• La farce des droites parlementaires
    https://www.youtube.com/watch?v=XxY26EPfbnM

    La séance à l’Assemblée nationale consacrée au débat sur la censure fut un parfait décor Potemkine de vie parlementaire, un assaut d’armée d’opéra des droites contre la gauche. Erreur de cible ? Non. Seul le refus du NFP les unit car le soutien à Barnier n’existe pas. Au total, ce fut un gargarisme assez laborieux avec une pauvre poignée d’éléments de langage. À cela s’ajoutait de temps en temps l’évocation de mon nom pour rajouter une odeur de soufre indispensable pour l’ambiance dans la troupe. J’arrête ici la jubilation qui m’anime à les voir si lourdement empêtrés dans leur décomposition politique. Leurs mines pendant le discours tranchant de Clémence Guetté était un régal. Je reviens à plus froid et comptable.

    Ces messieurs dames ont évoqué leur « majorité » relative « plus forte que celle du NFP ». Pastille avalée tout rond par les répondeurs automatiques médiatiques. Problèmes : où sont ces 230 députés invoqués par les orateurs pour montrer les muscles de la nouvelle entité gouvernementale  ? Se souvient-on que le groupe LR s’est enregistré à l’Assemblée comme groupe d’opposition jusqu’au soir du débat de censure ? Et refusait d’en changer comme cela lui avait pourtant été demandé en bureau de l’Assemblée dans un souci de clarification et de répartition du temps de parole ? Rectifié depuis. Est-on cependant certain pour autant de leurs votes quand vont arriver les documents budgétaires avec la hausse des impôts à laquelle tout ce petit monde se dit absolument réfractaire  ? Sans parler des amputations de dépenses. Les élus locaux de cette famille sont-ils prêts à cinq milliards d’amputation des budgets des collectivités locales  ? Je cite ici ce poste pour rappeler combien, si LR existe encore, c’est d’abord au Sénat où l’on est très connecté avec ces collectivités. Et elles votent dans deux ans pour élire la prochaine vague de sénateurs. Ce sera en pleine application du budget de cet automne. Ensuite, quels sont les députés des groupes macronistes volontaires pour le suicide électoral qui les attend après un budget d’économie de quarante milliards  ? Surtout après les déclarations de Gérald Darmanin et de ses amis déclarant ne pas vouloir voter le budget si les impôts augmentent. Et qui parmi les autres candidats de 2027 présents sur ces bancs est prêt à céder le monopole du bon cœur pour les riches et les entreprises  ? Rendez-vous jeudi soir à 18h quand les documents arriveront officiellement à la commission des finances où siège tout ce beau monde. De plus, tout cela aura lieu dans une ambiance à couper au couteau. Car la discussion budgétaire a déjà quinze jours de retard. C’est dire que les auditions, les amendements et les négociations de couloir vont se dérouler dans une ambiance de pression absolue. Un avant-goût de cette violence est donné par le délai entre l’arrivée du budget et le début de sa discussion en commission : 15 heures ! Un délai en bonne partie nocturne entre 18 heures le jeudi et 9 heures le lendemain matin. En avant pour une première nuit blanche budgétaire.

    D’une façon générale, j’apprécie la contribution à la confusion que nous procure l’amandine discrétion médiatique sur ce sujet. Comme d’habitude, cela aggravera la perception erronée que ces gens veulent avoir de la réalité. La voici pourtant en résumé : une nouvelle coalition est censée réunir un groupe parlementaire ultra minoritaire qui a le premier ministre. Mais celui-ci se déclare d’opposition. Et il est censé être uni à un archipel de groupes parlementaires présidentiels soutenant son choix de Premier ministre. Mais dont ils ne veulent pas voter le budget. Et pour finir tout ce château de carte repose sur la bonne volonté du groupe RN qui refuse la destitution et même la censure mais annonce qu’il va y recourir bientôt. Un gouvernement illégitime appuyé par une majorité relative qui n’existe pas, voilà qui est intéressant à vivre. Le projet de budget est donc condamné d’avance, quel qu’il soit. Il y aura 49.3 : Barnier l’a annoncé sur France 2. Et la censure sera proposée. Le NFP la votera et le RN aussi. Sans compter d’autres. Quel avenir excitant pour Barnier et ceux qui lui resteront acquis avec abnégation !

    Au demeurant, qu’est-ce qu’une « majorité » gouvernementale sans programme ? Car de programme, il n’y en a pas ici. Ni même l’ombre d’un. Car la déclaration politique du Premier ministre n’a été soutenue telle quelle par aucun orateur. Tous ont demandé à voir et déclaré qu’ils jugeraient sur les actes. Du coup, le Premier ministre n’a demandé aucun vote de confiance à l’Assemblée. C’est le troisième Premier ministre macroniste qui se défausse ainsi. Donc ni majorité, ni programme, ni confiance. C’est grand  ! Et face à cela, un chapelet d’orateurs, fustigeant le NFP qui ose proposer la censure. Comme si ce vote n’était pas, lui, une obligation. C’est du moins ce qu’avait dit Georges Pompidou la fois où il s’était dispensé de vote de confiance. Il avait affirmé dans son discours que la contrepartie évidente était la censure comme devoir pour ceux qui lui auraient refusé la confiance. Pourtant, pas un instant la morgue ignorante des orateurs des droites ne s’est relâchée. Proposer la censure ce serait « semer le chaos » ont répété sans imagination les porte-paroles des groupuscules présidentiels. De tels parlementaires ne méritent pas mieux que les mauvais traitements que le président de la République leur inflige.

    Mais avouons que la question du programme commun inexistant entre les droites qui prétendent pourtant « gouverner pour faire la seule politique possible » n’est pas un travers dont elles seraient les seules coupables. Au « centre gauche » c’est-à-dire à la droite du PS, la situation est la même. Une ribambelle de grands esprits haineusement hostiles au NFP (et bien sûr particulièrement à Mélenchon) ont pris la pause au moment d’annoncer la création de leur parti : eux sont « la gauche de gouvernement » comme le disent les bandeaux des chaînes d’info. Un gouvernement Delga ? Un gouvernement Hollande  ? Un gouvernement Bouamrane ? Oui mais pour quoi faire  ? Pour quel programme  ? Voilà précisément ce qu’ils ne sauraient dire. Et que personne n’a l’insolence de leur demander. Voici à son tour une « gauche gouvernementale » de décor carton-pâte. Trônes en carton, épées en bois. Résumons : la « gauche de gouvernement », qui se soucie de « ne pas être celle du tout ou rien », n’a ni candidat premier ministre, ni programme de gouvernement. Mais la gauche « de posture », celle « qui ne veut pas gouverner », propose pourtant l’un et l’autre. La première est en désaccord avec la seconde mais on ne sait pas sur quoi. Elle dénonce les déclarations d’un certain « Jean-Luc Mélenchon » omniprésent dans ses discours, sans jamais dire lesquelles. Elle signe des accords électoraux, mais les dénonce aussitôt élue, et jure que c’est la dernière fois. Après quoi son principal seigneur féodal, Carole Delga se sent autorisée à dire que les insoumis « n’ont aucune parole ». Les électeurs seront heureux qu’on le leur rappelle le moment venu.

    Bien sûr, ceux qui ont la patience de suivre des yeux ce cortège de #carnaval-politique s’en dégoûtent vite. Ce sont autant de composantes du renouveau d’un dégagisme qui sera sans précédent. Aussi longtemps que Macron s’accrochera à son trône, un intense exercice d’éducation populaire continuera dans ce sens. L’expérience mondiale sur le sujet est que cela ne fonctionne jamais en faveur des revenants zombie et fantômes du passé où s’est construit la farce gouvernementale en cours.

    https://melenchon.fr/2024/10/09/la-farce-des-droites-parlementaires
    #électoralisme

    • Élargir les bases socio-électorales de la gauche : nécessités, difficultés et incertitudes |Tristan Haute
      https://www.contretemps.eu/elargir-bases-socio-electorales-abstention-gauche-front-populaire

      Particulièrement depuis les dernières élections, les stratégies électorales de la gauche font l’objet de nombreux débats, qui dessinent des orientations distinctes parmi les forces et les personnalités qui composent le Nouveau Front populaire. Sur la base de résultats récents de sociologie électorale, le chercheur en sociologie politique Tristan Haute pointe le potentiel électoral des actuels abstentionnistes pour la gauche.

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      Si l’alliance (très large) de gauche est arrivée en tête du second tour des élections législatives des 30 juin et 7 juillet dernier, son résultat en voix au premier tour (28 % des suffrages exprimés) a suscité d’importantes interrogations au sein de la gauche et dans le champ scientifique. Ainsi, de nombreuses critiques se sont faites entendre en opposition à la stratégie choisie, en particulier par la France Insoumise, de privilégier la mobilisation des « abstentionnistes déçu·es » aux « classes populaires traditionnelles »[1].

      En pratique, certain·es proposent de s’adresser davantage aux déçu·es du « macronisme », ce qui nécessiterait selon elles et eux d’amoindrir les ambitions économiques du programme du NFP en matière de rémunération et de protection sociale en faisant des « compromis » sur ces questions. D’autres proposent, pour élargir les bases électorales du NFP, de s’adresser aux classes populaires salariées ou retraitées, blanches et rurales qui se seraient détournées de la gauche au profit du RN.

      Cela nécessiterait de mettre au second plan les discours et mesures programmatiques en matière de discrimination, d’immigration, voire d’environnement ou d’aide sociale. Les tenant·es de ces positionnements, en partie contradictoires, sont d’autant plus audibles dans le débat public qu’ils et elles s’accordent sur la nécessité électorale d’affaiblir la place de LFI au sein du NFP, voire de l’en écarter. Il faut dire que LFI prône très officiellement une troisième stratégie : la mobilisation de ce qu’elle nomme le « quatrième bloc », composé des électeur·ices qui ne se rendent pas aux urnes (abstentionnistes ou non inscrit·es).

      C’est notamment cette stratégie qui explique l’attachement fort de LFI à un respect du programme du NFP mais aussi l’importance que le mouvement accorde à une pluralité d’enjeux (pouvoir d’achat, protection sociale, environnement, discriminations, services publics…). Il est certes difficile de discuter de la pertinence des modalités pratiques d’une stratégie de mobilisation des abstentionnistes, faute d’enquêtes quantitatives ou qualitatives permettant de saisir l’hétérogénéité sociale et politique de ce « quatrième bloc ».

      Mais l’analyse d’une nouvelle enquête post-électorale, réalisée à l’issue du scrutin législatif par Cluster 17, nous montre, à la suite d’une première enquête, que, pour la gauche, il est plus que jamais nécessaire de penser une stratégie s’appuyant avant tout sur la mobilisation de celles et ceux qui se situent en retrait des urnes.

      « Droitisation » et rejet de LFI, des présupposés à nuancer ...

  • Dernier avertissement au capitaine du Titanic - Melenchon.fr
    https://melenchon.fr/2024/08/18/dernier-avertissement-au-capitaine-du-titanic

    Pourtant le moment de la vérité de la décision démocratique des législatives s’imposera. Elle viendra par cette procédure de destitution et par la censure du gouvernement que Macron aura choisi pour usurper « la volonté générale » de plus des deux tiers des électeurs qui l’ont rejetée. Elle viendra. Et dans la marche vers ce moment, chaque étape, chaque instrument du débat public aura sa part. L’avertissement lancé par LFI a déjà eu un résultat : radicaliser le PS, qui est dorénavant acquis à une motion de censure qu’il croit préférable à la procédure de destitution. C’est un bon résultat. La censure est donc assurée d’être adoptée. Autant dire d’ores et déjà que les gesticulation présidentielles ont déjà bien moins d’avenir encore ! Il est donc certain que ceux qui auraient décidé de monter à bord du Titanic pour finir l’excursion vont sans doute réviser leurs rêves de pouvoir. Rien n’est plus sûr à bord, sinon le naufrage. Et il ne suffit pas de savoir nager en eaux troubles pour s’en sortir !

    • Tu lis toute la journée les déblatérations de ceux qui ont le micro ouvert et tu te sens en décalage, l’impression d’être dans le film Idiocratie, comme je le disais ce matin.

      Puis, tu lis ce que l’ogre de LFI écrit. La plupart du temps, tu te l’interdit, parce qu’il paraît que c’est lézècstrèmes et que c’est une sorte de secte, et que bon, je suis laïc et républicain, alors hein, on va garder l’esprit ouvert et faire ce que les gens équilibrés font, c’est à dire refuser de suivre lézècstrèmes. Et tu te demandes comment son micro à lui, il n’est pas ouvert plus souvent, parce que bon sang, mais c’est que ce qu’il écrit semble tenir droit, sans nécessité de tordre la réalité et ça, ça fait tellement bizarre, que vite, allons lire les dernières saillies de Darmanin, peut-être qu’il va nous argumenter qq chose pour une fois (non).

  • Construire la gauche de rupture
    https://www.contretemps.eu/construire-gauche-rupture-nouveau-front-populaire

    Les élections législatives et leur résultat inattendu ont créé une nouvelle situation politique et accéléré la crise du macronisme, mettant la gauche face à ses responsabilités. Dans cette tribune, Cédric Durand, Razmig Keucheyan et Stefano Palombarini avancent quelques propositions pour construire la gauche de rupture, insistant en particulier sur le rôle central que peut et doit jouer la France insoumise.

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    La situation politique évolue à toute vitesse. Quatre éléments la caractérisent :
    1/ Le RN est en embuscade. Son échec – relatif, puisqu’il a doublé le nombre de ses députés – aux élections législatives résulte notamment de deux facteurs. D’abord, des législatives sans présidentielles, où donc la dynamique de ces dernières ne se transmet pas aux premières, favorisant de ce fait les partis les plus territorialisés. Ensuite, un efficace « barrage républicain », construit avant tout par la gauche. Ces facteurs ont contenu pour cette fois la progression du RN dans certaines limites, mais rien ne garantit leur pérennité et leur efficacité à l’avenir. Surtout, la fascisation progresse dans la société, avec notamment la multiplication des actes et propos racistes au quotidien. Et des secteurs entiers de la bourgeoisie basculent, à l’image du morceau des LR emmené par Ciotti ou de l’accueil positif du CAC 40 à la perspective d’un gouvernement RN au soir du premier tour.

    2/ Le macronisme s’effondre aussi rapidement qu’il est apparu. Le « bloc bourgeois » a toujours été une illusion, mais démonstration est faite désormais qu’il n’a de majorité ni dans le pays ni au sein des institutions. Tant mieux, une repolarisation droite-gauche devrait clarifier le champ politique pour les échéances électorales à venir.

    3/ Donné pour mort en 2017, le Parti socialiste est de retour. En nombre de députés, il fait désormais quasi-jeu égal avec LFI. Il contrôle cinq régions, un grand nombre de villes, et est la deuxième force politique au Sénat. L’hypothèse fondatrice du NPA puis de LFI, selon laquelle la crise de la social-démocratie laisserait mécaniquement le champ libre aux forces radicales à gauche, est clairement démentie. Notre approche stratégique doit être repensée de fond en comble. La gauche radicale n’est pas seule à gauche, il faut intégrer cette donnée une fois pour toutes dans notre logiciel.

    4/ Malgré une progression importante en nombre de voix aux européennes 2024 par rapport à 2019, le rapport de force pour LFI au sein de la gauche s’est détérioré depuis la dernière présidentielle. On le constate, entre autres indicateurs, dans sa difficulté à imposer ses choix aux autres composantes du Nouveau front populaire en matière de désignation du premier ministre et de la présidence de l’Assemblée Nationale. Quelle différence par rapport aux législatives de 2022 ! Le spectacle lamentable de purges menées au plus mauvais moment n’a pas aidé. Il a donné l’impression que LFI s’en prenait aux plus proches politiquement, plutôt que d’employer ses efforts à combattre les fascistes et à renforcer, dans l’espace de la gauche, les positions de ceux qui souhaitent une rupture nette avec la trajectoire néolibérale.

    Ainsi, quatre blocs peuvent désormais être identifiés dans le champ électoral : le Rassemblement national ; une droite autrefois connue sous le nom de « républicaine », à l’intersection entre un macronisme en crise terminale et LR, dont Édouard Philippe est l’incarnation ; une gauche néolibérale assumée, dont la campagne européenne de Raphaël Glucksmann est le paradigme ; et la gauche de rupture. Les bords de ces quatre blocs sont évolutifs. S’ajoutent à eux les abstentionnistes, premier parti au sein des classes populaires.

    LFI est le cœur du bloc de la gauche de rupture. Mais ce bloc est le seul, sur le plan idéologique, à se situer en dehors d’un paradigme néolibéral qui, s’il donne des signes d’une crise probablement irréversible, demeure celui qui structure la vision du monde du plus grand nombre. Il ne faut donc pas se cacher que le bloc de la gauche de rupture demeure en situation de faiblesse sur le plan de l’hégémonie. Il est de ce fait essentiel d’élargir son périmètre, et de ce point de vue une responsabilité fondamentale revient à LFI.

    Cela passe par un travail politique en particulier en direction des abstentionnistes, jeunesse et classes populaires, remarquablement mis en œuvre par LFI ces dernières années. Mais pour monter en échelle et espérer gouverner, il faut également agréger des forces politiques et sociales constituées, avec chacune leur influence dans divers secteurs sociaux et dans le champ politique : syndicats, associations et autres composantes de la gauche, soit le PCF, une partie des écologistes au moins, certains socialistes, le NPA et les insoumis « dissidents ».

    L’ensemble de ces forces pourraient prendre dès septembre l’initiative de constituer des Assemblées du Nouveau front populaire, une alliance qu’il s’agit d’ancrer durablement dans la perspective de la rupture avec le néolibéralisme ; et LFI pourrait être avec d’autres la cheville ouvrière de la construction d’une véritable base populaire de ce qui n’est, pour l’instant, qu’un accord entre appareils. L’un des obstacles sur cette route est la nature de LFI qui, si elle fonctionne comme une machine électorale redoutable et extrêmement efficace, n’est quasiment pas structurée à la base.

    Or le « gazeux » ne résistera pas au fascisme qui vient : si on veut le combattre efficacement, et plus généralement créer les conditions de la transformation au sein de l’appareil étatique et de la société toute entière, on ne pourra faire l’économie de la construction d’une organisation digne de ce nom. Les Assemblées du Nouveau front populaire pourraient enclencher une dynamique de cet ordre. Cela n’empêche pas les organisations existantes de continuer à exister et interagir. Mais cela créera un ancrage à la base, obligeant les appareils à tenir compte de l’intérêt du Nouveau front populaire dans son ensemble. Pour peser efficacement et durablement sur le devenir de la gauche, dans ces Assemblées du NFP et au-delà, LFI devra donc se transformer.

    L’idée, très présente dans le groupe dirigeant de LFI, que la construction du mouvement s’opère par « clarifications » successives, où les personnes et collectifs qui ne suivent pas la ligne décidée par Jean-Luc Mélenchon et son entourage sont progressivement exclus, s’est révélée efficace lorsqu’il s’agissait de construire une perspective pour une gauche de rupture, en la sauvant du naufrage du hollandisme. Mais elle est en totale contradiction avec les exigences de la phase politique que nous vivons. Il s’agit pour LFI, aujourd’hui, d’assumer le rôle d’organisateur et de pivot d’un bloc social qui, pour s’élargir, doit admettre une certaine diversité en son sein.

    Le critère de la stricte fidélité à la ligne décidée par un petit nombre de personnes ne fait que favoriser la renaissance de ses concurrents, au premier rang desquels le Parti socialiste et les écologistes. Il nous faut construire l’hégémonie à gauche et dans le pays dans un même mouvement. Or l’hégémonie est le contraire de l’exclusion : elle suppose d’agréger des forces politiques et sociales diverses, tout en exerçant sur elles ce que Gramsci appelait une capacité de direction, et en leur imposant nos thèmes.

    Seule la gauche de rupture peut sauver le pays des crises multiples qu’il subit. Pour cela, nous avons besoin d’une LFI confiante dans la force de ses idées et de sa capacité d’organisation. Sur le plan idéologique, sa capacité à faire bouger les lignes se cristallise dans les programmes communs de 2022 et 2024 qui rompent sans ambiguïtés avec le néolibéralisme.

    Sur le plan organisationnel en revanche, le mouvement patine, comme en atteste l’incapacité à enclencher une dynamique d’élargissement cumulative. L’ancrage dans différents milieux s’incarne dans des figures qui fonctionnent comme des symboles, mais pas dans la structuration concrète. Pour croître, c’est-à-dire agréger et mettre en mouvement dans l’organisation des secteurs sociaux diversifiés, LFI doit instaurer un pluralisme interne, basé sur des règles collectivement décidées. Gage d’efficacité, ce pluralisme lui permettra de rayonner au-delà des frontières du mouvement.

    Le fonctionnement de LFI repose sur un petit appareil, composé tout au plus d’une dizaine de personnes aux capacités de travail hors du commun, qui organisent l’engagement de milliers de militants dévoués à la cause. Ce type d’organisation n’est pas adapté à l’ambition de construire une hégémonie réelle et durable sur la gauche et dans la société. Il faut élargir et déléguer, et pour cela construire des formes de légitimité qui ne passent plus seulement par le contact direct avec Jean-Luc Mélenchon et son entourage immédiat.

    Concrètement cela signifie que LFI doit sans attendre formaliser les principes de son fonctionnement, avec des règles effectives de contrôle démocratique de la direction et des moyens du mouvements. Cette formalisation est la condition sine qua non pour que la dynamique politique interne ne se résume pas à un jeu de faux-semblants, dans lequel la contrepartie de l’activisme militant est une forme de dépolitisation. En l’absence de possibilité d’influer sur le destin du mouvement, le corps militant est infantilisé et les forces vives se retirent.

    Cette perspective n’implique nullement que LFI deviendra une organisation de « bavards » et de coupeurs de cheveux en quatre, ou encore qu’elle sera en proie aux ambitions personnelles des uns ou des autres, ni qu’elle sera obligée de chercher des synthèses improbables entre courants rivaux. C’est le contraire. La délibération et les ambitions peuvent et doivent être contenues dans des limites strictes, et l’histoire de la gauche ne manque pas d’exemples d’organisations qui, tout en admettant un certain degré de débat et de confrontation à l’intérieur, ont su marquer de leur empreinte la société française. L’action collective suppose l’intelligence collective, c’est le mélange des deux qui augmentera la capacité hégémonique de LFI.

    • Semaine de déroute macroniste

      ... Dans cette bataille, le NFP a eu le dernier mot ! Et de quelle façon ! Il a conquis la majorité au bureau de l’Assemblée. Du coup, à peine élue, la nouvelle présidente se voit imposer une cohabitation politique d’un genre aussi nouveau que tout le reste du moment politique. Le pouvoir à l’Assemblée passe dans les mains du Nouveau Front Populaire. Le bureau qu’ils dominent désormais est un de ces hauts lieux du pouvoir institutionnel. Mille et une choses souvent décisives en dépendent. Au total, les insoumis y trouvent bien leur compte avec deux vice-présidences, deux secrétaires et la Présidence de la commission des finances. Bien sûr, chaque composante du Nouveau Front Populaire fait de même. Mais pour les insoumis, c’est une victoire contre l’ostracisation qui leur avait été promise. Ajoutée à l’élection de neuf députés européens, de la présidence du groupe de la gauche radicale européenne et de la vice-présidence du Parlement européen, le Mouvement peut se réjouir d’avoir confirmé et nettement amplifié son implantation dans les institutions où s’appuie son déploiement vers le pouvoir gouvernemental. Quant au RN, un cordon sanitaire de fait a eu raison de toutes ses ambitions. Coup double pour nous. Victoire quasi complète.

      Ce contexte prépare les éléments d’une crise de régime. Elle vient de plus loin que l’instant, c’est certain. Mais les choix et comportements du président Macron accélèrent l’évolution des événements dans cette direction. En refusant la nomination d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire et en menaçant de faire tomber aussitôt celui qui pourrait être constitué, on voit se dessiner tout un engrenage. La censure d’un gouvernement de gauche provoquerait ensuite, tout aussi mécaniquement, la censure d’un gouvernement des macronistes et de la droite. Et ainsi de suite. Comme il est impossible de dissoudre de nouveau avant un an selon la Constitution, le seul moyen de sortir de cette situation sera que le président parte pour que de nouvelles élections puissent avoir lieu. On mesure l’enchaînement incroyable des faits, qui partent du résultat d’une élection européenne pour arriver à la démission d’un président, après un, deux ou trois bugs parlementaires.

      C’est là une crise de régime parce qu’elle montre l’impossibilité de régler les problèmes politiques par une méthode acceptée par tous qui ne propage pas l’incendie. Il est clair que cette situation vient de bien plus loin que les événements du passé très récent. Mais je n’irai pas plus avant aujourd’hui. En tout cas c’est pourquoi je crois que personne ne prendra si facilement le risque de faire tomber un gouvernement de gauche. À quoi s’ajoute ceci : toutes les mesures de son programme qui en donneraient le prétexte sont plébiscitées. Dès lors, la chute serait payée très cher par ceux qui l’auront provoquée. En attestent les mouvements opportunistes que l’on observe quand un Darmanin finit par admettre l’idée de l’augmentation du smic par exemple. Et de cette façon nous pouvons, mesure après mesure, trouver des majorités sans avoir besoin d’en rabattre sur le programme.

      Si l’on comprend notre conviction à ce sujet, on comprend pourquoi nous n’avons pas accepté la ligne selon laquelle il fallait baisser l’exigence sur le programme pour avoir une garantie de durée gouvernementale à la faveur d’arrangements de couloirs. La façon de présenter cette ligne, comme le fit Olivier Faure, déclencha une alerte générale dans nos rangs. En effet, il utilisa le terme « d’extrémisme sur le programme » à propos de la formule insoumise « le programme rien que le programme mais tout le programme ». « Extrémisme » le respect de la parole donnée aux électeurs et entre nous à la signature du programme ? Cette stratégie entrait en phase avec la ligne tracée par la tribune de 70 intellectuels, quelques jours avant que n’apparaisse la candidature bien organisée médiatiquement de Laurence Tubiana, comme l’a bien décrit Médiapart. Cette tribune reprend l’architecture proposée par Macron quelques jours plus tôt, ce qui valut à Laurence Tubiana signataire du texte de se faire accuser de macronisme (ce que je ne fais pas).

      Le titre en est un bon résumé. « Le Nouveau Front populaire doit sans tarder tendre la main aux autres acteurs du front républicain pour discuter d’un programme d’urgence républicaine ». Macron ne dit pas autre chose. Bien sûr ce texte comporte des traits de gauche qui le situe bien. Mais la méthode proposée sur la base de cette convergence du front républicain tourne le dos à ce que nous avons construit avec la NUPES puis avec le NFP. Le programme est directement le premier ciblé. « Le 7 juillet, les Françaises et les Français ont fait des députées et députés du NFP la première force à l’Assemblée nationale. Ils et elles n’ont pas donné cependant de majorité absolue au NFP et donc de mandat pour appliquer la totalité de son programme, comme cela avait pu être le cas en d’autres temps ». Le lien logique n’est pas évident. En quoi la « totalité » du programme est-elle concernée ? Le texte s’en explique : « Dans un tel contexte, il n’est pas envisageable de commettre l’erreur justement reprochée à Jacques Chirac en 2002 et à Emmanuel Macron en 2017 et 2022, qui, aussitôt élus, avaient oublié les voix de gauche ayant permis leur élection ». On comprend l’intention : le NFP ayant bénéficié de voix de droite face au RN, il doit en tenir compte car ceux-ci n’ont pas voté pour le programme de la gauche. Problème évident : il en va de même pour les électeurs de gauche qui ont voté pour des députés de droite face aux RN… Demande-t-on aux députés de droite d’en tenir compte et de changer leur opposition de principe au programme du NFP ? Non, cette exigence n’est présentée qu’à nous seuls. Pourtant mieux vaudrait s’en tenir au résultat lui-même plutôt qu’aux spéculations sur son origine. C’est par nature même le sens d’un vote qui additionne toutes sortes de motivations. Seul compte le bulletin choisi et son seul mandat ne porte que sur une chose précisément : le programme à appliquer et rien d’autre. C’est bien pourquoi le « Front républicain » est toujours si compliqué à « avaler » dans bien des cas. Et c’est pourquoi il ne faut surtout pas le présenter ensuite comme une alliance politique. Car cela c’est exactement ce que dit Marine Le Pen quand elle dénonce dans ce front un « parti unique ». Reprendre son analyse, c’est lui ouvrir la voie dès la prochaine occasion où ce front devrait de nouveau devenir nécessaire contre elle. Les donneurs de conseils devraient réfléchir aux conséquences à long terme de leurs naïves préconisations.

      Ensuite les 70 formulent leur projet de nouvelle alliance. Ils plaident d’abord l’urgence de monter un gouvernement. Nous ne pouvons qu’être d’accord. Pour cela, ils formulent sans détour leur projet de nouvelle alliance « élargie ». Ils écrivent noir sur blanc : « C’est pourquoi, le NFP doit sans tarder tendre la main aux autres acteurs du front républicain pour discuter d’un programme d’urgence républicaine et d’un gouvernement correspondant ». Et cela ne peut se faire qu’après des reculs annoncés d’avance sur le contenu du programme. C’est écrit en toutes lettres également. « Le point de départ d’une telle négociation sera bien sûr, du côté du NFP, son programme, mais chacun et chacune d’entre nous sait, et admet par avance, que ce ne sera pas le point d’arrivée dans tous les domaines. Et très peu nombreux seront celles et ceux qui, dans le pays, tiendront rigueur au NFP d’avoir dévié de ce programme sur tel ou tel sujet si cela permet que la France soit gouvernée de manière stable et apaisée ». Stabilité et apaisement contre feuille de paye ? C’est là naturellement une figure de style. Qui imagine l’apaisement des nouveaux assujettis à un impôt progressif sur la fortune ou des actionnaires privés de leur flat tax et exit tax ? Bref, qui imagine le capital apaisé louant l’amabilité retrouvée par la gauche ? Pourtant les signataires veulent croire à une telle illusion. Je ne doute pas de leur sincérité. Ils en font une affaire de bonne volonté à partager : « Nous avons la conviction, écrivent-ils, que si la volonté politique est suffisante, il est possible de trouver un accord pour un tel gouvernement d’urgence républicaine ». Ce serait même la condition pour « rétablir dans le champ médiatique les conditions d’un débat public serein et de qualité ». Si Bolloré, Hanouna et Pascal Praud n’ont pas éclaté de rire, c’est parce qu’ils n’ont pas lu le texte. En tout cas, tout ceci forme une ligne qui a sa cohérence, ses porte-parole et sa presse d’appui qui sait, elle, très bien ce que ce texte veut dire. Et cela explique son soutien total aveugle à la candidate première ministre sur cette ligne. On le note d’autant mieux que l’on observe sans mal le silence organisé à propos d’Huguette Bello.

      J’ai mis noir sur blanc l’essentiel de nos arguments pour aider à comprendre pourquoi nous avons manifesté une telle réticence à l’égard de la désignation de Laurence Tubiana. Cela n’a rien à voir avec sa personne ni son talent puisqu’aucun d’entre nous ne la connait, ni ne l’a pratiquée dans une action commune. Notre réticence est politique. Et quand on nous dit « entendez-vous » ce message ne se comprend pas. S’entendre sur quoi ? Sur la ligne des 70 ? Il n’en est pas question. Nous l’avons dit sans détour là aussi. Pas de Front républicain devenant une alliance politique. Car ce serait renoncer au programme et recommencer le cycle de la gauche qui ment. Sans nous.

      Madame Tubiana a déjà été victime de la méthode dont nous ne voulons pas. Elle était bien placée pour nous comprendre. N’était-elle pas la présidente de la convention citoyenne sur le climat ? N’était-il pas question que toutes ses conclusions soient adoptées « sans filtre » ? Mais d’aucuns acceptèrent ensuite que « tout ne soit pas possible tout de suite ». Qu’en resta-t-il ? Rien. Ne fut-elle pas parmi les négociatrices de la COP 21 pour la France, à côté de nos diplomates ? Qu’en resta-t-il après sa négociation dans le cadre « stable » de la commission européenne et les négociations « apaisées » du Conseil européen ? Moins que rien. L’expérience doit nous servir.

      Laurence Tubiana a depuis renoncé à sa candidature. Pour les insoumis, il ne reste aucune animosité entre nous et elle. Nous avons apprécié son rôle de diplomate dans la COP 21 et dans la Convention. Mais le désaccord politique en cause touchait au cœur de ce qui est en cause depuis vingt ans dans les débats et combats de la gauche. Juste un désaccord politique. J’espère l’avoir expliqué avec assez de clarté pour être compris de ceux qui veulent comprendre ce qui se passe vraiment hors des circuits des colères feintes et des adjurations dans le vide. Je pense que cette femme de talent a eu une approche dans les règles de son métier de diplomate sans intégrer la dimension des rapports de forces qu’implique la lutte politique des assemblées et des partis. Ce n’est pas un reproche mais je suis certain que de son côté elle aura aussi compris pourquoi nous redoutions son scénario comme une certitude d’échec politique.

      À présent commence la phase finale de la négociation à gauche. Chacun y entre avec la volonté d’aboutir, j’en suis certain. Jlm

      https://melenchon.fr/2024/07/22/semaine-de-deroute-macroniste

  • Vers un coup d’état légal ? Point d’étape - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2024/07/10/vers-un-coup-detat-legal-point-detape

    Macron étant allé au bout de ce que la Cinquième République lui permettait en terme d’autoritarisme, de passage en force et de casse sociale, il avait besoin d’une cohabitation avec l’extrême droite, dont il partage quasiment toutes les idées, pour aller plus loin. Mais le plan ne s’est pas passé comme prévu. Maintenant, le pouvoir tente un coup d’Etat légal, pendant qu’une partie de la gauche annonce déjà qu’elle trahira. Point d’étape ce 10 juillet, 3 jours après le scrutin.

    • Contre le coup de force présidentiel, le vote du peuple doit être respecté

      Ce n’est pas un évènement comme un autre et aucun républicain ne saurait en minimiser ni le sens politique ni l’extrême gravité qu’il contient. Le Président de la République dans une lettre adressée aux Français prétend que « personne n’a gagné l’élection ». C’est faux. Tout le monde le sait. Le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête de l’élection et c’est à lui que revient de former le prochain gouvernement. Dans toutes les démocraties du monde c’est ainsi que les élections permettent de désigner le gouvernement, avec ou sans majorité absolue à la chambre des députés. C’est d’ailleurs la règle qu’Emmanuel Macron avait fait fonctionner en 2022 pour nommer un premier ministre issu d’une coalition présidentielle qui n’avait pourtant pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Cette coalition fut même baptisée « majorité présidentielle » alors qu’elle ne disposait pas d’une majorité de députés. Cette fois-ci, la coalition des partis soutenant Emmanuel Macron est arrivée en seconde position. Le Président ne peut lui recommander de former une coalition nouvelle avant d’avoir constaté ce qu’il en est avec la coalition réellement arrivée en tête. Agir comme le fait le président est donc un coup de force, un abus de pouvoir.

      C’est aussi une violence contre l’Assemblée elle-même. En effet Emmanuel Macron demande à l’élection de la présidence de l’Assemblée de définir les contours d’une nouvelle majorité gouvernementale en dehors du résultat du vote du suffrage universel. Ce n’est pas du tout le rôle de l’élection de la présidence de l’Assemblée de fixer les contours d’une majorité de gouvernement. Au demeurant le Président de la République peut-il ignorer que les groupes parlementaires ne peuvent se constituer sans déclarer s’ils appartiennent à la majorité ou à l’opposition ? C’est donc impossible si la « majorité » gouvernementale n’est pas connue. Tout cela est donc un ensemble et il ne prend qu’un sens insupportable : celui contenu dans la phrase où le Président affirme que « personne n’a gagné ». Il nie donc le résultat du vote du dimanche 7 juillet. Qui pourrait l’accepter et cautionner cette forfaiture ? Ce n’est pas tout.

      Le Président viole aussi le sens politique de ce qui s’est passé entre les deux tours de l’élection législative. Car il fait du « front républicain » une alliance politique qui devrait produire un gouvernement ou une majorité au parlement . Il ne peut en être question. Le soi-disant « front » n’est pas une alliance politique. Il n’en a jamais été question. C’est même son sens profond que d’être au-delà des partis et des frontières partisanes pour répondre à un intérêt commun supérieur. Il s’agit d’un « cordon sanitaire » contre l’accès au pouvoir d’un parti hostile à la nature républicaine de l’Etat tel que l’est le RN pour toutes les raisons mille fois exprimées sur le sujet. Pour ce qui concerne les insoumis, la décision de retirer nos candidats arrivés en troisième positon quand le RN arrivait en tête a été rendue publique par moi à 20 heures 15, sans négociations d’aucune sorte et sans aucune demande de contreparties. Vouloir transformer une décision de « cordon sanitaire » en alliance politique est un abus de pouvoir politique sans fondement. Il s’ajoute à celui qui nie le résultat de l’élection et la victoire du Nouveau Front Populaire. Les deux forment un tout inacceptable.

      Dès lors, la suite de l’élection du 7 juillet qui a garanti la défaite du RN par la victoire du Nouveau Front populaire doit donc à présent être prolongée en faisant échouer le coup de force politique d’Emmanuel Macron. Il veut garder le pouvoir que le vote des Français lui a retiré. Il ne saurait être question d’accepter si peu que ce soit cette sorte de retour du droit de veto royal s’imposant contre un vote au suffrage universel. Il ne saurait être question de permettre le retour des combinaisons indignes et manigances secrètement ourdies qui permettraient de s’imposer par une autre coalition que celle désignée par le vote populaire au suffrage universel ! Ce qui est inacceptable ne doit pas être accepté. Et cela doit se traduire concrètement, jusqu’à ce que le Président respecte la décision du suffrage universel.

      https://melenchon.fr/2024/07/11/contre-le-coup-de-force-presidentiel-le-vote-du-peuple-doit-etre-respecte

    • Qui est Meyer Habib, qualifié de “porc” par un député FI ?
      https://www.frustrationmagazine.fr/meyer-habib-porc-fi

      Depuis les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, le député de droite franco-israélien Meyer Habib s’est rendu très visible, étant régulièrement invité dans les médias. Il s’est aussi distingué par ses prises à partie brutales et insultantes des soutiens au peuple palestinien, et pour sa tendance presque gaguesque à traiter tous les gens avec qui il n’est pas d’accord “d’antisémites”. En 2023, Le Monde le décrivait ainsi : “absolument sans gêne, il éructe, insulte, menace en toute impunité”.
      Cela a été le cas récemment lorsqu’il est venu hurler devant les caméras alors que le député France Insoumise David Guiraud tentait de répondre aux journalistes dans les couloirs de l’Assemblée. Il s’est alors fait copieusement traité de “porc”. Il faut dire que Meyer Habib n’est pas n’importe quel député : c’est un très proche de Benjamin Netanyahu, premier ministre d’Israël, accusé par le procureur de la Cour Pénale Internationale de crimes contre l’humanité et de crimes de guerres, qui concentre l’essentiel de son énergie à organiser le soutien français à l’Etat d’Israël, y compris dans ses pires excès.
      Portrait.

    • Le moment du drapeau palestinien

      C’est d’abord une image. C’est si peu de chose qu’un bout d’étoffe ! Sébastien Delogu, député insoumis de Marseille, est debout, sa grande taille déployée, il tient le drapeau palestinien. C’est un geste symbolique, bien sûr. Mais les symboles portent toujours une force singulière, englobante, surplombante. L’immense hémicycle est soudain tout entier absorbé dans ces pauvres centimètres carrés colorés. Alors le cadre explose. Le génocide hurle sa détresse. Les insoumis sont debout et crient leur soutien à la résistance. Rien ne les représente mieux à cet instant que cet homme, l’un des leurs, eux-mêmes en grand, dans ces minutes précieuses. Alma Dufour a dit les mots dans sa question au ministre, Sébastien a montré le chemin. Les vociférations haineuses éclatent sur les bancs de droite jusqu’aux confins de l’extrême droite de l’hémicycle. C’est le monde tel qu’il est, la France comme elle est, pris un instant sous la lumière crue du symbole éclairant les profondeurs de chacun.

      Et puis il y a le visage convulsé de haine de la présidente de l’Assemblée. Elle explose de rage, les yeux exorbités, vociférant. Quelque chose est débondé chez elle. Bien sûr, elle est indigne de sa fonction. Aux yeux du monde, la présidente de l’Assemblée française, déjà vue en treillis militaire à Tel Aviv, se montre en pleine crise de nerfs devant le drapeau palestinien. Devant ce qu’elle ne supporte pas elle ne sait pas réagir autrement qu’à l’extrême : frapper au maximum de ses forces et de son pouvoir, sans retenue ni mesure. Elle aura sanctionné davantage de députés en trois ans que tous ses prédécesseurs depuis le début de la cinquième République. Elle ressort le fouet.

      Elle invente des règles pour couvrir sa violence. Seul le drapeau français aurait sa place dans l’assemblée, dit-elle. Comme si on ne se souvenait pas du drapeau ukrainien installé dans l’hémicycle du Sénat, ni de son président, monsieur Larcher, qui s’en vantait « en signe de solidarité ». Comme si tous ces gens n’étaient pas déjà venus dans l’hémicycle avec des pins Israël. Sa réaction n’est donc pas une réaction normale, conforme au règlement. Alors est-ce juste une haine partisane, à la Meyer Habib ? Je ne crois pas. Je crois que, littéralement, elle ne veut pas voir ce drapeau. À cause de ce qu’il signifie à cet instant où il est brandi, seul et désarmé. Ce drapeau montre tant de choses invisibles sans lui. Il donne à voir les visages du génocide. Ceux que l’on a vus dans ces vidéos venues de la scène de crime. Et cette présidente redevient un être humain terrorisé par les conséquences de ses propres actes. Elle ne veut pas le voir. Sa réaction, c’est comme si elle s’était vue soudain dans un miroir, installée sur un tas de cadavres, dans la boue des camps de réfugiés.

      Ce n’est pas le drapeau qu’elle voit. C’est elle-même, en complice d’un crime. Elle s’est vue dans le camp du mal absolu. Celui dont, pour les générations à venir, elle restera l’image de la complicité la plus veule. Elle est la France indigne qui regarde ailleurs quand le génocide est sous ses yeux. C’est pourquoi elle ne se contrôle plus, comme le montrent les images. Car c’est bien un génocide, dit le drapeau !

      Netanyahu a bombardé soixante fois depuis que la cour de justice internationale lui a demandé d’arrêter immédiatement tout action militaire à Rafah. Il va encore bombarder. Encore et encore. Ce n’est pas un incident de guerre. C’est délibéré. Des meurtres nécessaires à ses yeux pour pouvoir se réapproprier et coloniser chaque mètre de terrain. Ni incident, ni hasard. Un génocide planifié méthodiquement. Et mené de façon à prouver que rien ni personne ne peut rien contre ses auteurs.

      C’est ce qu’avait annoncé Meyer Habib, quand il répétait l’air radieux dans l’hémicycle à l’énoncé de la liste des crimes de son ami très cher Netanyahu qu’égrenait le député insoumis Léaument : « Et ce n’est pas fini ! Ce n’est pas fini ! ». La honte et le déshonneur marchent à ses côtés. Ce n’est pas fini. Netanyahu va encore tuer et tuer. Il a fait de son pays le paria des nations pour des millions d’êtres humains sans a priori. Il fait de tous ceux qui ont un pouvoir d’agir, et qui ne font rien, ses complices connus de tous. Il suffit de les nommer et de les montrer du doigt, sans en faire davantage, pour qu’on les voit comme ils sont, avec le visage de l’inhumanité au-delà de la frontière du mal.

      Madame la Présidente est la complice de Netanyahu. Il aura suffi d’un drapeau brandi pour que cela se sache d’un bout à l’autre du pays et de l’Europe. Juste un bout d’étoffe tenu à bout de bras. Il se passe un génocide et elle trouve que brandir le drapeau des victimes pour le dénoncer doit être puni par la sanction la plus sévère. Elle est le mauvais côté de l’histoire.

      Au fil des semaines, le Palestinien est devenu la figure de l’opprimé quel qu’il soit. Du méprisé par les puissants, de celui dont l’humanité est niée au point qu’on puisse trouver acceptable de l’éliminer. Au fil des semaines et du génocide, ce drapeau, après celui de Nelson Mandela au temps de l’apartheid, est devenu un message universel de fraternité humaine. Maintenue contre vents et marées, contre l’insulte et les brimades, contre les convocations, les gardes à vue et les interdictions.

      Voici Delogu debout et sur ses épaules tous ceux qu’on ne verrait pas sans ses grands bras qui tiennent ce drapeau en hauteur au-dessus de la mêlée. Comme un oiseau sorti de cage qui vole au vent libre. Merci Sébastien.

      https://melenchon.fr/2024/05/29/le-moment-du-drapeau-palestinien

    • Meyer Habib  : député français ou porte-parole de Benyamin Netanyahou  ?
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/secrets-d-info/secrets-d-info-du-samedi-16-octobre-2021-4971548

      #Meyer_Habib est à la fois député français et intime de l’ex-Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Cette proximité lui a longtemps permis de jouer un rôle diplomatique “ambigu”. Notre enquête (2021) révèle qu’il est aussi actionnaire de sociétés non déclarées en France.

  • Confrontation - Melenchon.fr
    https://melenchon.fr/2024/05/28/confrontation

    (...)
    « Il y aura confrontation », le mot est dit. Pas « il y aura discussion ». Il y aura « confrontation ». Certes ce choix était fait depuis le refus de l’union aux sénatoriales puis aux européennes. Et pour mieux dire, c’était fait depuis le moratoire sur l’entente avec LFI décidé par le PS sans cause formulée et sans délai fixé. C’était à l’occasion des révoltes urbaines. Le choix de Glucksmann comme tête de liste confirmait cette ligne. Car il a toujours affirmé son opposition à la NUPES. Le PS l’a choisi comme tête de liste pour cela même. À présent, la stratégie a été annoncée : la confrontation avec LFI. Un seuil est franchi et assumé.
    (...)

    J’ai des échanges avec des amis, IRL ou sur les réseaux. Ils me font part de leurs analyses politiques. Leur rejet de LFI, parce que LFI serait violent et médiocre, bête et méchant. Que sais-je encore. Ce sont des gens en général qui votent plutôt à gauche. Mais en fait, aujourd’hui, ils n’imaginent plus voter pour quiconque. Et à part dire qu’il n’y a personne à gauche qui tienne des propos au niveau de l’époque, ce qui est déjà pas mal comme jugement, finalement, ils te citent les potins sur le passé de dealer de tel LFI, et que c’est grave, ou le rejet de la façon de s’exprimer de telle autre LFI. Et qu’après, ça te parle de renouvellement avec l’arrivée de Gluksmann dans le paysage... Ces changements de castings fonctionnent à chaque fois apparemment.

    Bref, ça faisait (très) longtemps que je n’étais pas allé lire Mélenchon. Et encore une fois, je dois confirmer qu’il n’y en a pas beaucoup d’autres avec une écriture et un discours qui ne tiennent aussi droits, àmtha.

    (j’ai pris une citation au pif)

    • Oui, pareil chez nous : les médias de masses & les membres du gouvernements s’emploient maintenant depuis des années à salir et dézinguer le seul parti de gauche un peu dangereux pour la bourgeoisie accrochée à ses privilèges comme une moule à son rocher.

      Et voir des gens qui se disent gauchistes reproduire stupidement les éléments de langages dictés par les bourgeois, ça me désole au-delà de toute expression.

      Il y a des choses à reprocher aux LFI, comme leur gestion à chier du covid ou des problèmes féministes (Gestion de Quatennens = nous chier dessus), mais ça reste la formation la plus cohérente du point de vue de son attachement à la démocratie, à un projet politique de GAUCHE, à une vision du monde consistante (surtout grâce à la puissance d’analyse de Mélenchon).

      Ceux qui chient sur Mélenchon ne l’ont jamais lu, jamais écouté. Faut dire que ça prend du temps, parce que le gars sait dérouler une pensée et ça ne se fait par en 3 slogans d’école de commerce.

    • A Lyon, ce sont les écolos qui tiennent la mairie et la métropole (équivalent du conseil général, mais pour Lyon).

      Autant te dire que les bourgeois qui se disent plutôt progressistes l’ont mauvaise.

      Le ramassage des restes de cuisine ? C’est comme faire pipi sous la douche, ça ne sert à rien, ça prend de la place n’importe où dans les rues (les boites prévues à cet effet), et ça pue c’est horrible, y sont nuls.

      La construction des voies vélo, et la réduction de la place de la voiture ? C’est horrible, ça crée des bouchons horribles, ça empêche de rouler, ça oblige à faire des détours, c’est fait sans concertation, y sont nuls.

      En fait, à Lyon, les bourgeois en ont marre de ces lubies des écolo-fascistes. Y sont nuls.

      Et je suis bien d’accord. Vivement Wauquiez, sa surveillance vidéo généralisée, son retour de la voiture partout, ses aphorismes crétins et fascisants quotidiens et évidemment, les banquets sur fonds publics pour les plus méritants d’entre nous. On mérite tous un clone de Ciotti au pouvoir.

    • Désormais la division est une ligne politique pour le PS. Elle s’enracine dans des options opposées prises par chacun. Raphaël Glucksmann les a assumées frontalement. Mais elles se sont aussi aggravées du fait de ses engagements sur la scène internationale. Ainsi le PS de Glucksmann est-il devenu plus que jamais aligné sur les États-Unis. Il est désormais partisan de la guerre sans fin en Ukraine, incluant l’envoi de troupes au sol comme le propose Macron. Et même soutenant l’idée de tirs ukrainiens avec le matériel français vers l’intérieur du territoire russe. Il soutient également l’affrontement avec la Chine voulu par les USA. Et surtout, il a pris l’option d’une forme d’accompagnement de la propagande de Netanyahu. Il n’a jamais quitté la ligne des argumentaires de ce gouvernement dans les médias français. Il s’est calé, mot par mot, comme sur autant de lignes de crêtes successives, à tenir contre la réalité et les crimes que cela visait à invisibiliser. Certes, progressivement, c’est devenu à présent plus circonspect. Les hésitants devant les massacres ont commencé à quitter le navire. Mais c’est toujours aussi complaisant, du fait de la durée et de l’intensité du massacre à Gaza. Et Glucksmann refuse toujours de nommer le génocide par son nom ou bien d’assumer les décisions de la Cour internationale de Justice et de la Cour pénale internationale.

      LFI, à l’occasion de son Assemblée représentative, au mois de décembre dernier, avait voulu tirer la conclusion de la situation qui se mettait en place. Mais il fallait aussi prévoir un retour possible du PS dans l’union, si ses adhérents avaient pu rejeter la nouvelle ligne. Il ne peut plus en être question. Désormais, la « confrontation » est assumée ouvertement. Cela a le mérite de la clarté. Inutile donc de se bercer d’illusions. Car le propos de Glucksmann vise bien le programme autant que ma personne, qu’il cite sans cesse pour me stigmatiser. Laurent Joffrin, le mentor à vie de Libération et son ancien patron a prévenu : ne seront acceptés que les insoumis qui abjurent le combat de leur raison d’être. Il déclare que même les insoumis « à visage humain » (sic) n’ont rien à faire dans le nouvel attelage sans qu’ils se repentent et me dénoncent. Ruth Elkrief ne cachait pas sa satisfaction en citant ces lignes dégoutantes de sectarisme dans l’émission de LCI. Mais c’est bien de cette rupture sur le fond dont Glucksmann se porte « garant ». C’est donc l’union populaire comme alliance d’organisations politiques autour du programme de la NUPES que Glucksmann enterre dans cette campagne.

      Pour autant, on ne peut renoncer à l’unité du peuple. Elle est la condition de la formation d’une nouvelle majorité. Sa cohésion se confond avec celle de la nation elle-même. Mais il est évident qu’il faut en réaliser les conditions. Disons que, désormais, compte tenu des positions annoncées par Glucksmann, l’union politique avec un PS revenu à ses démons droitiers serait un obstacle à l’unité populaire. En effet, cette unité est impossible sur un programme en recul face aux questions essentielles de la vie sociale du grand nombre. Comme sur les retraites par exemple. Elle est tout aussi impossible sans combattre clairement l’islamophobie qui est le principal vecteur du racisme de masse diffusé par l’extrême droite pour diviser le peuple.

      L’union et l’unité ce n’est pas pareil. L’une peut conduire à l’autre. Mais elles peuvent aussi se bloquer mutuellement. Mais, faute d’union politique, comment construire l’unité ? Par le programme d’abord. C’est-à-dire en proposant la satisfaction des revendications de la vie courante en premier lieu. Cela sans concessions. Exemple : la retraite à 60 ans. La sortie du marché européen de l’électricité. Ensuite, en donnant au programme un point d’appui unitaire fort et entraînant. En tous cas, puisque Glucksmann ne veut pas, il faut de toute façon ouvrir un autre chemin. Le plus simple. Le plus direct. Le plus immédiat : unir tous ceux qui le veulent, séance tenante. Qu’il s’agisse de personnes ou d’organisations. Tout de suite. L’union par la base, sur le programme déjà convenu comme « programme partagé » de la NUPES. Le faire, c’est lui donner aussitôt un point d’appui essentiel et dynamisant. Pendant les fanfaronnades du PS ressuscité de cette façon : avancer, construire. Rassembler à la base les catégories en souffrance de vie, de dignité, de futur différent.

  • Clarification par Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/clarification

    Paul Klee. — « Clarification », 1932.

    « Poids et mesures : vont le plus souvent par deux » — lirait-on dans le Dictionnaire des idées reçues. D’être reçue n’ôte pas nécessairement de sa pertinence à une idée. En l’espèce, celle-ci n’en a jamais tant eu.

    On s’est mis à beaucoup parler de poids et mesures avec la guerre génocidaire faite à Gaza. Il faut avouer qu’ici la métrologie à l’élastique s’est surpassée. Palestine/Israël, Ukraine/Palestine : des sommets comparatifs, défis à une anthologie de la géométrie variable – en fait à une anthologie de l’infamie politique, médiatique, et institutionnelle en tous genres.

    Cependant, il se passe là bien plus qu’un effet d’« importation ». À propos de la Palestine, Rony Braumann parle d’un pouvoir de « réverbération » de l’évènement. C’est très juste : « ça » réverbère, à travers toute la société. La conjoncture nationale et la conjoncture internationale semblent même passer littéralement l’une dans l’autre, entrer en coalescence, au point qu’on ne sait plus quel mouvement appartient à laquelle. Quand Mélenchon se fait agonir pour avoir dit que Yaël Braun-Pivet campe à Tel Aviv, de quoi s’agit-il ? De politique internationale ou de politique intérieure ? Des deux indistinctement, à l’évidence. Pourquoi ? Parce que les « deux poids, deux mesures » de Gaza surviennent dans une situation « propice » où ils font entrer tous les autres en résonance.

    • Deux poids, deux mesures.

      Louis Boyard :

      Hier, une vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux. Un homme me filme, m’insulte, me menace. Tout du long, je n’ai cherché qu’à apaiser la situation. C’est ce qu’il y avait de mieux à faire.

      Deux jours plus tard, voilà la vidéo sur les réseaux sociaux. Je pouvais m’y attendre il n’y a rien d’étonnant. Ce qui m’a le plus surpris c’est de ne voir… aucune réaction.
      Aucun journaliste indigné, aucun mot de soutien de députés de la minorité présidentielle, aucun signe de la Présidente de l’Assemblée Nationale.

      Rien d’étonnant non plus, je n’attends rien de ces gens-là. Mais en visionnant la vidéo quelque chose m’a fait mal.
      Je me suis souvenu de ce moment de Mai 2020 où il était arrivé exactement la même chose à Éric Zemmour. Mêmes insultes, mêmes menaces, mais pas les mêmes indignations.

      Voilà qui fait mal ! Lui, le raciste multi-condamné aura eu le droit à leur soutien et à leur compassion. Lui aura eu le droit à plusieurs dizaines d’heures de plateaux télé pour le pleurer. Lui a même eu droit à un appel du Président de la République ! Je n’en demande pas tant.

      J’ai dû déménager après que mon adresse ait été diffusée par l’extrême droite française. J’ai été insulté pendant dix longues minutes sur un plateau télé pour avoir critiqué Vincent Bolloré. J’ai été suivi et mes trajets détaillés. Ma famille a été directement menacée à plusieurs reprises. Trente personnes sont entrées armées et cagoulées dans une conférence que nous tenions avec Carlos Bilongo à Bordeaux.
      Il s’est déjà passé tant de choses en seulement un an et demi, alors pourquoi cette vidéo ferait réagir ceux qui n’ont jamais réagit avant ?

      L’abject Darmanin avait même instrumentalisé ma situation. Sans me demander quoi que ce soit, il annonce que je suis sous protection policière. Rien de plus faux. Je ne l’ai jamais demandé et je ne l’ai jamais vu. Un coup de communication pour mieux éteindre nos critiques de l’institution policière. Zemmour, lui, n’aura pas eu à subir cette fourberie. Il a été loyalement soutenu. Deux poids, deux mesures.

      Voilà que l’on y vient ! Deux poids deux mesures. Une expression qui résume si bien la période.
      Entre une vie Palestinienne et une vie Israélienne ; deux poids deux mesures. Entre Gérard Depardieu et la parole de ses victimes ; deux poids deux mesures. Entre le salarié licencié et le patron à qui l’on arracherait la chemise ; deux poids deux mesures. Entre le manifestant de Sainte-Soline et la multinationale pollueuse ; deux poids deux mesures. Entre un abribus cassé et un gilet jaune éborgné ; deux poids deux mesures. Entre le mot de trop venu de la gauche et le racisme banalisé venu de l’extrême droite ; deux poids deux mesures. Entre Nahel tué pour un refus d’obtempérer et son policier meurtrier devenu millionnaire ; deux poids deux mesures.

      Quelle violence. Mais aussi quelle violence symbolique. Cette liste non exhaustive le montre bien ; rien n’est épargné à notre camp social. Aucune retenue et aucun soutien de la bourgeoisie et de ses représentants politiques et médiatiques ne sont à attendre.
      Dès lors, leur silence quant à mon cas me rassure. A leurs yeux je ne fais pas partie de leur caste. Quel bonheur ! Je m’inquiéterais quand ils feront preuve d’empathie à mon égard.

      Le combat politique est difficile pour chaque militante et chaque militant de notre camp. Chaque jour un seuil est franchi, on se demande quand cette montée en tension va s’arrêter. Elle ne s’arrêtera que le jour de notre victoire ; même dans le pire nous ne cesserons jamais de lutter.

      Aujourd’hui je pense à toutes celles et ceux qui n’ont pas la chance d’être du bon côté du deux poids deux mesures. Notre solidarité est pleine et entière et nous ne nous habituerons jamais.

      Soutien et solidarité à vous aussi.

      Louis Boyard

      https://twitter.com/LouisBoyard/status/1749115701002895471

    • Le mouvement agricole a permis de faire une démonstration politique de masse. On se souvient des accusations « d’écoterrorisme » contre les militants et la tentative de dissolution des « soulèvements de la terre » à propos des bassines ! Ici, rien de semblable. Le gouvernement, les médias, les chroniqueurs ne pipent mot. Donc le mouvement des agriculteurs a fait reculer les appels à la violence policières et judiciaires habituelles du pouvoir macroniste comme on les avait constatés face aux gilets jaunes et aux révoltes urbaines. Tout le monde voit des autoroutes bloquées, un bâtiment public explosé, des voies de chemin de fer comme l’accès à une centrale nucléaire bloqués, des arbres coupés. Ni les médias ni les responsables politiques « n’appellent au calme ». Ainsi la raison et le droit à la dignité des gens commencent à être prioritaires dans la parole publique pour régler une crise. Ou bien faudrait croire que les donneurs de leçons de morale d’hier, leurs leçons, la classe médiatique qui les a relayés sans limite et qui se tait à présent, est faite de manipulateurs sans vergogne. Faisons le pari de croire à leur bonne foi et à leur compréhension désormais de la vigoureuse stratégie de la conflictualité portée par les agriculteurs. D’ailleurs le pouvoir macroniste recommande publiquement « la plus extrême modération » à la police. Comment ne pas approuver cette consigne. Personne ne doit être abattu pour « refus d’obtempérer ». Pas d’œil crevé non plus, pas de comparution immédiate, pas de recommandations pour condamner à de la prison ferme. Comme je l’avais fait avec mes camarades à l’époque des révoltes urbaines, il faut faire triompher d’abord la justice sociale si l’on veut retrouver la concorde civile.

      Nous allons voir à présent comment le Waouuuu super Premier ministre va faire face au problème grâce à son jeune âge et ses talents de communicants déjà mille fois célébré par les médias enamourés. Macron ferait bien de se préparer à trouver une idée de « grand débat » supplémentaire ou des « chèques survie agricole » selon son inépuisable habitude des pratiques cosmétiques. Mais ce temps-là est passé, je crois bien. Et je m’en réjouis. Le pays regarde et réfléchi. Il finira par comprendre ce que veut dire le libéralisme, la concurrence « libre et non faussée », le libre échange sans règle sanitaire, l’élargissement sans fin de l’union européenne et la financiarisation de l’agriculture : le chaos. Un ordre nouveau est à construire et il peut faire un avenir en commun pour notre pays.

      Jlm
      https://melenchon.fr/2024/01/25/cause-commune-avec-le-mouvement-des-agriculteurs

    • « Le Parti des Médias n’a pas compris que la ’’satire’’ n’est pas morte à cause du ’’fanatisme’’ mais du double discours.

      Les dessins ou chansons contre la police sont déjà censurés depuis longtemps. Le soutien à la Palestine est comparé à une ’’apologie de terrorisme’’. »

      https://twitter.com/ContreAttaque_/status/1767470801316425841

      https://seenthis.net/messages/1045381#message1045498

      Meriem Laribi : La France, ce pays où une dessinatrice @cocoboer peut associer arabes et rats, où elle peut se moquer d’enfants affamés jusqu’à la mort dans une publication de « gauche » mais où un humoriste, G.Meurice, ne peut pas dire que Netanyahou est une sorte de nazi sans prépuce.