Erreur 404

/2024

  • « La Vérité sur les troubles psychiques au travail » : de l’urgence de « libérer la parole »
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2024/11/21/la-verite-sur-les-troubles-psychiques-au-travail-de-l-urgence-de-liberer-la-

    .... l’autrice souhaite « libérer la parole » sur cet « impensé organisationnel ». Parce que l’absence de communication complexifie considérablement l’intégration des personnes touchées. Et parce que le sujet implique, à ses yeux, une réelle prise de conscience, alors qu’un grand nombre d’entreprises est concerné, souvent sans le savoir. « Treize millions de personnes sont touchées par des troubles psychiques invalidants (…) et 20 % considèrent que ces troubles ont un impact sur leur vie professionnelle », rappelle Mme Le Roy-Hatala, qui précise que ces mêmes troubles sont « responsables de 35 % à 45 % de l’absentéisme au travail », selon Santé publique France.

    Démontrant que la plupart de ces pathologies sont conciliables avec la vie au travail, son essai propose aussi des pistes d’action aux manageurs et dirigeants. Elles doivent favoriser l’adaptation de l’organisation du travail aux personnes touchées mais aussi la bonne compréhension des équipes. Quelles mesures déployer ? Comment faire face au déni d’un collaborateur victime de troubles psychiques ? Quelles structures peuvent accompagner les manageurs ? Quels types de formation proposer aux salariés sur le sujet ?

    Des adaptations utiles pour la bonne marche de l’entreprise, qui pourront également jouer un rôle positif pour l’équilibre des personnes concernées. Ce que rappelle Philippa, consultante touchée par des troubles de l’humeur : « Le travail (…) me permet de retrouver une place dans la vie, de structurer mes journées, de gagner ma vie, de me sentir utile. »

    « La Vérité sur les troubles psychiques au travail », de Claire Le Roy-Hatala, Payot, 304 pages, 21 euros.

    #travail #troubles_psychiques #handicap

    • « L’impact économique du déclin de la santé mentale sur les entreprises françaises ne peut plus être ignoré », Marc Laidet, Président de la Fédération hospitalière privée Psy
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/08/08/l-impact-economique-du-declin-de-la-sante-mentale-sur-les-entreprises-franca

      Absentéisme au travail, baisse de productivité… Marc Laidet, président d’un syndicat de cliniques psychiatriques privées, alerte, dans une tribune au « Monde », sur la forte dégradation de la santé mentale des Français et ses conséquences sur l’économie.

      L’état de la santé mentale des Français n’a jamais été aussi préoccupant. Au-delà des conséquences sur la santé publique, cette épidémie silencieuse a des conséquences très concrètes sur nos entreprises, nos finances publiques et pour l’économie nationale dans son ensemble. « Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit », disait Charles Péguy (Notre Jeunesse). Et que constatons-nous ?

      Trois personnes sur quatre rencontrent un problème de santé mentale lié à leur travail – et 70 % de celles qui en rencontrent se désengagent de leur vie professionnelle pour cette raison (Etude Ipsos et AXA, « Mind Health Report », 2024). De plus, 44 % des salariés présentent même une situation de détresse psychologique, alors que le taux de burn-out a doublé depuis 2020 (Etude OpinionWay pour le cabinet Empreinte humaine « La prévention des risques psychosociaux est-elle un échec ? », 2023). Les troubles de santé mentale chez les salariés représentent la première cause des arrêts de travail longue durée (Baromètre Teale de la santé mentale des salariés, 2023), et continue de progresser chaque année.

      Selon l’association nationale des DRH, le nombre d’arrêts de travail liés à des causes psychologiques est supérieur au nombre d’arrêts liés à des causes physiques. Les troubles liés à l’#anxiété, à la #dépression et au #burn-out représentent aujourd’hui près d’un quart de ces arrêts. Chez les jeunes salariés, l’évolution est encore plus inquiétante : selon une récente étude d’AXA, la part de jeunes travailleurs longuement arrêtés pour épuisement professionnel a bondi entre 2019 et 2023.

      Prise en charge et prévention

      Les conséquences sont là. Absentéisme, arrêts de travail qui s’allongent, baisse de la productivité… L’impact économique du déclin de la santé mentale sur les entreprises françaises ne peut plus être ignoré. Pour notre pays, c’est la double peine, avec des entreprises pénalisées et des conséquences directes sur nos finances publiques. Le 14 juin 2022, Gabriel Attal indiquait déjà lors d’une audition au Sénat sur le projet de loi d’approbation des comptes de la Sécurité sociale : « Si on suit le tendanciel qu’on a constaté ces dernières années, [les arrêts maladies représenteront] 23 milliards d’euros par an en 2027. »

      A l’heure où la France vient de réduire ses perspectives de croissance pour l’année 2024 et dans un contexte de resserrement budgétaire, améliorer la prise en charge et la prévention autour de la santé mentale apparaît comme un enjeu d’urgence absolue, à la fois pour nos finances publiques et pour les indicateurs de croissance et de productivité. En 2018 déjà, la Fondation FondaMental évaluait le fardeau financier lié aux pathologies mentales à plus de 170 milliards d’euros par an, dont 126 milliards représentent des coûts indirects résultant de la perte de qualité de vie et de productivité.

      Pour notre économie et pour nos entreprises, la France doit gagner la bataille de la santé mentale. En veillant à ce que les fonds alloués à la #psychiatrie soient judicieusement répartis, nous pourrons éviter tout gaspillage de ressources et repenser notre financement en privilégiant des critères d’efficacité. Pour y parvenir, il est crucial de mettre en œuvre des stratégies coordonnées qui intègrent des actions de promotion du bien-être mental, de prévention précoce des souffrances psychiques, et qui garantissent des parcours de soins accessibles et de qualité.

      La prévention, la complémentarité des soins et une offre de soins graduée sont des outils essentiels pour une prise en charge efficace des problèmes de santé mentale. Là où la complémentarité permet de combiner diverses approches thérapeutiques pour assurer une prise en charge holistique et adaptée aux besoins des patients, la gradation de l’offre de soins garantit une intervention proportionnée à la gravité de chaque situation, allant des consultations ambulatoires aux hospitalisations spécialisées.

      La Fédération hospitalière privée Psy (FHP Psy) est un syndicat regroupant plus de deux cents cliniques de psychiatrie privées en France.

      #beefsteack #économie

    • La matérielle, de quelque bout qu’on la prenne (sauf épargne, placement, consommation ++), c’est pas la tasse de thé de Le Monde qui, toujours du bon coté du manche, publie aussi ce jour un article sur les étudiants en situation de handicap sans jamais citer parmi les difficultés qu’ils rencontrent lorsqu’ils étudient à l’étranger des suppressions ô combien fréquentes d’AAH (un tort parfois source de contentieux).

      « Ils veulent vivre normalement, quitte à délaisser leurs traitements » : les étudiants [ici, ceux des grandes écoles...] en situation de handicap freinés dans leurs expériences à l’étranger
      https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/11/21/ils-veulent-vivre-normalement-quitte-a-delaisser-leurs-traitements-les-etudi

  • Sciences Po Strasbourg suspend un partenariat avec une université israélienne
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/10/30/sciences-po-strasbourg-suspend-un-partenariat-avec-une-universite-israelienn

    La motion avait été soumise par la liste Solidarit’Etudiants, qui dispose de huit des 10 sièges des représentants étudiants au conseil d’administration, et a également été soutenue par certains enseignants. Le directeur de l’IEP, Jean-Philippe Heurtin, avait exprimé une « très forte réserve » quant à cette proposition.
    Celle-ci a néanmoins été adoptée par 12 voix contre sept et deux abstentions, 12 administrateurs ne prenant pas part au vote. Tout en condamnant « sans réserve l’attaque terroriste subie par la population israélienne le 7 octobre 2023 », les auteurs de la motion dénoncent les « positions de l’université en question, profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste, pacifiste et critique au regard de la guerre en cours à Gaza ».

  • Recours massif aux enseignants précaires : « La réalité, c’est que l’université n’a plus les moyens de fonctionner »

    C’est chaque année l’opportunité d’une forme de consécration : en août, l’université Grenoble-Alpes a consolidé sa position dans le top 150 des « meilleures » universités mondiales, selon le très scruté classement de Shanghaï. Immédiatement, l’établissement s’est félicité de ces « bons résultats » qui confirment, à ses yeux, « la pertinence de la politique scientifique mise en œuvre » en son sein. Mais derrière cette belle image internationale, une machinerie bien moins reluisante se dessine en coulisse : celle d’une université dont les enseignements sont, en grande partie, tenus à bout de bras par des enseignants précaires, essorés par l’institution.

    De plus en plus, faute de titulaires suffisants pour assurer tous les cours, l’université de Grenoble en est réduite à bricoler pour faire tourner ses formations, avec toujours davantage de contractuels mais aussi de vacataires – ces enseignants payés « à la tâche », près de 6 000 par an. Les chiffres sont marquants : l’établissement compte à présent trois vacataires pour un enseignant titulaire, et 135 vacataires pour 1 000 étudiants (la moyenne nationale est à 80 pour 1 000). Dans nombre de disciplines, plus de la moitié des enseignements sont désormais remplis par des contrats précaires.

    « Ça, c’est clairement ce que ne disent pas les palmarès internationaux ou les statuts d’excellence dont se prévaut l’université », ironise Moïra Courseaux, en thèse de biologie à Grenoble-Alpes, membre d’un collectif de doctorants vacataires qui s’organise sur le campus pour faire porter la voix de ces précaires.

    Une explosion des vacataires

    Cette situation, loin de ne concerner que le cas grenoblois, est en fait devenue banale dans l’enseignement supérieur public français. En avril, un rapport de l’association Nos services publics pointait une « explosion »du recours aux enseignants vacataires dans les universités. Leur nombre a augmenté de 30 % en sept ans, indique cette note, qui estime que les vacataires représentent aujourd’hui les deux tiers des personnels enseignants.

    Les trous dans les formations qu’ils permettent de combler équivalent aux services à temps plein de 25 000 enseignants-chercheurs, d’après des données de la DGRH (direction générale des ressources humaines). Mais sans coûter le même prix : une heure de vacation revient à une université environ cinq fois moins cher qu’une heure de cours donnée par un titulaire (50 euros contre 300 euros en moyenne). Et permet surtout d’éviter aux établissements la prise en compte progressive de l’ancienneté d’un enseignant fonctionnaire.

    Là est le nerf de la guerre : en 2007, la loi LRU a donné à chaque établissement la responsabilité de ses finances, et cela notamment concernant ses recrutements. En parallèle, les budgets accordés aux universités n’ont pas augmenté, voire ont chuté, les amenant à réduire leur masse salariale et à geler des postes de titulaires… sans que ni le besoin de formation ni le nombre d’étudiants diminuent (ce dernier a même augmenté de 25 % entre 2008 et 2021).

    En cette rentrée, le budget prévu pour l’enseignement supérieur et la recherche dans le projet de loi de finances connaît une légère hausse (de 89 millions d’euros). Mais les mesures en faveur de la rémunération des agents publics, décidées plus tôt, resteront à la charge des universités en 2025, quand les aides à l’apprentissage seront par ailleurs rabotées… ce qui tendra mécaniquement les budgets des facultés.

    Pas de quoi rassurer à Grenoble, où « on est dans une situation financière très mauvaise, et déjà en plein plan d’austérité », souligne Gwenaël Delaval, enseignant-chercheur en informatique et cosecrétaire général de la section CGT. Pour l’année 2024, le déficit de l’université devrait dépasser les 10 millions d’euros. « Alors quand les profs partent à la retraite, ils ne sont plus remplacés pendant deux ou trois ans, raconte Théo Maurette, doctorant en urbanisme et membre du collectif de vacataires. Mais pendant ce laps de temps, il faut quand même du monde pour faire tourner la machine. »

    Si la vacation avait été créée pour rémunérer des professionnels qui viendraient intervenir ponctuellement dans des formations, les universités l’ont peu à peu détournée de sa fonction initiale. Et ce sont désormais des jeunes chercheurs en thèse ou en attente de poste qui abattent ces heures en masse. « On a institutionnalisé le recours à ces contrats précaires, qui bouchent les trous de façon pérenne à bien des endroits », poursuit Théo Maurette. « La réalité c’est que l’université n’a plus les moyens, structurellement, de fonctionner, et ce n’est que du rafistolage »,abonde Gwenaël Delaval.

    Une précarité à la limite de la légalité

    Désormais, même les cours magistraux en viennent à être assurés par des vacataires, notamment au niveau licence. C’est à cette mission que Pauline (son prénom a été modifié) , doctorante en sciences humaines, a été affectée lors de sa troisième année de thèse. Lorsqu’elle commence, en janvier, après avoir été prévenue en décembre de cette année-là, il lui faut monter de toutes pièces ce cours – bien plus chronophage que les travaux dirigés (TD), initialement dévolus aux vacataires.

    Avec une rémunération fixée à environ 40 euros l’heure de cours, « je pense que cela revenait à 2 euros l’heure de travail réel, entre les préparations de séances, les corrections de copies, les surveillances d’examens non rémunérées », raconte la jeune femme. Mais, y compris quand il s’agit de TD, la rémunération des vacataires se situe le plus souvent « en deçà du smic si on la rapporte au temps de travail effectif », souligne le rapport de Nos services publics.

    Pauline finit par travailler à perte, puisque ses trajets entre son laboratoire, à Lyon, et l’université, à Grenoble, ne sont pas remboursés – comme tous les vacataires. Pas vraiment encadré par un contrat en bonne et due forme, ce type d’emploi à la tâche ne fournit, de manière générale, aucune protection à l’enseignant qui le réalise… et qui se retrouve soumis à des conditions précaires souvent à la limite de la légalité.

    A commencer par les retards de paiement systématiques : « On s’est rendu compte, après une enquête interne, que la majorité des vacataires devaient attendre entre trois et six mois, parfois plus, pour être payés », rapporte Théo Maurette, qui explique être dans l’attente du paiement de vacations réalisées entre février et avril. Une situation qui va à l’encontre de la loi imposant, depuis 2022, une mensualisation de paiement – que peu d’établissements respectent dans les faits.

    Le président de l’université Grenoble-Alpes, Yassine Lakhnech, assure qu’une « procédure a bien été mise en place pour permettre la mensualisation ». « Il y a encore des composantes qu’on doit accompagner pour qu’elle soit appliquée. Mais rien ne permet d’affirmer que ces retards concerneraient la majorité des vacataires », estime la présidence, qui n’a pas chiffré les délais de rémunération.

    Les vacations ne permettent pas non plus de cotiser pour le chômage, la Sécurité sociale ou la retraite, et n’offrent aucune sécurité de l’emploi. « Si les heures ne sont pas réalisées, pour maladie ou parce que la faculté a décidé de les annuler au dernier moment, pas de paiement » , réprouve Théo Maurette.

    Une pression insidieuse

    Sur le campus, la mobilisation a commencé à s’organiser en 2021, après la radiation d’une doctorante vacataire par Pôle emploi, qui refusait de prendre en compte le décalage entre les dates de travail effectué et celles de son paiement. Si à l’époque l’université s’était impliquée en faveur de ce cas individuel, le collectif de doctorants vacataires regrette aujourd’hui une « absence de dialogue » avec la présidence sur les enjeux qui touchent collectivement leur catégorie. « Je les ai reçus trois ou quatre fois ces dernières années », réfute Yassine Lakhnech, pour qui l’enjeu principal, concernant cette explosion des emplois courts, se situe dans le « sous-financement chronique » national.

    Reste que les jeunes chercheurs sont encouragés à accepter ces heures d’enseignement précaire pour espérer obtenir un poste un jour. « On nous le présente comme un passage obligé pour notre CV, avec une certaine pression insidieuse », pointe Pauline. Or, l’âge d’accès au premier poste, sans cesse repoussé (34 ans aujourd’hui en moyenne), implique un sas de précarité de plus en plus long, dont les établissements profitent pour faire des économies.

    Mais pour les formations elles-mêmes, le fait de devoir avoir autant recours à des enseignants qui ne sont là que temporairement crée une désorganisation. Chaque rentrée, c’est le même travail que doivent réaliser les titulaires : trouver de nouveaux vacataires ou contractuels en CDD pour assurer les cours en souffrance. Pas une mince affaire dans certaines filières, en raison de ces conditions de travail et taux horaire prohibitifs. « En septembre, on voit passer des mails de recherche de vacataires en pagaille », explique un enseignant-chercheur en informatique, qui a souhaité rester anonyme.

    Tous les ans, il ne sait pas une semaine avant la rentrée s’il aura suffisamment de personnes devant les étudiants. « Ce sont ensuite des personnes que je dois former, une à une, raconte l’enseignant. Et il arrive que certains finissent par annuler, parce qu’ils ont trouvé un job plus stable. Il faut alors réorganiser toute la maquette, et, pour les contractuels, refaire des concours pour embaucher à nouveau. »Pour lui, c’est une « perte d’énergie abyssale ». « C’est ça le plus absurde : je ne suis même pas certain que l’université s’y retrouve, quand on voit aussi le temps que cela demande aux services administratifs qui doivent traiter manuellement chaque heure réalisée », s’étonne Théo Maurette.

    Avec le turnover que cela génère, « il devient difficile de maintenir une communauté enseignante, avec des échanges suivis, une cohérence sur le temps long », regrette également Pierre Bataille, responsable de la licence de sciences de l’éducation à l’université Grenoble-Alpes. Le nombre de ceux qui peuvent prendre à leur charge des responsabilités comme l’encadrement de niveaux ou de formations se réduit aussi mécaniquement, lorsque moins de titulaires subsistent – même si « on voit maintenant des précaires devenir responsables d’une année de licence ou d’un master, ce qui est aberrant », alerte Gwenaël Delaval.

    Enfin, face à la difficulté à trouver des candidats tous les ans , « ce sont des cours qui vont fermer petit à petit, constate le maître de conférences Laurent Lima, responsable de la première année de sciences de l’éducation. On a déjà chargé artificiellement la maquette d’heures en autonomie. On a dû réduire le nombre de TD, ce qui n’enchante pas les étudiants ».Alors qu’en parallèle est encouragée l’utilisation de cours enregistrés en vidéos, non réactualisés d’une année sur l’autre, un ingénieur pédagogique de l’université résume cette crainte collective : « Va-t-on vers une université sans profs devant les étudiants ? »

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/10/22/recours-massif-aux-enseignants-precaires-la-realite-c-est-que-l-universite-n

    #ESR #université #facs #Grenoble #France #précarité #précarisation #enseignement_supérieur #UGA #Université_Grenoble_Alpes

    • je pense que c’est une mauvaise lecture du problème, parce que ce n’est pas qu’en France que c’est comme ça ! à Montréal, sur les 4 universités c’est la même chose. Je pense que la réalité est que bon nombre de profs sont fatigués d’enseigner... ou disons préfèrent les cours gradués, et que la majorité des cours undergrads sont faits par des vacataires... et il me semble que c’est pareil dans beaucoup de pays ! dans les universités les plus prestigieuses, il ne faut pas espérer trop voir les profs, qui ont autre chose à faire qu’enseigner en bachelor... (il me semble)

    • Tu as tout à fait raison, mais, ayant travaillé en Suisse (où le recours au travail précaire est aussi prépondérant) et en France, je vois quand même une différence... sur plusieurs plans, que je ne pourrais pas synthétiser ici.
      Mais c’est notamment la vitesse avec laquelle le système est en train de basculer et aussi la lourdeur administrative du système (délétère pour la Suissesse que je suis) qui se répercute sur le nombre toujours plus restreint d’enseignant·es titulaires...

      J’avais écrit cela il y a quelques années un article un peu dans ce sens (https://hal.science/hal-02525636), je venais d’arriver en France et le processus de néolibéralisation/néo-management/précarisation avait commencé avant (avec la fameuse « loi Pécresse » sur l’autonomie des universités : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvements_universitaires_de_2007-2009_en_France) mais avec Macron le mouvement a été accéléré +++. Et quand la loi #LPPR a été approuvée, ça a été le début de la fin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_programmation_de_la_recherche_pour_les_ann%C3%A9es_2021_%C3%A0_

  • Un autre classement des universités, vraiment ?

    Comme chaque année, au creux de l’été, le classement de Shanghai suscite les passions nationales (mollement quand même) et l’opposition des commentaires déclinistes ou autosatisfaits sur les bienfaits de la politique de “réforme” de l’enseignement supérieur depuis Valérie Pécresse.

    Le Monde s’empare du sujet (https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/08/15/classement-de-shanghai-2024-l-universite-paris-saclay-grimpe-encore-dans-le-) et fait un cocorico sur la “montée” de l’Université Paris Saclay, celle dont la ministre sortante de l’ESR a été la présidente. Elle doit se sentir bien…

    Mais, ayant tenu compte sans doute des critiques lassées des universitaires quant à la validité plus que douteuse des #critères mis en avant et des instrumentalisations dont le classement fait l’objet, le journal de référence a pris l’initiative de proposer un #classement_alternatif, qui serait basé sur “la portée” des #articles de recherche en SHS en français. Une approche plutôt anticonformiste et qui retient l’attention. Les données sont issues de la plateforme #Cairn, qui diffuse 634 #revues essentiellement françaises, mais sous pavillon belge (sans doute pour optimiser sa fiscalité), qui a construit une infrastructure privée efficace, qui a incontestablement aidé à la structuration de la #publication_scientifique francophone. Beau coup de pub pour eux, bien joué. Mais attention quand même aux critères de mesure, à leur #biais, et à ce qu’ils nous apprennent vraiment : en distinguant l’université Paris Cité, c’est un autre masdodonte issu des réformes pécressiennes (plutôt la vague tardive fioraso-vidalienne, mais bon, l’inspiration est la même…). Quelques remarques donc sur les limites de l’exercice.

    D’abord, que mesure t on ? Des “consultations”, en fait sans doute des #clics sur les liens des articles. On ne sait rien du temps de lecture : s’agit-il seulement de la lecture d’un résumé, d’une lecture plus approfondie ? On connait bien les limites de l’#impact_factor mais la prise en compte des #citations est quand même une mesure plus concrète de l’utilisation d’une référence scientifique (quand bien même le sens d’une citation peut être multiple : reconnaissance, critique, marque de complaisance ou d’appartenance à une chapelle scientifique).

    Par ailleurs, les nombres de “consultations” cités et comparés, s’ils permettent de dégager des hiérarchies en termes d’#audience au sein de ce corpus entre auteurs, disciplines et universités (même si on fait complètement l’impasse sur les collaborations entre auteurs d’universités, voire de disciplines différentes), ne veulent pas dire grand chose sans comparaison avec les “consultations” d’autres corpus. C’est là qu’une comparaison avec des plateformes similaires, on n’ose pas dire concurrentes, comme #Openedition.org en France (qui diffuse 646 revues totalement en libre accès contrairement à Cairn, qui en diffuse 634), #Erudit au Canada, #Scielos en Amérique latine, et bien sûr les grandes plateformes des éditeurs scientifiques anglophones (Elsevier, Informa, etc.) serait utile pour jauger des ordres de grandeur des consultations qu’elles reçoivent… De même, une grande partie de la production scientifique est aussi consultable via les #archives_ouvertes et les réseaux sociaux académiques que sont #Academia, #ResearchGate ou autres, dont les clics et statistiques de consultation échappent à la mesure ici analysée (cf. ce post déjà ancien). On peut enfin se demander d’ailleurs si les chiffres de lecture cités pour mesurer l’audience internationale comprennent (ou pas) les lecteurs basés en France, auquel cas l’audience européenne de Cairn est elle si impressionnante ?

    Concernant le classement des universités, on s’interroge sur la distinction proposée entre elles et le CNRS, qui est un établissement national qui compte de nombreuses unités de recherche dans les autres dites universités : comment les différencie-t-on ? Par ailleurs, si on reprend les chiffres cités pour les cinq premiers organismes de la liste, en comparant nombre de consultations et nombre d’auteurs, on obtient le tableau suivant :

    Les variations de consultation s’expliquent principalement par l’effectif des établissements en question. Certes le ratio consultation/auteur montre une variation de l’ordre de 35%, mais il est vraisemblable que cela soit lié à la composition disciplinaire plus qu’à plus grande “qualité” de ces articles, et encore moins à une surperformance des universités en question… Est-on réellement dans une rupture avec la logique du classement de Shanghai ? On peut noter que Paris Cité est l’une de ces universités construite au forceps par le ministère de la Recherche et de l’enseignement supérieur pour atteindre une “taille critique”, tout comme d’ailleurs Lille, Sorbonne Université, Aix Marseille, Strasbourg, etc. . Le fait qu’y figurent Panthéon Sorbonne ou l’EHESS, des établissements spécialisés en SHS, n’a rien non plus pour étonner : cela semble refléter la présence d’un grande nombre d’enseignants-chercheurs et chercheurs. Difficile donc dans ces conditions de distinguer ce qui relèverait d’une “surperformance” d’un simple effet de masse. Plus fondamentalement, faut il individualiser les métriques à l’échelle des chercheurs individuels, alors que leur travail est en grande partie collectif ? sachant que les cultures disciplinaires s’y prêtent plus ou moins bien.

    En réalité, le travail effectué par Le Monde, s’il montre bien que de la science (SHS) francophone se produit et se publie dans les universités – c’est toujours bien de le souligner – ne rompt pas vraiment avec la logique du classement et de la hiérarchisation propre au classement de Shanghai, aujourd’hui bien démodé et qui fait figure d’un marronnier aux feuilles qui justement brunissent en cette fin d’été : les médias friands des Jeux Olympiques cherchent à étendre la logique des médailles pour remplir les quelques semaines d’avant la rentrée…

    Par ailleurs, si j’adhère totalement à l’idée de chercher à promouvoir des métriques alternatives de la circulation du travail scientifique francophone et plus largement dans les langues scientifiquement minoritaires, et de la mise en avant de manières différentes d’écrire les SHS et de produire une connaissance moins formatée et moins standardisée, il faut quand même se demander comment cette connaissance est appropriée dans le cadre de cette science et de ces SHS globalisées. Cette attente est explicite dans l’article du Monde.

    De manière totalement fortuite, je suis tombé récemment sur la collection d’ouvrages Thinkers for Architects, éditée par Routledge. Il est notable de constater que sur les dix-huit titres publiés, 10 portent sur des auteurs français : Lefebvre, Virilio, Merleau-Ponty, Baudrillard, Bourdieu, Irrigaray, Foucault, Deleuze et Guattari, Derrida et Latour. Cela illustre la réalité de la circulation d’un ensemble de travaux universitaires français, ce qu’on appelle la “French theory” (à l’unité néanmoins problématique). Souvent dédaignée voire méprisée pour son jargon et les supposées dérives wokes qu’elle a suscitée, vue comme une sorte d’excentricité des campus “anglo-saxons”, cette “French theory” n’est pas toujours reconnue à sa juste valeur dans notre pays, comme une véritable contribution de l’université française au monde académique. Or, cette circulation a été rendue possible grâce à la traduction, aux circulations d’enseignement et au débat scientifique. On pourrait rétorquer que c’est un phénomène du passé : tous ces auteurs (dont une seule autrice) sont morts. Néanmoins qui peut dire si d’autres auteurs français ou francophones formés en France ne sont pas en train de connaître aujourd’hui le même destin : traduits, discutés, célébrés ? En passant, on pourrait aussi souligner que l’université de Vincennes, berceau d’une partie de ces auteurs, est exactement l’inverse de la standardisation de la production et de la transmission des connaissances que ce que promeut le classement de Shanghai, et son application stéréotypée par nos brillants énarques style V. Pécresse et consorts. La principale finalité de ce mécano académique semble être de produire des monstres bureaucratiques dont le principal critère d’évaluation est la “bonne signature” des chercheurs, afin que les logiciels compilent correctement les citations dans les bases de données de publications pour exceller dans ce type de classement.

    Pour appréhender justement cette circulation en train de se faire, l’article aurait pu se pencher sur la plateforme internationale que Cairn tente de promouvoir depuis des années, et qui selon ma perception, est bien peu utile pour faciliter cette circulation de travaux francophones. Combien d’universités étrangères y sont abonnées ? Combien de “consultations” génère-t-elle ? A travers les revues auxquelles je participe comme membre de la rédaction ou comme auteur, et sur lesquelles j’ai publié des traductions anglaises, je peux témoigner d’un dispositif techniquement problématique, la même url étant par exemple utilisée pour le texte français et sa traduction anglaise, ce qui ne permet pas d’indexer correctement ces textes en anglais. Au contraire de la pratique chez Openedition.org où les traductions ont une url propre. Je doute que Cairn joue un rôle efficace sur ce plan…

    Entendons-nous : réfléchir à d’autres critères d’objectivation du travail des chercheurs et chercheuses dans les universités, mettre en valeur un portail tel que Cairn, qui avec Openedition Journals a beaucoup fait pour diffuser largement, en France déjà, et au niveau international à un degré moindre, tout cela est très bien. Mais les classements proposés n’ont rien d’alternatifs en ce qu’ils reproduisent cette idée d’une hiérarchisation sur des critères simplistes, ici difficilement étalonnables et surtout reproduisant la logique de mise en concurrence au lieu de réfléchir à d’autres logiques qui font avancer la science, telles que la coopération, la formation, etc. C’est en cela que la proposition de cet article me semble manquer sa cible.

    https://rumor.hypotheses.org/6142
    #classement #université #ranking #ESR #alternative #consultations #facs #statistiques #édition_scientifique

    –-

    voir aussi :
    Attention, un #classement peut en cacher un autre !
    https://seenthis.net/messages/1067976

  • Les préjugés sur les jeunes et les écrans : « A chaque époque, son objet de cristallisation pour “démontrer” l’inculture »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/08/21/les-prejuges-sur-les-jeunes-et-les-ecrans-a-chaque-epoque-son-objet-de-crist

    « Jeunesses et préjugés » (3/4). Dans une série d’entretiens, des chercheurs détricotent les clichés qui collent à la peau des jeunes. Aujourd’hui, Anne Cordier, chercheuse en sciences de l’information et de la communication.

    Propos recueillis par Eric Nunès

    Dans un entretien accordé au Monde, en 2013, sur l’avenir intellectuel de la jeunesse estudiantine, George Steiner, philosophe et enseignant, né en 1929 et mort en 2020, s’inquiétait déjà de « la torpeur spirituelle » des nouvelles générations. « Nous sommes en train de créer une apathie chez les jeunes, une acédie. »

    Les jeunes seraient idiots, moins curieux, moins ouverts sur le monde qu’avant. Est-ce le cas ? Anne Cordier, chercheuse en sciences de l’information et de la communication et professeure à l’université de Lorraine, rappelle qu’il existe de nouvelles manières de lire, d’écrire, d’échanger et de découvrir. Non seulement la jeunesse utilise de nouveaux outils pour se cultiver, mais elle produit elle-même de la culture, comme jamais auparavant.
    L’inculture des jeunes est-elle un cliché récurrent ?

    Oui. Sans hésitation ! On trouve des textes dans l’Antiquité où leurs auteurs s’inquiètent et fustigent la baisse de niveau intellectuel de la jeunesse, son manquement à l’ordre social établi, son incapacité à faire lien social, ou encore la dégradation des systèmes de valeurs et de références provoquée par les comportements et les pratiques juvéniles.

    Rien de nouveau sous le soleil, hélas. Nous sommes là face à un cliché qui est une forme de posture anthropologique, reconduite à chaque époque. On peut dire que la seule différence, c’est l’objet de la cristallisation qui permet de « démontrer » – les guillemets sont essentiels ici ! – l’inculture de la jeunesse. A une certaine époque, la lecture de romans était considérée comme dégradante, puis le flipper, le comic, les musiques rock, le rap… et nous voici à l’ère où l’inculture de la jeunesse serait tout à fait visible à travers leurs pratiques des « écrans ».
    Mais le temps passé devant les écrans n’est-il pas un frein à la curiosité ? Les réseaux sociaux qui alimentent le fil des utilisateurs en fonction des usages, des goûts, ne sont-ils pas une source d’appauvrissement ?

    Pas du tout. Avant tout, il faut clarifier ce que l’on entend par « écrans », mot-valise qui ne signifie pas grand-chose. L’emploi de ce terme générique est en soi problématique, et à l’origine de nombreuses confusions et conclusions hâtives. Les objets techniques qu’il recouvre sont multiples, invisibilisant la diversité et la complexité de leurs usages, du jeu à l’information, en passant par la communication. Distinguer les activités qui ont les écrans pour support a son importance.

    Ensuite, l’obsession du « temps d’écran » est problématique, car la recherche a démontré avec force combien cette mesure est non seulement impossible mais aussi illusoire et insensée. Il est impossible de véritablement mesurer le temps d’écran, il est illusoire de faire confiance à des déclarations, à des perceptions, et il est insensé de se fonder sur le temps d’écran comme critère pour mesurer la curiosité, l’apprentissage, la pratique culturelle. La question est comment ce temps est investi, qu’est-ce qui se passe lorsque l’usager utilise sa tablette ou son téléphone à tel moment de la journée, avec qui, pour qui, dans quel but.

    Les « écrans » sont alors des outils d’apprentissage…

    Lorsqu’on travaille sérieusement sur les pratiques juvéniles et qu’on n’impose pas aux jeunes nos cadres d’analyse, on découvre, par exemple dans le cas des pratiques de lecture et d’écriture, que ces dernières rythment leur existence par le biais des objets connectés ! Combien de « jeunes » déclarent « ne pas lire un livre », une question souvent posée comme telle dans les questionnaires et sondages qui se prévalent d’étudier les pratiques de lecture, alors qu’ils sont des lecteurs assidus de textes sur le réseau Wattpad.

    J’ai mené, en cette année 2023-2024, au lycée Carnot de Bruay-la-Buissière [Pas-de-Calais], une recherche avec les élèves de deux classes de terminale (une générale, une technologique) et avec leurs enseignants, sur leurs pratiques d’information et leur rapport aux médias. L’enseignement de cette recherche, menée dans cet établissement aux catégories socioprofessionnelles défavorisées, est clair : ils s’informent.

    Ils et elles suivent des pages de titres de presse, ont installé sur leur smartphone des applications de titres de presse ou d’actualité, suivent des créateurs de contenu qui viennent assouvir leur curiosité… et répondre à des questionnements non traités par les adultes. Parmi ces adolescents, aucun ne déclare lire la presse, car ils considèrent que la presse numérique, qui ne se présente pas sous la forme du « journal papier », ne peut être considérée comme de « la presse ». Ils plaquent des procédés obsolètes pour évaluer leur soif de culture et d’information. Il existe une invisibilisation de leurs pratiques et donc une absence de conscientisation.
    Lire aussi l’enquête | Article réservé à nos abonnés Jean Massiet, HugoDécrypte, « Brut »… Comment de nouveaux producteurs d’infos captent les jeunes sur les réseaux sociaux
    La place du livre recule néanmoins parmi la jeunesse. Lit-elle moins ? Ecrit-elle moins ?

    Dans la population dans sa globalité, la place du livre, de la lecture d’un livre en entier, diminue depuis des décennies. C’est dû à la diversification de l’offre, à la concurrence de la télévision, du cinéma, des nouvelles technologies. La jeunesse s’inscrit dans le même mouvement. L’offre de pratiques culturelles s’est considérablement étoffée, de fait il est logique que l’empan de pratiques culturelles soit élargi, et donc que certaines pratiques baissent en intensité… De là à dire que « c’était mieux avant », il y a un pas que je ne franchis pas.

    Les pratiques de lecture sont reconfigurées à l’aune des nouveaux supports, des nouveaux modes de vie. Il en est de même pour l’écriture. La baisse du niveau de langue est une antienne. Le fait qu’on n’écrive pas comme par le passé ne veut pas dire qu’on écrit moins ou moins bien. Il y a une construction fantasmatique sur l’écriture d’antan. La population qui écrivait au début du XXe siècle était quantitativement moins importante qu’aujourd’hui.

    Il n’y a jamais eu autant de « situations d’écritures » telles que la prise de notes, la création de listes, la rédaction de récits adolescents, de « stories ». Les jeunes écrivent plein d’histoires tout au long de la journée. Ils forment des récits par SMS, Messenger, collectivement sur des groupes WhatsApp.

    L’erreur est de comparer des époques et des situations qui n’ont aucun rapport. La lecture de la presse écrite numérique est sans précédent par le public jeune, via les applications et les réseaux sociaux numériques. Cette appétence pour la lecture ne dépend plus uniquement des héritages culturels et des abonnements à la presse papier de papa et maman. N’y a-t-il pas là de quoi se réjouir ?
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Chez les jeunes, l’évaluation de l’information est encore vécue comme une injonction académique et non comme un processus intellectuel »

    Eric Nunès

    #Anne_Cordier #Jeunesse #Information

    • Ce genre des discours est un bon détecteur de vieux schnocks conservateurs.

      Quand j’étais jeune, je me souviens de mon irritation face aux mêmes discours qui visent à valoriser l’ignorance de l’interlocuteur en dévalorisant des pratiques qui ne sont en fait plus comprises du tout.

      Cette lutte générationnelle est normale : c’est un mécanisme de défense pour celleux qui ont des difficultés d’adaptation, qui ont perdu le gout de la nouveauté, la curiosité intellectuelle.

      Il s’agit alors de dénigrer la concurrence émergente pour éviter de se faire éjecter du jeu en n’ayant plus les codes sociaux correspondants.

      Il y avait eu une recherche sur le fait que les gouts musicaux s’ancraient en fait dans l’adolescence — quand on a besoin de marqueurs sociaux collectif pour s’intégrer — et n’évoluaient plus à partir de l’entrée dans la vie active : tout simplement parce que le « temps libre » disponible n’était plus suffisant.

      Dis-moi ce que tu écoute, je te dirai l’âge que tu as.

      Et on se retrouve après avoir décroché durablement avec le sempiternel : « c’est plus de la musique, c’est du bruit ! ».

      Marche avec toutes les pratiques culturelles.

      D’ailleurs, à ce propos, je me demande si les #EHPAD ont intégré que plus aucun de leurs pensionnaires a grandi du temps des bals musette : on est à la génération yé-yé, rock et disco.

    • Perso, j’assume sans vergogne mon statut de dinosaures, parce que quand même, c’était mieux avant. Tiens, pas plus tard qu’il y a trois jours, mon fillot me soutenait qu’on avait eu quand ’ach’ment de bol d’avoir vécu notre jeunesse dans les 70’s. J’ai oublié de lui dire qu’on était obligé de se planquer pour tirer sur un oinj alors que les flics patrouillaient avec leur « Estafette-Renault » sur les chemins de cambrousse et qu’ils auraient pu nous alpaguer rien que parce que qu’on avait les cheveux longs. Et que c’était déjà les mêmes grosses pourritures de droite qui étaient aux manettes.

    • @sombre attention, c’étaient des flics qui appliquaient des lois pourries et avaient une tendance radicale à ne pas aimer nos cheveux longs. Mais ils n’étaient pas « de droite », le syndicat majoritaire était classé à gauche (ce qui allait devenir le PS. C’est peut être pour ça qu’il y a eu très peu de morts en 1968. Imaginez le carnage si une telle révoltait arrivait maintenant...

    • Mais quelle bande de Koives !

      Maintenant, t’as du 𝚫8 ou du 𝚫9 dans ta vapoteuse avec la tête spé pour e-liquid visqueux, c’est efficace sans zombifier, c’est safe parce que pas combustion et autres sous-produits, pas de risque de rechuter au tabac et tu peux le pipeauter au museau de la maréchaussée sans qu’ils y voit que pouic, puisque tu peux avoir un gentil parfum floral !

      Tu as même un contrôle qualité FDA dessus.

      Que vouloir de mieux ?

    • L’article est déjà en retard d’un cran : une bonne partie des djeunz ne passent plus beaucoup par l’écrit, mais font des vocaux parce que ça va plus vite et qu’ils ont rien à taper avec leurs doigts. Donc bah non l’écrit n’est PAS forcément un truc continue qui persiste sous d’autres formes, il y a aussi des ruptures.

      Quant à la musique, plusieurs centaines d’années de théorie musicales (que ce soit occidentales, ou indiennes, etc) permettent quand même largement de différencier les complexités de compositions (harmonie, accords complexes ou rares, etc). Ceux qui disent « c’est du bruit » c’est quasi uniquement des très vieux et qui ont pas trop écouté de musique. Mais les musiciens et les gros consommateurices de musiques variées ne disent jamais ça, ils disent « oui oui c’est de la musique, mais ultra basique et formatée avec 3 notes » et bien plus finement arrivent quand même à montrer objectivement que sur l’ensemble de la production musicale (savante et populaire mélangée), on peut quand même objectivement hiérarchiser les compositions.

      Il faut comparer ce qui est comparable, musique savante avec musique savante, musique populaire de danse avec musique populaire de danse, chanson avec chanson, à différentes époques. Et on voit clairement des différences objectives de recherche dans la composition versus 3 même notes (majoritairement depuis les ordis, internet, et la compos par MAO uniquement : même quand c’était des samples, ça puisait dans une grosse source de culture précédente).

      Et c’est comme pour tout : on trouve toujours des exceptions ("oui mais même maintenant ya quand même Trucmuche qui fait des musiques plus élaborées") OUI merci on sait : mais c’est sur l’ensemble de ce qui sort (la moyenne/médiane) qu’il faut regarder, pas sur un ou deux exemples.

      Cette argumentation de dire « ce comportement a toujours existé de tout temps » fait complètement fi d’une vision historique sérieuse et non linéaire, c’est du progressisme béat ("le monde avance tel qu’il avance et ya jamais de recul social/culturel/démocratique"). Bah non : si on dit que le capitalisme (par exemple, ya d’autres ruptures à travers l’histoire) date d’une époque relativement précise, et que ce système social total détruit de nombreuses choses, bah oui ça peut aussi réduire une partie de la complexité culturelle qui a pu exister précédemment.

      Par exemple le capitalisme induit la recherche volontaire de l’obsolescence programmée, et donc le matériel quotidien de nos maisons OUI dure moins longtemps et se casse plus et est moins réparable que ce qui existait avant même comparé aux produits déjà plastiques (mais plus solides) des années 60-70. Bé pareil pour le formatage musical ou littéraire, et à ce qu’on demande de connaitre comme compétences aux plus jeunes : le capitalisme produit des effets concrets.

    • Oui sur tout avec Rasta.

      Mais j’ajouterais aussi un gradient social : les classes éduquées ont toujours contrôlé le temps d’écran de leurs enfants, et orienté leurs activités physiques et culturelles.

      On peut facilement y lire uniquement une forme de mépris de classe. On peut aussi y lire un instrument de la reproduction sociale (Bourdieu) via le capital culturel.

      Mais tout de même largement aussi une volonté de développement personnel et d’émancipation, de santé mentale et physique. Réduire le souci des parents avec « les écrans » ou « les réseaux sociaux » à des considérations de vieux cons ou de parents réacs, c’est assez triste je trouve.

      Ici à Montpellier, quand je sors avec mes gamins :
      – quand c’est une sortie pour une activité culturelle habituellement privilégiée par les réacs (beaux arts, musique classique, film ancien, y compris trucs gratuits ou carrément pas chers), c’est pas compliqué, ils sont les seuls jeunes ; ici les réacs décrits dans l’article n’emmènent jamais leurs gosses aux activités qu’ils jugent plus nobles que le smartphone ;
      – quand c’est une sortie ultra-commerciale (trampoline, escape game, film Marvel), évidemment c’est blindé de niards ;
      – mais de manière bien plus intéressante à mon avis : quand c’est de la culture un peu « alternative », pas chère, privilégiée par les parents généralement pas réacs (film Myazaki, spectacle dans une librairie alternative, Barrut en concert, cinéma gratuit en plein air, festival un peu sympa…) ben là on retrouve des gamins et des jeunes avec leurs parents mal coiffés…
      Ce qui me conforte dans l’idée que les gens qui ont un discours critique et pratique sur les « cultures » mainstream qu’on donne aux jeunes ne sont pas les réacs, mais les progressistes. Les bourges antiwoke du coin, pour leurs gosses, c’est console de jeu et trampoline, et pour une sortie un peu féministe et contestataire, il y a le film Barbie. (Ce n’était pas aussi marqué que ça Paris.)

      De fait, la critique des cultures commerciales (au aujourd’hui celles véhiculées largement via le Web) ne se limite pas au « c’était mieux avant » des réacs, donc les critiques ne sont même pas effectives avec leurs propres gosses. Dans les milieux que je fréquente, les gens soucieux d’ouvrir un peu les pratiques culturelles de leurs gamins sont les mêmes qui critiquent les pratiques mainstream de leur propre jeunesse.

  • Le stage hors études, un système bien rodé qui fragilise l’insertion professionnelle des jeunes diplômés
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/07/18/le-stage-hors-etudes-un-systeme-bien-rode-qui-fragilise-l-insertion-professi

    Lorsque s’affiche sur LinkedIn une offre de stage lui proposant de travailler « au service com » d’un club de sport professionnel, Hugo (le prénom a été modifié), 21 ans, saute de joie. Sans activité depuis la fin de sa licence de journalisme et communication, trois mois plus tôt, il postule et obtient le stage dans la foulée. « La RH m’a demandé de lui envoyer la convention de stage au plus vite, je devais commencer le lundi suivant », retrace-t-il. La panique le gagne. En France, les stages en entreprise de six mois sont interdits aux étudiants hors cursus pédagogique.

    Après quelques recherches en ligne, Hugo découvre un véritable « marché » de la convention de stage. Des dizaines d’annonces promettent, contre quelques centaines d’euros, de fournir un document « conforme à la loi » en moins de 24 heures. Il en appelle plusieurs, puis s’inscrit à Fac for Pro Education, une formation qui dispense des cours en présentiel et en ligne. Coût de l’opération : 550 euros. Le lendemain, le stage est validé sans problème. Hugo n’a eu besoin de suivre aucun cours.
    La stratégie de Fac for Pro Education joue avec les largesses de la loi française encadrant les stages. Pour fournir légalement des conventions conformes, les écoles doivent proposer 200 heures de cours au minimum sur une année, dont 50 heures dispensées en présence des étudiants. Un strict minimum que propose la formation, avec une particularité : l’étudiant peut débuter son stage immédiatement après l’inscription dans l’école, sans effectuer le moindre cours au préalable.

    je l’ai trouvé avec
    « On se dit que ça payera forcément plus tard » : quand l’espoir fait travailler les jeunes presque gratuitement

    Stages, bénévolat, projets non rémunérés, service national universel, service civique... les jeunes hommes et femmes qui acceptent cette logique de « travail de l’espoir », selon l’expression des sociologues, en espèrent un retour sur investissement.

    https://justpaste.it/fv2oo

    ces chômeurs doivent devenir de bons candidats à l’emploi. une manne.

    #travail #travail_de_l’espoir #travail_payant #formation #stages #étudiants #CV #chômeurs #précarité #emploi

  • Au Portugal, l’amertume des jeunes diplômés face au dilemme de l’émigration
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/06/06/au-portugal-l-amertume-des-jeunes-diplomes-face-au-dilemme-de-l-emigration_6

    Au Portugal, l’amertume des jeunes diplômés face au dilemme de l’émigration
    Par Sandrine Morel (Lisbonne, envoyée spéciale)
    « Rester à Lisbonne, c’est faire passer l’amour pour sa ville, son pays et sa famille avant sa carrière. C’est savoir que l’on aura sans doute un emploi qui ne sera ni stable ni bien rémunéré, et qui nous permettra plus de survivre que de vivre. » Devant les portes de l’université IADE, au bord du Tage, à Lisbonne, Aurelio Antonosciuc expose froidement et dans un anglais parfait ce qui est pour lui un simple constat. Autour de cet étudiant de 21 ans, en dernière année de bachelor en design, quatre amies opinent du chef. « C’est facile de trouver un job à Lisbonne, mais pas facile de trouver un bon job », complète Carolina Queiros, 18 ans, à la fois étudiante en communication et photographe. « La question, pour nous tous, c’est de savoir ce qu’on est prêt à sacrifier », poursuit-elle.
    Cette conversation sur leur avenir au Portugal, ces jeunes l’ont déjà eue des dizaines de fois. Entre amis ou avec leur famille. Pour eux, la nécessité d’émigrer n’a rien d’une hypothèse improbable : c’est une évidence. Non seulement ils ne perçoivent pas assez d’occasions professionnelles pour les jeunes formés à l’université, dans un pays qui reste très dépendant du tourisme et de ses emplois précaires, mais ils ont tous des proches qui ont déjà fait leur valise et leur montrent le chemin.
    Près de 2,1 millions de personnes nées au Portugal vivent en dehors du pays, dont 1,5 million l’ont quitté ces vingt dernières années, soit 15 % de la population, selon les estimations de l’Observatoire de l’émigration, qui dépend du Centre de recherche et d’études de sociologie de l’Institut universitaire de Lisbonne (ISCTE). Près d’un quart des Portugais de 15 à 39 ans résident ainsi à l’étranger. Des chiffres qui font de la petite république ibérique le pays au plus fort taux d’émigration en Europe, et le huitième au monde. Entre 2012 et 2016, en pleine crise économique, ils étaient plus de 100 000 par an à émigrer, avec un pic à plus de 120 000 en 2013. Et près de 65 000 personnes plient encore bagage chaque année pour chercher un avenir meilleur ou tenter l’aventure de l’expatriation.
    « Le Portugal a toujours été un pays d’émigration. Ce qui choque, c’est que ce soit encore le cas au XXIe siècle, souligne Liliana Azevedo, chercheuse associée à l’Observatoire de l’émigration de l’ISCTE. Cela alimente l’idée que le pays reste en retard par rapport à ses voisins. Et, même si la plupart de ceux qui partent n’ont pas fait d’études supérieures, le fait qu’un nombre important de jeunes diplômés figurent dans le contingent des émigrés est vécu comme un échec, une incapacité à retenir dans le pays ses principaux talents. »Afin de freiner cet exode, l’ancien gouvernement socialiste mené par Antonio Costa a approuvé en 2023 le remboursement intégral des frais universitaires pour les étudiants de moins de 35 ans qui restent travailler au Portugal un nombre d’années équivalent à la durée de leurs études. Dans le budget 2024, près de 215 millions d’euros ont été alloués à ces aides, qui représentent entre 700 et 1 500 euros annuels pour un étudiant. S’il est encore trop tôt pour évaluer les effets de cette mesure sur les départs, les retours au pays, eux, sont en nette hausse. Alors qu’auparavant, environ 15 000 Portugais revenaient chaque année, en 2021, ils étaient plus de 30 000, tout comme en 2022. Mais la moitié d’entre eux étaient âgés de 40 à 65 ans, et un tiers avaient plus de 65 ans.
    Le programme Regressar (« revenir »), qui offre notamment une réduction d’impôt sur le revenu de 50 % durant cinq ans, lui, séduit davantage les jeunes – 75 % des bénéficiaires ont entre 25 et 44 ans. « Il est difficile de savoir quelle part correspond à des personnes qui avaient déjà décidé de rentrer ou à de nouveaux retraités, souligne Mme Azevedo. Mais, au-delà de la question de l’efficacité de ce programme, le gouvernement portugais a voulu faire passer un message positif sur le pays, dire qu’il va bien et qu’il a besoin de ses talents. Cependant, dans les faits, le Portugal a du mal à absorber la main-d’œuvre qualifiée, et, pour beaucoup de jeunes qui souhaitent développer leur carrière, l’émigration s’impose.
    (...) « Les jeunes partent souvent pour l’étranger en quête de meilleurs salaires, mais beaucoup reviennent lorsqu’ils songent à former une famille, après cinq ou dix ans hors du Portugal », explique-t-elle. « Les salaires au Royaume-Uni restent le triple de ceux qu’on propose ici dans le secteur de la tech, mais ceux qui décident de rentrer privilégient d’autres paramètres, comme la sécurité, la famille ou le soleil », ajoute-t-elle. Sur le papier, le Portugal va bien : un taux de croissance de 2,3 % en 2023, une dette ramenée sous la barre des 100 % du produit intérieur brut et un taux de chômage limité à 6,5 % des actifs. Dans les faits, malaise et mécontentement global dominent les discussions. L’inflation sévit, et la hausse du salaire minimum (passé de 590 euros en 2015 à 950 euros en 2024) ne s’est pas accompagnée d’une revalorisation aussi nette de la rémunération des classes moyennes, le salaire moyen dépassant à peine les 1 500 euros brut en 2023, soit 1 050 euros net, selon l’Institut national des statistiques.
    « Le problème, ce ne sont plus seulement les salaires, c’est le logement, regrette Magdalena Santos, 22 ans, en troisième année de Bachelor en économie à l’ISEG, qui aimerait bien rester dans sa ville, elle aussi. Il est très difficile de devenir indépendant, étant donné le montant des loyers. » A Lisbonne, expatriés, nomades numériques et retraités européens se disputent les plus beaux quartiers, rénovés pour accueillir de plus en plus de logements touristiques. Les loyers, eux, ont encore flambé de plus de 20 % en 2023, selon les statistiques du portail immobilier Idealista.
    En trois ans, les prix à la location ont ainsi fait un bond de 50 %, et ils ont doublé en sept ans. (...)

    #Covid-19#migrant#migration#portugal#emigration#jeunesse#logement#salaire#sante#economie

  • Du nouveau dans « FAF, la newsletter qui décrypte l’extrême-droite » chez Street Press :

    Le lieutenant radical de Bardella
    https://4ngsg.r.sp1-brevo.net/mk/mr/sh/1t6AVsd2XFnIGLq4LA3YFmcN4GHZ7y/-ms9ZRPxPCbW

    Une génération persuadée qu’elle va gouverner

    Ils ont en commun l’assurance de leurs 20 ans et l’obsession de l’identité nationale. Derrière Jordan Bardella et Marion Maréchal une génération de jeunes loups monte. Ils sont au RN, comme Pierre-Romain Thionnet où à Reconquête comme Stanislas Rigault, nos deux portraits de la semaine. Certains même militent chez les Républicains à l’image de Guilhem Carayon, responsable des jeunes LR ou privilégient le journalisme comme Erik Tegnér, fondateur de Livre Noir. Tous se connaissent et jusqu’au bout de la nuit, dans les bars de la capitale, ils picolent, dansent et refont le monde, racontent Marylou Magal et Nicolas Massol dans l’excellent livre, L’extrême droite, nouvelle génération (Denoël). Ils partagent des amitiés mais surtout une certitude : la victoire les attend au bout du chemin. Ensemble, ils gouverneront.

    Mathieu Molard

    Co-red’ chef

    • Eh ouais, ya pas que des vieux chez les fachos, loin LOIN de là… Plein de jeunes, de gamers, d’internetos, de twitcheurs, de loleurs, etc.

      Ce qui est bizarre car il me semble que plein d’études relativement sérieuses montraient que les jeunes étaient en moyenne moins racistes, moins homophobes que les décennies précédentes. Alors quoi ?

    • Je sais pas pour le racisme ni l’homophobie mais pour le sexisme les enquête sur les jeunes montrent une aggravation du problème.
      https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-sexisme-persiste-chez-les-moins-de-35-ans-selon-le-haut-conseil-a-l-eg

      Un homme sur cinq de moins de 35 ans considère normal de gagner mieux sa vie qu’une femme à poste égal. C’est l’un des résultats présentés ce lundi par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes dans sa sixième étude annuelle sur le sexisme en France.

      Selon le HCE, les stéréotypes persistent, y compris chez les jeunes. Ils progressent même chez les femmes de moins de 35 ans. Le Haut Conseil rappelle ainsi que l’assignation de la gent féminine à la sphère domestique et au rôle maternel gagne du terrain. 34% des jeunes femmes pensent « qu’il est normal qu’elles arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants ». Une opinion en hausse de 7 points dans cette catégorie d’âge, par apport à l’an dernier. Le HCE observe un « retour aux valeurs traditionnelles », autant chez les hommes que chez les femmes.

    • ...pour un site sensé promouvoir la liberté de la presse et le respect de la vie privée des internautes, ils ne sont quand même pas géniaux chez Street-press d’imposer pour la lecture de leurs newsletter des URLs sur un domaine ...-brevo.net cad chez Brevo (ex Sendinblue) fournisseur privé d’outils de mailing qui fait un tracking féroce des abonnés et des connexions ! :-(

    • A droite, l’ambition de Guilhem Carayon, radical patron des jeunes LR
      https://www.liberation.fr/politique/a-droite-lambition-de-guilhem-carayon-radical-patron-des-jeunes-lr-202405

      Le président des cadets des Républicains est neuvième sur la liste du parti pour les européennes. S’il a redynamisé son organisation, ses appétits et ses fréquentations d’extrême droite défrisent au sein de l’appareil.

      Victor Boiteau de Libé :
      Tout comme Stanislas Rigault, Guilhem Carayon est passé par l’Institut de formation politique. Une école privée parisienne formant une génération de militants de droite radicale.
      S. Rigault : « Nous finirons par travailler ensemble, pour gagner ensemble »

    • « L’extrême droite, nouvelle génération » : enquête sur un écosystème en plein essor
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/08/l-extreme-droite-nouvelle-generation-enquete-sur-un-ecosysteme-en-plein-esso

      Marylou Magal et Nicolas Massol offrent une plongée dans le microcosme de l’extrême droite par le prisme de sa jeunesse
      Par Abel Mestre

      Livre. C’est l’histoire d’un petit monde extrémiste où tout le monde se connaît. Ceux qui en font partie sont jeunes – aucun ne dépasse la quarantaine –, partagent les mêmes références culturelles, trinquent ensemble dans des bistrots chics du centre de Paris et affichent le même objectif : prendre le pouvoir.
      Ils ont un autre point commun : le rejet de l’islam et de l’immigration. Pourtant, tous ne cotisent pas au même endroit. Certains, comme Jordan Bardella, ont choisi de rester dans la « vieille maison » de l’extrême droite française, le Rassemblement national (#RN), né en 1972 sous le nom de Front national. D’autres, tels Sarah Knafo et Stanislas Rigault, ont choisi de suivre Eric Zemmour pour la présidentielle de 2022.

      Deux spécialistes de l’extrême droite, Marylou Magal, journaliste à L’Express, et Nicolas Massol, qui officie à Libération, offrent une plongée passionnante dans ce microcosme. Le choix des deux auteurs est de raconter l’extrême droite par le prisme de sa jeunesse qui présente bien, malgré un discours radical, xénophobe et islamophobe. Celle-là même dont raffolent les chaînes d’information en continu, notamment l’équipe droitière du Figarovox, les ex-journalistes de Valeurs actuelles aujourd’hui à la tête du Journal du dimanche, les identitaires, les réacs, les thuriféraires d’Eric Zemmour…

      Imposer ses thèmes

      Sont laissés de côté les activistes violents et les idéologues plus anciens (que l’on croise incidemment malgré tout au long de l’enquête). Les deux journalistes sont plus à l’aise pour raconter ceux de leur âge. Ces derniers ont appris de leurs aînés la leçon d’Antonio Gramsci, philosophe marxiste italien, qui posait que toute victoire politique passait, au préalable, par une victoire culturelle. En clair : gagner les élections suppose de gagner d’abord les esprits en imposant ses thèmes.
      Les auteurs remontent le fil idéologique et politique de cette génération qui a fait ses premières armes il y a une dizaine d’années, au moment de l’opposition au mariage pour tous. Ces manifestations permirent la rupture des digues entre une partie de la droite et de l’extrême droite et la naissance d’un dialogue hors des appareils partisans traditionnels.

      Mais le véritable centre névralgique de ce petit milieu était un appartement du Quartier latin, sorte de « salon brun » où les jeunes pousses extrémistes fomentaient leur stratégie. La maîtresse des lieux était Sarah Knafo. En troisième position sur la liste de Marion Maréchal aux élections européennes de juin, elle est d’ailleurs la figure centrale du livre.

      Personnage qui se veut balzacien, Knafo est une ambitieuse au parcours académique rare dans cette famille politique (Sciences Po et ENA, magistrate à la Cour des comptes). C’est elle, le cerveau de ce groupe hétéroclite. Elle a patiemment construit sa stratégie, parlant à tout le monde, y compris à la #gauche_souverainiste, jetant des ponts entre des milieux qui, normalement, n’auraient pas dû se rencontrer. En comparaison, Jordan Bardella, jeune président du RN qui caracole en tête des sondages, paraît bien falot. Ce qui n’est pas forcément un handicap en politique.

      « L’Extrême Droite, nouvelle génération. Enquête au cœur de la jeunesse identitaire », de Marylou Magal et Nicolas Massol, Denoël, 272 pages, 19 euros

    • Cette jeunesse qui votera pour Jordan Bardella et le RN aux élections européennes [c’est 10% des jeunes]
      https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/05/28/on-a-l-impression-que-jordan-bardella-nous-comprend-mieux-cette-jeunesse-sed

      A 28 ans, celui qui a remplacé Marine Le Pen à la tête de la formation d’#extrême_droite en 2022 a réussi à toucher les cœurs et les esprits d’une partie de la #jeunesse, pourtant largement défiante envers la politique. Selon la dernière enquête Ipsos pour Le Monde, menée du 19 au 24 avril, environ un tiers des 18-24 ans (32 %) certains d’aller voter le 9 juin auraient l’intention de glisser dans l’urne un bulletin « #Jordan_Bardella », la même proportion que pour la population électorale générale. Les jeunes, qui opposaient traditionnellement une forte résistance aux idées de l’extrême droite, ne constituent donc plus une exception.

      Des chiffres qu’il faut par ailleurs remettre en perspective, souligne Anne Muxel, directrice de recherche au Cevipof (CNRS-Sciences Po) : « Ces intentions concernent ceux qui vont aller voter. Or, l’#abstention est très forte : seuls trois jeunes sur dix vont se rendre aux urnes. Toute la jeunesse ne vote pas pour le RN ! Mais le fait que Jordan Bardella soit placé en tête est significatif. »

      https://justpaste.it/7mlb8
      Lire aussi Jordan Bardella, les dessous d’une « politique TikTok »
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/02/10/jordan-bardella-les-dessous-d-une-politique-tik-tok_6215810_823448.html

    • Entre droite et extrême droite, les jeunes militants prônent l’union libre [10 mars 2023]
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/03/10/entre-droite-radicale-et-extreme-droite-les-jeunes-militants-pronent-l-union

      En affichant publiquement leurs points de convergence, les leaders des mouvements de jeunesse de LR, du RN et de Reconquête ! officialisent le partage d’angoisses « civilisationnelles » et servent le discours zemmourien d’union des droites.

      https://justpaste.it/cqzls

      #droite_plurielle

  • Les écoles d’informatique au cœur de la révolution des IA génératives : « Il faut former des personnes qui peuvent coder et prompter »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/05/15/les-ecoles-d-informatique-au-c-ur-de-la-revolution-des-ia-generatives-il-fau

    Utilisateur régulier de ChatGPT, le jeune homme voit ce logiciel comme un outil, qui « permet de gagner beaucoup de temps, notamment pour coder, même s’il faut parfois repasser derrière ». Impossible, donc, pour les écoles d’informatique de faire l’impasse sur les IA. Des formations courtes aux cycles d’ingénieurs, les informaticiens de demain doivent, au minimum, savoir faire bon usage des outils existants. Un enjeu majeur pour les écoles afin de permettre à leurs étudiants d’être employables sur un marché certes demandeur de talents, mais où les progrès de l’IA font craindre une baisse, voire une disparition des métiers de l’informatique.

    J’avoue que ça continue de me laisser perplexe.
    Écrire de bonnes spécifications fonctionnelles, c’est déjà long et compliqué. Alors écrire ensuite le bon programme pour répondre au besoin, je ne vois pas comment une IA alimentée à coup de prompts mal pensés par des humains qui ont des difficultés à formaliser leurs besoins pourrait sortir quelque chose de pertinent... et maintenable.

  • Des universités françaises au bord de l’#asphyxie : « Ça craque de partout »

    Locaux vétustes, #sous-financement structurel, #pénurie d’enseignants, inégalités sociales et scolaires… Les universités de Créteil, Villetaneuse ou encore Montpellier-III cumulent les difficultés. Le fossé se creuse encore entre les établissements prestigieux et les autres.

    A l’#université_Sorbonne-Paris_Nord, sur le campus de Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis, la visite guidée se transforme immanquablement en un passage en revue du #délabrement. Tel couloir ou telle salle, inondés à chaque forte pluie, cumulent vétusté et moisissures sur les murs. Des amphithéâtres aux sièges cassés, des prises abîmées depuis des années, et des vidéoprojecteurs qui, régulièrement, ne fonctionnent pas. Les filets de fortune qui retiennent des bouts de plafond qui s’écroulent au-dessus d’une passerelle reliant plusieurs bâtiments. Cet ascenseur, également, en panne depuis la rentrée, rendant le deuxième étage du département des lettres inaccessible aux étudiants à mobilité réduite.

    De façon moins visible, une grande partie des bâtiments contient encore de l’#amiante, plus ou moins bien protégée. « Là ou encore là, le sol est abîmé, montre Stéphane Chameron, maître de conférences en éthologie, membre du comité social d’administration, encarté SUD-Education, en désignant des dalles usées dans des couloirs ou des escaliers. Donc il peut arriver que de la poussière amiantée soit en suspension dans l’air. C’est une #mise_en_danger. »

    Selon la Cour des comptes, 80 % du bâti de l’université Sorbonne-Paris Nord est aujourd’hui vétuste. Mais le constat national n’est guère réjouissant non plus, avec un tiers du #patrimoine_universitaire jugé dans un état peu ou pas satisfaisant. « Honnêtement, on a honte de faire travailler les étudiants dans ces conditions » , souligne une des enseignantes de l’établissement qui, comme beaucoup, a demandé à rester anonyme.

    En matière d’#encadrement aussi, « la situation est critique », alerte Marc Champesme, chargé du département d’informatique de Paris Nord, membre du syndicat Snesup-FSU. Dans sa composante, le nombre d’étudiants en première année a été multiplié par plus de trois entre 2010 et 2022, et par deux sur les trois années de licence. Dans le même temps, le nombre d’enseignants titulaires n’a pas bougé. « On est maintenant contraints de faire des travaux dirigés en amphi avec soixante étudiants parce qu’on manque de professeurs , réprouve-t-il. Alors même que les pouvoirs publics ne cessent de dire qu’il faut former plus d’informaticiens et de spécialistes de l’IA [intelligence artificielle] , que c’est l’avenir. »

    « Sans l’État, ce ne sera pas possible »

    Ici, comme dans d’autres facultés, les personnels ont été désespérés par le signal envoyé, en février, avec l’annonce de coupes budgétaires de près de 1 milliard d’euros dans l’enseignement supérieur – en contradiction avec la volonté affichée, fin 2023 par Emmanuel Macron, de « donner plus de moyens » pour la recherche. « On nous disait que l’université serait une priorité, mais cela a vite été oublié. C’est un #délaissement total. Et les premiers à trinquer, ce sont nous, universités de banlieue populaire ou de petites villes déjà en mauvaise forme » , s’exaspère un autre enseignant-chercheur de Sorbonne-Paris Nord.

    Cette réalité s’impose comme le signe d’une université française en crise, qui maintient sa mission de service public en poussant les murs, colmatant les brèches et serrant les dents. La conséquence de décennies pendant lesquelles les établissements ont absorbé une augmentation significative de la #population_étudiante, sans que les moyens aient suivi. Entre 2008 et 2021, le nombre d’étudiants a augmenté de 25 %, quand le #budget de l’enseignement supérieur a progressé de moins de 10 %. Quant aux fonds versés par l’Etat liés spécifiquement au #bâti, ils stagnent depuis plus de dix ans.

    Désormais, « ça craque de partout » , résume un enseignant dans un Baromètre des personnels réalisé en 2023 par la Conférence des praticiens de l’enseignement supérieur et de la recherche. A Villetaneuse, « on essaie de mettre les bouchées doubles depuis trois ans pour les travaux urgents. On a investi 6 millions d’euros sur fonds propres. Mais on ne dispose pas de ressources infinies. Sans l’Etat, ce ne sera pas possible » , souligne son président, Christophe Fouqueré. Sur tout le territoire, la pression budgétaire contraint les établissements à se contenter de rafistoler un bâti vieillissant plutôt que d’entamer des travaux de #rénovation nécessaires, ou encore à geler les embauches de #titulaires et à avoir recours à des #vacataires précaires – à présent majoritaires au sein des personnels enseignants dans les universités.

    Mais, à l’image de Sorbonne-Paris Nord, certaines se trouvent plus en difficulté que d’autres en matière de conditions d’études. « La question du bâti et de son délabrement éclaire en fait toutes les #inégalités entre élèves, et entre établissements du supérieur : d’abord entre universités et grandes écoles type Sciences Po, mieux loties, et désormais entre universités elles-mêmes, analyse la sociologue Annabelle Allouch, qui mène un projet de recherche sur le #bâti_universitaire. Mais elle renforce aussi ces inégalités, en encourageant des étudiants à adopter des stratégies d’évitement de certains campus. »

    De fait, des #écarts se sont creusés. Si certains campus ont bénéficié de belles rénovations, comme de moyens plus conséquents pour l’enseignement, d’autres universités, moins subventionnées, décrochent. « On a été oubliés du #plan_Campus de 2008, qui a permis à d’autres universités, y compris voisines, de se remettre à niveau » , regrette le président de Sorbonne-Paris Nord. « L’Etat avait fait le choix de porter les efforts sur 21 sites seulement. Cela a créé un premier différentiel, qui n’a cessé de s’accentuer puisque ces universités lauréates ont été, par la suite, mieux placées, aussi, pour répondre à des appels à projet sur le patrimoine » , explique Dean Lewis, vice-président de France Universités.

    Se sont ajoutées les diverses politiques d’ « #excellence », mises en œuvre durant la dernière décennie, et notamment les labels #Initiative_d’excellence, décernés à certains établissements prestigieux, avec des moyens supplémentaires correspondants. « On a été face à des politiques qui ont décidé de concentrer les moyens sur un petit nombre d’établissements plutôt que de les distribuer à tout le monde » , résume la sociologue Christine Musselin.

    #Violence_symbolique

    Une situation qui laisse de plus en plus apparaître une université à plusieurs vitesses. « Quand je passe de mon bureau de recherche de l’ENS [Ecole normale supérieure] aux locaux où j’enseigne, la différence me frappe à chaque fois », témoigne Vérène Chevalier, enseignante en sociologie à l’#université_Paris_Est-Créteil (#UPEC), qui subit aussi, avec ses élèves, un environnement dégradé. Dans certains bâtiments de cette université, comme celui de la Pyramide, les cours ont dû être passés en distanciel, cet hiver comme le précédent, en raison d’une défaillance de #chauffage, la #température ne dépassant pas les 14 0C. En avril, le toit d’un amphi, heureusement vide, s’est effondré sur un site de Fontainebleau (Seine-et-Marne) – en raison d’une « malfaçon », explique la présidence.

    Plongée dans une #crise_financière, avec un #déficit abyssal, l’UPEC est dans la tourmente. Et la présidence actuelle, critiquée en interne pour sa mauvaise gestion des finances. « Mais lorsqu’on voit arriver 10 000 étudiants en cinq ans, on se prend de toute façon les pieds dans le tapis : cela veut dire des heures complémentaires à payer, des locations ou l’installation de préfabriqués très coûteuses » , défend le président, Jean-Luc Dubois-Randé.

    Au sein d’un même établissement, des fossés peuvent se former entre campus et entre disciplines. « Quand mes étudiants vont suivre un cours ou deux dans le bâtiment plus neuf et entretenu de l’IAE [institut d’administration des entreprises] , dont les jeunes recrutés sont aussi souvent plus favorisés socialement, ils reviennent dans leur amphi délabré en disant : “En fait, ça veut dire que, nous, on est les pauvres ?” » , raconte Vérène Chevalier, qui y voit une forme de violence symbolique.

    Ce sont des étudiants « qu’on ne voit pourtant pas se plaindre », constate l’enseignant Stéphane Chameron. « Pour beaucoup issus de classes moyennes et populaires, ils sont souvent déjà reconnaissants d’arriver à la fac et prennent sur eux » , a-t-il observé, comme d’autres collègues.

    Dans le bâtiment Pyramide, à Créteil, une dizaine d’étudiants en ergothérapie préparent leurs oraux collectifs de fin d’année, assis au sol dans le hall, faute de salles disponibles. « Les conditions, cela nous paraît normal au quotidien. C’est quand on met tout bout à bout qu’on se rend compte que cela fait beaucoup » , lâche Charlotte (qui a souhaité rester anonyme, comme tous les étudiants cités par leur prénom), après avoir égrené les #dysfonctionnements : les cours en doudoune cet hiver, l’impossibilité d’aérer les salles, l’eau jaunâtre des robinets ou l’absence de savon dans les toilettes… « Ça va » , répondent de leur côté Amina et Joséphine, en licence d’éco-gestion à Villetaneuse, citant la bibliothèque récemment rénovée, les espaces verts et l’ « ambiance conviviale », malgré « les poubelles qu’il faut mettre dans les amphis pour récupérer l’eau qui tombe du plafond quand il pleut » .

    Dans l’enseignement supérieur, les dynamiques récentes ont renforcé un phénomène de #polarisation_sociale, et les étudiants les plus favorisés se retrouvent aussi souvent à étudier dans les établissements les mieux dotés. La sociologue Leïla Frouillou y a documenté l’accélération d’une #ségrégation_scolaire – qui se recoupe en partie avec la #classe_sociale. Favorisées par #Parcoursup, les universités « parisiennes » aspirent les bacheliers avec mention très bien des autres académies. « Se pose la question du maintien de la #mixité dans nos universités » , souligne-t-elle.

    En l’occurrence, un campus en partie rénové ne protège pas nécessairement ni d’une situation financière délétère, ni de difficultés sociales plus importantes que la moyenne du territoire. L’un des lauréats du plan Campus de 2008, l’#université_Montpellier-III, présente en majesté l’#Atrium. Une bibliothèque universitaire (BU) tout de verre vêtue, un bijou architectural de 15 000 m2 financé par l’Etat, la région et la métropole, et livré en avril à la porte de l’établissement. L’ouvrage masque un campus quinquagénaire arboré et aussi quelques classes en préfabriqué posées provisoirement à proximité du parking… il y a vingt et un ans. Montpellier-III reste l’une des universités les moins bien dotées de France.

    Un peu plus loin, derrière le bâtiment S, Jade attend patiemment son tour. En première année de licence de cinéma et boursière, comme 48 % des étudiants de son université (quand la moyenne nationale est de 36 %), elle s’apprête à remplir un panier de vivres à l’#épicerie_solidaire de l’établissement. Une routine hebdomadaire pour cette étudiante qui a fait un saut dans la #précarité en rejoignant l’université.

    « Nous avons des étudiants qui ne mangent pas à leur #faim » , regrette Anne Fraïsse, présidente de l’université. Ils sont, par ailleurs, ceux qui auraient le plus besoin d’encadrement. Quand, en 2022, l’#université_Gustave-Eiffel, implantée dans différentes régions, reçoit une subvention pour charge de service public de 13 195 euros par étudiant, Montpellier-III en reçoit 3 812. Les universités de lettres, de droit et de sciences humaines et sociales sont traditionnellement moins bien dotées que les universités scientifiques, dont les outils pédagogiques sont plus onéreux.

    Mais dans les établissements d’une même spécialité, les écarts sont considérables. Nanterre, la Sorbonne-Nouvelle, à Paris, Bordeaux-Montaigne ou Toulouse-Jean-Jaurès : toutes ces universités de #sciences_humaines ont une dotation supérieure de plus de 30 % à celle de Montpellier-III. « Si nous étions financés à la hauteur de ce que reçoit Toulouse-II, c’est 30 millions de budget annuel supplémentaire que l’on recevrait, calcule Florian Pascual, élu CGT au conseil scientifique de l’université Montpellier-III. Nous pourrions cesser de gérer la pénurie, embaucher des enseignants. »

    « Un poids pédagogique »

    En février, le conseil d’administration de l’université a voté un budget affichant un déficit prévisionnel de 5 millions d’euros. Alors que l’établissement a augmenté ses effectifs étudiants (+ 7 % sur la période 2018-2021) pour répondre au #boom_démographique, la #dotation de l’Etat par étudiant a, pour sa part, dégringolé de 18,6 % entre 2016 et 2022. Un rapport rendu en juin 2023 par l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, reconnaît « une situation de #sous-financement_chronique et un état de #sous-encadrement_structurel » . L’université doit néanmoins répondre à l’injonction du gouvernement de se serrer la ceinture. « C’est ne pas tenir compte des grandes inégalités entre établissements » , répond Anne Fraïsse.

    « Ce que nous répète l’Etat, c’est de fermer des postes, en réduisant l’administration et en remplaçant des professeurs par des contractuels ou des enseignants du secondaire. Pourtant, dans treize départements, la moitié des cours ne sont plus assurés par des professeurs titulaires, rappelle la présidente de l’université . Cela a un poids pédagogique pour les étudiants. Pour augmenter les taux de réussite, il faut créer des heures d’enseignement et mettre des professeurs devant les étudiants. »

    La pression démographique absorbée par ces universités amène avec elle une autre difficulté insoupçonnée. « Chez nous, le taux d’utilisation des amphis est de 99 %, on n’a quasiment plus le temps de les nettoyer. Alors si on devait faire des chantiers, on n’aurait tout simplement plus d’endroit pour faire cours, et c’est le cas partout » , soulève Julien Gossa, enseignant à l’université de Strasbourg. « Mais plus on attend, plus ça se dégrade et plus ce sera cher à rénover » , souligne Dean Lewis, de France Universités.

    Or, dans certaines facultés, comme en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, la démographie étudiante ne devrait pas ralentir. « Nous ne sommes pas sur un reflux démographique comme d’autres, en raison d’un phénomène d’installation des classes moyennes en grande couronne. On envisage une trajectoire d’augmentation de deux mille étudiants par an durant encore un moment. Il va falloir trouver une façon de les accueillir dignement » , souligne Jean-Luc Dubois-Randé, de l’UPEC. D’autant que, malgré les difficultés matérielles, « les profs sont passionnés et les cours très bons », assure une étudiante, en licence de psychologie à Villetaneuse.

    Conscients de cette valeur des cours dispensés et des diplômes délivrés, les enseignants contactés marchent sur des œufs. En mettant en lumière les points de craquage de l’université, ils craignent d’accélérer la fuite vers l’#enseignement_privé, qui capitalise sur l’image dégradée du public. Pourtant, « former la jeunesse est une mission de l’Etat, baisser les dépenses en direction de l’enseignement, au profit du privé, c’est compromettre notre avenir » , rappelle Anne Fraïsse.

    Le nombre de #formations_privées présentes sur Parcoursup a doublé depuis 2020, et elles captent plus d’un quart des étudiants. « Mais même si elles peuvent se payer des encarts pub dans le métro avec des locaux flambant neufs, elles sont loin d’avoir toutes la qualité d’enseignement trouvée à l’université, qui subsiste malgré un mépris des pouvoirs publics » , souligne l’enseignant Stéphane Chameron.

    La fatigue se fait néanmoins sentir parmi les troupes, essorées. « Comme à l’hôpital, on a des professionnels attachés à une idée du #service_public, gratuit, accessible à tous et adossé à une recherche de haute volée , observe le président de l’UPEC, ancien cadre hospitalier. Mais le sentiment d’absence de #reconnaissance pèse, et on observe de plus en plus de #burn-out. » De la même manière que, dans les couloirs des urgences hospitalières, les équipes enseignantes interrogent : souhaite-t-on laisser mourir le service public ?

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/05/11/des-universites-francaises-au-bord-de-l-asphyxie-ca-craque-de-partout_623255
    #ESR #France #université #facs #enseignement_supérieur #recherche

  • A moins de 30 ans, leur corps déjà abîmé par le travail : « Ça a quelque chose de déprimant de se rendre compte qu’on est toute cassée si jeune »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/04/09/a-moins-de-30-ans-leur-corps-est-deja-abime-par-le-travail-ca-a-quelque-chos

    Des salons de coiffure aux entrepôts de logistique, de jeunes travailleurs et travailleuses racontent les douleurs physiques qui envahissent leur quotidien.

    Par Alice Raybaud
    Publié aujourd’hui à 06h15, modifié à 17h04

    Temps de Lecture 7 min.

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    Désormais, chaque matin, Léa Ruiz revêt tout un attirail. Positionner un masque FFP2 sur le visage, enfiler une paire de gants en latex. Sur son agenda personnel, toujours avoir un rendez-vous chez le kiné programmé à court ou moyen terme. A 32 ans, elle n’a pas le choix si elle veut alléger les troubles physiques qui pèsent sur elle après neuf années en tant que coiffeuse.

    Les premières douleurs sont survenues très tôt, dès ses périodes de stage. Dans les salons de grandes chaînes où la jeune apprentie coiffeuse officiait – debout toute la journée et soumise à une « cadence effrénée » –, son dos a commencé à lui faire mal. Puis ses poignets et ses épaules, à force d’enchaîner les Brushing coudes relevés et sèche-cheveux à la main, et enfin ses jambes, en raison du piétinement continu. « Au début, ça s’en allait, avec du sport ou des séances de kiné. Et puis ça s’est installé, et c’est devenu des douleurs constantes », raconte Léa Ruiz. A l’orée de la trentaine, un eczéma envahit ses mains, abîmées par les shampooings, suivi de violents maux de tête, liés à l’inhalation quotidienne des produits de décoloration.

    Depuis 2020, elle a quitté l’industrie des salons de coiffure « à la chaîne » et a monté une coopérative avec d’autres collègues, décidés à penser une organisation du travail plus respectueuse : Frange radicale, à Paris, où les coiffeurs essaient de prendre davantage leur temps pour chaque coupe. Mais la jeune femme traîne toujours ces séquelles physiques, qui s’aggravent d’année en année. « Je ne vois pas bien combien de temps je vais pouvoir encore tenir comme ça », confie-t-elle.

    « Usure prématurée »

    Dans de nombreux secteurs, en particulier peu qualifiés, des jeunes travailleurs et travailleuses subissent, avant même la trentaine, les impacts précoces de leur activité professionnelle. Des domaines comme la logistique, le BTP, la vente, la restauration, l’esthétique – souvent essentiellement soit féminins, soit masculins – sont marqués par un même turnover, symptomatique de milieux qui essorent les corps en un temps record.

    Si les métiers en question sont caractérisés par une pénibilité intrinsèque, les jeunes entrants sont particulièrement exposés à ce que les chercheurs appellent une « usure prématurée » en raison de la nature des emplois qui leur sont attribués. Souvent en intérim ou en CDD, ils passent en coup de vent, découvrant à chaque contrat un nouvel environnement de travail, auquel ils ne peuvent s’adapter pleinement. Et où on leur confie souvent les tâches les plus harassantes, dont les manutentions les plus lourdes et contraignantes, comme le souligne un rapport du Centre d’études de l’emploi et du travail de 2023.

    Marc (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille), ajusteur-monteur de 25 ans, enchaîne depuis ses 19 ans les contrats d’intérim dans des usines d’automobile et d’aéronautique. Il a commencé par du travail de nuit, puis des horaires en trois-huit. « J’ai grandi dans une famille monoparentale, tout le temps avec des galères d’argent. Alors, quand j’ai vu qu’avec ce type d’emploi je pouvais toucher 2 000 euros plutôt que le smic, en tant que non-qualifié, j’ai dit oui direct. C’est un appât pour les jeunes comme moi qui cherchent à tout prix à sortir de la misère », raconte le jeune homme, passé auparavant par la vente et la restauration, « par défaut, après le refus de [ses] vœux d’études supérieures sur Parcoursup ».

    Mais avec ses horaires atypiques couplés au port de lourdes charges et un environnement de travail bruyant, il voit son corps – et son mental – s’écrouler. « C’est comme si j’étais constamment en retour de soirée, avec des difficultés à respirer, une arythmie cardiaque, l’impossibilité de trouver le sommeil. Ce rythme te détruit tout », explique Marc, qui souffre aujourd’hui de plus en plus d’une scoliose, et dont les bras et les poignets sont congestionnés à force des gestes répétés à l’usine.
    Douleurs et blessures

    Concernant en grande partie les plus jeunes, le travail de nuit aggrave tous les impacts physiques. « Certaines expositions, par exemple aux produits dangereux, font davantage de dégâts la nuit, car le corps ne les accueille pas de la même manière, et s’abîme plus vite et parfois de manière durable », observe le chercheur Serge Volkoff, spécialiste des relations entre l’âge, le travail et la santé.

    Plus d’un quart des 15-24 ans sont aussi contraints, à leurs débuts, à de l’emploi à temps partiel. « Or, ce recours au temps partiel les expose aux plus grandes pénibilités physiques et mentales », observe Anaïs Lehmann, doctorante en sociologie, qui rédige une thèse sur les travailleuses de la vente de prêt-à-porter. Dans ce secteur, le temps partiel est utilisé pour placer les jeunes aux moments de fortes affluences. « Des périodes où elles doivent soutenir une cadence élevée, debout, avec l’impossibilité de circuler correctement dans les rayons ou en réserve. Nombre d’entre elles se retrouvent avec des épaules bloquées, des douleurs aux pieds ou même des hernies discales », constate la chercheuse.

    Ces douleurs et blessures ont d’autant plus de probabilité de survenir que les jeunes connaissent moins, « du fait de leur inexpérience, les gestes de prudence, pour bien se positionner et éviter de se faire mal », constate Serge Volkoff. Si bien qu’ils se trouvent particulièrement exposés aux accidents graves et mortels au travail : trente-six travailleurs de moins de 25 ans n’ont pas survécu à un accident du travail en 2022, selon la Caisse nationale d’assurance-maladie.

    Leur statut précaire – de plus en plus fréquent et long en début de carrière – les installe aussi « dans une position de fragilité qui rend compliqué de s’opposer à leur employeur, ou d’user d’un droit de retrait quand ils se sentent mis en danger », ajoute Véronique Daubas-Letourneux, sociologue à l’Ecole des hautes études en santé publique. L’enjeu de s’extraire de cette précarité pousse d’ailleurs les jeunes à « mettre les bouchées doubles pour faire leurs preuves, sans pouvoir écouter les premiers signes de dégradation physique », pointe l’ergonome Jean-Michel Schweitzer.

    « Si tu ne vas pas assez vite, c’est simple, on ne te rappellera pas. Ça, tu l’as tout le temps en tête », témoigne ainsi Pierre Desprez, 26 ans, intérimaire pendant des années dans des entrepôts de logistique, où sa situation ne lui permettait pas de recourir aux gestes ou aux matériels de protection. « Quand tu as une cadence à respecter, tu ne peux pas toujours attendre ton binôme pour porter une charge lourde, alors tu t’y mets seul, quitte à t’esquinter le dos, explique le jeune homme, titulaire d’un CAP boulangerie et pâtisserie, secteur qu’il a quitté en raison d’une allergie à la farine, maladie fréquente chez les boulangers. En ouvrant des cartons, on s’entaillait aussi souvent les mains. Enfiler les gants de protection, puis les retirer, c’était prendre trop de retard. » Aujourd’hui ouvrier dans la métallurgie, Pierre connaît la même urgence, traduite désormais par des mains « pleines d’échardes de métal ».

    « Management du chiffre »

    Débuter dans ces secteurs, où la manutention est très présente, ou dans certains métiers d’artisanat signifie aussi devoir se plier à « une culture de l’effort et de la souffrance physique, raconte la coiffeuse Léa Ruiz. Plus tu vas te faire mal, plus ce sera dur, plus tu vas être valorisé ». La sociologue Diane Desprat, qui a étudié le milieu de la coiffure, a bien constaté que « toute manifestation de douleur chez l’apprentie ou la jeune salariée y est souvent pensée comme une manière d’apprendre le job, avec l’idée ancrée que le métier “rentre” par le corps ».

    Dans la restauration depuis ses 20 ans, Léa Le Chevrel se souvient, lors de ses débuts comme commis, s’être « usée le dos à porter des trucs super lourds, malgré [son] petit gabarit pour prouver qu’[elle] avai[t] [sa] place ». Aujourd’hui, le corps épuisé bien que toujours passionnée par le métier, « j’essaie de refuser de porter seule tel ou tel élément qu’on devrait soulever à deux, mais c’est mal vu. Tout comme le fait de prendre des arrêts maladie, tabou ultime de notre métier », explique la femme de 26 ans.

    Elle qui est passée par de nombreuses structures se rend compte que « bien des choses pourraient être faites de façon plus ergonomique, [s’il y] avait le matériel adapté, ou si seulement on se préoccupait de ce qui se passe dans les cuisines ». Mais « personne ne vient nous parler d’ergonomie et, quand on voit la médecine du travail, on nous rétorque que ces douleurs font partie du métier, que c’est normal », ajoute-t-elle.

    Bien souvent, ne pas être permanent dans les entreprises empêche aussi ces jeunes de bénéficier d’un suivi préventif. « Les directions se disent qu’avec le turnover élevé, ces jeunes ne restent pas longtemps, et donc qu’elles n’ont pas besoin de se préoccuper de leur ergonomie sur le long terme… sans comprendre que c’est aussi cette pénibilité qui renforce le phénomène de turnover », souligne la chercheuse Anaïs Lehmann.

    « Même en école, on n’a toujours pas beaucoup de cours [de prévention], remarque Lou-Jeanne Laffougere, apprentie paysagiste de 18 ans, qui souffre déjà du dos et des bras. On se débrouille un peu seuls pour trouver les bons gestes. » Cependant, Serge Volkoff observe que, même si la France est toujours « la mauvaise élève européenne en termes de pénibilité », le sujet de l’usure prématurée commence à être pris en compte : « Aujourd’hui, des employeurs font vraiment des efforts, des services de santé au travail arrivent à être proactifs sur ces enjeux. Ce qui n’est pas toujours simple, car économiser les plus jeunes sur les tâches les plus pénibles, par exemple, veut aussi dire moins préserver les anciens. »
    Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés Face à l’intensification du travail, les jeunes plongent dans un malaise profond : « Je m’enfonçais dans le travail, je n’avais plus de distance »

    A cela s’ajoute un autre phénomène : les jeunes débutent dans un marché du travail aujourd’hui marqué par une forte intensification, guidée par un « management du chiffre », qui éreinte encore davantage les corps. A 18 ans, Cloé commence sa vie professionnelle dans des chaînes low cost d’esthétique. « Il y avait une pression du “toujours plus” : c’était du travail à la chaîne, de l’abattage, où la cliente, qui vient sans rendez-vous, est reine. Avec ce rythme, impossible de bien se positionner pour s’économiser, se souvient la Toulousaine de 26 ans. Toutes mes vacances étaient dédiées à me remettre physiquement, je ne pouvais même plus aller faire du VTT avec les copains. »
    Incidences morales

    Bien vite, les conséquences physiques envahissent le quotidien, des douleurs chroniques aux séquelles liées à des accidents du travail. Le coût n’est pas uniquement physique. Léa Le Chevrel investit une partie substantielle de son salaire dans de l’ostéopathie, des massages, du yoga, ou encore de la literie haut de gamme, « pas par confort, mais par nécessité ».

    Les incidences sont aussi morales. « Ça a quelque chose de déprimant de se rendre compte qu’on est déjà toute cassée si jeune », confie Léa Ruiz qui, comme toutes les personnes interrogées, peine à imaginer un horizon professionnel. La sociologue Anaïs Lehmann ajoute : « Les jeunes de mon enquête rapportent que cette pénibilité et ses conséquences en viennent à générer des conflits conjugaux, des tensions personnelles. Mais sans savoir comment trouver une échappatoire, en raison de leur faible niveau de diplôme. »

    Le jeune ouvrier Marc, à bout, cherche à quitter ce secteur trop pénible, bien que ce soit « difficile avec seulement un niveau bac ». Il envisage malgré tout de se lancer dans une formation certifiante pour trouver un emploi de bureau, idéalement dans l’informatique. Sans perspective pour accéder à un emploi moins éreintant, Pierre Desprez, lui, dit éviter de se projeter dans l’avenir : « Parce que, honnêtement, ça me fait trop peur. »

    Alice Raybaud

  • L’accueil des étudiants internationaux, un outil de soft power politique, scientifique et économique
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/03/12/l-accueil-des-etudiants-internationaux-un-outil-de-soft-power-politique-scie

    L’accueil des étudiants internationaux, un outil de soft power politique, scientifique et économique
    Par Eric Nunès
    Publié aujourd’hui à 06h00, modifié à 07h48
    Dans sa nouvelle vie d’étudiant francilien, il ne manque à Joep Salet, 22 ans, que les vagues de la plage de Scheveningen, à La Haye (Pays-Bas) en mer du Nord où, jusqu’en 2023, le jeune homme surfait. Aujourd’hui élève en master de développement de parfum à l’Institut supérieur international du parfum, de la cosmétique et de l’aromatique alimentaire, sur le campus de Versailles, le natif de La Haye a décidé, à 17 ans, qu’il deviendrait parfumeur, « un métier qui allie sciences et création et dont les meilleures écoles sont ici et à Grasse » (Alpes-Maritimes). Dans sa classe d’une vingtaine d’élèves, il côtoie une étudiante colombienne, un Coréen, un Chinois, une Italienne… et deux Français. Dans cette niche de l’enseignement supérieur, la réputation des meilleurs établissements français n’a pas de frontière.
    Milica Ritopecki, 24 ans, ressent aussi un brin de nostalgie lorsqu’elle évoque ses soirées auprès de ses amis sur les bords du Danube, à Pancevo en Serbie. Mais en 2022, l’étudiante en bachelor de physique-chimie à l’université de Belgrade cherche en Europe « le meilleur programme européen dans [sa] spécialité ». Elle quitte la Voïvodine, province du nord de la Serbie, pour l’Ile-de-France, direction l’université Paris-Saclay et le site de Gif-sur-Yvette (Essonne). Elle n’est pas la seule. Sur 48 000 étudiants, l’établissement compte 35 % d’internationaux.
    Pour Dario Cervera Jorda, nouvellement parisien, c’est la chaleur du soleil de sa ville natale, Valence, en Espagne, qui lui fait défaut. Titulaire d’une licence de piano de l’université de sa ville, l’homme de 27 ans pose un pied au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris à l’occasion d’un échange Erasmus en 2022. En 2023, il est reçu, après concours, en master de clavecin. Le Graal, pour le jeune Espagnol. « Cette école, ouverte au monde entier, a pour tous les musiciens un statut légendaire. Ses ressources sont impressionnantes et ses professeurs exceptionnels, souligne l’étudiant. Les années d’études en son sein ouvrent beaucoup d’opportunités professionnelles », poursuit-il.
    500 000 internationaux en 2027
    A la recherche de compétences et d’établissements pour construire leur avenir, ils sont, en 2024, plus de 400 000 internationaux à avoir fait le choix de l’Hexagone pour poursuivre leurs études. Ils sont également les futurs ambassadeurs de la France et un baromètre précis de l’attractivité du pays. Selon un rapport de Campus France, l’agence nationale chargée de la promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger, publié en juin 2023, les universités françaises sont les premiers établissements à accueillir des étrangers (65 %), devant les écoles de commerce (14 %) et les écoles d’ingénieurs (7 %). Les premières zones d’origine sont l’Afrique du Nord (75 477 personnes) en 2021-2022, l’Afrique subsaharienne (71 221), l’Union européenne (46 938) et l’Asie (44 498).
    Le plan gouvernemental « Bienvenue en France » de 2018 prévoit d’accueillir 500 000 internationaux en 2027. Un objectif antinomique avec la loi sur l’immigration adoptée par le Parlement, le 19 décembre 2023, qui prévoyait un durcissement des conditions d’accès aux étudiants étrangers. La majorité d’entre eux ne restent pourtant pas en France, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui rappelle que 43 % des étrangers arrivés en 2010 avaient quitté le pays après la fin de leur séjour d’études. Et 80 % dix ans plus tard. Les dispositions les visant ont été intégralement censurées par le Conseil constitutionnel, le 25 janvier.
    Accueillir des étudiants internationaux, depuis la réforme de l’autonomie des universités en 2007, est devenu un enjeu « prioritaire », souligne Sandrine Lacombe, vice-présidente relations internationales et affaires européennes à l’université Paris-Saclay. « La restructuration de nos établissements a rendu l’enseignement supérieur français plus attractif et compétitif au niveau international. » Alors que les universités françaises étaient à la peine pour intégrer le top 50 des meilleures universités du monde, Paris-Saclay s’est hissée en 2023 à la 15e place du classement de Shanghaï. D’autant que le coût des études universitaires est modeste : 170 euros pour une année en cycle de licence, 243 euros pour une année en cycle de master pour celles et ceux membres de l’Union européenne, de l’Espace économique européen et les Suisses. Quant aux extracommunautaires, ils sont, depuis 2019, susceptibles de payer des frais majorés, soit 2 770 euros pour une année de licence et 3 770 euros un master. Mais seules treize universités sur soixante-quinze appliquent cette possibilité, quarante-deux exonérant totalement leurs élèves non européens, les soulageant ainsi d’une partie importante de leurs charges financières.
    Les grandes écoles françaises les plus onéreuses attirent également les étudiants internationaux. Sur les cinq dernières années, le nombre d’internationaux qui intègrent une école de commerce française a doublé. Neoma Business School, compte 25 % d’internationaux, qui doivent chacun s’acquitter de frais de scolarité de 16 000 euros par an. Les plus importantes cohortes sont originaires du Maroc, d’Inde et de Chine. « Ils viennent en France chercher un enseignement de qualité, commente Delphine Manceau, directrice de l’établissement. Nos institutions sont reconnues par nos pairs sur la scène internationale, c’est la garantie d’une poursuite d’études dans le monde entier et un passeport pour l’emploi. » Selon le classement des meilleures écoles de commerce européennes du quotidien britannique Financial Times, en 2023, cinq établissements français sont dans le top 10 et vingt-trois figurent dans les quatre-vingt-dix premières.
    Pour les écoles payantes, les étudiants internationaux sont une source de chiffre d’affaires devenue indispensable, d’autant que le nombre d’étudiants français baisse. En effet, les étudiants du baby-boom de l’année 2000 entrent sur le marché du travail et les bancs des écoles et des universités françaises se dégarnissent. En 2022, l’enseignement supérieur comptait 44 000 étudiants de moins qu’en 2021, selon l’Insee. « Dans une concurrence débridée avec les pays anglo-saxons et l’Allemagne, nous sommes obligés de recruter à l’étranger, sur un marché où il y a plus d’écoles et moins d’étudiants français, le gâteau à partager est plus petit », concède Elodie Saint-Yves, directrice des partenariats internationaux de Rennes School of Business.
    Cette baisse démographique inquiète également les écoles d’ingénieurs, « le vivier de bons candidats commence à se tarir, avertit Alexis Michel, président de la commission international et développement de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, former des ingénieurs et des doctorants est stratégique pour le pays. Il faut donc anticiper ! » Recruter les meilleurs étudiants étrangers est une urgence car dans cette guerre internationale des talents, « les Américains sont les maîtres en la matière » rappelle Olivier Lesbre, directeur de l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace. Les Etats-Unis accueillent 1,5 million d’étudiants étrangers. Et 21 % des étudiants du monde entier sont sur le continent américain.
    Le temps où les étudiants se contentaient de chercher le meilleur diplôme de leur pays est révolu. « Les meilleurs étudiants recherchent les meilleures écoles », poursuit Olivier Lesbre, qui compte 40 % d’étrangers en provenance de soixante-dix pays différents. « Dans cette compétition internationale, les écoles d’ingénieurs doivent également faire la preuve qu’elles sont compétitives et former en France d’excellents étudiants étrangers qui compenseront le départ des Français à l’international », souligne le directeur. Pour exister dans un monde globalisé, écoles et universités doivent attirer les meilleurs, peu importe leur lieu de naissance.
    Cette internationalisation des établissements façonne en partie les pédagogies. Les langues d’abord, « à la fin des années 1990, peu d’écoles françaises avaient des cursus en anglais, se souvient Elian Pilvin, directeur de l’école de management EM Normandie, maintenant, c’est un impératif. » Dans les écoles de commerce, les écoles d’ingénieurs et aussi à l’université. « L’attractivité internationale de Paris-Saclay nous a conduits à ouvrir des parcours en anglais », abonde Sandrine Lacombe. Ensuite, les campus cosmopolites adaptent aussi le fond de leurs enseignements, « les sujets liés à la transition écologique ne sont pas vécus de la même façon en France, en Norvège ou en Malaisie, il faut les traiter en intégrant des nuances pour une problématique qui est planétaire », expose Delphine Manceau.
    L’internationalisation des étudiants et des enseignants conduit les établissements à innover. « Tenir compte de ce qui se fait dans d’autres pays nous permet d’introduire une dimension comparée de nos enseignements et de notre recherche, cela ouvre chacun à d’autres paradigmes. Cela enrichit l’expérience scientifique autant que les mentalités », note Irini Tsamadou-Jacoberger, vice-présidente Europe et relations internationales de l’université de Strasbourg, qui compte 22 % d’élèves internationaux pour 2022-2023. Cet apprentissage de la multiculturalité permet aux Français d’être plus agiles, adaptables et sensibles à la compréhension d’autres sociétés. « C’est une meilleure préparation pour ceux qui se destinent à une carrière internationale », résume Delphine Manceau pour Neoma. Les étudiants étrangers sont également une source de revenus pour le pays. Selon une étude de Campus France publiée en 2022, ils constituent une manne financière de par leurs dépenses, dont le montant s’élève à 5 milliards d’euros par an. En retranchant les 3,7 milliards de dépenses publiques qui leur sont consacrées – aides au logement, bourses, accès aux soins de santé et les dépenses de personnels pour la diplomatie culturelle et d’influence – le solde net est évalué à 1,35 milliard d’euros en 2022.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les étudiants internationaux, manne économique pour la France
    Au-delà des besoins nationaux, l’accueil est un soft power politique, scientifique, économique et culturel. En misant sur cette jeunesse éduquée, la France construit les relais de son influence. « Ces étudiants nous permettent d’instaurer des relations paisibles et durables entre les sociétés, de nous ouvrir à des façons de penser et de faire différentes et d’apporter des clés de compréhension à nos étudiants que nous formons pour qu’ils soient des citoyens du monde éclairés », analyse Anne Chalard-Fillaudeau, vice-présidente communication de l’université Paris-VIII. « Les anciens élèves deviennent des ambassadeurs de nos universités, de nos écoles, et participeront à de nouvelles collaborations, de nouveaux projets », souligne également Irini Tsamadou-Jacoberger. La diplomatie scientifique doit être une priorité, elle passe aussi par le meilleur accueil possible des étudiants étrangers.

    #Covid-19#migration#migrant#france#etudiant#accueil#economie#softpower#politiquemigratoire#universite#sante

  • « Environ la moitié des jeunes sur le marché du travail exercent un emploi sans lien direct avec leur formation initiale »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/02/07/environ-la-moitie-des-jeunes-sur-le-marche-du-travail-exercent-un-emploi-san

    La dernière enquête « Génération » du Céreq porte sur les jeunes sortis en 2017 du système éducatif et interrogés à la fin de 2020, soit trois ans après leur arrivée sur le marché du travail. On observe qu’ils sont en moyenne plus diplômés que leurs prédécesseurs : la moitié des sortants sont diplômés du supérieur, avec une forte progression des bac + 3 et bac + 5. Certes, ils ont pris de plein fouet la crise sanitaire, qui a mis un temps l’économie à l’arrêt, mais ils s’en tirent mieux que la génération 2010, qui a subi durablement les effets de la crise financière de 2008. La génération 2017 se distingue des précédentes par un accès à l’emploi à durée indéterminée [EDI] plus rapide et plus fréquent au cours des trois premières années de vie active.
    En revanche, les inégalités sur le marché du travail restent très marquées selon le niveau et la spécialité de formation. Un #diplôme plus élevé continue de garantir de meilleures conditions d’insertion que celui qui est juste au-dessous. Le type de filière joue aussi un rôle : si un accès rapide (deux mois en moyenne) ou différé (dix-huit mois en moyenne) à l’EDI prévaut largement pour les diplômés d’école d’ingénieurs, de commerce ou encore de licence professionnelle industrielle, les parcours enchaînant les emplois à durée déterminée sont surreprésentés chez les diplômés de la santé et du social, tout comme les diplômés de licence ou de master littérature et sciences humaines.
    Les #salaires varient également avec le niveau de formation – de 1 380 euros net pour ceux qui sortent non diplômés à 3 125 euros pour les docteurs de la santé – et avec la filière de formation – les sortants de master d’art touchent 1 800 euros, quand ceux d’éco-gestion obtiennent 2 350 euros.

    Les choix de filières et de spécialités des étudiants d’aujourd’hui vous semblent-ils correspondre aux besoins du marché du travail ?

    F. L. : Les travaux du Céreq montrent de longue date que le lien formation-emploi est un processus complexe qui ne se résume pas à une simple adéquation entre une formation et un métier. Ainsi, environ la moitié des jeunes entrants sur le marché exercent un emploi sans lien direct avec leur formation initiale. L’enseignement supérieur a cette vocation à forger des compétences de haut niveau qui peuvent être transférables d’une spécialité à l’autre. Le sociologue Yves Lichtenberger l’a très bien dit dans une tribune [sur Aefinfo.fr, en mai 2022] : « On ne forme pas aux métiers de demain, on permet à des étudiants de devenir capables de les faire émerger. »

    https://justpaste.it/drfzl

    "Pour lier formations et emplois, il faut sortir de l’adéquationisme", Yves Lichtenberger, sous #paywall
    https://www.aefinfo.fr/depeche/672955-pour-lier-formations-et-emplois-il-faut-sortir-de-ladequationisme-yve

    #emploi #formation #apprentissage #étudiants #travail

    • Depuis septembre 2023, Mathieu a cherché dans le journalisme, dans la culture – pour des festivals, des institutions… En vain. Alors ce job d’étudiant dans un musée, payé au #smic_horaire – il espère effectuer vingt heures par semaine, soit de 800 à 900 euros de revenus par mois –, c’est mieux que rien. « Aujourd’hui, il y a une sacralisation des études longues, mais comme beaucoup de monde en fait, on se retrouve bloqués au moment de chercher du boulot et ensuite déclassés en matière de #salaire », déplore le jeune homme. Si ses parents, exploitant viticole et agente d’entretien dans un hôpital, étaient « très contents et fiers » de sa réussite en master, ils ne s’attendaient pas non plus à ce que la recherche d’emploi de leur fils soit si difficile.

      [...]

      Les enquêtes « Génération » du Céreq offrent, sur ce point, de précieuses grilles d’observation. Depuis 1998, le centre interroge, à intervalles réguliers, un large échantillon de jeunes adultes trois ans après leur sortie du système éducatif, la dernière enquête datant de 2020 (jeunes sortis du système scolaire en 2017). Sur le long terme, Philippe Lemistre confirme au Monde observer une augmentation du taux de chômage et une baisse du taux de cadres parmi les diplômés de #master. Pour la génération 1998, le taux de #cadres parmi l’ensemble des diplômés de master était de 56 %, il est de 49 % pour celle de 2017. Le taux de #chômage des bac + 5 était de 5 % en 1998 contre 9 % pour la génération 2017.

      « Vision idéalisée de la recherche »

      Les enquêtes font aussi apparaître une hiérarchie très nette entre filières. Dans la génération 2017, le taux de chômage est de 6 % pour les diplômés d’écoles d’ingénieurs, 9 % pour ceux d’écoles de commerce, 10 % pour ceux de master de lettres, sciences humaines et sociales (LSHS). Les différences s’agissant du taux de #déclassement, qui concerne les diplômés n’occupant pas un emploi de cadre trois ans après la fin de leurs études, sont encore plus spectaculaires : ce taux est de 41 % pour les masters LSHS, 28 % pour les masters en sciences et techniques, 26 % pour les écoles de commerce et 9 % pour les écoles d’ingénieurs.

      Ces difficultés contribuent à l’inadéquation fréquemment observée entre les #études réalisées par les jeunes et les #emplois qu’ils occupent. De tous les diplômés de master, moins de la moitié va travailler dans son domaine de spécialité, relève Philippe Lemistre. Charles (qui a souhaité garder l’anonymat), 29 ans, a été poussé par sa mère à suivre de longues études, la garantie à ses yeux de trouver un bon boulot. Après une tentative infructueuse en fac de médecine, puis une licence en biomédical, il a passé un master en neurosciences cognitives à Bordeaux, avant de s’inscrire en doctorat au Centre de recherches interdisciplinaires de Paris (l’actuel Learning Planet Institute). Puis d’abandonner après quelques mois.

      « J’avais une vision idéalisée de la recherche, qui est en réalité un secteur très compétitif, mal payé et offrant peu de débouchés. Je dirais que 80 % du temps d’un chercheur est consacré à faire des demandes de subventions pour financer son travail », fait valoir Charles. Aujourd’hui, le jeune homme est chef de projet dans le social et s’il n’a pas « galéré », comme il le dit, à trouver un boulot, c’est aussi grâce à un cadre familial très aidant et un bon réseau amical. Malgré tout, « les études ouvrent des portes et un bac + 5 donne une légitimité quand on postule à des postes de cadre », reconnaît-il.

      Si la massification de l’accès à l’enseignement supérieur s’est traduite par un accès plus important des enfants des classes populaires aux diplômes de bac + 5, elle a aussi encouragé « des logiques de plus en plus discriminantes en termes d’origine sociale et de genre », ce que Philippe Lemistre appelle « la démocratisation ségrégative ». Dans la mesure où le nombre d’années d’études après le bac n’est plus un critère absolu de distinction, il faut, pour les enfants des classes sociales supérieures, trouver d’autres façons de sortir du lot. Cela passe par les choix de filières, de spécialités, d’écoles, d’expériences à l’étranger, etc.

      edit => double cursus en master pour ’"faire la différence"

      https://justpaste.it/g1uy6

      #études #université #étudiants #stages #césure #démocratisation_ségrégative #précaires #prolétarisation

    • Encore la même rengaine imbécile que depuis le début de la massification de l’université sur les formations universitaires qui ne débouchent pas sur des emplois de la discipline étudiée. Cette vision étroitement professionnelle ne pige rien aux exigences de polyvalence et de d’adaptabilité du marché du travail (savoir se former dans des champs renouvelés, quitte à ce que ce soit « sur le tas », ou fil des #parcours, dirait-on plutôt aujourd’hui).

      Le mauvais côté, c’est que la surqualification par rapport aux emplois réellement exercés menace l’ordre social.

      #formation #polyvalence #sélectivité