisé d’identifier à priori sur des écrits et sur un portrait photo un agresseur potentiel. N’empêche qu’il en va de leur crédibilité même concernant leurs allégations à l’encontre de cette personne.
      Après, il est vrai que le jugement porté sur l’ensemble des enseignants peut être problématique surtout en cette période où l’institution et ses personnels font l’objet d’attaques incessantes. Mais pour être bref et au vu de mon expérience dans ce métier, il y a aussi des enseignants problématiques. Cependant, je le concède, on ne peut pas se permettre d’essentialiser toute une profession en regard d’un ressenti personnel.

  • DNB : le taux de réussite augmente pour la première fois depuis 2020 (Depp)
    https://www.aefinfo.fr/depeche/710046-dnb-le-taux-de-reussite-augmente-pour-la-premiere-fois-depuis-2020-de

    Le taux de réussite à la session 2023 du #DNB [diplôme national du #brevet] est de 89 %, soit 1,4 point de plus qu’à la session précédente, note la Depp le 2 avril 2024. Alors que, dès 2025, les élèves ayant échoué à cet examen (plus de 90 000 en 2023, 11 % des candidats), devront se diriger vers une « prépa-lycée », la Depp remarque que « c’est la première fois, depuis 2020, que le taux de réussite au DNB augmente ». Ce taux, « habituellement compris entre 86 % et 88 % depuis 2018 avait atteint 90,4 % à la session 2020 », lors de la crise sanitaire. La fin des consignes de correction académique en 2024 pourrait affecter ce taux.

    Le taux de réussite est plus élevé en série générale (90,2 %, + 1, 5 point) qu’en série professionnelle (78,1 %, + 0, 6 point) : cet écart de réussite « s’est accentué entre 2018 et 2023 », observe la Depp.

    Les candidats d’origine sociale défavorisée « restent surreprésentés parmi les candidats en série professionnelle », poursuit la Depp : dans cette série, la part des candidats d’origine sociale défavorisée est de 50 %, contre 29 % pour les candidats de la série générale. En parallèle, les candidats avec une origine sociale très favorisée « sont surreprésentés parmi les candidats en série générale (25 %, contre 7 % en série professionnelle) ».

    Le taux de réussite va baisser et Gabriel Attal s’en réjouit | Laurence De Cock
    https://www.cafepedagogique.net/2024/04/02/le-taux-de-reussite-va-baisser-et-gabriel-attal-sen-rejouit

    Gabriel Attal a tenu à annoncer solennellement que dès cette année, et encore plus en 2025, le taux de réussite au brevet allait fortement baisser. D’abord par un système de changement de notation (la fin de la prise en compte des compétences et le retour à la note), ensuite par la suppression du correctif académique. Pire encore, qu’il serait désormais impossible d’entrer au lycée sans le brevet.

    [...] En juin prochain, nous aurons droit aux statistiques pour bien vérifier que le taux de réussite soit en baisse. Ils trouveront sans doute que ce n’est pas encore assez : “Peut mieux faire ! objectif 10% de baisse en plus pour l’année 2025 !” Le cauchemar.

    [...] Naturellement cela ferait tâche d’admettre que le décrochage scolaire risque de flamber. Ce pourquoi les chargés de com’ du ministère ont eu l’idée d’une formule qui clignote sur le papier : des prépas-lycées. Il y aurait ainsi une classe prépa-lycée dans chaque lycée pour accueillir les élèves sans brevet.

    D’abord c’est matériellement impossible puisqu’il a été annoncé que l’école serait l’une des premières institutions touchées par l’austérité. Ensuite, les dotations étant laissées aux mains des rectorats, il y a fort à parier que, dans certaines régions, on aura au mieux l’offre d’une seule classe pour un immense secteur géographique, ce qui conduira immanquablement à l’abandon par les élèves trop éloignés de leur lieu de scolarisation. Enfin, et surtout, on a là l’ajout d’une voie de garage supplémentaire car rien ne garantit l’intégration au lycée de celles et ceux qui auront passé un an dans ces classes de relégation dont on ne voit pas bien d’autre finalité que celle de servir de salle d’attente jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire.

    #éducation #collège #lycée

  • Choc des savoirs pour l’école inclusive : l’aporie scélérate | #Dominique_Momiron
    https://www.cafepedagogique.net/2024/03/22/choc-des-savoirs-pour-lecole-inclusive-laporie-scelerate

    Dans les objectifs assignés à cette réforme sont convoquées deux notions importantes : une « action pédagogique ciblée » et des « approches personnalisées ». Curieusement, cette mise en avant de ces deux notions pédagogiques tendrait à inférer qu’elles ne seraient pas requises lors de l’enseignement ordinaire pour tous, en classe entière. Or, ces deux notions sont fondamentales dans la pédagogie inclusive qui devrait être celle qui prévaut dans une école devenue pleinement inclusive. Ici, elles ne seraient mobilisées que dans une organisation pédagogique semi-ségrégative en groupes de niveaux qui séparent les élèves en catégories hiérarchisées. Par essence, on se trouve là dans une aporie : faire de la scolarisation inclusive en séparant les élèves en catégories. Ce que l’on reproche à la #Segpa de collège deviendrait donc la norme tout au long du collège pour tous les élèves.

    [...]

    La note nous dit : « Pour l’ensemble des groupes, les programmes et les attendus de fin d’année sont identiques. Afin de garantir leur acquisition progressive par les élèves, les démarches didactiques et pédagogiques sont adaptées aux besoins de ceux-ci. Les séances en groupes ciblent certaines compétences spécifiques qui répondent aux besoins particuliers des élèves ». Comment ne pas se demander pourquoi cela ne serait pas possible en classe entière tout au long de l’année ? Pourquoi serait-il indispensable de déstructurer les classes entières pour le faire, notamment dans les groupes qui n’auront pas des effectifs réduits ? Et finalement, ces prescriptions ne devraient-elles pas être celles qui prévalent dans une pédagogie inclusive au sein d’une école de droit commun où chacun a sa place et dans laquelle prévaut l’accessibilité pédagogique ? Eh bien, ce n’est pas le choix du Premier ministre. Le sujet est clos, quoi qu’en pense la ministre qui veut y réfléchir.

    Sentant le danger provoqué par la déstructuration des classes en groupes de niveau hiérarchisés, les rédacteurs de la note ont introduit cette prescription : « L’organisation retenue doit permettre de se prémunir de tout risque d’assignation des élèves ». Malheureusement, s’impose à l’esprit du lecteur qu’il y a ici ce que l’on appelle un vœu pieux. La rigidité de l’organisation avec la majorité du temps de français et de maths en groupes de niveau ne peut qu’aboutir à cette assignation. [...]

    De la même manière, les auteurs ont tenu à préciser que l’affectation des élèves doit s’effectuer sans prendre en ligne de compte la situation de handicap. Cette référence s’inscrit dans le vœu pieu précédent : elle rend compte justement d’un risque quasi inévitable, et cela d’autant plus que la majeure partie des élèves en situation de handicap, notamment ceux qui bénéficient d’une #Ulis ou d’une #UEE, présentent des troubles des fonctions cognitives ou du neurodéveloppement qui perturbent leurs performances d’apprentissage. Il se retrouveront donc systématiquement dans le groupe des élèves les plus faibles ; de même que les élèves présentant des troubles spécifiques du langage et des apprentissages, les élèves allophones nouvellement arrivés, les élèves issus de familles itinérantes et de voyageurs, les élèves décrocheurs.

    Au final, on est loin d’une réforme qui contribue ou même préserve l’aspiration à ce que notre école soit une école pleinement inclusive. En séparant les élèves selon leur niveau scolaire, en redynamisant la pratique du redoublement, en renforçant la difficulté d’acquisition du diplôme national du brevet devenu un examen de passage au lycée, en créant une filière de « classe préparatoire à la classe de seconde », on favorise toutes les dynamiques scolaires d’autrefois qui privilégiaient la compétition, les séparatismes pédagogiques, et la relégation progressive des perdants hors du champ scolaire. Et prétendre le contraire fait naître un constat, celui d’une aporie scélérate.

    #école_inclusive #collège #choc_des_savoirs #handicap

  • Attal contredit en direct par les chefs d’établissement
    https://www.cafepedagogique.net/2024/03/15/attal-contredit-en-direct-par-les-chefs-detablissement

    Mais le plus important dans ce webinaire c’est l’avalanche de remarques et questions posées par les personnels de direction. La très grande majorité montre leur opposition et leurs inquiétudes. ” Les réformes se succèdent sans évaluation, ni bilan… Nous ne sommes pas écoutés, ni nous, ni les experts, nous n’avons aucune autonomie pour faire au mieux dans notre établissement avec le peu de moyens donnés, … Nous sommes fatigués !“, dit un principal. ” Les réactions sont extrêmement nombreuses et négatives envers vos annonces. Qu’en sera t-il, de la prise en compte de toutes ces remarques qui vous indiquent que nous ne sommes pas en mesure de préparer une rentrée scolaire dans les conditions actuelles ?…“, dit un autre.

    • « et pourtant, elle tourne », tant éducation nationale que la prochaine rentrée. Suffit de virer tout.es les islamo-gauchiste :-)

    • Gabriel Attal a trois arguments pour faire passer sa réforme. D’une part, il dit que “à la fin il y a un gouvernement élu par les Français qui prend les décisions et les fait appliquer”. Il explique que sa réforme est soufflée par A. Schleicher, directeur de l’éducation de l’OCDE, sans répondre aux demandes de précision. Et finalement il énumère tous les avantages sonnants et trébuchants qu’il réserve aux personnels de direction. Au total ce sont 27.5 millions qui sont prévus par an pour les 15 500 personnels de direction. “Votre rémunération augmentera en moyenne de 1800 € par an“, promet G Attal. Et finalement interrompt le webinaire près d’une heure avant l’heure prévue.

      Les chefs avaient déjà eu droit à une prime pour la mise en place du pacte enseignant.

  • Près de 11 000 emplois supprimés à l’Education nationale
    https://www.cafepedagogique.net/2024/02/22/pres-de-11-000-emplois-supprimes-a-leducation-nationale

    Le décret annulant 10 milliards de dépenses est paru ce matin au Journal officiel. Contrairement à ce qui a été annoncé, les ministères ne sont pas traités à égalité. L’Education nationale rend 692 millions, essentiellement des emplois. Ce sont 2620 postes d’enseignants qui disparaissent dans le 1er degré public, 1740 dans le second degré public et 1760 postes dans le privé. Enfin l’équivalent de 4600 postes d’AED et AESH sont annulés. Il appartient maintenant à Nicole Belloubet et aux recteurs d’appliquer cette saignée dans les écoles et les établissements. Ces annulations de crédit rendent indispensable le report des réformes Attal.

    On en oublierait presque que :

    si les 12 millions d’élèves scolarisés en France dans les écoles, collèges et lycées du privé et du public étaient équipés d’un uniforme – pourrait être estimé à 360 millions d’euros.

    https://www.capital.fr/entreprises-marches/tenue-unique-a-l-ecole-ce-que-pourrait-rapporter-ce-nouveau-marche-1478382

    Le budget consacré au SNU passera de 140 à 160 millions d’euros, précise-t-on au ministère de l’Education.

    https://www.liberation.fr/societe/education/moins-de-profs-et-plus-de-snu-le-budget-2024-marque-les-priorites-du-gouv

  • Près de 11 000 emplois supprimés à l’Education nationale
    https://www.cafepedagogique.net/2024/02/22/pres-de-11-000-emplois-supprimes-a-leducation-nationale

    Le décret annulant 10 milliards de dépenses est paru ce matin au Journal officiel. Contrairement à ce qui a été annoncé, les ministères ne sont pas traités à égalité. L’#Education nationale rend 692 millions, essentiellement des emplois. Ce sont 2620 postes d’#enseignants qui disparaissent dans le 1er degré public, 1740 dans le second degré public et 1760 postes dans le privé. Enfin l’équivalent de 4600 postes d’#AED et #AESH sont annulés. Il appartient maintenant à Nicole Belloubet et aux recteurs d’appliquer cette saignée dans les écoles et les établissements. Ces annulations de crédit rendent indispensable le report des réformes Attal.

    • Interrogé par le Café pédagogique, le ministère fait savoir que “les crédits de titre 2 annulés sont des crédits mis en réserve donc dont ne disposait pas le ministère. Ce sont des crédits “gelés” en début d’année pour faire face à des aléas. Les annuler n’a donc aucun impact sur les emplois. Cela n’aura aucun impact sur les annonces déjà faites concernant la rentrée scolaire ou sur le choc des savoirs“.

      Certes, ce ne sont pas des postes actifs qui sont supprimés comme a pu le laisser penser un premier article. Et il y a bien des crédits mis en réserve dans les ministères. Mais cela ne veut pas dire que le budget voté dépasse les besoins. En année normale, le ministère pioche dans ces réserves pour assurer la rentrée et la paye en fin d’année. S’il rend de l’argent en fin d’année, comme cela s’est vu encore en 2023, ce n’est pas 700 millions. Dans ce cas précis, le budget a été conçu en juillet et adopté à l’automne. C’est à dire bien avant la réforme couteuse du “choc des savoirs”. Celle-ci nécessite des moyens supplémentaires. Aussi, si les emplois correspondant aux 479 millions supprimés en titre 2 ne sont pas indispensables immédiatement, ils vont manquer à la rentrée pour la mise en place du “choc des savoirs”.

  • Avec Belloubet, vers un Acte III de l’éducation ?
    https://www.cafepedagogique.net/2024/02/11/avec-belloubet-vers-un-acte-iii-de-leducation

    La nomination d’un constitutionaliste à la tête du cabinet de Nicole Belloubet, elle-même juriste et ancien membre du Conseil constitutionnel, interroge. Surtout quand la ministre a milité pour une décentralisation du système éducatif. Va-t-on vers une nouvelle loi fondamentale pour l’Ecole qui fixerait une nouvelle répartition des rôles au sein du système éducatif et entre l’Etat et les collectivités locales ? Un Acte III “girondin” qui assurerait la territorialisation demandée par de nombreux acteurs et confierait l’Ecole aux acteurs locaux ?

    • Laurence De Cock
      https://mamot.fr/@laurencedecock1/111917958256706911

      Un article limpide et très bien argumenté qui montre le prochain coup bas de Macron sur l’école : la territorialisation. Il faut nous y attendre et commencer à affûter les arguments. Ce ne sera pas simple car il n’y a pas d’unité syndicale sur ce sujet.

      Je ris jaune de lire ce genre de constat, au point où on est rendu. Il n’y a toujours pas d’unité syndicale, au point où on est rendu. Autant dire qu’il n’y en aura jamais, en fait. Les syndicats ne servent à rien, au point où on est rendu. Ils s’en contrefoutent. Tout comme leur base. Qui s’en contrefout. Si c’est pas l’un qui trahit l’autre, c’est l’autre qui lâche l’un en rase campagne.

      Et je crois qu’en fait, tout cela est encore très optimiste :-))

    • Je suis convaincu que les enseignant·es ont toujours été victimes de leurs centrales syndicales. Pour la plupart, les dirigeants sont des apparatchiks qui ont un siècle de retard sur les stratégies à adopter pour faire plier l’état.

  • Lettre ouverte d’une enseignante à nos dirigeants
    https://www.cafepedagogique.net/2024/02/07/lettre-ouverte-dune-enseignante-a-nos-dirigeants

    Pourquoi devrions-nous former nos élèves à l’#empathie alors que vous construisez une société où il faut dépasser les autres, être en compétition, gagner, diriger. L’empathie est-elle un critère d’entrée dans les grandes écoles, dans les recrutements de grandes entreprises ? Alors pourquoi ? Est-ce une volonté d’apprendre aux plus faibles à se faire dominer et humilier avec sourire et résilience ? Nous luttons contre le harcèlement, les insultes sur les réseaux sociaux …c’est à nous de le faire à l’école ! Mais nos dirigeants montrent-ils cela ? L’exemplarité dans les propos, la délicatesse, le souci des autres, l’accueil des autres en difficulté, la tolérance, le langage modéré ? La publicité, les médias, le monde du travail montrent-ils cela ?

    Nous pouvons être votre caution morale jusqu’à un certain point mais personne n’est dupe, vous créez une monde violent et clivant et vous souhaitez que nous compensions cela par des leçons de morale. Pourquoi ne pas former nos élèves aux punchlines, aux mensonges devant caméras, au mépris de la justice, des règles, à la façon de se placer à côté des bonnes personnes, à l’hypocrisie ? Cela ne leur serait-il pas plus utile au fond ?

    Besoin de vous dire que j’ai besoin d’entendre vos véritables intentions, à l’école on enseigne avec des objectifs précis, quels sont les vôtres ? Créer deux écoles : une privée qui formera l’élite et les dirigeants de demain avec tous les moyens nécessaires et une école publique formant la main d’œuvre qualifiée, docile et ignorante ? Si c’est votre projet de société dites-le, assumez-le !

  • Enrayer la mécanique populiste qui s’est emparée de l’éducation
    https://www.cafepedagogique.net/2024/01/26/259236

    Stéphane Germain, principal de collège et auteur en éducation, revient sur les groupes de niveaux annoncés par voie de presse mais dont les textes d’application tardent à être publiés. « La communication médiatique n’est que de la communication médiatique, qui n’a aucune valeur, tant qu’elle ne se matérialise pas dans la Loi » rappelle-t-il. « Aussi, un fonctionnaire doit naturellement s’interroger sur la normalité de ses actes, lorsqu’on lui demande de faire appliquer des éléments de communication qui n’ont aucune valeur légale. La loi par anticipation, cela n’existe pas. Certains semblent avoir oublié ce principe ». Selon lui, cet exemple est assez significatif du mode de gouvernance actuel. « En matière d’éducation, le gouvernement a délibérément fait le choix de basculer dans le registre populiste et de s’affranchir des procédés républicains de la décision publique. En revendiquant des postures qui vont à l’encontre des valeurs et des principes du service public, les décideurs actuels affichent clairement leur intention de sortir de la logique républicaine. La question qui se pose est de savoir si les acteurs de l’éducation vont les suivre ? »

    #Éducation_Nationale #fonctionnaires

  • La si dérangeante réalité des handicapéEs…
    https://www.questionsdeclasses.org/la-si-derangeante-realite-des-handicapees

    Depuis 2 semaines, le Twitter de l’éduc que je suis semble fortement secoué par une campagne menée par le CUSE, dont je fais partie, ses alliéEs et les personnes handicapées, qui militent pour la scolarisation de touTEs les élèves – notamment handicapéEs – dans l’école publique.

    Le CUSE (Collectif une seule école), le CLHEE (collectif luttes et handicap pour l’égalité et l’émancipation) et handi-social ont dénoncé les appels validistes pour une grève et une manifestation nationales pour dire « non à une inclusion systématique et forcée » et les demandes de plusieurs autres organisations syndicales à ouvrir des places en #IME, alors que ce sont des lieux dénoncés par l’ONU comme des lieux de ségrégation et de maltraitance régulière des enfants handicapéEs, qui n’y suivent quasiment aucun enseignement et restent donc en marge de l’école.
    [...]

    – « je connais quelqu’unE qui travaille dans le handicap » (IME, dispositif #Ulis, etc.)

    Variante : « nous, on connaît la réalité du terrain ».

    Changement pour adopter une posture non validiste : personne ne peut savoir à la place des personnes handicapées ce dont elles ont besoin et ce qu’elles souhaitent. Ni les professionnelLe ni même les proches.

    Il est indispensable d’écouter la parole des handicapéEs qui sont alléEs dans ces structures, et non des professionnelLEs qui parlent à leur place, font à leur place et adoptent par là des postures d’emprise et de domination.

    – « leur place est en IME, avec des professionnels spécialisés et formés pour ça ».

    Variante : « je ne suis pas sûre qu’il y ait de l’intérêt à ce que ces handicapéEs soient à l’école »

    Là encore, on décide, du haut de notre validisme et à leur place, où doivent « être placéEs » les handicapéEs. Et ceci, sans savoir ce qui se passe en IME (et pour cause, peu de communication vers l’extérieur de la part de ces établissements, mais les handicapéEs en parlent et dénoncent les maltraitances et le manque d’enseignements).

    – « on n’a pas choisi d’enseigner à des handicapéEs »

    Propos extrêmement dérangeant, qui voudrait que l’on choisisse à qui l’on enseigne… Aujourd’hui les valides, demain les élèves sans difficultés, ensuite les personnes blanches, et ensuite les garçons ?

    Posture non validiste : on a choisi d’enseigner, et d’enseigner à touTEs les jeunes.

    – « les handicapéEs sont un danger pour les autres » (systématiquement sont sortis des témoignages qui associent sans honte #handicap et violence, qui ne forment en aucun cas l’ordinaire des handicapéEs à l’école).

    Variante : « les handicapéEs font (tout le temps) des crises ».

    Non, la violence ou la « crise » n’est pas une caractéristique inhérente au handicap. On peut écouter les témoignages d’handicapéEs expliquant pourquoi elles/ils ont eu des accès de violence : c’est la maltraitance, l’absence de prise en compte de leurs besoins et de leur sensibilité, qui ont conduit à ces moments de violence.

    – « les autistes sont ingérables ».

    Jugement de valeur, jugement tranché et essentialisant, qui réduit l’enfant, l’élève, à son #autisme. Non, un enfant n’est pas ingérable en soi. Ce sont les conditions d’accueil qui ne lui sont pas favorables, c’est l’institution qui ne sait pas s’adapter pour l’accueillir.

    #école #école_inclusive #enseignants #grève #profs_réacs

    • @Some_Writer_Cat
      https://twitter.com/Some_Writer_Cat/status/1744032292551446912

      Dites vous que le chef de service dun IMPRO (IME pour ado en gros) m’a hurlé dessus jusqu’à ce que je fasse une crise autistique parce que je voulais respecter ma convention de stage et m’a enfoncé en disant qu’il trouvait ça ahurissant qu’on m’ait laissé à l’école au lieu de m’envoyer en IME et qu’il en revenait pas que je sois en L3 et pas en ESAT.
      Imaginez maintenant comment ce type traité les ados de son IMPRO.
      Une collègue de L3 nous a aussi rapporté que dans son grand IME parisien, pointure en ABA, il y avait une salle de punition pour les enfants désobéissant et qu’on leur faisait faire des exercice du type « faire des maths pendant 1 heures sans secouer les mains (comportement inadaptés tout ça) et si les mains secouent zou on recommence à 0 jusqu’à ce que le jeune y arrive ».
      Des exercices pour briser les jeunes et proche de la torture maid bon, les IME c’est bien hein.
      Une autre collègue rapportaient que dans son IME, il fallait montrer 0 émotions devant les enfants et être le plus robotique possible, parce que les émotions perturbent les autistes.
      Mais encore une fois, les IME c’est cool.

      #IMPRO -> #ESAT

    • @MrKeatingreboot
      https://twitter.com/MrKeatingreboot/status/1743927891044245731

      Quand la lutte de #FO consiste à demander des places en institution, que c’est le projet de @gouvernementFR
      (des centaines d’ouvertures d’IME prévus), une idéologie partagée avec l’ED & au bénéfice des asso’ patronales qui gèrent les IME, peut-être qu’on se trompe de camp. 🤔
      Quand bien même on se foutrait du droit des enfants handiEs, des travailleureuses medico-sociales organisent-iels une journée de grève pour revendiquer la baisse des effectifs dans les classes !?
      Même sur le plan strictement syndical, aucun sens : des #AESH vont perdre leur taf !

    • Une grève contre l’inclusion ou pour les droits des élèves en situation de handicap ?
      https://www.cafepedagogique.net/2024/01/18/une-greve-contre-linclusion-ou-pour-les-droits-des-eleves-en-situat

      Si la FSU, CGT Éduc’action, et Sud #éducation appellent à une grève unitaire le 1er février prochain, la Fnec FP-FO – signataire de l’appel à la grève à cette date, a aussi déposé un préavis de grève pour le 25 janvier. « Face aux propos inadmissibles et méprisants de la ministre, la FNEC FP-FO appelle les personnels à être en grève et à manifester sous les fenêtres de Mme Oudéa-Castéra jeudi 25 janvier pour défendre l’École publique, pour revendiquer la création de postes nécessaires, en particulier dans les établissements sociaux et médico-sociaux, pour exiger un vrai statut et un vrai salaire pour les AESH » écrit le syndicat dans un communiqué.

      Loin d’être une mobilisation initiée par les propos de la ministre sur la scolarité de ses enfants dans un établissement privé, le choix de la date coïncide avec un appel à la grève datant du 12 janvier dernier. Une mobilisation prévue contre « l’inclusion systématique et les problèmes qu’elle pose » explique Frédéric Volle, secrétaire général. « Tous les élèves qui peuvent être accueillis à l’école doivent l’être dans de bonnes conditions, avec des AESH. Nous demandons aussi que les élèves qui bénéficient d’une notification MDPH pour effectuer leur scolarité dans des établissements spécialisés puissent trouver une place. Attal avait reconnu qu’il manquait 23 000 postes dans ces établissements. On bafoue les droits de ces élèves ». Un appel à la grève qui suscite émoi et indignation chez de nombreuses parents et personnalités dont l’un des membres du Conseil national consultatif des personnels handicapés, Florian Deygas. Frédéric Volle se défend d’être contre l’inclusion des élèves en situation de handicap. Selon lui, cette grève, c’est au contraire l’occasion « de rappeler et de réaffirmer les droits de ces enfants à bénéficier d’une scolarité adaptées à leurs besoins ».

      #FO

      edit
      Ecole inclusive : alertes sur un système qui craque
      https://seenthis.net/messages/1040363

  • Christophe Kerrero, le directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer siège à l’Ifrap
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/05/11052020Article637247793272742622.aspx

    Peut-on servir l’Etat et un organisme qui souhaite l’affaiblir ? Directeur de cabinet du ministre de l’éducation nationale, Christophe Kerrero est aussi membre du conseil scientifique de l’IFRAP, un lobby libéral très actif politiquement. Alors que l’Ifrap milite pour la réduction des effectifs de fonctionnaires, il est paradoxal de voir à la tête du ministère qui emploie la moitié des fonctionnaires d’Etat un responsable de cet organisme.
     
    Le "conseil scientifique" de l’Ifrap est une des instances dirigeantes de ce lobby. C Kerrero y siège aux cotés de Bernard Zimmern, fondateur de l’IFRAP, ancien membre du Club de l’Horloge et de plusieurs professeurs de l’ESCP Business School.
     
    Fondé par B Zimmern et JY Le Gallou, ancien président du FN, l’Ifrap s’est fait connaitre par son lobbying auprès des politiques, notamment des parlementaires, en faveur de thèses libérales. L’Ifrap a été déclaré d’utilité publique par F Fillon en 2009. Et en 2017, l’institut a soutenu le candidat, malheureux, des Républicains.

     
    En 2011, Franck Ramus, aujourd’hui membre du conseil scientifique de l’Education nationale, avait écrit que qualifier l’iFRAP « d’institut de recherche » est inadéquat car aucun des chercheurs examinés n’est détenteur d’un doctorat ou ni "n’a jamais publié le moindre article dans une revue internationale d’économie".
     
    Inspecteur général depuis 2012, ancien conseiller de Luc Chatel, Christophe Kerrero a été nommé directeur de cabinet de JM Blanquer en 2017. Après l’Institut Montaigne, proche du ministre, voici un second lobby ancré très a droite qui semble exercer son influence rue de Grenelle.

    #Ifrap #ministère #éducation

    • Depuis le terrible assassinat de Samuel Paty le 16 octobre dernier, le Ministre Blanquer a persévéré dans son discours ancré à l’extrême-droite et visant à fracturer la société et à pointer du doigt les organisations qui luttent contre les discriminations.
      https://visa-isa.org/fr/node/145968
      Dès 2017, le ministre Blanquer nommait Christophe Kerrero directeur de son cabinet. Kerrero est aussi membre du conseil scientifique de l’Ifrap, un lobby libéral qui milite pour la réduction des effectifs de fonctionnaires. L’Ifrap illustre bien les liens entre le libéralisme et l’extrême-droite puisque parmi ses fondateurs on trouve Jean-Yves Le Gallou, membre du Front national puis du MNR et co-fondateur club de l’Horloge, mais aussi Bernard Zimmern qui est également un ancien membre du Club de l’Horloge. Le club de l’Horloge est un cercle de pensée qui revendique le mariage entre le libéralisme de la droite traditionnelle avec le nationalisme de l’extrême-droite.

    • La démission du recteur de Paris charge Amélie Oudéa-Castéra
      https://www.cafepedagogique.net/2024/02/02/la-demission-du-recteur-de-paris-charge-amelie-oudea-castera

      Un recteur attaché à la mixité sociale ?

      Le programme parisien d’affectation en seconde #Affelnet, modifié par C Kerrero, suivi par Pauline Charousset et Julien Grenet (PSE), a effectivement amélioré la mixité sociale et scolaire dans les lycées parisiens. “Des établissements réputés comme Chaptal, Charlemagne ou Condorcet ont vu leur composition sociale et scolaire se rapprocher sensiblement de la moyenne, tandis qu’à l’inverse, des lycées historiquement moins cotés comme Henri Bergson, Edgard Quinet ou Voltaire ont connu une augmentation spectaculaire de leur IPS moyen et du niveau scolaire des admis“, écrivent-ils en bilan de cette action. Globalement l’indice de mixité sociale s’est amélioré dans les lycées publics.

      Mais ce programme connait aussi ses limites. Cette réforme d’Affelnet ne touche ni les #formations_élitistes (sections internationales, parcours artistiques etc.), ni les lycées publics les plus ségrégués ni les établissements privés. La ségrégation sociale et scolaire avait même augmenté en 2022 dans les lycées des beaux quartiers comme J de Sailly, Buffon, JB Say ou J de la Fontaine. Et puis il y a le privé. “Le fait que les lycées privés ne soient pas intégrés à la procédure Affelnet constitue sans doute l’obstacle le plus sérieux au renforcement de la mixité sociale et scolaire dans les lycées de la capitale“, écrivent Pauline Charousset et Julien Grenet. “Alors que les lycées publics accueillaient en moyenne 50% d’élèves de catégories sociales très favorisées à la rentrée 2022, cette proportion atteignait 78% dans les #lycées_privés. Ainsi la réforme d’Affelnet a amélioré la mixité de la plupart des lycéens du public parisien. Mais elle a préservé le séparatisme social des plus privilégiés qui se replient dans des établissements cotés ou dans le privé.

      Les PPPE, programme social ou de prolétarisation des enseignants ?

      Quant à l’ouverture des classes de PPPE elle suit des directives fixées sous JM Blanquer et prolongées par la suite. Dans ces classes, l’Education nationale pèse sur la formation des futurs enseignants en s’imposant à l’université. Sous prétexte d’ouverture sociale, il s’agit surtout d’avoir des enseignants formés aux devoirs des fonctionnaires davantage qu’aux libertés universitaires.

      Un recteur au passé chargé

      En mettant en avant cette dimension sociale, C. Kerrero alimente son image et son destin. Il a d’autant plus besoin de le faire que ses liens avec la droite la plus traditionaliste sont connus. Membre du “conseil scientifique” de l’IFRAP, un groupe de pression ultra conservateur, proche de SOS Education, il a dirigé durant trois ans le cabinet de JM Blanquer. Il y a violemment combattu les syndicats, les enseignants grévistes et a pris part aux croisades menées par JM Blanquer. Il avait aussi été membre du cabinet de Luc Chatel.

      En 2016, C Kerrero dénonçait “la décomposition pédagogiste” de l’École. Dans son ouvrage publié en 2017, Ecole, démocratie et société, C. Kerrero défend une École traditionnelle. Il dénonce “un certain pédagogisme qui privilégie des techniques d’enseignement formelles plutôt que le fond… Cela revient à saper l’autorité légitime du maitre… Le temps de l’éducation, et l’on entend par là celui qui correspond aujourd’hui à la scolarité obligatoire, doit donc être sanctuarisé“. Dans cet ouvrage il n’est pas question de mixité sociale mais de faire nation.

      Sa démission
      https://seenthis.net/messages/1039768
      https://seenthis.net/messages/1039924

      #école #ségrégation #ségrégation_scolaire #Paris #classes_préparatoires #enseignement_privé #groupes_de_niveau #ségrégation_sociale