💡"L’ouverture des donnĂ©es en France, rendue obligatoire par la loi pour


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    Recension du livre « Les donnĂ©es de la dĂ©mocratie » de Samuel GoĂ«ta.

    Elsa Foucraut ‱ Consultante ‱ Enseignante ‱ Autrice du "Guide du Plaidoyer" (Ă©ditions Dunod)

    💡"L’ouverture des donnĂ©es en France, rendue obligatoire par la loi pour une RĂ©publique numĂ©rique, ressemble Ă  bien des Ă©gards Ă  la tour de Pise. Ce superbe Ă©difice, qui attire les regards du monde entier, doit son inclinaison Ă  des fondations instables.”

    📚 Lecture du jour : "Les donnĂ©es de la dĂ©mocratie" de Samuel GoĂ«ta (C & F EDITIONS), avec une prĂ©face de l’ancienne ministre du numĂ©rique Axelle Lemaire.

    Depuis 2016, la loi impose Ă  toutes les administrations françaises le principe de l’open data par dĂ©faut. Pourtant, quiconque a dĂ©jĂ  eu besoin d’accĂ©der Ă  des donnĂ©es d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral non publiques mesure Ă  quel point le principe est loin d’ĂȘtre pleinement appliquĂ© (euphĂ©misme). De vraies fractures territoriales se creusent entre les collectivitĂ©s, accĂ©der aux donnĂ©es relĂšve souvent du saut d’obstacles, et les donnĂ©es disponibles sur les portails open data des collectivitĂ©s sont parfois dĂ©cevantes.

    Le livre revient d’abord en dĂ©tail sur l’histoire de l’open data : des origines aux Ă©tapes plus rĂ©centes, avec la crĂ©ation d’Etalab et la loi pour une RĂ©publique numĂ©rique. Une belle synthĂšse, avec plein de rĂ©fĂ©rences et d’anecdotes que je ne connaissais pas. Il manquait justement un livre de rĂ©fĂ©rence pour retracer cette histoire contemporaine, avec le versant français.

    Mais ce sont les chapitres sur le bilan critique de l’open data, qui m’ont semblĂ© les plus intĂ©ressants. Certes, les obstacles Ă  l’open data tiennent parfois Ă  la rĂ©sistance consciente de certains agents (un "DataBase Hugging Disorder" ou DBHD 😅).

    Mais Samuel GoĂ«ta montre que cela tient le plus souvent Ă  des frictions organisationnelles et/ou techniques : les agents n’ont pas toujours le mandat pour ouvrir des donnĂ©es qui pourraient servir l’opposition ou remettre en question l’action des Ă©lus ; de nombreux projets d’open data sont conçus comme des projets servant d’abord l’image de l’institution, sans les moyens de leur ambition ; la mauvaise qualitĂ© des donnĂ©es peut s’expliquer par le fait que les donnĂ©es d’une administration Ă©taient d’une qualitĂ© suffisante pour un usage interne et n’avaient pas Ă©tĂ© envisagĂ©es pour un usage externe ; les problĂšmes techniques sont frĂ©quents et l’ouverture se transforme parfois en une vĂ©ritable enquĂȘte dans les serveurs quand les techniciens n’ont pas accĂšs aux "schĂ©mas de base" ; et les agents sont parfois rĂ©ticents parce qu’ils anticipent des usages malveillants des donnĂ©es, ou bien ont une interprĂ©tation excessive du RGPD (un grand classique !).

    L’ouvrage prĂ©conise notamment une refonte du droit d’accĂšs aux donnĂ©es : transfĂ©rer Ă  la CNIL l’arbitrage de l’accĂšs aux donnĂ©es individuelles traitĂ©es par les acteurs publics ; intĂ©grer la Cada dans la HATVP ; donner Ă  la CADA le pouvoir de sanctionner les administrations rĂ©calcitrantes ; crĂ©er un “rĂ©fĂ©rĂ© communication” pour accĂ©lĂ©rer le traitement des demandes. Pourquoi pas !

    ➡ "Faut tout donner afin de changer les donnĂ©es" : une citation de NTM (oui oui) qui sert de conclusion au livre ;-)

    #Samuel_Goëta #Open_data #Données_démocratie